HISTOIRE DES ELFES
D'ATHEL LOREN

LA ES V4 pp. 5 à 7 et pp. 11 à 39 ; LA ES V8 p.15 et suivantes

Le dernier livre d'armée de la dernière version de Warhammer Fantasy Battle (V8) est celui consacré aux Elfes Sylvains. L'ouvrage développe copieusement leur histoire en faisant le lien avec divers évènements historiques et la Fin des temps à venir. C'est donc très intéressant.
Le texte ci-dessous comprend des éléments du texte V8 complété d'élements issus d'autres sources.

La chronologie d’Athel Loren est généralement divisée en sept Grandes Saisons. Chaque grande saison marque le passage de plusieurs siècles, et don de plusieurs centaines de « saisons mineures » que connaît le Chêne des Ages : Glace [hiver], Renouveau [printemps], la Chasse [été], le Déclin [automne].

La Saison de l’Oubli (vers -10000 à -1501 CI)
I. La Saison du Renouveau (-1500 à -1095 CI)
II. La Saison du Flétrissement (-1094 à -625 CI)
III. La Saison de la Révélation (-624 à 1116 CI)
IV. La Saison de la Vengeance (1117 à 1702 CI)
V. La Saison de la Rédemption (1703 à 2007 CI)
VI. La Saison de la Ruine (2008 à fin des temps)

L’achèvement d’une grande saison et le commencement de la suivante ne sont pas déterminés par des critères immuables. Ils s’annoncent au fil d’évènements graduels, et on peut très bien se rendre compte que la transition a eu lieu des années après qu’elle se soit achevée. Une telle approximation perturberait dramatiquement la bureaucratie d’une société plus stricte, mais c’est le cours normal des choses en Athel Loren.
Dans les rares halls où l’on préserve des archives écrites, on emploie une méthode similaire à celle de la société d’Ulthuan, d’où sont issus les elfes sylvains. On indique d’abord la grande saison, puis dans l’ordre l’année, la saison mineure et le jour, même si, en Athel Loren, ces deux derniers sont subjectifs au point d’être source de confusion. Ainsi, III, 251, 2, 87 signifie le quatre-vingt-septième jour de la saison du Renouveau, en la deux cent cinquante et unième année de la Saison de la Révélation.


LA SAISON DE L'OUBLI (vers -10000 à -1501 CI)

Date C.I.

Date ES

Evènement

-4120Les elfes accostent sur Elthin-Arvan, plus tard appelé le Vieux Monde par les hommes. Le prince elfe Malékith se lie d'amitié avec le roi nain Snorri Barbeblanceh, et les arméees unies des elfes et des nains repoussent les derniers vestiges de l'invasion chaotique. Les colonie outremer prospèrent et font parvenir leurs richesse à Ulthuan. [LA ES V6 p.16]
-2840Le Roi Phénix Bel-Shanaar le Navigateur visite la cité naine de Karaz-a-Karak, et y signe une promesse d'amitié éternelle entre les deux races. Malékith reste sur place en tant qu'ambassabeur.

Naturellement, Athel Loren existait bien avant que les elfes s’y établissent, bien que les esprits de cette époque n’aient certainement pas marqué le passage du temps. Aucune trace n’en atteste en tout cas, et les Aïeux restants sont peu enclins à parler du temps jadis. La période antérieure à la venue des elfes est rattaché à la « Saison de l’Oubli ». Certains elfes soutiennent qu’il s’agissait de l’âge d’or d’Athel Loren, avant qu’ils ne le souillent de leur présence. Toutefois, la majorité des elfes pensent que ce n’est pas qu’après leur arrivée que la forêt a véritablement connu sa splendeur. Comme toujours, la vérité se situe sans doute quelque part entre ces deux visions.

Il y a très longtemps, avant la venue du Chaos, avant même l’avènement des elfes, une grande forêt avait pris racine dans le monde. Comme tant de choses en cette ère glorieuse, la forêt était l’œuvre des mystérieux Anciens, qui avaient planté ses germes dans le cadre de leur grandiose expérience. Il ne s’agissait pas d’une flore altérée par la magie, comme les jungles du sud le deviendraient un jour, mais une forme de vie sans aucun équivalent dans le reste du monde. Certes, il existait déjà des forêts auparavant, et il en existerait par la suite, mais elles semblaient bien pathétiques en comparaison, car leurs arbres n’étaient doués ni de parole ni de raison, et étaient incapables de se défendre contre ceux qui convoitaient leurs branchages pour se chauffer ou s’abriter.
Cette grande forêt était différente, car ses arbres hébergeaient de puissants esprits. Nul ne saurait dire s’il s’agissait d’une conséquence délibérée de ce que les Anciens avaient mis en place, ou de l’œuvre des dieux elfiques, ou de quelque autre phénomène dont l’influence avait affecté l’âme des arbres. Quoi qu’il en soit, les arbres se mirent graduellement à penser comme ils n’étaient pas censés le faire, et ils apprirent la colère et la haine. La grande forêt ne tarda pas à prendre conscience d’elle-même, et des êtres qui rampaient à la surface du monde comme des insectes. La forêt se montrait tolérante, voire amicale, avec certaines races, mais les autres, notamment les peuples qui ne voyaient dans les arbres qu’une source de combustible, se heurtèrent à une fureur impitoyable, origine des légendes millénaires qui évoquent des arbres maléfiques.
À ce moment-là, le Chêne des Âges qui se trouvait au cœur de la grande forêt avait étendu ses racines à de nombreuses contrées, créant un réseau de racines du monde que les esprits des bois pouvaient emprunter vers des destinations lointaines. La grande forêt découvrit ainsi les terres d’Avelorn, et rencontra les elfes d’Ulthuan. Ces derniers, du fait de leur innocence et de leur émerveillement face à la nature de la grande forêt et de ses esprits, en devinrent on ne peut plus proches. Riches de cette affinité, les Elfes pouvaient s’entretenir avec les esprits vénérables qui partageaient volontiers leurs secrets. L’un d’eux en particulier, Durthu, ou Cœur-de-Chêne comme les elfes le nommèrent, se prit d’affection pour les gens d’Avelorn et leur Reine Éternelle Astarielle. Il leur apprit à modeler les arbres sans leur nuire, ainsi que d’autres secrets de ses semblables.
Avelorn connut alors, pour une brève durée, un âge d’or si radieux qu’il éclipse tout ce qui s’ensuivit. Sous la garde conjointe des Elfes et des esprits forestiers, les bois et les prairies débordaient de vie. De nombreux esprits quittèrent même la grande forêt pour le paradis d’Avelorn, bien résolus à y éveiller les arbres comme eux-mêmes avaient été éveillés. Or, si le terroir d’Avelorn devenait sans cesse plus enchanteur, ses arbres demeuraient silencieux. Puis vinrent les démons.

L'invasion démoniaque

Suite à l’effondrement des grands portails polaires, le Chaos se répandit dans le monde. Partout, les civilisations sombraient dans la démence. Ulthuan souffrit tout particulièrement, car les osts démoniaques appréciaient les âmes elfiques par-dessus tout. Si de grands héros ne s’étaient pas montrés à la hauteur du défi, les elfes auraient été anéantis et leurs terres seraient devenues un véritable pandémonium. Le plus grand de ces héros était Ænarion le Défenseur, le premier Roi Phénix. C’est lui qui rallia les elfes pour contenir la marée démoniaque, et son exemple poussait son entourage à se montrer d’autant plus valeureux. Ænarion prit pour épouse la Reine Astarielle, et ils eurent deux enfants remarquables : Morelion et Yvraine. Tandis que le Roi Phénix se battait pour le salut d’Ulthuan, la Reine Éternelle se retirait dans les bois sanctifiés d’Avelorn pour y élever ses enfants aussi loin que possible du conflit. Jusqu’ici, Avelorn avait échappé aux horreurs de l’invasion, car les démons sentaient que Durthu et les siens étaient intrinsèquement similaires à eux-mêmes, et ils préféraient éviter de s’en prendre à son domaine si des proies plus faciles étaient disponibles, mais cela ne pouvait pas durer. En un jour tragique, alors qu’Ænarion menait campagne loin d’Avelorn, un ost démoniaque d’une ampleur encore jamais vue fondit sur Avelorn, et le massacre commença.
Alors qu’Avelorn brûlait, Durthu et les siens combattirent au côté des elfes, choisissant de soutenir leurs alliés plutôt que de se réfugier dans la grande forêt. Beaucoup d’esprits furent détruits, d’autres devinrent fous de désespoir, mais ils poursuivirent le combat. Hélas, ni la vaillance ni la force des armes ne pouvaient sauver Avelorn. D’heure en heure, les elfes et les esprits furent repoussés vers le cœur de leur territoire, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de possibilité de retraite.

Le plaidoyer d'Astarielle

Alors que ce jour funeste touchait a sa fin et que tout semblait perdu, Astarielle supplia Durthu de sauver ses enfants. Alors que la forêt se consumait autour d’eux, Durthu restait silencieux, apparemment insensible aux larmes et aux prières. Le fait d’emmener des créatures à travers les racines du Chêne des Âges aurait été perçu comme une grave transgression, et Durthu ne voulait pas provoquer la colère de ses pairs. Or, durant son séjour en Avelorn, il avait pu constater à quel point l’alliance des Elfes et des esprits sylvestres leur était mutuellement bénéfique. S’ils survivaient aux événements, ils contribueraient à renforcer la grande forêt quel que soit le monde nouveau auquel elle devrait faire face.
Quand Durthu parla, ce fut pour consentir à la demande d’Astarielle, mais il l’avertit du prix à payer en retour. S’il sauvait la descendance de la Reine Éternelle, la grande forêt exigerait un jour que de nombreux Elfes la servent et la protègent comme ils le firent pour la terre d’Avelorn. La Reine Éternelle, demanda-t-il, était-elle disposée à sacrifier l’avenir pour sauver le présent ? Ce fut au tour d’Astarielle de pondérer sa réponse en silence, car elle avait perçu de lourdes conséquences dans le ton de Durthu, mais elle n’avait guère le choix : si Yvraine mourait, la lignée de la Reine Éternelle périrait avec elle, et les elfes s’éteindraient par la suite.
C’est alors qu’un démon colossal perça les lignes elfiques, mugissant de triomphe tout en balayant les derniers gardes de la Reine Éternelle de ses quatre bras puissants. Ce spectacle était abominable même pour ce jour d’horreur omniprésente, car il ne s’agissait point d’un simple soudard de l’ost Démoniaque, mais du puissant N'kari, serviteur éminent de Slaanesh l’assoiffé. Il ne se contentait pas de profaner les corps, il dévorait les esprits : son accolade cruelle n’apportait pas le repos de la mort mais l’anéantissement définitif de l’âme. La Reine embrassa ses enfants une dernière fois, puis les confia précipitamment à la garde de Durthu. Tandis que l’esprit emmenait Morelion et Yvraine, Astarielle invoqua le peu de ressources magiques qu’il lui restait et se joignit calmement à la bataille pour faire face à sa destinée.
Quand Durthu parvint à la grande forêt, avec ses protégés plongés dans un sommeil magique, il constata avec consternation que son foyer n’était guère mieux loti qu’Avelorn. La grandiose forêt qui recouvrait une grande part du monde était réduite à une fraction de sa taille. Les terres où elle s’épanouissait portaient les stigmates du feu et d’une magie destructrice, et ses lisières actuelles subissaient l’assaut d’innombrables Démons. Durthu semblait avoir échangé une bataille sans espoir contre une autre.
Mais les apparences étaient trompeuses. Pour assurer la survie de la forêt face à des agressions de plus en plus violentes, certains de ses esprits, notamment les plus jeunes, avaient altéré leur propre nature. Ils étaient plus farouches, plus agressifs, tandis que leur forme physique s’était adaptée aux exigences du combat. En fait, l’essentiel de ce que la forêt avait perdu en l’absence de Durthu l’avait déjà été depuis des années. Ce qu’il en restait, c’était un bastion niché entre deux grandes chaînes de montagnes, qui avait résisté depuis une décennie, et qui recommençait à s’étendre.
Or, si Durthu avait pu se fourvoyer quant au malheur de la forêt, il avait vu juste quant à la réaction de ses pairs. Adanhu, le plus sage des seigneurs sylvestres, était très contrarié en constatant la profanation des racines du monde. Cœddil, qui depuis des siècles avait la charge de diriger la colère de la forêt contre ses ennemis, brûlait de colère et exigeait que les indésirables fussent mis a mort.
Dans un premier temps, Adanhu était d’accord avec Cœddil, mais il changea d’avis. Il était le plus ancien et le plus conservateur, mais il craignait que la survie de la forêt se paie par la perte de leur caractère pacifique et bienveillant. Si on ne leur imposait pas de limite, les esprits de la grande forêt pourraient devenir aussi hostiles que les ennemis du moment, et le marché de Durthu offrait au moins une chance d’éviter une telle issue. Malgré les récriminations de Cœddil, Adanhu permit aux héritiers d’Astarielle de rester dans la grande forêt jusqu’à ce que leur propre foyer soit de nouveau en paix, à condition qu’ils ne soient jamais éveillés de leur sommeil magique tant qu’ils demeureraient en son sein.
C’est ainsi que Morelion et Yvraine dormirent pendant que se déroulaient les ultimes actes de cette terrible guerre. Avelorn fut sauvée, et finit par redevenir une terre de splendeurs, mais elle ne retrouva jamais toute la gloire de son zénith. Les esprits de la grande forêt combattirent du mieux possible, en sachant qu’ils ne pourraient pas mettre fin au danger, juste y survivre. Pour sa part, Ænarion devint fou après la perte de sa femme et de ses enfants. Il sombra dans les ténèbres, pour ne se racheter qu’à la toute fin. Le monde fut sauvé non par la force des armes, mais par la ruse d’un mage elfique, dont le grand rituel de bannissement bouta les démons hors du monde.
Une fois les démons chassés, Durthu put enfin tenir sa promesse à Astarielle. Voyageant de nouveau à travers les racines du monde, il ramena Morelion et Yvraine en Ulthuan et les déposa dans le Val de Gaean. Ni l’un ni l’autre des enfants se souvint avoir seulement quitté Ulthuan, seulement d’avoir été sauvés par Cœur-de-Chêne la nuit ou leur mère se sacrifia. Yvraine devint bientôt la nouvelle Reine Éternelle, et Morelion son fidèle protecteur. Quant à Durthu, il désirait ardemment restaurer la magnificence perdue d’Avelorn, mais il savait que la grande forêt avait bien davantage besoin de ses services. Rappelant à lui presque tous les esprits qui avaient survécu à l’invasion d’Ulthuan, il repartit chez lui.
Les siècles passèrent. Petit à petit, les esprits de la grande forêt et leur enseignement s’estompèrent puis disparurent des annales elfiques, pour ne demeurer en filigrane que dans les contes et légendes populaires. Ulthuan grandit ensuite en gloire et en puissance, et établit maintes colonies outre-mer. Des siècles de séismes finirent par rompre les racines qui reliaient la grande forêt au reste du monde. Pendant tout ce temps, les Aïeux veillaient patiemment, attendant le moment de percevoir la dette d’Astarielle.
La venue des elfes

Sur l'expansion des elfes, vous pouvez utilement consulter l'histoire des elfes d'Ulthuan (règne de Bel-Shanaar)

Lorsque les elfes d'Ulthuan foulèrent pour la première fois le Vieux Monde, ils découvrirent une région sauvage intacte. Des colonies furent fondées sur les côtes et les terres proches furent cultivées. Quelques explorateurs s’aventurèrent dans les zones forestières de l’intérieur [parfois "motivés par des visions, des songes ou des envies inexplicables" selon le LA ES V8]. Quelques-uns remontèrent les grands fleuves dans leurs vaisseaux graciles. D'autres atteignirent les contreforts des Montagnes Grises. Des marchands les suivirent bientôt et rapportèrent aux colonies côtières d’étranges et merveilleuses choses qui furent ensuite exportées vers Ulthuan comme produits de luxe exotiques.
Ce fut à cette époque que les elfes découvrirent la grande forêt, qui a cette époque était bien plus vaste qu'aujourd’hui. Les elfes [...] s’en trouvèrent fort intrigués. De nuit, ils apercevaient d’étranges lueurs dansant sous les frondaisons, et d’immenses silhouettes à l’orée des clairières. Fascinés, des elfes tentèrent de pousser plus loin, mais toute progression était déjouée par des sentiers mouvants. En dépit de ces entraves, les elfes n’envisagèrent jamais de s’établir ailleurs. Ils avaient dans le sang l’irrésistible magie de la forêt, héritage du pacte d’Astarielle. Ils baptisèrent la forêt Athel Loren, "Bois de l’Aube du Monde". Ils s’installèrent en bordure et y dressèrent de grandes pierres gardiennes pour contenir les esprits. Malgré ces précautions, il arrivait occasionnellement que des colons s’évanouissent dans les bois, mus par d’étranges visions ou attirés par des nymphes fantomatiques. On ne les revoyait jamais.
Cependant, [le Vieux Monde] était si vaste et sauvage, et les elfes si peu nombreux, qu’ils laissèrent peu de traces de leurs activités ailleurs que sur les côtes. Là, ils construisirent des cités de pierre comme en Ulthuan, les ruines en sont encore visibles aujourd'hui.
De l'est vinrent les marchands et explorateurs nains. Ils arrivèrent dans les Montagnes Grises presque en même temps que les elfes, voire un peu plus tôt, et commencèrent la prospection de minerais. Ils avaient peu de raison de traverser les forêts entre les montagnes et la mer. Cependant, ils rencontrèrent les elfes occidentaux, et commencèrent à commercer avec eux. Finalement, les nains atteignirent les colonies elfes et leurs relations, jusqu'alors amicales virèrent à la concurrence, ce qui donna naissance à des querelles puis à la guerre.

La Guerre de la Barbe

La Guerre de la Barbe allait mettre un terme à la colonisation elfe du Vieux Monde et aux ambitions naines d’établir un empire allant jusqu'à la mer de l’ouest. Les deux races allaient s’épuiser dans une terrible lutte et subir des destructions jusque dans leurs terres respectives.
Pendant la guerre, les armées naines descendirent des montagnes pour assiégé les colonies côtières. Il leur fallut pour cela traverser les forêts. Ce faisant, ils utilisèrent leurs haches pour abattre des arbres pour leurs feux, leurs fortins, leurs ponts ou les fourneaux de leurs machines à vapeur [non sens puisqu'elles ne sont pas inventées à l'époque ! NdS]. Lorsqu'ils découvrirent que cela enrageaient les elfes, ils ne le firent que plus.
De nombreux elfes reçurent la tâche de garder les forêts pour tendre des embuscades aux armées naines traversant péniblement les zones boisées. Très vite, cela dissuada les nains de traverser ces secteurs par crainte d'attaque surprise. Les elfes s’avérèrent particulièrement habiles dans ces combats en forêt car leurs archers pouvaient décocher leurs flèches sans être vus, et plus généralement, par leur agilité et leur vivacité. La Forêt de Loren fut peut-être la plus surveillée de toutes.

Sur la guerre de la Barbe/de la Vengeance, vous pouvez consulter l'histoire des elfes d'Ulthuan (règne de Caledor II) et celle des nains (L'Age des Guerres).

Date C.I.

Date ES

Evènements

-1997

La guerre fait rage pendant deux siècles entre hauts elfes et nains. Les colonies elfes d'Ethin-Arvan subissent l'essentiel des combats. Les deux empires s’épuisent et s’affaiblissent dans ce conflit. Tor Alessi (maintenant le port bretonnien de l’Anguille) est assiégé plusieurs fois. Les nains détruisent des forêts entières pour irriter les elfes. Les elfes gardent la forêt de Loren.

-1589

Caradryel, le Roi Phénix d’Ulthuan, rappelle les armées elfes du Vieux Monde pour affronter les elfes noirs qui menacent Ulthuan. Les colonies du Vieux Monde considèrent le départ des armées elfes comme une trahison. Caradryel leur fait savoir que s'ils veulent la protection des armées elfes, il leur faut retourner à Ulthuan. Beaucoup de colons abandonnent le Vieux Monde, mais certains restent.

-1501

La dernière armée elfe quitte le Vieux Monde, laissant derrière elle les quelques colons refusant de partir. Parmi ceux-ci se trouvent les habitants d'Athel Loren, rejoints par ceux qui abandonnent les colonies côtières. Ils se déclarent indépendants du Roi Phénix. Ils suivent à partir de ce moment une voie différente de leurs cousins d’Ulthuan et sont des lors appelés les elfes sylvains.


I. LA SAISON DU RENOUVEAU (-1500 à -1095 CI)

Date C.I.

Date ES

Evènement

-1500 (~)I, 1Fondation du Royaume elfe d'Athel Loren
-1500 à -1000L'empire déclinant des nains est détruit par des tremblements de terre. Des tribus orques et gobelines déferlent vers l'ouest, pillant les cités elfes abandonnées et les forteresses naines dévastées. Les elfes sylvains interdisent la forêt de Loren aux pillards.

L'exode des clans

Lorsque le Roi Phénix [Caradryel] rappela les armées elfes du Vieux Monde et laissa les colonies sans surveillance, les colons qui y vivaient se retrouvèrent devant deux choix : rentrer ou rester. S'ils restaient dans le Vieux Monde, ils seraient à la merci de trois ennemis mortels : les nains, les orques et les elfes noirs de Naggaroth.
Les nains, il est vrai, étaient eux-mêmes en pleine retraite, mais les histoires de colonies elfes abandonnées pleines de trésors étaient une tentation trop forte pour n‘importe quelle bande de pillards ou d’aventuriers, ainsi d’ailleurs que pour les bandes de maraudeurs orques et gobelins qui arrivaient de l'est lointain. Pire encore, les mers n'étaient pas sûres. Les elfes rebelles de Naggaroth parcouraient les voies maritimes, pillant les navires revenant des colonies et menaçant les villes côtières non défendues.
Il était donc dangereux pour les elfes du Vieux Monde de rester dans les colonies. En une génération, tous les clans qui avaient refusé de rentrer à Ulthuan entreprirent le grand voyage vers l’intérieur des terres. Ils se retirèrent dans les forêts sauvages où ils se sentaient en sécurité. Comme ils en étaient déjà les gardiens, ils connaissaient les chemins détournés et les lieux les plus sûrs pour s’établir.

L'abandon définitif de la côte

Le clan Equos, éleveurs de montures elfiques, fut le dernier à quitter les plaines côtières. Ils étaient peu disposés à renoncer à leurs riches pâturages et étaient déterminés à ne pas abandonner leurs troupeaux. Les événements les forcèrent à prendre le chemin des forêts. Une grande Arche Noire (immense vaisseau des elfes noirs) fut aperçue sur l'océan. Les gardes des falaises virent sa gigantesque silhouette se découper dans le soleil couchant. Ils suivirent sa progression sur des centaines de kilomètres avec horreur et appréhension. Peu connaissaient exactement la nature des combats sur la terre des elfes mais des rumeurs leur étaient parvenues au sujet des elfes meurtriers de Naggaroth. L’arche semblait venir pour piller les colonies abandonnées et réduire en esclavage les clans restés sur place.
Le clan Equos rassembla précipitamment ses troupeaux et les mena vers l'est. Par chance presque tous étaient partis lorsque l'arche accosta. On put voir de la fumée s'élever de la colonie abandonnée de Tol Ibrion, sur les ruines de laquelle s’élève aujourd'hui Brionne.
Les cavaliers noirs suivirent les traces des troupeaux de chevaux loin dans les terres. Finalement, les elfes noirs atteignirent une lande dégagée qui s’étendait vers l'est jusqu’à la forêt de Loren. Là, le clan Equos s’était rassemblé pour les affronter. De très nombreux chars et cavaliers se tenaient sur les collines, prêts à charger. Leur chef était Equoth l'Intrépide, qui avait été élu pour les conduire au combat.
Les cavaliers noirs avaient progressé de nuit, Equoth décida donc de les attaquer à l’aube, lorsque les rayons du soleil se levant au-dessus des arbres de Loren les aveuglerait. La bataille qui s'ensuivit fur un carnage. Beaucoup des guerriers d’Equoth tombèrent mais le soleil éblouissant empêchait les elfes noirs de viser et beaucoup de leurs traits ratèrent leur cible. Les elfes noirs furent encerclés et exterminés. Leurs os reposent aujourd’hui sous un des grands cairns de pierre que l’on peut voir dans cette région. Quant à ceux restés à bord de l’Arche Noire, ayant perdu leur avant-garde, ils se contentèrent de piller les colonies côtières avant de disparaître avec leur butin.

Les nains contre à Athel Loren, alliance des elfes et des esprits des forêts [LA ES V8 p. 18-19]

À mesure que les Hauts Elfes se retiraient vers l’ouest, les Nains progressaient à leur suite. C’est avec les premières neiges hivernales que les enfants des montagnes fondirent sur Athel Loren, exprimant leur rancune par le fer et le feu. Cette brutalité entraîna la fureur de la forêt, mais ses esprits avaient toujours été lents pendant la saison froide. Les Dryades ne tardèrent pas à être abattues ou dispersées, et Durthu, le seul Aïeul encore éveillé, fut bien près de tomber sous les haches Naines.
Constatant que la forêt ne pourrait vaincre seule les Nains, Durthu la fit se retirer devant les envahisseurs, ouvrant des sentiers qui les conduiraient à la colonie elfique. Se pensant eux-mêmes attaqués, les elfes s’en prirent aux Nains en leur tirant des volées de flèches. Après avoir orienté la progression des Nains, la forêt guida les pas des elfes. Ainsi, chaque fois que les Nains se retournaient pour faire face à la menace, les elfes disparaissaient parmi les arbres, pour ressurgir quelques instants plus tard à des distances impossibles. Faute de pouvoir vaincre un ennemi qui ne se laissait pas atteindre par le bon acier, les derniers Nains battirent en retraite.

Suite à leur victoire, les elfes commencèrent à s’établir à l’intérieur d’Athel Loren, car ils craignaient davantage les représailles des Nains que les caprices de la forêt. Cette dernière n’opposa pas de résistance, et les elfes se demandèrent pourquoi. Les enfants perdus d’Ulthuan n’entendirent jamais l’âpre dispute qui opposa Adanhu à Cœddil au sujet de leur sort. Durthu, l’instigateur de la situation présente, resta silencieux. Il avait beaucoup souffert des haches Naines, et sa nature jadis bienveillante avait radicalement changé, car il n’avait plus pleinement foi en son propre jugement.
La volonté d’Adanhu finit par prévaloir, et la forêt révéla de nombreux secrets aux elfes, bien que les Dryades et les Hommes-Arbres prissent grand soin de ne jamais se montrer volontairement. Au cœur d’Athel Loren, Ariel, la plus éminente magicienne elfe, s’entretint avec la forêt pour la première fois, suite à quoi de nombreux elfes apprirent l’art du Chant des Arbres. Leur peuple, toujours respectueux de la nature, adopta dès lors pleinement Athel Loren comme foyer. Mieux encore, les elfes traitaient la forêt avec la révérence qu’elle méritait et exigeait, car ils voyaient dans ses cycles saisonniers l’essence de leurs divinités ancestrales. Ils jurèrent de ne jamais rien prendre à la forêt sans le lui rendre sous forme de services et de sacrifices. Quand les elfes avaient besoin de bois de chauffage pour survivre aux hivers glacials, ils se contentaient de branches mortes, et au printemps ils prenaient soin des pousses et arbrisseaux, en les encourageant à former de gracieux halls en surface ou sous terre. Quand les elfes chassaient les animaux de la forêt pour se nourrir et se vêtir, ils n’en gaspillaient rien, et rendaient grâce à Athel Loren par des cérémonies sanglantes.

Les Nains ne tardèrent pas à repartir à l’assaut d’Athel Loren. Cette fois, leur Throng était fort de dizaines de milliers de guerriers provenant de dizaines de forteresses. En apprenant cette menace, les dames et les seigneurs Elfes Sylvains tinrent conseil au pied du Chêne des Âges, et même les arbres de la clairière donnaient l’impression d’écouter ce qui se disait. Les adeptes du Dieu Trompeur accomplirent leurs danses rituelles, tandis que les voyants et les prophétesses lisaient la trame du destin dans les astres et dans les flammes qui illuminaient la clairière. C’est là qu’Ariel se sentit attirée par le seigneur Orion. Il était le plus brave et le plus beau de son peuple, tout comme Ariel était la plus sage et la plus belle. Tandis que le conseil débattait de la meilleure manière de faire face aux Nains, Ariel et Orion étaient plongés dans leur propre conversation, et semblaient totalement détachés du grand débat. Ils finirent par s’éclipser à l’insu de tous.
Le reste du conseil était d’humeur maussade, car chacun voyait bien qu’il était impossible de vaincre les Nains en bataille rangée. Pire encore, les voyants avaient perçu une autre menace, plus grande encore que les Nains : une vaste horde de Peaux-Vertes s’apprêtait à lancer sa propre attaque d’ici quelques jours. C’est en cette heure désespérée qu’Adanhu choisit de se révéler aux Asrai. Il promit l’assistance des Esprits de la Forêt pour peu que la bataille soit livrée avant la venue de l’hiver. Rassérénés par les paroles d’Adanhu, les Elfes Sylvains révisèrent leurs plans. Emportés par leur enthousiasme, ils ignorèrent l’avertissement de l’Ancien, annonçant qu’un grand sacrifice serait exigé. Ce ne fut que plusieurs heures après, une fois le festin achevé, qu’on remarqua l’absence d’Ariel et d’Orion, mais toutes les recherches s’avérèrent vaines, et on dut se résoudre à oublier les amants égarés.
Le lendemain, le grand ost d’Athel Loren affronta les Nains. Comme Adanhu l’avait promis, les Asrai ne se battirent pas seuls. Des Hommes-Arbres colossaux marchaient parmi les lignes elfiques, et des myriades de Dryades grouillaient sur les flancs. Le puissant Durthu mena la charge, véritable force de la nature, avide de se venger de ceux qui l’avaient meurtri. Face à un tel ost, les Nains n’avaient guère d’espoir. Bien qu’ils résistassent avec toute la ténacité de leur race, ils finirent par rompre les rangs et fuir en laissant de nombreux morts.

Kurnous et Isha

Avec le temps passé dans la forêt, les elfes sylvains s’intéressèrent aux dieux ancestraux. Ces dieux s’appelaient Kurnous et Isha, le Grand Veneur et la Mère Nature. L'esprit de Kurnous se manifeste dans les animaux et dans l'impitoyable sauvagerie de la nature, alors que celui d'Isha habite les plantes et les sources limpides qui jaillissent de la terre. En Ulthuan, leur adoration avait été éclipsée par les cultes plus récents de la civilisation, du pouvoir et de la décadence. Au plein cœur des forêts sauvages, ces anciennes puissances semblaient palpables.
Kurnous et Isha avaient déjà été invoqués par les premiers gardiens de la forêt pour qu’ils les aident dans leur lutte contre les nains. Ils découvrirent des endroits sacrés éparpillés dans la forêt, où l’énergie magique affleurait à la surface. Ces lieux étaient reconnaissables aux arbres incroyablement anciens et grands qui y poussaient. Parfois, les elfes y élevèrent d’immenses monolithes pour diriger le flux de ces courants magiques vers certaines clairières et concentrer la puissance magique. Ces endroits devinrent des lieux de pèlerinage dédiés aux dieux Kurnous et Isha.
Tous les clans qui arrivèrent par la suite dans Loren embrassèrent le culte de Kurnous et d’Isha. Leurs rites élaborés et les danses effectuées au moment de l’équinoxe semblaient réveiller quelque chose au plus profond de la forêt, comme si les esprits élémentaires des dieux eux-mêmes étaient appelés du centre de la terre et du cœur des arbres.

Ariel et Orion

Il fut décidé lors du premier conseil qu'aucun clan ne devrait régner sur un autre. Ceci ne pourrait provoquer qu’ambition et jalousie et mènerait inévitablement à une guerre fratricide.
Ce n’était pas un conseil ordinaire de sages s'asseyant pour débattre. Les esprits des bois avaient déjà prise sur le peuple elfe, accentuant les aspects sauvages et étranges de leur pensée. Kurnous et Isha furent invoqués. Des jeunes sélectionnés dans chaque clan exécutèrent les danses rituelles. Les anciens exprimèrent leurs sentiments au cours de mystérieuses mises en scènes théâtrales et les mages révélèrent les nouvelles merveilles qu’ils avaient découvertes parmi les arbres. Même les hommes arbres et les dryades étaient là et certains elfes sylvains pouvaient déjà fusionner leur esprit avec celui de ces créatures ainsi que ceux de nombreux animaux et oiseaux.
Pendant ce temps, deux elfes s’éloignèrent de la clairière du conseil, Orion, un jeune à l’allure noble et Ariel, la plus jolie des jeunes elfes. Se frayant un chemin à travers un bosquet de chênes antiques, ils tombèrent sur un arbre d'une taille colossale, un arbre aussi vieux que le monde lui-même. Ses racines avaient fait éclater les rochers et ses branches créaient sous elles un monde d'ombres que traversaient avec peine quelques rares rayons de soleil.
Ils commencèrent à faire le tour du tronc massif touchant de leurs doigts l’écorce craquelée. Il leur fallut longtemps pour n’en parcourir que la moitié. Soudain, ils atteignirent une fissure dans l’écorce, semblable à une porte étroite creusée dans le tronc lui-même. Poussés par leur curiosité, ils entrèrent.
Il fallut quelque temps à l’assemblée pour s’apercevoir de la disparition d’Orion et d’Ariel. Ne les voyant pas revenir, leurs clans commencèrent à les chercher autour de la clairière, mais ne trouvèrent nulle trace d'eux. Ils commencèrent à avoir peur qu’une bête sauvage ou pire, des ennemis ou un monstre ne les aient enlevés. Les éclaireurs se mobilisèrent, cherchant d’éventuels envahisseurs. Les mages prirent leurs bâtons divinatoires et tentèrent de suivre leurs traces, mais en vain.
Les jours passèrent et Orion et Ariel restèrent introuvables. Les recherches ne permirent même pas de retrouver le plus infime indice. Ils trouvèrent bien l'immense Chêne des Ages et rendirent hommage comme il se devait a cet arbre sacré. Ils virent l’énorme cicatrice dans l’écorce craquelée, mais l'ouverture par laquelle Orion et Ariel étaient entrés s’était mystérieusement refermée.

L’Hiver du Malheur

Date C.I.

Date ES

Evènement

-1125

I, 376

Bataille de l'Hiver du Malheur. Une armée d'orques et gobelins est écrasée en Loren. Orion et Ariel deviennent le Roi et la Reine de la Forêt.

Le conseil se dispersa. Chaque clan retourna à son domaine. Tout le monde était triste pour Orion et Ariel. Ils n’avaient toujours pas été retrouvés à l’arrivée de l'hiver et furent considères comme perdus à jamais. L'hiver fut particulièrement rigoureux cette année-là, et au plus froid de la saison, les orques arrivèrent.
Chassés hors des montagnes par la faim, ils descendirent vers la forêt. Leurs hurlements sauvages résonnèrent parmi les arbres nus. Ils chassèrent les bêtes sauvages et brûlèrent les arbres en de grands feux de joie. Les éclaireurs observaient l’avancée des orques qui se faisait chaque jour plus profonde, et des escarmouches les opposaient à des bandes orques. De nombreux peaux vertes furent tués par des flèches tirées par des mains invisibles. Mais les orques restaient déterminés. Toute la magie des elfes semblait impuissante pour les repousser. Ils avançaient résolument en direction des bosquets Sacrés et des clairières habitées par les clans.
Il fut décidé de combattre les orques de front. Tous les guerriers furent mobilisés. Les elfes sylvains attaquèrent mais les orques ne purent être battus. De nombreux braves elfes payèrent de leur vie mais la horde verte continuait a s’enfoncer dans leur royaume. Certains clans abandonnèrent leur clairière pour se réfugier dans des cavernes, d’autres préférèrent mourir là où ils avaient vécu, attendant la venue des orques.

L’Hiver du Malheur se poursuivit. Le sol gela et devint aussi dur que le métal. Des vents tourbillonnants apportèrent la neige qui recouvrit la lande et s'insinua entre les arbres. La forêt était transformée en une immense terre blanche et grise. Des loups hantaient les bois. La nourriture se faisait rare. Les hordes orques campaient dangereusement près de la Clairière du Conseil. Les mages elfes se battaient jour et nuit pour les en éloigner à l'aide d'enchantements et de fausses pistes.
La nuit, les feux des orques étaient visibles, brillant dans une clairière autour d'un vieux chêne foudroyé, un lieu étrange, craint même par les elfes sylvains.
Arriva une aube plus claire que les autres, les éclaireurs notèrent alors les premiers signes du printemps. Il remarquèrent aussi une étrange agitation parmi les oiseaux et des murmures dans les branches. Alors que les mages commençaient à s’interroger sur ces événements et leurs raisons, on entendit résonner un gigantesque cor dans les profondeurs de la forêt. Les orques l'entendirent aussi. Ils furent glaces de peur et restèrent paralyses d'effroi au milieu de leurs camps où rôtissaient écureuils et belettes.
Puis le ciel s’assombrit à cause d'immenses vols d'oiseaux. On entendit le bruit inquiétant du brame d'un grand cerf puis celui d’une énorme bête se ruant à travers les fougères mortes. Les éclaireurs furent les premiers à le voir. Un terrible chasseur, Kurnous incarné ! Il bondissait entre les arbres avec l’agilité et la vitesse d'une antilope. Sa tête était ornée d'immenses bois. Son visage était couvert de lierre et de mousse. Sa peau était verte comme les feuilles du printemps, ses yeux d'ambre brillaient comme ceux d'une bête sauvage. Il faisait deux fois la taille d'un elfe et tenait une énorme lance à la main.
Kurnous fonça à travers les sous-bois dans le campement orque, tuant tout sur son passage. Il défia et chargea le seigneur de guerre Grotfang, l'empala sur sa lance et le fit voler par dessus sa tête d'un coup de bois. Le reste des orques recula terrorise. Les corbeaux noirs plongeaient déjà sur la horde orque déconfite. Les peaux vertes se marchaient les uns sur les autres dans leur précipitation, mais cette fois ils ne retrouvèrent pas leur chemin a travers les bois. Les hommes arbres et les dryades leur barraient le passage, réveillés par le cor et le brame de défi de Kurnous.
Kurnous pourchassa les fuyards avec sa grande lance. Derrière Kurnous arriva une vague d’elfes, groupés pour l’hallali. Une pluie de flèches mortelles s'abattit sur les orques, les danseurs de guerre s’élancèrent comme pour un ballet rituel en honneur à Kurnous, tuant les orques maladroits et trop lents pour s’écarter du chemin.
Alors que le soleil s’élevait au-dessus des arbres, ses rayons ambrés éclairèrent un massacre. Une clairière couverte de cadavres d'orques et noire de corbeaux et de corneilles. Les busards faisaient des cercles dans le ciel et les loups venaient réclamer leur part. Aucun orque n’était sorti de la forêt. Leurs os blanchis devaient rester à jamais enfonces entre les racines noueuses de la Clairière du Malheur.

Le roi et la reine de la forêt

Quand il fut certain que le dernier orque avait succombé, les éclaireurs et les autres guerriers firent tout leur possible pour retrouver la trace de Kurnous. Son brame lointain pouvait toujours être entendu et certains aperçurent son ombre furtive courant rapidement entre les arbres. Les orques transpercés par sa lance jonchaient sa route. Ses traces suivaient un large arc de cercle menant jusqu’à la Clairière du Conseil puis jusqu’au Chêne des Ages lui-même.
La, ils s’arrêtèrent. Kurnous avait disparu. Les mages furent appelés. Ils invoquèrent Kurnous avec leurs bâtons divinatoires, lançant incantations et prières de gratitude pour les avoir délivrés des ennemis. Alors qu'ils en appelaient à Kurnous, l'arbre émit un craquement et un grondement, une voix sourde s’éleva comme si elle sortait directement du tronc ; "Qui demande Kurnous ?"
Alors, les elfes rassembles virent la cicatrice dans l’écorce du chêne, c'est de là qu’était sortie la voix. Les éclaireurs les plus courageux et les mages s’engagèrent par l‘ouverture. Avançant avec précautions, ils entendirent de mystérieux rires magiques et une étrange musique. Une faible lueur indiquait la fin du tunnel. Ils arrivèrent alors dans une vaste salle creusée au cœur de l'arbre.
Ils y virent deux personnages assis comme sur des trônes, les êtres les plus beaux qu’il leur ait été donné de contempler. Tous avaient le sentiment d’être face aux réincarnations des dieux Kurnous et Isha, avec un air de famille d’Orion et d’Ariel, disparus depuis longtemps ! Autour d'eux se tenaient des dryades et d'autres étranges esprits des bois qui leur rendaient hommage comme à un roi et à une reine.
Le grand mage Athelor s’avança de quelques pas et leur demanda s‘ils étaient vraiment Orion et Ariel. Orion répondit que c’était bien eux, mais qu'ils avaient changé. Puis Ariel prit la parole, révélant qu'ils avaient tous deux fusionné avec Kurnous et Isha et pris leur apparence.
Les dieux avaient été appelés du plus profond de la forêt et avaient souhaité prendre une forme elfe. Ils avaient été séduits par l'exceptionnelle beauté d'Orion et d’Ariel et leur avaient insuffle une toute petite part de leurs esprits divins. Cela suffisait de donner à Orion et à Ariel le pouvoir de prendre l'apparence de Kurnous et d’Isha pendant un court moment. Suffisamment longtemps pour sceller le sort de tout envahisseur.
Ariel avait parlé avec la sagesse d’une déesse et les elfes furent frappés par ce qu’ils voyaient. Athelor, le grand mage, comprit et proclama aux autres "Voyez, le Roi et la Reine de la Forêt !"
Orion et Ariel sortirent du Chêne des Ages et tinrent leur cour dans la Clairière du Conseil, qui devint alors la Clairière Royale. Tous les clans les reconnurent comme roi et reine. Les mages virent en eux les héritiers directs des pouvoirs magiques de Kurnous et d’Isha. Orion était capable de prendre l’apparence de Kurnous le Grand Chasseur, pourchassant les envahisseurs de son domaine. Ariel pouvait quant a elle exercer sans l’avoir étudiée la magie d‘Isha, comme si cela faisait partie de son être. Elle avait le pouvoir de tisser des enchantements autour du royaume d’Athel Loren pour protéger son peuple et ses terres de leurs ennemis.
Les elfes peuvent vivre plusieurs siècles, mais Orion et Ariel étaient devenus sans age et immortels grâce à leur nature divine. Ils étaient perpétuellement régénérés, tout comme la nature investie de l'esprit de Kurnous et d’Isha se régénéré. Ils régneraient sur le peuple sylvain avec sagesse et protégeraient à jamais la forêt.
Pour Orion et Ariel, l'immortalité se manifeste d’étrange façon. Aux heures les plus froides de l‘hiver, ils semblent mourir. Alors les elfes les portent à l’intérieur du Chêne des Ages. Avec les premiers signes du printemps, le grand chêne est rouvert, révélant Orion et Ariel régénérés dans toute leur splendeur. C'est comme si les pouvoirs d‘Orion et d'Ariel suivaient le cycle des saisons, s'évanouissant et renaissant avec elles. Le cœur de l'hiver est donc l'époque la plus dangereuse pour le peuple d'Athel Loren, lorsque se dissipent les enchantements qui protègent la forêt, des heures où ils doivent faire preuve de la plus grande vigilance !

Dans le LA V8 (p.19), on lit qu'Orion est incinéré tous les hivers :
Alors que la neige tombait sur la forêt un immense bûcher fut dressé au centre de la Clairière du Roi. Inaugurant un rituel qui allait perdurer au long des siècles, les Cavaliers Sauvages et Orion s’avancèrent dans la clairière. Sur le coup de minuit, le Roi de la Chasse Sauvage leva les bras aux cieux et s’avança nu dans les flammes. Dans la froide lumière du lendemain, il ne restait que les cendres d’Orion, que les Cavaliers Sauvages apportèrent à Ariel. Sans un mot, la Reine Magicienne prit les cendres de son consort et s’enferma au sein du Chêne des Âges. Elle ne fut plus qu’un souvenir, tout au long de l’hiver. Les Asrai pleuraient leur roi défunt, car ils ne comprenaient pas ce qui se passait, mais au printemps suivant, quand Orion renaquit, il apparut clairement à tous qu’Ariel et Orion, et à travers eux la race Asrai entière, étaient désormais liés à la Trame de l’existence, l’entrelacs de vie et de mort qui régit tous les êtres vivants.

Au fil des siècles, Ariel apprit à maîtriser les pouvoirs de la Trame, et elle guérit patiemment les blessures dont la forêt avait souffert. Tout cela apportait une réelle satisfaction à Adanhu et à ses pairs. Sous la garde des Asrai, la forêt prospérait et ses aspects les plus sauvages demeuraient cantonnés à des proportions tolérables.


II. LA SAISON DU FLÉTRISSEMENT (-1094 à -625 CI)

On notera que Morghur, décrit pour la première fois dans le LA Hommes-bêtes V7, ne voit ses malfaisances développer que dans le LA ES V8.

Date C.I.

Date ES

Evènement

-1000Les terres entourant Athel Loren sont colonisées par la tribu primitive des bretonnis (ou bretonites en VF). Ils commercent avec les elfes sylvains et apprennent de nombreuses choses mais craignent de pénétrer dans la forêt de Loren.
-815Cyanathair lance un grand assaut contre Athel Loren, déchenchant ainsi la longue guerre secrète opposant les elfes sylvains aux hommes-bêtes. [LA ES V6 p. 16]

-813

II, 283

Bataille de l'Angoisse. Morghur le Corrupteur est tué à l'issue d'une grande bataille dans ce qui sera connu à jamais sous le nom de Clairière du Malheur.

-700Le clan des Wythels quitte la forêt de Loren et émigre vers les Montagnes Grises en direction des vastes forêts situées au-delà où il disparaît à jamais. Il est à présent appelé dans les légendes le Clan Perdu. [LA ES V6 p. 16]
-650Les bretonni tentent d'entrer dans Athel Loren, mais seuls quelques survivants rendus fous en ressortent. La forêt devient pour les bretonniens un lieu hanté.
-625 (ou -623)Trahison à la Clairière du Roi. Coeddil l'homme-arbre attaque les elfes sylvains d'Athel Loren et tue un grand nombre de cavaliers sauvages. Seule l'intervention d'Ariel, la reine des elfes, permet d'éviter de justesse une tragédie. Elle enferme Coeddil au sein d'un cercle de pierre gardiennes afin que son influence néfaste ne contamine pas les autres esprits de la forêts [LA ES V6 p. 16, WDF213 p.81]

-1095 CI - L'appartition de Morghur

Une nuit de mauvais augure, les Esprits de la Forêt crièrent de souffrance, et Ariel versa une larme unique et parfaite quand elle ressentit une violente disruption dans la Trame. Une chose terrible venait de voir le jour en ce monde…

Sur Morghur et ses malfaisances.


Rencontre avec les barbares

Pendant les générations qui suivirent la bataille de la Clairière du Malheur, le clan Equos maintint une garde sur les landes entourant Athel Loren. Les Chevaliers Sylvains parcouraient les collines couvertes de fougères et campaient dans les taillis d'arbres rabougris à la recherche d'orques et de gobelins en maraude. Les escarmouches étaient innombrables. Dès que l'ennemi était repéré dans la lande, un messager allait donner l'alarme à Orion et Ariel. Les clans d'elfes sylvains rassemblaient rapidement leurs guerriers et tendaient une embuscade. L'ennemi était le plus souvent repousse ou massacre avant d'avoir atteint la forêt. Un tumulus était alors dressé sur ses os et une pierre gravée des symboles de Kurnous et Isha était levée en signe d'avertissement.
[C’est à cette époque que des barbares humains s’aventurèrent vers l’ouest, franchissant les Montagnes Grises.] Cette horde se déplaçait avec des chariots ou chevauchait de solides poneys aux longs poils. L’expédition était surveillée par des hommes dotés d'armes de métal. Du bétail et des familles suivaient les guerriers.
Il ne s'agissait pas d'orques ou de gobelins ; les elfes voyaient pour la première fois des hommes. Il s'agissait de tribus sauvages, ancêtres des bretonniens, à la recherche de nouvelles terres à coloniser.
L’information fut transmise à Orion et Ariel comme d'habitude. Le conseil fut convoque et décida d’attendre pour observer au lieu d'attaquer. Les traits des nouveaux venus étaient agréables et avaient une lointaine parenté avec ceux des elfes. Ils pourraient peut-être s’avérer amicaux et devenir des allies. Les cavaliers reçurent l'ordre de les observer de loin.
Les gardes virent bientôt deux choses qui leur firent apprécier les étrangers. D’abord, les barbares en tête de colonne découvrirent les monolithes marquant la frontière du royaume d'Athel Loren et s’en approchèrent. Ils inspectèrent les symboles gravés sur les pierres et firent venir un de leurs chamanes. Finalement, ils placèrent des offrandes au pied des pierres et firent demi-tour, menant l’expédition dans une autre direction et refusant de franchir les pierres. Qu’il se fait agi de respect ou de superstition, les elfes sylvains ne furent pas moins impressionnés par ce geste et décidèrent que ces êtres étaient complètement différents des orques et des gobelins.
L'autre chose qui marqua les cavaliers fut le combat auquel ils assistèrent lorsque les barbares furent attaqués par des orques et des chevaucheurs de loups gobelins. Les hommes défendirent vaillamment leurs chariots et leur peuple. Les Chevaliers Sylvains observant des collines furent tellement impressionnés par leur courage qu'ils se lancèrent au galop et attaquèrent les orques avec furie malgré un rapport de force très en leur défaveur. À eux tous, les barbares et les elfes repoussèrent les orques, que les Chevaliers Sylvains poursuivirent et massacrèrent sans n’attendre les remerciements des hommes.
Un peu plus tard, les éclaireurs découvrirent que les barbares s’étaient installés un peu en dehors d'Athel Loren et cultivaient une terre près d’un fleuve. Il était clair qu'ils ne voulaient pas de mal à la forêt de Loren, et menaient en fait une guerre constante contre les orques. Lorsque vint l’époque des moissons, ils entassèrent de grandes offrandes aux pieds des monolithes en signe de gratitude envers les elfes.
Au sein des barbares, les chamanes étaient parvenus à une conclusion à propos des elfes. Ils annoncèrent qu'il s'agissait là du "peuple fée", des êtres magiques vivant dans les bois et qui les aideraient dans les moments difficiles si on leur montrait du respect. Cette croyance persista pendant des siècles et empêcha les hommes d'aller conquérir la forêt de Loren.

Le LA ES V8 (p.20) donne une vision moins romantique du voisinage entre les elfes et les hommes !
"Les elfes sylvains voyaient avec amusement ces conflits entre tribus primitives, et se contentaient de regarder l’une éradiquer les autres. Ce n’est que lorsque les affrontements débordaient jusqu’à l’orée d’Athel Loren que les elfes intervenaient, repoussant les intrus à coups de flèches et de lances avant de s’évanouir parmi les arbres. C’est ainsi que commença la tradition de la Chasse Sauvage. Chaque été, au plus fort des batailles entre humains et Peaux-Vertes, Orion prenait la tête de ses Asrai les plus bouillants pour se rendre dans les terres barbares au-delà de la Plaine Sauvage, et y traquer des proies bipèdes comme ils l’auraient fait de tout autre gibier. Bientôt, la terrible gloire de la Chasse Sauvage fut gravée dans les légendes des peuples barbares, qui apprirent que menacer la forêt était synonyme de mort prompte et inévitable.
Avec le temps, les elfes prirent de plus en plus de plaisir à prendre les vies des hommes et des Peaux-Vertes. Ils se mirent à manipuler les deux factions pour les exhorter à se battre encore plus fréquemment, même si en vérité les Peaux-Vertes n’avaient guère besoin d’encouragement. Les elfes se donnaient pour justification le besoin de réguler les populations ennemies comme ils le faisaient pour n’importe quelle espèce animale dangereuse. Cependant, ce prétexte était d’autant moins crédible que les ressortissants d’Athel Loren parcouraient toujours plus de distance pour pratiquer leur divertissement, mais peu leur importait, et ils continuèrent à fomenter des guerres dans toutes les terres au nord de la chaîne des Voûtes."

Le clan perdu

Le texte sous-entend que ce clan s'est installé dans les forêts de l'Empire. Ce peut être l'ancêtre d'une des nombreuses communautés d'elfes sylvains de ce pays : ceux de la Drakswald, de la Reikswald, de la Laurëlorn, des Landes Miroitantes, ...

Un clan d'elfes sylvains vivait autrefois dans les clairières entourées d'arbres wythel, au cœur de la forêt de Loren. Ces arbres étaient des conifères d’une taille et d’un âge exceptionnels et d'une beauté incomparable. Leurs aiguilles étaient d'un vert de jade et leurs pommes de pins énormes. Leurs pignons étaient comestibles et considérés comme un met de choix en Athel Loren. La résine de ces arbres pouvait être distillée en un vin extraordinaire. On dit même que le bois des wythels faisait les meilleurs arcs longs.
Avec le temps, le mode de vie de ce clan devint dépendant des wythels. Ces elfes n'apprirent pas à utiliser autant d'arbres que les autres clans. Et cela n'avait pas d'importance tant que les wvthels prospéraient.
Au fil des siècles, les wythels, déjà rares dans la forêt, devenaient de plus en plus durs à trouver. Les magiciens du clan étaient perplexes quant à ce phénomène. Un par un, les vieux arbres mouraient et tombaient au sol. Les jeunes pousses étaient trop rares pour les remplacer, et les elfes, malgré toute leur science, ne purent faire germer les pignons. Finalement, les magiciens établirent que les arbres dépérissaient par la modification des flux magiques qui passaient profondément sous la terre.
Aucune tentative pour restaurer les énergies magiques ne parvint à sauver les arbres. Les immenses monolithes, les danses rituelles, les chants offerts par des chœurs de jeunes filles elfes chaque jour de chaque année ne firent aucune différence. En désespoir de cause, des magiciens doués de talents de divination et des Guerriers Faucons furent envoyés rechercher les lieux où pouvaient encore se trouver des wythels. Après plusieurs années de recherche, un des magiciens revint. Il avait avec lui des rameaux sains et bien vivants de wythel. Il révéla aux anciens rassembles l'endroit ou ces arbres vivaient encore.
Bien qu'heureux que les wvthels n’aient pas disparu de ce monde, le clan était effrayé par la distance énorme qu'il leur faudrait couvrir pour aller jusqu’aux arbres. Avec réticence, le clan décida d’abandonner pour toujours Athel Loren pour rejoindre leurs arbres tant aimes et les protéger. Le Roi et la Reine des Forêts comprirent leur désir et les laissèrent partir, les bénissant et leur fournissant aide et objets magiques.
Le clan entier entreprit son long voyage a travers les Montagnes Grises et au-delà, vers l'est. Ils errèrent à travers des zones sauvages forestières à peine habitées par l'homme mais déjà infestées d'orques. Les Guerriers Faucons et les éclaireurs essayèrent de garder le contact mais perdirent finalement toute trace du clan lorsque la neige vint couvrir la forêt. Le clan des Wythels ne fut jamais retrouvé.
Depuis cette époque, des rumeurs parlant d'une enclave d'elfes sylvains cachés au plus profond des forêts à l'est des Montagnes Grises sont parvenues à Athel Loren. Des tentatives pour rétablir le contact ont eu lieu, et des éclaireurs prétendent avoir rencontre des éclaireurs du Clan Perdu. Il n’y a pas de raison de douter de leur parole, mais il n’empêche que pratiquement tout ce qui concerne ce clan reste un mystère à Athel Loren, seule son existence semble certaine.

Trahison à la Clairière du Roi

Cinq siècles après la Bataille de l’Angoisse [en fait, ce serait plutôt deux siècles], Athel Loren connut de nouveau un conflit interne. Le seigneur Cœddil, sans doute sous l’emprise d’un reliquat de la folie de Morghur, voire de son ressentiment envers les elfes, chercha à entraver la renaissance d’Orion. Cet hiver-là, Cœddil et ses suivantes Dryades ne dormirent pas, mais guettèrent le moment où Ariel entama son séjour dans le Chêne des Âges. Alors que la forêt était assoupie et que les Elfes ignoraient ses intentions, l’ancien se rendit à la Clairière du Roi pour y massacrer tous ceux qu’il y trouverait, car sans Cavaliers Sauvages pour accomplir le rituel de la renaissance. Orion serait considérablement affaibli, à supposer qu’il puisse seulement être invoqué.
Ariel s’éveilla brusquement au premier sang Elfique versé. Prise de fureur, elle se précipita au secours des Cavaliers Sauvages. Cœddil et ses suivantes n’avaient aucune chance face à la colère d’Ariel. Déployant sa puissance considérable, la Reine Magicienne dispersa les servantes du seigneur sylvestre et défit ce dernier. Malgré son ardent désir de supprimer les esprits rebelles pour les torts qu’ils avaient causés, Ariel ne pouvait pas davantage mettre fin à leur existence qu’elle ne pouvait se priver d’une part de son âme, car Cœddil restait lié à Athel Loren, tout comme Ariel. Elle se contenta donc d’emprisonner l’Aïeul et les Dryades qui l’avaient suivi, dans les Bois Sauvages, le recoin obscur d’Athel Loren où nul Elfe ne vivait. Les Bois Sauvages furent eux-mêmes entourés de bornes gardiennes, et Cœddil fut abandonné parmi les sombres clairières pour y méditer sa trahison.
Depuis ce jour, aucun Elfe ne s’est aventuré dans la prison de Cœddil, car une telle aventure équivaudrait à partir à la rencontre de la mort. Même si Cœddil lui-même fait face à son sort en silence, ses suivantes [Drycha l'Hamadryade en premier lieu] ont été rendues folles furieuses par leur exil, et elles arpentent inlassablement les clairières, le cœur plein de désirs cruels.
III. LA SAISON DE LA RÉVÉLATION (-624 à 1116 CI)

Date C.I.

Date ES

Evènement

-400L'excentrique Tisseur de Charmes Ranu use de ses pouvoirs pour ériger la Tour du Bois Eternel. Il scelle la porte derrière lui et en refuse l'entrée à tous. Mille ans plus tard. Les portes de la tour sont ouvertes. Elle est entièrement vide. [LA ES V6 p.16-17]
-250Des marchands, prospecteurs et chasseurs de trésors nains commencent à retourner vers l‘ouest du Vieux Monde. Certains pénètrent dans la forêt de Loren et rencontrent les elfes sylvains. Les vieilles rancunes datant de la Guerre de la Barbe resurgissent, entraînant à nouveau les deux races dans des combats féroces. Certaines expéditions naines disparaissent à tout jamais. Cf. le destin de Thorkund la Hache
487III, 1111Bataille de Cime d’Argent [Silverspire] : Morghur revient. Orion le défait à la tête d'un grand ost, et rencontre l'esprit de la Cime d'Argent.
700-900Des seigneurs bretonniens entrent dans la forêt de Loren pour s'y tailler des domaines. Certains disparaissent avec leur suite sans laisser de traces, d’autres fuient la forêt en proie à la terreur. Les bretonniens n'osent plus entrer en Loren avec des intentions hostiles.
(970) III, 1594Retour à la Cime d'Argent : Morghur attaque de nouveau la Cime d'Argent. Face à lui, les elfes s'allient à Gilles le Breton.
976Gilles le Breton a une vision de la Dame du LAc, qui le bénit lui et ses compagnons, et les encourage à s'unir pour rassembler les bretonni et exterminer le mal dans tout le pays. Gills devient le premier Chevalier du Graal et la Dame du Lac la principale divinité bretonnienne. [LA ES V6 p.16]
977-978Les célèbres douze batailles de Gilles l'Unificateur. Il rallie les bretonni et débarrasse le pays de ses ennemis au nom de la Dame du Lac. Sa quatrième grande bataille se déroule aux abords d'Athel Loren, où il reçoit l'aide des elfes sylvains. [LA ES V6 p.16]
1001La Fée Enchanteresse est désignée pour veiller sur les bretonniens. Elle a aussi pour tâche de déceler les humains qui disposent de pouvoirs magiques mais n'ont pas la force de les contrôler. [LA ES V6 p.17]
1005Louis le Téméraire, premier roi de Bretonnie envoie des messagers au Roi et à la Reine des Forêts et reconnaît Athel Loren comme royaume indépendant. En retour, Orion et Ariel offre leur amitié éternelle à la Bretonnie.
1050L'Hamadryade Drycha entre dans les Bois Sauvages et y réside plusieurs mois en compagnie de Coeddil

Ce fut un âge d’or pour Athel Loren. Sous l’égide d’Ariel, les liens se resserrèrent plus que jamais entre les Elfes et la forêt, et les plaies de la saison précédente furent guéries. Pendant que des siècles s’écoulaient à l’extérieur, les Elfes Sylvains se hasardèrent rarement au-delà des bornes gardiennes délimitant leur domaine. Seule la Chasse Sauvage faisait des sorties régulières, pour rappeler la puissance d’Athel Loren.
Bien entendu, certains prenaient les mises en gardes relatives à Athel Loren pour des superstitions de couards, car on trouve de telles personnes en tout lieu et à toute époque. Il s’agissait généralement de vagabonds en quête de gloire et de richesse dont les rêves et les corps finissaient comme terreau pour les Dryades. Périodiquement, un Chef de Guerre Orque ou un Thane Nain réunissait assez de troupes pour lancer une expédition en force, et subséquemment les arbres s’abreuvaient d’un sang impur. Les Elfes Sylvains gardent le souvenir d’une époque paisible, bien que ce ne fût pas exactement le cas. Il vaudrait mieux parler d’une période où Athel Loren ne souffrit guère des maux du monde extérieur, et où les batailles livrées furent des victoires si retentissantes qu’on les jugeait digne des vies perdues. Nourrie par les dépouilles de la guerre, la forêt devint encore plus majestueuse, et ses résidents se multiplièrent.
Une telle prospérité ne pouvait durer. Morghur s’était une fois de plus relevé, attirant à lui une nouvelle harde de nombreux Hommes-Bêtes. Cette fois, la horde sauvage ne se dirigea pas vers Athel Loren, mais se répandit à travers les territoires des tribus humaines à l’ouest de la forêt. Selon les éclaireurs qui suivaient la piste de Morghur, sa destination ne faisait aucun doute. Si le sillage de destruction maintenait son cap, la harde atteindrait la montagne que les elfes appelaient "Cime d’Argent", un pic scintillant qui irriguait les terres occidentales. Ariel savait qu’il était hors de question de laisser Morghur souiller les eaux de ce site ancestral. Bien qu’elles eussent perdu de leur ampleur, les racines d’Athel Loren étaient profondes, et puisaient dans de nombreuses terres dépendant des eaux de la Cime d’Argent, Ariel n’osait pas faire face elle-même à Morghur, car le toucher de la bête l’avait terriblement affaiblie lors de leur précédente confrontation. Orion n’avait pas ce genre d’inquiétude. En fait, il était impatient de saisir l’occasion de tuer la bête qui avait osé nuire à sa Reine bien-aimée.

La chasse est donnée
Les Asrai qui voyageaient au côté d’Orion furent entraînés dans sa fureur, et causèrent de grands torts aux territoires humains qu’ils traversèrent. Les elfes n’en avaient cure, car les vies humaines n’avaient guère d’importance. La Chasse Sauvage trouva de quoi étancher sa soif de sang sur les pentes de la Cime d’Argent. À grand renfort de lances et de flèches, les Elfes Sylvains rabattirent les Hommes-Bêtes hors du confluent sacré et jusque dans les serres des Dryades. Orion démembra personnellement Morghur, et jeta les restes corrompus sur un bûcher de bois stellaire purificateur. Les Elfes ne rencontrèrent aucune autre créature sur la Cime d’Argent, mais Orion percevait une autre présence, qui n’était pas sans évoquer sa Reine, et dont les murmures inaudibles résonnaient dans son esprit.
Quand Orion rapporta cela en Athel Loren, nul ne fut plus intrigué qu’Ariel. La Reine Magicienne pensait que Morghur avait à peine conscience de ses actions, et qu’il était dirigé par les dieux du Chaos. C’étaient eux qui avaient envoyé le Corrupteur pour qu’il la dévore ainsi qu’Orion, afin de consommer l’essence divine d’Isha et de Kurnous tout comme ses sombres maîtres avaient pratiquement dévoré les dieux elfiques, sorte de reflet terrestre des guerres célestes. Ariel n’avait que rarement envisagé qu’il puisse exister des homologues d’Orion et d’elle-même, et en tout cas elle n’en avait jamais rencontré, mais s’ils existaient, on pouvait supposer que Morghur serait poussé à les dévorer eux aussi.
De nombreuses lunes plus tard, cette théorie fut accréditée. Morghur réapparut à l’ouest d’Athel Loren, et fut de nouveau attiré par la Cime d’Argent. Et une fois de plus, les Elfes Sylvains se mirent en route pour entraver la progression de Morghur, mais cette fois, ils avaient des alliés pour faire face au Corrupteur. Depuis le dernier affrontement entre les Elfes et Morghur, les rudes humains des terres occidentales s’étaient unis sous l’étendard d’un puissant champion. Ces primitifs se dirigeaient eux aussi vers la Cime d’Argent, et ils se mobilisèrent pour la défendre. Ces humains auraient connu un sort funeste si le second ost d’Elfes Sylvains avait été dirigé par Orion, car le Roi des Forêts n’avait guère d’affection pour eux, mais en l’occurrence, les neiges hivernales recouvraient Athel Loren : Orion n’était qu’un souvenir et un espoir, et c’est pourquoi la raison prévalut. Une alliance fut conclue entre les hommes et les Elfes, qui purgèrent ensemble la corruption de Morghur.

Un bouclier est forgé
Une fois les Hommes-Bêtes vaincus, les Elfes Sylvains se nimbèrent de brume et s’éclipsèrent, en dépit des tentatives des humains de traiter avec eux. Les Elfes ne s’appesantirent pas sur leur brève alliance, car de telles choses étaient déjà arrivées et arriveraient sans doute encore à l’avenir, mais les humains n’étaient pas si prompts à oublier, et ils commencèrent à narrer des contes sur les "Fées" qui vinrent en aide à son champion.
Des années plus tard, le fils de ce champion brava les périls d’Athel Loren dans l’espoir de forger une alliance durable entre les elfes et le royaume fondé par son père [cf. l'ambassade de Louis le Téméraire en 1005, ci-dessous]. Orion, né à nouveau et avec son tempérament colérique, voyait la requête d’un mauvais œil, mais Ariel passa outre la volonté de son consort. La Reine Magicienne savait que tant que perdurerait l’esprit de la Cime d’Argent, Morghur ne s’attaquerait pas à Athel Loren, et il était donc souhaitable de laisser prospérer les protecteurs humains de cet esprit. C’est ainsi que débuta une amitié houleuse entre l’antique domaine d’Athel Loren et le royaume naissant de Bretonnie. Orion exprima ouvertement son déplaisir : il n’allait pas brider l’élan furieux de la Chasse Sauvage au gré des caprices de sa Reine. Ariel se contenta de sourire et de dire à son époux qu’il irait où bon lui semblerait. Si d’aventure cela le conduisait chez les Bretonniens, c’était tout aussi bien. Les deux nations avaient fait cause commune, mais il valait mieux que les humains continuent à craindre le peuple qui leur était supérieur.
Pendant ce temps, l’esprit de Cime d’Argent avait étendu son influence en profondeur à travers toute la Bretonnie [on apprend dans la Fin des Temps qu'il s'agit de la déesse elfe Lileath - Archaon, livre 1 p.148-149]. Les humains le vénéraient comme leur sauveur et protecteur, mais Ariel pensait qu’il était beaucoup plus proche d’elle que d’eux. Les humains appelaient cet esprit la Dame du Lac, alors que la Reine Magicienne la connaissait sous le nom de Corrigyn, fille des Brumes. Il ne pouvait y avoir entre elles ni amitié durable, ni hostilité, car chacune devait se défier de la puissance de l’autre.
Avec un royaume entier ainsi enrôlé au service de la défense contre Morghur, il semblait que l’avenir d’Athel Loren ne pourrait qu’être radieux. Hélas, les Elfes Sylvains découvrirent qu’il était plus difficile de s’effacer une seconde fois aux yeux du monde. Les bardes Bretonniens colportaient fort loin les récits des "Fées". Ce genre d’histoire ne pouvait qu’atteindre les oreilles des conquérants en quête de terres, et les Elfes Sylvains durent faire face à une série d’armées d’invasion, chaque fois plus grande et plus déterminée.

Le destin du baron Foulques de Bergues [LA ES V4-5 p.14 et suivantes]

Pendant plusieurs siècles, le peuple bretonnien colonisa les terres au nord et à l’ouest d’Athel Loren. A cette époque, ils pénétraient rarement dans la vaste forêt de Loren. Les rumeurs et les mythes sur les mystérieux habitants des bois les dissuadaient de s'y aventurer pour chasser. De temps en temps, des groupes de guerriers tentaient de traverser les landes entourant la forêt mais ils se retrouvaient rapidement en face des chars et des chevaliers du clan Equos. Les légendes de cette époque encore chantées aujourd'hui parlent de ces seigneurs impétueux tombés sous les flèches des elfes pour avoir transgressé les frontières du royaume interdit. Ainsi se développèrent les contes sur le peuple secret et le royaume elfe.
Les colonies bretonniennes entourant la forêt commencèrent bientôt à considérer les elfes comme des amis, particulièrement quand des bandes d’orques ou d'autres ennemis ravageant le pays, pénétraient en Loren avant de fuir la région, ou de disparaître à jamais. On pouvait parfois voir des bandes d'elfes, se déplaçant de nuit pour intercepter les envahisseurs, tout autant à l’avantage des bretonniens que des elfes. En signe de gratitude, les bretonniens laissaient des offrandes d’armures et d'armes ou des tonneaux de vin aux pieds des pierres frontalières. Ces offrandes disparaissaient mystérieusement, considérées par les elfes comme des produits de luxe venus du monde extérieur.
Durant les derniers siècles avant que les bretonniens ne s'unifient en un unique royaume obéissant à un unique roi, les colonies autour d’Athel Loren s’étaient transformées en puissants domaines féodaux dominés par des barons et leur suite de chevaliers. Certains de ces barons cherchaient de nouvelles terres à conquérir. Cernés par les domaines de leurs voisins, ils étaient attirés par les dernières terres sauvages de la forêt de Loren. C’étaient des hommes arrogants qui se souciaient peu des légendes et se croyaient invincibles.
Le baron Foulques de Bergues fut le premier à conduire sa suite dans les landes. Ils franchirent les frontières, jetant des regards hautains sur les bornes frontalières qu‘ils passèrent en riant. Poursuivant leur avance, ils furent défiés par Eldryn, un puissant chef du clan Equos, et ses suivants. Dans la bataille qui s'ensuivit, les elfes furent vaincus par les chevaliers. Aucun des sylvains ne survécut, ils furent tous abattus sous les murs de leur fortin. Puis le baron envoya ses fantassins attaquer la place. Plusieurs d'entre eux tombèrent sous les flèches des elfes, parmi lesquels se trouvaient des femmes rendues folles par la mort de leurs compagnons, mais ils ne purent être arrêtés. Les elfes durent se replier dans la forêt, abandonnant le fortin au baron.
Dans les jours qui suivirent, les éclaireurs et les chevaliers elfes surveillèrent l’armée du baron sous le couvert des arbres, pendant que le Roi et la Reine de la Forêt prenaient conseil auprès des clans. Ils observèrent les hommes du baron construire un château sur la colline ou s’était trouvé le fortin. Les grands arbres furent abattus et des bœufs tractèrent les pierres frontalières jusque sur la colline ou elles servirent à construire les murs du château. La colère monta chez les elfes.
Le pire était à venir. Les chevaliers cherchaient un peu d‘animation pendant que le château se construisait.
Certains d'entre eux entrèrent dans la forêt pour y chasser le gibier. Quelques éclaireurs leur tendirent une embuscade mais leurs flèches ne purent transpercer les armures et les chevaliers enragés commencèrent à chasser les elfes pour le sport. Ils parvinrent à abattre quelques éclaireurs mais les elfes trouvèrent leurs cibles et certains chevaliers tombèrent, des flèches plantées dans la fente oculaire de leurs heaumes.
Cette rencontre dissuada pour un temps les chevaliers de s'aventurer loin dans la forêt. Néanmoins, le baron avait amené des paysans de ses domaines et ceux-ci commençaient à défricher les abords de la forêt et à labourer les terres ainsi dégagées. Il était évident que le baron entendait conserver ce qu'il avait capturé. Bientôt, d'autres barons suivraient son exemple et le royaume d'Athel Loren serait envahi de toutes parts.
Le Roi et la Reine des Forêts tinrent conseil avec les mages et les chefs des clans sur la façon de combattre les envahisseurs. Orion entra dans une rage noire en entendant les nouvelles rapportées par les éclaireurs et au rapport des elfes chassés du fortin capturé par le baron. Seules les sages paroles d’Ariel calmèrent sa colère et l’empêchèrent de lâcher la Grande Chasse sur ces conquérants arrogants.
Ariel savait à quoi s'en tenir. Sa perspicacité était grande. Elle avertit que l’ennemi était puissant, des chevaliers aimant la guerre et qui considérait déshonorant de se replier. Ils étaient déterminés et méprisaient la mort. Ils ne seraient pas aussi faciles à vaincre que les orques.
Même si les elfes les tuaient tous, cela ne serait qu’un défi à la chevalerie bretonnienne, incitant d'autres chevaliers à venir prouver leur valeur. Ariel déconseilla la guerre ouverte contre le baron.
Le conseil demanda alors l'avis de la Reine. Orion, tout juste capable de contenir sa colère, désirait pour sa part faire couler le sang immédiatement. Les hommes du baron avaient une faiblesse, annonça Ariel, qui était leur superstition. Le moyen de les vaincre était de leur montrer des pouvoirs au-delà de leur compréhension.
Non seulement cela ferait fuir les envahisseurs actuels, mais inciterait leurs semblables à rester au loin. Ils devaient comprendre que la menace des pierres était réelle et que violer le royaume interdit entraînait un châtiment magique. Il fallait leur montrer qu'Athel Loren était un lieu diffèrent qui ne pouvait pas être conquis comme n'importe quelle autre terre.
Le conseil fut suivi. Les jeunes guerriers furent calmés et Orion refréna sa colère et posa sa lance sans que celle-ci ait versé le sang ennemi. Les chefs des clans interdirent à leurs guerriers de défier les chevaliers du baron. La vengeance se ferait selon les plans d'Ariel.
Quelques jours plus tard, le baron et ses hommes se réveillèrent au petit jour dans le château en partie construit. Ils étaient noyés dans une étrange brume froide. Lorsque le brouillard commença à se lever, les guerriers furent stupéfaits de voir des arbres massifs tout autour d'eux. Le baron soupçonna la sorcellerie elfe et ordonna à ses paysans de venir avec leurs haches pour montrer à ses hommes comment il allait s'occuper de ces arbres magiques. Malheureusement, les paysans avaient déjà fui, étant plus superstitieux que les soldats, et emporte leurs haches et leurs bœufs avec eux.
Puis les fondations du château commencèrent à gémir et à vaciller. La panique se répandit parmi les chevaliers quand des blocs leur tombèrent dessus. Leur armure ne leur servait a rien, pas plus que leur courage ou leur honneur. Les arbres, qui n’étaient autres que des hommes arbres invoqués par Ariel elle-même, démolirent entièrement le château et enterrèrent vivant le baron sous les décombres. Une poignée de survivants s’enfuit en répandant des rumeurs de sorcellerie dans toute la Bretonnie.
Depuis ce jour, aucun autre baron n’a osé violer les frontières d'Athel Loren. Selon les croyances bretonniennes, les murs des châteaux ne tiennent pas sur ces terres enchantées. Un amas de pierres renversées rappelle aujourd’hui encore la folie et le destin du baron Foulques de Bergues.

Hélas pour les elfes sylvains (mais heureusement pour les joueurs), d'autres bretonniens ont tenté l'aventure. Deux sont connus : Agraivain de Beau Geste (cf. La Quête Périlleuse) et le baron Fragonnard de Montecannes (scénario Le dernier des Montecannes).

1005 CI - L'ambassade de Louis le Téméraire [LA ES V4 p.33]

Lorsque Louis le Téméraire fut couronné premier roi de Bretonnie, il héritait d’un royaume unifié par Gilles le Breton. La seule région qui n’était pas sujette à son autorité était la forêt de Loren. Gilles avait pris soin de ne pas transgresser les frontières du domaine elfe, reconnaissant de fait son indépendance par rapport à la Bretonnie. Même Louis n’était pas assez téméraire pour envoyer ses chevaliers conquérir la forêt. Le sort du baron Foulques était encore dans toutes les mémoires. A la place, Louis réalisa la valeur d'un fort royaume gardant sa frontière sud-est vulnérable. Il savait qu'aussi longtemps qu'Athel Loren existerait, il serait difficile ou impossible à des ennemis d'envahir la Bretonnie par cette direction. De plus, les elfes assuraient leur propre défense et, à la différence des barons, ne réclamaient aucune faveur en retour.
Louis désigna donc le chevalier qu’il estimait le plus et l‘envoya dans la forêt de Loren rencontrer le Roi et la Reine des Forêts. Seul un chevalier errant était suffisamment brave pour tenter cette mission seul. Et seul un chevalier solitaire pourrait passer les frontières en tant que messager. Un groupe de chevaliers serait de toute évidence attaque, pris pour la troupe d’un baron en conquête.
Le chevalier choisi fut Gaston de Gaillard. Il entra dans Athel Loren, surveillé par les gardiens des bois. Pas un elfe ne bloqua sa route et il put pratiquement parvenir à la Clairière du Conseil où Orion, les mages et les chefs des clans l'attendaient. Ariel, elle, adoptant sa forme de sylphe, décida de le mettre à l'épreuve. Elle utilisa des enchantements, invoqua des dryades et des hommes arbres pour effrayer Gaston qui chevauchait à travers la forêt. En dépit de tous les stratagèmes étranges qu'elle utilisa contre lui, il resta calme et déterminé, et son épée demeura au fourreau. Ariel vit ainsi qu'il était en mission de paix et qu’il était un chevalier honorable à qui son peuple pouvait faire confiance. Elle lui apparut finalement dans sa forme véritable et le mena à la Clairière du Conseil.
Gaston délivra le message du roi de Bretonnie offrant une amitié éternelle et l'al1iance avec Athel Loren. Aucun baron ne recevrait l'autorisation de franchir les frontières du royaume elfe si en retour les elfes sylvains acceptaient de s’allier avec les bretonniens contre leurs ennemis communs. Le Roi et la Reine des Forêts acceptèrent l'offre d'amitié de Louis, et Gaston repartit avec leur message et plusieurs objets magiques étranges pour son roi. Depuis cette époque, Athel Loren a été respectée par tous les bretonniens, et les chevaliers bretonniens et les archers elfes se sont rassemblés pour combattre leurs ennemis sur bien des champs de bataille.


Le Fléau d’Allisara
Pendant que les histoires au sujet d’Athel Loren se diffusaient dans le monde extérieur, les nouvelles des événements lointains filtraient dans la forêt. La plupart furent ignorées, car les Elfes ne se soucient guère des péripéties des peuples inférieurs, mais ils ne pouvaient négliger complètement la vendetta entre Ulthuan et Naggaroth. Maints Elfes Sylvains s’étonnaient, méprisants, qu’une guerre si absurde puisse durer, mais pour les autres ce n’était qu’une source de chagrin. C’était particulièrement vrai pour Allisara, sœur d’Ariel et jadis, il y a bien longtemps, épouse de Malekith de Nagarythe. Elle était venue en Athel Loren peu avant la rébellion de Malekith, et s’était depuis réfugiée dans la solitude, pour tenter d’apaiser le trouble de son cœur : avec le temps, elle finit par apprendre les méfaits de Malekith, et se sentit coupable pour le sombre chemin emprunté par son mari. Allisara demanda à Ariel la permission de quitter Athel Loren afin de rejoindre Malekith et tenter d’apaiser sa rage. Ariel répugnait à lui accorder congé, mais elle céda devant la détermination de sa sœur. Les préparatifs furent accomplis, et Allisara partit bientôt à l’ouest avec une escorte digne de son rang.
Malekith fit tout pour cacher le retour d’Allisara aux yeux de ceux de Naggaroth, mais sa mère - Morathi - déjoua aisément ces précautions. Elle ne voulait pas qu’Allisara revienne, mais elle à ne voulait pas non plus agir directement. Elle se déguisa afin de charmer Valedor, un prince déchu d’Ulthuan, lui faisant croire que l’escorte d’Allisara était en réalité une armée Elfique qui avait promis d’aider Naggaroth. Aveuglé par les sorts de Morathi et son propre désir de regagner son rang, Valedor réunit ses forces pour livrer bataille aux Elfes Sylvains sur la côte de Bretonnie.
Les combats firent rage ce jour-là, bien que le souvenir s’en soit largement perdu, hormis chez les Bretonniens, chez qui perdure la légende d’un conflit entre de terribles Dieux. Les Elfes Sylvains combattirent sans peur, mais ils ne pouvaient espérer gagner. Quand l’issue ne devint que trop évidente, le chef de l’escorte dit à Allisara de fuir. Las, une flèche funeste abattit l’aigle qui l’emportait à l’abri, et elle se retrouva seule et sans arme devant Valedor.
Alors que le prince s’apprêtait à lui porter le coup fatidique, Allisara comprit la folie dont Morathi l’avait affligé. Elle rechercha en toute hâte le contre-charme qui libérerait le prince, mais les œuvres de la Sorcière Matriarche ne se déjouent pas facilement. Allisara tentait encore de défaire le sort quand la lance de Valedor lui perça le cœur. En s’écroulant, Allisara prononça dans un dernier souffle la syllabe finale du contre-charme. Tout d’un coup, le regard de Valedor fut affranchi de sa démence, et il pleura à cause de ce qu’il avait commis. Inconsolable, le prince se jeta du haut de la falaise. Allisara n’en vit rien, car son âme s’était déjà envolée.
À la mort de leur commandant, les Hauts Elfes s’en repartirent. Les uns pensaient qu’ils avaient mis fin à un grave péril, les autres soupçonnaient qu’ils avaient été les instruments de ce même péril. Très peu en reparlèrent jamais. Seule une poignée d’elfes sylvains revinrent en Athel Loren pour rapporter le drame. Quand Ariel apprit la mort de sa sœur, la Clairière du Roi fut plongée dans un grand silence, qui dura des jours et des jours. L’hiver fut précoce cette année-là en Athel Loren. Alors que le givre se faisait de plus en plus lourd, le chagrin d’Ariel fit place à l’amertume, et l’amertume fit place au courroux. La Saison de la Vengeance allait commencer.

IV. LA SAISON DE LA VENGEANCE (1117 à 1702 CI)

Date C.I.

Date ES

Evènement

(1132)IV, 16Sac de Ghrond. Ariel et Orion mènent l'assaut contre le tour de Ghrond à Naggaroth. Morathi offre à Ariel un peu de son savoir interdit, aussi est-elle épargnée. [LA ES V8 p.15]
1137 Les elfes sylvains livrent bataille à une horde d'hommes-bêtes rassemblés par Cyanathair dans la Forêt des Ombres de l'Empire. Des Tisseurs de Charmes parviennent à le capturer de leurs sorts et le ramènent à Athel Loren, où il est tué par l'homme-arbre Durthu.
1203 La Danseuse de Guerre Cirienvel pénètre dans le Sépulcre de l'Hiver [ou "Voutes de l'Hiver"/"Cryptes de l'Hiver", "Vaults of Winter" en VO]. Après de durs combats (elle défait le gardien des cavernes), elle y retrouve de nombreux artefacts elfes dont le Coffret des Rêves. Ignorant les conseils de Naieth la Prophétesse, Cirienvel ouvre le coffret et libère une marée de démons au coeur d 'Athel Loren. Les démons se gorgent de la magie du royaume des elfes sylvains avant d'être finalement bannis. Voir la description de la bataille.[LA ES V6 p.17, LA Démons V7]
1350IV, 234Bataille du Défilé des Pins. Une armée naine menée par Grungni Doigt d'Or cherchant des trésors en Loren est anéantie par un ost elfe mené par le seigneur Findul dans un décor de ravins et de pics. [Dans le LA ES v8, on parle de la bataille des Pics des Pins].
1578Lors du Tournoi de Guyenne, en bretonnie, le roi Jules joute contre un elfe sylvain et triomphe [LA ES V6  p.17]
1601Les hauts elfes d'Ulthuan tentent de se rapprocher de leurs cousins d'Athel Loren. Leurs émissaires rencontrent la Reine Aril, qui refusent leur offre de concorde. Les ambassadeurs se perdent dans les bois sur le chemin du retour. A la fin de l'année 1672, ils ressortent de la forêt non loin de Quenelles mais les paysans locaux les prennent pour de mauvais esprits échappés des bois, les tuent et brûlent les corps. [LA ES V6 p.17]
1670Bataille des Prairies. Une armée impériale envahissant la forêt de Loren est écrasée lors d’une embuscade.
1673Inexplicablement, la Chasse Sauvage traverse uniquement les terres contrôlées par Quenelles. Le duc et sa famille sont tués, à l'exception de sa plus jeune fille, qui est emmenée dans les bois par des Dryades. [LA ES V6 p.17]
(1697)IV, 581Au cour de l'hiver, Coeddil, l'Homme-Arbre prisonnier des Bois Sauvages, tente de s'échapper avec l'aide de Drycha qui perturbe les pierres gardiennes de sa prison. Il est arrété par des Tisseurs de Charmes dont Dame Elynett de l'Étang Miroitant. [LA ES V6 p.17 & ES V8 p.15]
1703Travaillant sur commande de Dame Findol, le maître forgeron Daith crée l'Epée de l'Esprit. Findol refuse de le payer, prétextant faussement que la lame n'est pas parfaite, mais cède lorsque Daith soulève les bois contre sa demeure. Après cela, Daith est toujours payé en temps et en heure par ses clients. [LA ES V6 p.17]
1813Bataille des portes de Quenelles. Les elfes d'Athel Loren viennent en aide aux bretonniens assiégés dans Brionne et Quenelles par les hordes skavens. L’armée elfe rejoint celle du duc de Parravon et les deux alliés infligent une terrible défaite aux skavens.
1925Des marchands nains se rendant à Parravon sont attaqués par des orques hors des Montanges Grises. A la surprise des nains, une bande d'elfes sylvains mené par Gwytherc la Chasseresse met en dérout les peaux-vertes [LA ES V6 p.17]
2007Morghur est une fois de plus détruit par les elfes sylvains. Il meurt percé de flèches tirées par Scarloc et ses habilles éclaireurs [LA ES V6 p.17]

Ariel était bien décidé à identifier les responsables de la mort de sa sœur, et dans ce but elle mobilisa toutes les ressources divinatoires d’Athel Loren. Elle savait que les exécutants étaient les guerriers d’Ulthuan, mais il lui fallait le nom de l’instigateur de toute l’affaire. Or, Morathi avait prévu l’éventualité d’une telle recherche, et elle avait dissimulé son implication par des enchantements. Ariel ne tarda pas se rendre compte que la magie de la Trame, qui alimentait ses propre pouvoirs, était impuissante à briser ces charmes. Avide de vengeance, Ariel se plongea dans des recherches occultes, acquit un savoir interdit et maîtrisa la plus noire des sorcelleries.
Avec ses nouveaux pouvoirs, la Reine Magicienne restaura une fraction des racines du monde d’Athel Loren, et Orion utilisa ces passages pour lancer un grand ost de guerre sur Ellyrion, patrie du Prince Valedor. Le peuple d’Ellyrion réagit lentement : Kurnous avait toujours été leur Dieu tutélaire, et ils n’étaient pas prompts à prendre les armes contre celui qui revêtait son aspect. Leur hésitation leur coûta cher, et cet été-là, les plaines d’Ellyrion furent rouges du sang de leurs habitants. À la fin, Orion ne tirait plus aucune joie de sa besogne : ce n’était pas une chasse, mais un massacre. Cela aurait pu devenir un motif de dispute entre Orion et sa reine, si Ariel n’était pas enfin parvenue à défaire les charmes de Morathi, révélant le rôle de la Sorcière Matriarche et de ses intrigues maléfiques.
Les Elfes Sylvains cherchèrent ensuite vengeance au nord-ouest dans les sinistres forêts de pins de Naggaroth. Ils ne désiraient nullement s’attarder parmi ces bois amers et inertes, et l’air glacé sapait la volonté de la plus cruelle des Dryades. Ils assiégèrent bientôt Morathi en sa forteresse de Ghrond. Les défenses de la Tour de la Prophétie avaient été conçues pour faire face aux attaques venues du nord, et non à un assaut surgi des forêts intérieures, et les murailles tombèrent rapidement sous les coups des Hommes-Arbres. De désespoir, Morathi envoya des messagers au sud pour demander l’aide de son fils, le Roi Sorcier. Hélas pour elle, Malekith avait appris le rôle de sa mère dans le décès d’Allisara. Certes, il avait officiellement pardonné à Morathi pour ses agissements, mais il n’allait pas manquer cette occasion de lui donner une leçon. Non sans jubiler, il interdit qu’on envoyât le moindre secours au nord.
Au prix de milliers de vies, les elfes sylvains finirent par pénétrer dans la citadelle intérieure de Ghrond. Privée d’échappatoire, Morathi recourut à la duplicité. S’avilissant devant Ariel et Orion, la Sorcière Matriarche offrit tout le spectacle du repentir. Orion voulait en finir, et il aurait volontiers pris le cœur de Morathi si Ariel l’avait laissé faire, mais la Sorcière Matriarche avait perçu la sorcellerie dont Ariel s’était nimbée, et la langue fourchue de Morathi lui offrit une connaissance approfondie de sa discipline occulte, en échange de la vie sauve.
Pour finir, Ariel accepta l’offre de Morathi : après tout, sans la puissance de la sorcellerie, elle n’aurait pu ni régénérer les racines du monde, ni mener à bien le siège de la citadelle de Morathi. Il eut mieux valu qu’Ariel n’accepte point. En fait, la Reine Magicienne n’aurait jamais accepté si son âme n’avait pas été voilée d’une ombre par la Magie qu’elle avait déjà employée, et qui lui avait donné le goût du pouvoir. Morathi sourit intérieurement quand l’accord fut conclu : elle n’avait nullement l’intention de dévoiler ses plus grands secrets, mais pour survivre, elle était disposée à partager une fraction de son savoir. C’est ainsi que Morathi fut laissée en vie, et qu’elle entreprit patiemment la longue réparation de sa forteresse.

Une plongée dans les ténèbres
De retour en Athel Loren, Ariel et Orion se querellèrent violemment au sujet de l’accord conclu. D’après la légende, leur dispute fit rage pendant des jours, et cet automne-là souffrit d’un temps glacial. Au printemps suivant, l’impensable se produisit : Orion ne renaquit pas. Les Cavaliers Sauvages se présentèrent au Chêne des Âges, mais Ariel les congédia sans fournir d’explication.
La Reine Magicienne se montra de plus en plus inconsidérée. De fait, de nombreux seigneurs et dames de sa cour la croyaient devenue folle. L’amertume d’Ariel se transmit bientôt aux Esprits de la Forêt, et faute de catharsis en l’absence d’Orion et de sa Chasse Sauvage, ils recommencèrent à s’en prendre aux Asrai comme on ne l’avait pas vu depuis des siècles. En une décennie, la vie en Athel Loren était passée de l’harmonie symbiotique à la lutte pour la survie. Les Elfes et les Esprits ne s’en souciaient pas, car leurs perceptions s’étaient elles aussi insidieusement altérées : ils n’imaginaient même pas qu’une autre vie puisse exister. Pour les rares qui se rendaient compte du déséquilibre, l’existence devint cauchemardesque. Durthu et Adanhu en faisaient partie, mais ils étaient impuissants face à l’éclosion de la folie ambiante.
Les Elfes Sylvains se firent de plus en plus agressifs, lançant des expéditions lointaines sur ordre d’Ariel, pour venger les torts des précédentes saisons. Les seigneurs Bretonniens qui étendaient leur domaine trop près de la forêt étaient repoussés. Les bastions Nains qui avaient jadis envoyé des troupes contre Athel Loren voyaient leurs caravanes de marchands anéanties, et leurs armées en marche victimes d’embuscades. Des tribus de Peaux-Vertes étaient exterminées, ou chassées de leurs tanières montagnardes. Ariel usait fréquemment de sa sorcellerie pour appuyer ces attaques. Elle jura que plus jamais Athel Loren ne souffrirait de la cupidité et de la cruauté des peuplades primitives. Cependant, elle ne se rendait pas compte que son abus des magies interdites endommageait la Trame, et par conséquent, Athel Loren s’en trouvait de plus en plus affaiblie, de même que tous ses habitants.
Morghur ne tarda pas à réapparaître, cette fois dans la Forêt des Ombres. Pour l’occasion, Ariel décida que la corruption de cet être prendrait fin une bonne fois pour toutes : elle allait consommer son pouvoir comme lui-même voulait le faire avec elle. La Reine Magicienne envoya un ost au nord via les racines du monde, et il affronta sans délai la harde de Morghur. Comme précédemment, les Elfes Sylvains constatèrent que leurs armes étaient impuissantes contre le Corrupteur, mais Ariel l’avait prévu. Pour tout dire, elle y comptait bien. Au plus fort de la bataille, Ariel et tout un aréopage de Tisseur de Charmes conjuguèrent leurs efforts pour piéger Morghur et le transporter jusqu’au Chêne des Âges. Elle entrava l’ignoble créature avec toute la magie impie dont elle disposait, puis elle entama le rituel pour s’approprier son pouvoir.
Elle aurait mené à bien ce plan désastreux, sans l’intervention de Durthu. L’Aïeul avait ressenti la perturbation entraînée par le passage du Corrupteur dans les racines du monde, et fut outré qu’on puisse les profaner de la sorte. Il se hâta vers le Chêne des Âges, et tua Morghur avant le terme du rituel. Ariel hurla et vitupéra, mais n’osa rien tenter contre Durthu. Même au plus fort de ses illusions, la Reine Magicienne savait qu’il valait mieux ne pas nuire à un des Aïeux, aussi le laissa-t-elle partir, et prétendit depuis lors qu’elle l’avait fait par pitié et non par faiblesse.

Le prix du pouvoir
Les décennies passèrent. Ariel refusait toujours à Orion le droit de renaître, et les Elfes Sylvains se vengeaient cruellement du moindre tort qu’ils subissaient. Des marchands Nains ayant pénétré dans les Pics des Pins furent massacrés sans merci. Quand les Nains cherchèrent à se venger, les Elfes Sylvains détruisirent plusieurs bastions dans les Montagnes Grises, sans toutefois pouvoir s’attaquer aux fortifications de Karak Norn. Plus tard, quand une armée de l’Empire égarée se hasarda dans les Vertes Clairières, Ariel ne se contenta pas de la faire écraser, mais envoya des Dryades raser la ville d’où elle était partie. Les cités Bretonniennes de Parravon et de Quenelles souffrirent tout particulièrement, et furent presque abandonnées alors que les nobles comme les paysans partaient à l’ouest pour échapper à la cruauté des Fées. Cependant, les Elfes Sylvains étaient en train de péricliter. Certains perdirent la vie en guerroyant au loin, mais pour la plupart ils dépérissaient et mouraient des suites du déséquilibre qu’Ariel avait infligé à la Trame. De nombreuses racines du monde de création récente se flétrirent irrémédiablement, quels que fussent les efforts de la Reine Magicienne. Pourtant, même face à un désastre aussi flagrant, Ariel ne se détourna pas de sa voie, tant son âme était entachée par la Magie Noire.
C’est vers cette époque que le Roi Phénix d’Ulthuan envoya des ambassadeurs en Athel Loren pour tenter de refermer les plaies du passé. Ariel rejeta sèchement les avances des Hauts Elfes, et les piégea dans le dédale de la forêt. Dépourvus du sens de l’orientation des Elfes Sylvains en Athel Loren, les émissaires y restèrent piégés des décennies. Quand ils finirent par en sortir, ce fut pour tomber sur une armée de Bretonniens avides de faire payer les Elfes Sylvains pour leurs déprédations, et ils finirent leur périple sur un bûcher.
Puis vint le moment où les Aïeux de la forêt n’en purent plus. Malgré l’avènement du printemps, il n’y avait nul signe de renouveau. Au contraire, ils sentaient les bois se flétrir autour d’eux, et ils savaient que pour prévenir la catastrophe, il était indispensable de purger la souillure de l’âme d’Ariel. Avec l’aide d’une jeune prophétesse du nom de Naieth, qui avait elle-même résisté à la démence ambiante, ils réunirent toutes les forces qu’ils purent trouver et marchèrent sur la Clairière du Roi. Adanhu tenta de raisonner Ariel, il chercha à la ramener dans le droit chemin, mais la Reine Magicienne ne vit là qu’une armée venue pour la déposer. Poussant un grand cri, Ariel appela à elle les Elfes et les esprits forcenés, et ordonna à ses détracteurs de partir.
Une bataille éclata au cœur d’Athel Loren, bien que personne n’eut pu dire par la suite quel camp avait entamé les hostilités. Très inférieurs en nombre, Adanhu et les siens se trouvèrent rapidement en difficulté, aussi l’Aïeul eut-il recours à une manœuvre désespérée. Contactant Ariel grâce à leur lien commun avec la Trame, Adanhu aspira la souillure de son cœur pour l’absorber en lui. Hélas, ce geste d’abnégation fut fatal à Adanhu, car Ariel avait accumulé au fil des ans un fardeau trop lourd pour l’Aïeul, qui en périt sur le coup.
Soudain, la forêt émergea de sa démence. Les Elfes et les esprits s’éveillèrent comme d’un cauchemar, le voile de dépit revanchard qui troublait leur vision depuis si longtemps fondait comme la neige au printemps, mais Ariel n’en vit rien. Le présent ultime d’Adanhu lui avait fait prendre conscience de tout le mal qu’elle avait fait, et de l’interruption des cycles naturels qu’elle avait causée par égoïsme. La Reine Magicienne s’enfuit en sanglotant et s’enferma dans le Chêne des Âges, pour se repentir et réparer les torts qu’elle avait commis.
La Saison de la Vengeance arrivait enfin à son terme, et une ère de restauration pouvait commencer.

V. LA SAISON DE LA RÉDEMPTION (1703 à 2007 CI)

Date C.I.

Date ES

Evènement

1813V, 111Batailles de Brionne et de Quenelles. Les Elfes Sylvains et les Bretonniens repoussent une horde skaven sous les murs de Brionne puis de Quenelles [ou l'inverse avant la V8]
Bataille des portes de Quenelles.

Avant de s’isoler du monde, Ariel fit revenir Orion. Son retour n’avait jamais été nimbé d’autant de chagrin, car la Reine et son consort échangèrent bien davantage de mots durs que de paroles aimables. Bien des années allaient s’écouler avant qu’Ariel réapparaisse dans les clairières d’Athel Loren. À la fin de chaque année, les Cavaliers Sauvages apportaient les cendres d’Orion au Chêne des Âges, et à chaque printemps renaissait le Roi des Forêts, mais il régna longtemps seul. Rongée par le chagrin et la culpabilité, Ariel ne pouvait se résoudre à faire face à son peuple, et demeurait au creux du Chêne des Âges. Les Elfes Sylvains étaient désorientés, sans celle qui était à la fois leur Reine et leur mère, mais ni les prières ni les suppliques ne purent faire revenir Ariel. C’est ainsi que le trône d’argent et de bois stellaire de la Reine Magicienne demeura inoccupé pendant plusieurs chutes des feuilles.
En dépit de l’absence d’Ariel, le cycle de la vie se poursuivait. Les limites de la forêt étaient sous bonne garde, les clairières vénérables étaient entretenues, et les hardes d’Hommes-Bêtes errants étaient éradiquées comme il se devait. Naieth soutenait que le peuple d’Athel Loren devait renoncer à son autarcie. Une telle divergence vis-à-vis de la tradition n’était pas au goût des seigneurs et des dames, mais on trouva un compromis. Si les Elfes Sylvains étaient en mesure de redresser les torts infligés aux humains et aux Nains voisins - en substance, aux créatures qui s’étaient rendues coupables d’ignorance plus que de malveillance - ils le feraient. De tels gestes bienveillants ne pourraient qu’accélérer la régénération de la Trame, et renforcer la Bretonnie jusqu’au point où elle pourrait de nouveau servir de rempart à Athel Loren.

Rétablir l’équilibre

Tout sembla bien se passer pendant plusieurs décennies. Les Elfes Sylvains appliquèrent la décision du conseil, et plus d’un Thane Nain ou seigneur Bretonnien incrédule vit une défaite annoncée de transformer en victoire grâce à l’intervention des archers d’Athel Loren. Parmi ces nombreuses issues heureuses, la plus notable fut le siège de Brionne et de Quenelles, quand les Skavens émergèrent de leur empire souterrain. Trois jours et trois nuits durant, les guerriers irréels d’Athel Loren combattirent au côté de la fleur de la chevalerie bretonnienne, jusqu’à rejeter les ignobles hommes-rats dans leurs tunnels. En l’honneur de cette victoire, le seigneur Arda, gardien d’Ygrysyll et commandant de l’ost Asrai, fut nommé chevalier du royaume à titre honorifique par le Duc Mérovée de Moussillon. Arda fit preuve d’une politesse mesurée en compagnie des humains, puis dès qu’ils furent hors de vue, il retira la décoration criarde que Mérovée lui avait décernée.

1813 CI - La bataille des portes de Quenelles [LA ES V4 p. 35]
Bataille des portes de Quenelles.

Durant l’année Impériale 1813, alors que la peste appelée Fièvre Rouge ravageait la Bretonnie, deux armées skavens émergèrent soudain au nord du fleuve Brienne. Les skavens avaient pu infiltrer la Bretonnie au moyen de passages souterrains. Il ne faisait pas de doute qu’ils avaient lâché la Fièvre Rouge pour affaiblir la Bretonnie avant leur assaut. Heureusement, le royaume d’Athel Loren etait trop isolé et caché pour que la peste s'y répande, trop protégé du mal par les enchantements d'Ariel, de plus, les elfes sont beaucoup moins sensibles à la peste que les hommes.
Les mages d'Athel Loren connaissaient les activités des skavens sous leur royaume forestier depuis quelques temps déjà. Utilisant des bâtons de divination, ils tentaient de suivre la progression des tunnels. Parfois, lorsqu'une forte présence était détectée, indiquant qu'un tunnel se rapprochait de la surface, une tentative était faite d’y pénétrer pour stopper l’œuvre diabolique des skavens. Les elfes sylvains connaissaient la nature des skavens et de leurs plans démoniaques. Les éclaireurs qui veillaient au-delà d'Athel Loren apportaient des nouvelles de leurs activités. Ils étaient déterminés à empêcher les hommes-rats de mutiler la forêt. Si un arbre montrait des signes de dessèchement, c’était parfois le signe que des skavens travaillait profondément sous le sol. Heureusement, il y avait peu de tunnels sous la forêt de Loren, mais cela les rendait d’autant plus dur à trouver.
Les rares fois où un tunnel était repéré, les mages tentaient de le sceller au moyen de rituels et de magie. Un énorme monolithe était dressé sur la ligne du tunnel détecté par les mages. La pierre était recouverte de symboles qui dirigeaient le flux d’énergie magique à travers la terre vers le tunnel, créant un puissant sort pour repousser les skavens.
Les bretonniens, cependant, furent complètement pris par surprise par les infiltrateurs skavens. Sans avertissement, deux énormes hordes de skavens émergèrent entre Brionne et Quenelles et commencèrent à dévaster la campagne. Bientôt, les deux villes étaient assiégées. Des messagers furent dépêchés au duc de Parravon qui marcha rapidement vers le sud à la tête d'une armée de chevaliers.
Bien que les bretonniens n’eussent pas demande l'aide du Roi et de la Reine des Forêts, celle-ci vint quand même. Des éclaireurs elfes avaient rapporté la nouvelle de l’invasion skaven. Orion et Ariel désignèrent le chef du clan Equos, Caradrel le Colereux, pour mener l’armée elfe. Les chevaliers de son clan formeraient la plus grande partie de l’armée, et Caradrel aurait l’occasion de libérer sa terrible colère sur les skavens !
L’armée elfe partit rejoindre les chevaliers bretonniens qui s'approchaient de Quenelles. De nombreux archers elfes avaient marche à un rythme épuisant pour suivre l'allure des chevaliers et participer à la bataille. Ils furent accueillis chaleureusement par leurs alliés car ceux-ci avaient laissé leur infanterie surveiller Parravon, et les paysans avaient tellement souffert de la peste que seuls quelques rares archers avaient pu être rassemblés.
Les archers elfes firent pleuvoir leurs flèches sur la horde skaven venue à leur rencontre. Lorsque les rangs des rats furent bien éprouvés, les chevaliers sylvains et leurs alliés humains chargèrent pour achever la victoire. Les chevaliers sylvains, à l'armure moins lourde que les chevaliers bretonniens, poursuivirent les skavens en déroute pour en éliminer le plus possible.
S’arrêtant à peine pour se reposer et se soigner, l’armée repartit dégager Brionne. La-bas, la horde skaven fut battue de la même façon, après un combat encore plus long et plus dur. Des elfes qui étaient partis avec Caradrel, à peine la moitié revit Athel Loren.

On peut douter que quiconque ait deviné les mobiles des Elfes Sylvains, qui ne fournissaient aucune explication. Après tout, les étrangers n’auraient jamais compris l’importance de la Trame. Même s’ils avaient pu en appréhender le concept, les Asrai n’étaient aucunement disposés à faire part de leur secret coupable. Peu à peu, les Bretonniens se mirent à considérer de nouveau les Elfes Sylvains comme des alliés. Quant aux Nains, ils acceptaient l’aide offerte, mais n’envisagèrent jamais pour autant d’effacer la moindre ligne de leurs Livres des Rancunes.
Orion se battait avec une ferveur sans pareille. Il ne connaissait que trop bien la peine de sa Reine, et il voulait l’apaiser. Si cela impliquait de combattre pour des Nains malodorants, son âme supporterait ce fardeau. En tant que dieu, il était capable d’exploits inconcevables pour les mortels. Cependant, année après année les campagnes d’Orion devenaient plus longues et plus sanglantes. Dans les tréfonds du Chêne des Âges, Ariel le perçut et en fut troublée. Les Elfes Sylvains n’avaient rien a gagner si Orion, par colère, réitérait les erreurs de la saison précédente. La Reine Magicienne vit à quel point la survie d’Athel Loren dépendait de l’équilibre entre son consort et elle-même. Malheureusement, la Reine Magicienne n’était pas prête à quitter le Chêne des Âges pour rejoindre le conseil, et il en serait encore ainsi pour bien des saisons. Elle se fit donc représenter par des émissaires, des hérauts nantis de son pouvoir et parlant avec sa voix. Certains prétendaient les connaître et avoir combattu jadis à leur côté, alors même que les émissaires semblaient bien trop jeunes pour cela.

Les Sœurs du Crépuscule

Les émissaires d’Ariel étaient deux jumelles nommées Næstra et Arahan. On ne les distinguait qu’à leurs manières et à leur couleur de cheveux. Næstra à la crinière noire était noble et chaste. D’une caresse, elle pouvait guérir la pire blessure, et c’est à contrecœur qu’elle faisait du mal, même à l’être le plus vil. Au contraire, la chevelure d’Arahan était de neige pure, mais son âme féroce se complaisait dans la mêlée. Elle recherchait toutes les sensations que la vie pouvait offrir, et se conduisait à la limite de l’inacceptable, même pour une société aussi permissive qu’Athel Loren. Par la suite devait courir le bruit selon lequel Næstra et Arahan étaient deux reflets d’un même être, ce qui expliquerait le contraste entre les aspects opposés de l’âme d’Ariel. Cette supposition était peut-être fondée, en tout cas on ne voyait jamais les jumelles l’une sans l’autre. L’une achevait souvent les phrases de l’autre, même si on n’aurait su dire si la seconde poursuivait le propos de la première, ou si elle infléchissait la phrase selon son propre avis.
Dans un premier temps, le conseil refusait de reconnaître Næstra et Arahan, car aucun Elfe vivant ne les connaissait, et les Esprits de la Forêt étaient muets à leur sujet. Les jumelles étaient traitées avec un respect prudent, mais elles n’avaient pas accès à la Clairière du Roi. Næstra ne prit pas ombrage de cette vexation, et Arahan réagit par des menaces tonitruantes. Ce n’est que lorsque l’été fit place à l’automne, et qu’Orion revint, que le sujet fut réglé. Le Roi des Forêts reconnut aussitôt en elles l’essence de sa Reine, et il confirma leur autorité malgré le camouflet que leur présence impliquait. Par la suite, Næstra et Arahan prirent la place d’Ariel au conseil, non pas en siégeant sur son trône, mais en se tenant de part et d’autre lors des débats. Elles ne prenaient la parole que pour contrebalancer l’humeur dominante. Næstra s’adressait au conseil en été principalement, pour tempérer l’impulsivité du moment, alors que les interventions fracassantes d’Arahan luttaient surtout contre la torpeur hivernale.

Le retour d’Ariel

Au total, Ariel se cacha plus de trois siècles aux yeux du monde. Elle le serait probablement restée plus longtemps, si elle n’avait pas décelé la réapparition de Morghur. Ariel perçut que cette incarnation était la plus puissante de toutes, et que la totalité d’Athel Loren devrait s’unir pour le vaincre. En vérité, l’âme de la Reine Magicienne n’était pas entièrement purgée, et elle répugnait à l’idée de sortir sans être pleinement guérie, mais elle savait aussi que les circonstances exigeaient des sacrifices, et elle émergea enfin du Chêne des Âges.
Les réjouissances furent grandioses ce jour-la. Les Elfes Sylvains avaient fini par considérer leur reine comme perdue, et ils ne dissimulaient pas leur joie de la voir revenir. Même les Esprits de la Forêt, dont les souvenirs remontaient plus loin que ceux des Elfes et qui avaient subi de plein fouet l’aliénation d’Ariel, étaient heureux de son retour, bien que seule une minorité l’ait reconnu. Comme point d’orgue des festivités, il y eut les retrouvailles d’Ariel et d’Orion, qui avaient été séparés des siècles durant, dans la colère et la tristesse. L’ambiance festive ne fut nullement amoindrie par le fait que le retour d’Ariel survenait à la veille d’une grande bataille. Les Asrai disaient que si leur reine était revenue à cause du Corrupteur, alors cette abomination avait au moins accompli quelque chose de bénéfique au cours de son existence pervertie. Personne dans l’assistance ne remarqua l’étincelle maligne qui se tapissait encore en Ariel. Une fois qu’elles ont pris racine, on ne peut jamais extirper complètement les ténèbres, et la Reine Magicienne allait devoir porter ce fardeau à jamais. En pleine nuit, quand tout espoir semblerait perdu, elle entendrait l’appel de sa propre noirceur. Ariel ne saurait plus quelles décisions elle aurait prises par méchanceté et non par raison.
Un mois plus tard, selon la mesure du temps dans le monde extérieur, la harde de Morghur était dans la Forêt d’Arden. Elle avait déjà anéanti une armée de chevaliers venus de Gisoreux, et elle ne doutait pas qu’elle vaincrait sans plus de peine les Elfes qui lui faisaient face à présent. Elle avait tort. Après avoir fait face à la noirceur enfouie dans sa propre âme, Ariel n’avait plus peur de Morghur, et elle avait accompagné son peuple au combat. Elle se contentait certes de laisser le commandement à Orion, et se chargeait de surpasser la sorcellerie des Chamans par sa propre magie. Fait plus grave encore pour les Hommes-Bêtes, les Asrai avaient avec eux Næstra et Arahan. On aurait pu s’attendre à ce qu’elles combattent au côté de leur maîtresse, mais elles allaient et venaient librement sur le dos d’un puissant Dragon des Forêts. La pureté de Næstra était insoutenable pour les Hommes-Bêtes, et sa simple présence les brûlait comme une flamme. Pourtant, l’engeance du Chaos ne cherchait pas à la fuir, car Arahan se trouvait inévitablement avec sa sœur. L’essence obscure de la seconde jumelle suscitait le désir des Hommes-Bêtes, et ils la poursuivaient avec un appétit démentiel. Les rares qui parvinrent à l’atteindre furent victimes de ses cruelles lames.
Puis vint le moment ou les Hommes-Bêtes ne purent plus tenir, leurs rangs clairsemés par les flèches, ou broyés par les sabots de la Chasse Sauvage. Comme une seule bête, la harde s’enfuit dans les bois. Seul Morghur resta sur place, caquetant démentiellement à l’intention de ceux qui voulaient lui ôter la vie. Le Corrupteur était criblé de flèches, mais la volonté des Dieux Sombres le poussait encore à bêler ses défis. Puis on entendit vibrer une dernière corde d’arc, et Morghur tomba raide mort, une flèche noire dépassant de son orbite.
Grandes furent les réjouissances en Athel Loren au retour de l’ost. De nombreux héros se firent un nom ce jour-là. Le plus acclamé de tous était Scarloc, l’archer dont la flèche acheva le Maître des Crânes, mais tous les Elfes avaient leur part de cette gloire immense. Ainsi s’acheva la Saison de la Rédemption. Ariel et Orion étaient enfin réunis, et l’esprit tourmenté des Elfes Sylvains avait retrouvé son intégrité.

VI. LA SAISON DE LA RUINE (2008 à fin des temps)

Date C.I.

Date ES

Evènement

(2008)VI, 1Un songe funeste. Naieth la Prophétesse entrevoit la fin d'Athel Loren.
Le changement de saison altéra à jamais le destin des elfes sylvains. Naieth la Prophétesse, grande presciente d’Athel Loren, eut une vision de la forêt noyée dans les flammes et le Chaos. Comme c’est souvent le cas, cette prémonition était floue, mais Naieth perçut sans ambiguïté que ce sort concernait non seulement Athel Loren, mais aussi le reste du monde.
Naieth présenta cette nouvelle au grand conseil. La plupart des dames et seigneurs étaient incrédules, mais c’était sans importance. Dernièrement, Ariel avait constaté une perturbation de la Trame sans précédent, qui d’après sa propre divination était liée au désastre que Naieth avait entrevu. À la tête de cinq cents Tisseurs de Charmes émérite, Ariel et Naieth se rendirent au Bois des Songes, une région périlleuse d’Athel Loren dont les clairières s’ouvrent sur des lieux et des époques multiples. Elles finirent par y glaner quelques réponses, après avoir passé plusieurs mois parmi ses étendues hantées par des démons.
D’après ce qu’Ariel pouvait prédire, le destin du monde, et donc Athel Loren, était lié à la survie de créatures telles qu’elle, Orion et la Dame du Lac. Au cours de son séjour dans le Bois des Songes, elle avait découvert avec effroi que certains de ces démiurges avaient déjà été tués, ce qui expliquait les perturbations dans la Trame. Quelques-uns étaient tombés au combat, car en dépit de leur puissance, ils n’étaient pas immortels. D’autres avaient été dévorés par Morghur. C’était le trépas de ceux-là qu’Ariel ressentait tout particulièrement, car elle aurait été en mesure de prévenir leur mort. Pendant des siècles, la Reine Magicienne avait utilisé la Dame du Lac pour leurrer Morghur sans avoir à l’affronter directement : si le Corrupteur ne menaçait pas Athel Loren, les elfes sylvains n’avaient pas à s’en soucier. Cependant, les choses avaient changé.
Lorsqu’Ariel et Naieth quittèrent le Bois des Songes, elles revinrent avec à peine la moitié des Tisseurs de Charmes qui les avaient accompagnées. Les autres avaient été dévorés par les horreurs tapies sous les frondaisons, ou rendus fous pas leurs visions. Lors du Grand Conseil suivant, Ariel décrivit aux sires et aux dames ce qu’elle avait vu. Néanmoins, le débat s’éternisa, car certains restaient dubitatifs. Excédée, la Reine Magicienne balaya les objections et décréta qu’Athel Loren ne resterait pas les bras croisés tandis que les derniers avatars étaient pourchassés et que le monde était au bord de la destruction.

(2026)

VI, 19Attaque de Drycha sur la Gasconnie
Cette année-là, Drycha, la damoiselle de Coeddil, rassembla un ost d’esprit des forêts et dévasta le sud de la Bretonnie. Après avoir vaincu le duc de Carcassonne [ou Gasconnie en VF] au bief de la Brienne, elle attaque l’Abbaye de La Chalde. Le temps que des renforts arrivent, l’abbaye avait été détruite et ses reliques dérobées.

(2032)

VI, 25

Des alliances refusées

Estimant que les elfes sylvains seraient de précieux alliés lors de la guerre qui les opposait, le Roi Sorcier de Naggaroth et le Roi Phénix Bel-Hathor envoyèrent des émissaires à Athel Loren. Finubar, l’ambassadeur d’Ulthuan, était nerveux, car le dernier Asur à avoir pénétré la forêt avait disparu sans laisser de traces [Cf. 1601 CI]
Toutefois, les deux délégations furent reçues en grande pompe, bien que les elfes sylvains veillèrent bien à ce qu’elles ne se rencontrent jamais. Il est d’ailleurs peu probable que les délégations fussent chacune au fait de la présence de leur rivale. Malgré tout, les ambassadeurs furent offensés d’apprendre qu’Ariel refusait de leur accorder une audience, et que les négociations seraient menées par les sires et les dames du Grand Conseil. En dépit des protestations des ambassadeurs, la Reine Magiciennne ne reconsidéra pas sa position.
Les elfes sylvains écoutèrent, et rejetèrent tour à tour les propositions des deux délégations. Les hauts elfes ne les avaient pas considérés comme une nation à part entière, mais comme une colonie arriérée à laquelle ils accordaient gracieusement de retourner dans le giron d’Ulthuan. Pour leur part, les elfes noirs leur avaient promis la gloire et des richesses, cependant, les elfes sylvains n’étaient pas dupes. On intima aux deux ambassadeurs de quitter Athel Loren et de ne jamais revenir : les elfes sylvains allaient se débrouiller seuls, comme ils l’avaient toujours fait depuis des siècles.

(2084)

VI, 77Horreur dans les cryptes
Les vents de magie soufflèrent fort dans les Cryptes de Hiver, et éveillèrent les démons endormis dans ses cavernes enchantées. Des Démonettes et des Bêtes de Slaanesh envahirent Arranoc, massacrant tous ceux qui ne succombaient pas à leurs désirs débridés. Amadri Dawnspear, chef de guerre d’Arranoc, mena la contre-attaque. Hélas, le courage de ce seigneur ne suffit pas, et ses guerriers furent exterminés sur les clairières baignées de soleil. Amadri lui-même fut capturé par les Démonettes pour leur servir de jouet.
Son corps ne resista pas longtemps aux attentions de ses geôlières, toutefois son esprit refusa de mourir. Lorsqu’il s’extirpa de son cadavre, il s’enfuit profondément dans Athel Loren et se lia à un arbre mort. C’est ainsi qu’Amadri Dawnspear devint le Lémure Amadra Ironbark. Il revint à Arranoc à la tête d’une armée de Dryades et d’Hommes-Arbres et extermina les démons qui profanaient ses clairières. Ensuite, Amadri se rendit aux Cryptes de l’Hiver, et fit dégringoler d’énorme rocher depuis les pics alentours, puis s’en servit pour bloquer à jamais l’entrée.

(2174)

VI, 167La défense d'Yvresse
Arrloth, sire de Talsyn, mène ses gardes à travers les racines du monde jusqu’à Ulthuan pour venir en aide au seigneur Moranion d’Athel Tamarha. A cette époque, le royaume d’Yvresse, où se trouve Athel Tamarha, était la cible de pillards elfes noirs. La surprise de Moranion à l’apparition des elfes sylvains se mue rapidement en joie. Son fils et lui livraient un combat désespéré contre les Naggarothi, mais l’essentiel des forces d’Yvresse étaient au-delà des mers, occupées à livrer les guerres du roi Phénix. Celles qui restaient n’étaient pas assez nombreuses. Les bandes d’Araloth permirent d’inverser la donne et de vaincre les elfes noirs sur l’île d’Aestuniac.
Suite à cette victoire, Moranion demande à Araloth les raisons de son intervention. Ce dernier répond que ses ancêtres étaient originaires d’Athel Tamarha, et qu’il voulait éviter la destruction de ses forêts et de leurs esprits. Moranion lui souhaita alors bon retour et retourna chez lui. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il découvrit qu’Araloth lui avait menti, même s’il ne sut jamais pourquoi.
2202VI, 195Les orques chassés de Bretonnie durant les Croisades bretonniennes tentent de fuir par la forêt de Loren. La bande de Gorskar et celle de Braka sont anéanties par les elfes. Cf. Des orques en Athel Loren.
(2214) VI, 207Bataille de Shadow Fell
Au plus chaud de l’été, des mercenaires ogres sous le commandement du légendaire ventre-feu Gragtar Coeur en feu, s’aperçoivent que leur chemin à travers les Montagnes Grises est bloqué par une horde de peaux-vertes. La chance sourit aux ogres lorsque les arbres s’animent et qu’un ost d’elfes sylvains apparaît. Bien qu’ils aident les ogres au cours de la bataille, Gragtar est très déçu quand ils refusent de rester pour le banquet de la victoire et le rôti d’orque grillé.
(2220)VI, 213Archers de Renom. Scarloc et sa bande entreprennent un voyage qui durera trois décennies dans les royaumes humains. Ils vendent leur talent en tant que mercenaires, et apprennent beaucoup sur les forces et les faiblesses des divers royaumes qu’ils visitent.
(2231)VI, 224Le Corrupteur s’échappe. Morghur revient de nouveau à la vie dans la forêt d’Arden. Araloth, sire de Talsyn, et Naieth le Prophétesse, subissent une humiliante défaite. Lorsqu'ils reviennent avec des renforts, Morghur a disparu. 
(2236)VI, 229Lorsque des démons attaquent le petit village de Lachenbad [dans l’Empire?], les elfes menés par Naestra et Arahan, interviennent via les Racines du Monde et repoussent les attaquants.
(2246)VI, 239La bataille d’Arden. Morghur apparaît une fois de plus dans la forêt d’Arden. Araloth supplie ses souverains de la laisser mener la chasse.
(2252)VI, 245Le massacre du Pré Noir. Après une longue lutte dans Athel Loren, les Hauts elfes aident les elfes sylvains pour une bataille contre les hommes-bêtes.
2285VI, 278 La Folie d'Orion. La Chasse Sauvage attaque Quenelles.
(2301)VI, 294Intervention en Avelorn. Sur la demande d'Ariel, Scarloc conduit sa troupe jusqu'en Avelorn via les racines du monde et harcèle les démons de N'kari et les elfes noirs qui cherchent la Reine Éternelle.
On notera que c'est un bien faible investissement des elfes sylvains durant cette période critique pour Ulthuan et l'Empire. En effet, Athel Loren ne semble pas intervenir lors de la "Grande Guerre contre le Chaos" de 2301.
2339VI, 332La chute de Gnashrak
Cet été-là, la Waaagh ! Gashrak descend des Voûtes et fond sur Athel Loren. Elle a la malchance de tomber sur la Chasse Sauvage d’Orion alors qu’elle traverse les plaînes de Parravon. Suite à une courte et sanglante bataille sur les berges de la Grismerie, les guerriers de Gashrak fuient vers les montagnes. Gashrak est tué par Orion, puis son cadavre empalé à l’orée de la forêt pour avertir les imprudents.
2385VI, 378La rancune des Ages. Les nains de Karak Norn attaquent une fois de plus Athel Loren pour venger la mort de Grungni Doigt d’Or. Comme à chaque fois, beaucoup de nains meurent sans obtenir de gain notable.
2432 VI, 425 Massacre dans la Reikwald
Les demoiselles d’honneur de Drycha attaquèrent le sanctuaire de Taal dans la Reikwald. Les esprits des forêts ne firent pas de quartier, toutefois un chasseur parvint à échapper au carnage et à rapporter la nouvelle à Altdorf avant de mourir de ses blessures. Des renforts furent envoyés, mais ils tombèrent dans une embuscade de Dryades et d’Hommes-Arbres sur la route entre Aldorf et Weismund. Quand l’armée étrillée parvint à atteindre le sanctuaire, il avait déjà été rasé jusqu’aux fondations et sa plus précieuse relique, le Croc de Taalroth, avait été volée. Drycha et demoiselles d’honneur étaient déjà loin.
2462Invasion des orques et gobelins de la Waaagh Gorsnag Ironfang [CJ 25 p. 28]. Venant des Principautés Frontalières, les peaux-vertes tranversent les Montagnes Grises.

2495

VI, 488

La bataille des cairns. Des morts-vivants invoqués par Heinrich Kemmler attaquent le royaume de Loren.

2498VI, 491Le festin de Mâchoire de Pierre
L’ogre Braggat Mâchoire de Pierre et ses mercenaires des Ventres en Pierre traversèrent les Montagnes Grises et se dirigèrent vers Athel Loren. Au lieu de massacrer ces grosses brutes, les elfes sylvains les accueillirent. Une fois les panses des ogres remplies de mets fins et d’hectolitres de vin des fées, ils purent quitter la forêt (même s’il y eut un moment de tension lorsque l’un d’eux essaya de dévorer une licorne qui passait par là).
Encore avniés et un peu hébétés, les ogres ne s’aperçurent pas que les sentiers qu’ils empruntaient menaient non pas vers l’Empire, comme ils le souhaitaient mais vers un repaire Skaven situé aux frontières de Parravon. Les ogres éliminèrent rapidement cette menace malgré une migraine carabinée. Une fois la bataille terminée, une dame elfe apparut à Mâchoire de Pierre et lui offrit des richesses inimaginables : le prix convenu, déclara-t-elle, pour le combat que les ogres venaient de mener à bien. Pour sa part, Braggat ne se souvenait pas avoir conclu le moindre accord. Néanmoins, il prit l’or et jura de ne plus jamais s’aventurer de nouveau dans Athel Loren.
2503VI, 496Massacre le long du Weiss. Athel Loren aide le jeune Karl Franz.
2506VI, 499Karak Kadrin. Nouveau grief entre les elfes sylvains et les nains.
Ungrim Poing-de-Fer, le roi tueur de Karak Kadrin, affronta une armée de peaux-vertes à la lisière d’Athel Loren. Reconnaissant la juste cause des nains, Thalandor Doomstar amena un ost à l’aide des fils de Grungni. La bataille tourna à la défaveur des peaux-vertes, et dès la victoire acquise, les nains tournèrent leurs haches contre leurs alliés elfes afin de venger les rancunes du passé. Thanlandor battit en retraite et jura de se venger.
[L’année suivante,] les défenses extérieures de Karak Kadrin sont attaquées par des elfes sylvains commandés par Thalandor. Pendant presque un an, son ost maintient un blocus, écrase les sorties des défenseurs et repousse à deux reprises les armées de Zhurbar envoyées pour brise le siège. Ce n’est que lorsque le sire d’Argwylon estime son honneur lavé dans le sang des nains qu’il consent à partir.
2512Naieth la Prophétesse reçoit une [nouvelle] vision lui montrant la mort d’Athel Loren. Ariel ordonne aux nobles de se mettre en devoir de chasser les hommes-bêtes où qu’ils se cachent. [LA ES V6 p.17]
(2518)VI, 511Coeddil libéré. 
[Plusieurs villages dans les environs de Parravon sont attaqués et] Drycha s’empare enfin de la dernière relique qu’elle convoitait. Rentrant à Athel Loren au beau milieu de l’hiver, la Dryade libère les pouvoirs de ses artefacts pour briser les sceaux qu’Ariel avait créés afin de retenir Coeddil prisonnier des Bois Sauvages [Wildwood à l’extrême sud -est d’Athel Loren]. Les éclaireurs ne sont alertés que trop tard de la fuite de Coeddil, et lorsqu’ils arrivent enfin, ils ne trouvent qu’une prison vide, son occupant s’étant évanoui dans la forêt.
2520L'Année du Malheur pour la Bretonnie. Tzeentch envoie ses démons envahir la Bretonnie. Les elfes interviennent quasiment pas ou pas du tout. [LA Dem. V8 p.23]
(2521)VI, 514Une amitié foulée au pied ? Les elfes n'interviennent pas au début de la rébellion de Mallobaude en Bretonnie.
Lors du crépuscule de l’année, le bâtard royal Mallobaude de Moussillon décida de s’emparer par la force de la couronne de son père. Aucun chevalier honorable n’accepta pas de se rallier à sa cause, toutefois le Serpent de Moussillon n’en avait cure : il avait planifié son attaque depuis longtemps, et pouvait compter sur une vaste armée d’hommes corrompus et dénués d’âme.
Ignorant le décret de Louen Coeur de Lion appelant toutes les armées de Bretonnie à se rejoindre pour combattre cette menace, le duc Armand d’Aquitanie partit affronter Mallobaude. Bien que bénéficiant des faveurs de la fée enchanteresse, Armand aurait été vaincu à plate couture si Drycha n’avait pas mené un ost d’esprits de Forêt depuis la forêt de Châlons pour lui venir en aide. Néanmoins, les intérêts des elfes sylvains ne résidaient pas dans la victoire d’Armand, car ils repartirent au beau milieu de la bataille, emportant avec eux la Fée Enchanteresse, et condamnant le duc à la défaite face à Mallobaude.
Lors de la fête du solstice d’été, une naïade apparut en Athel Loren pour délivrer un message de la Dame du Lac, exigeant qu’Ariel se rende à la Cime d’Argent. À la surprise générale, la Reine Magicienne accéda à cette convocation péremptoire. Pendant les trois jours et les trois nuits qui suivirent, les cieux au nord furent illuminés par des explosions magiques. Lorsqu’Ariel revint, elle informa le conseil qu’il y avait eu effectivement un différend, mais qu’il avait été réglé.
(2522)VI, 515Le changement de saison
Pendant presque deux ans, les elfes d’Athel Loren avaient observé sans intervenir les armées de Louen Coeur de Lion et de Mallobaude s’entre-déchirer et ravager la Bretonnie. La folie que Naieth avait prédite était en train de s’emparer du monde, cependant la lutte pour la suprématie entre deux seigneurs humains paraissait insignifiante dans le grand ordre des choses.
Toutefois, Mallobaude finit par donner aux elfes une raison de s’intéresser à ce conflit, En effet, afin d’arracher la victoire, il avait pactisé avec les forces de la non-vie, si bien qu’il y avait désormais plus de goules et de revenants que d’humains au sein de son armée. Des rumeurs rapportaient que le traître avait même reçu le baiser de sang et qu’il était devenu un vampire. Là où passaient les armées du Moussillon, les créatures vivantes dépérissaient et la Trame hurlait de doubleur. L’essentiel des terres à l’ouest de Quenelles étaient à l’agonie. Si Mallobaude n’était pas arrêté, la Bretonnie deviendrait bientôt un royaume de la non-vie aux frontières d’Athel Loren.
C’est ainsi que les elfes se préparèrent à la plus terrible des batailles. Des gardes et les chevaliers sylvains se rassemblèrent par milliers. Les Tisseurs de Charmes parcouraient les clairières et réveillaient les Dryades et les Hommes-Arbres. Les dragons étaient tirés de leur sommeil millénaire dans les plus profondes crevasses. Naestra, Arahan, Scarloc, Arrloth, Sceolan, Skaw le Fauconnier… tous les plus grands héros de la forêt s’armèrent. Pourtant, Ariel savait que cela ne suffirait pas. Seule une alliance entre le royaume de Bretonnie et Athel Loren pouvait encore arracher la victoire.
La Reine Magicienne se rendit une fois de plus au nord, afin de chercher le pardon de la Dame du Lac. L’esprit de la Cime d’Argent était conscient de la gravité de la situation, et accepta les excuses d’Ariel. Avec la disparition de la Fée Enchanteresse, la Dame du Lac n’avait plus de héraut, néanmoins, elle était l’esprit de ce pays, si bien qu’elle appela les chevaliers au coeur pur chassés de leurs fiefs par Mallobaude. Certain l’entendirent sous la forme de chants portés par la brise, ou de voix résonnant dans les cascades. Tous chevauchèrent vers Quenelles.
Là, les chevaliers découvrirent l’armée du roi alignée aux côtés de l’ost d’Orion. A l’ouest, l’armée de Mallobaude avançait, portée par la magie noire, ses rangs grossis par les cadavres des précédentes batailles. Le Serpent lui-même chevauchait à la tête de cette force, au milieu de ses chevaliers du Graal Noir.
Alors que les ténèbres s’étendaient, hommes et elfes dégainèrent leurs épées. Des prières furent adressés à la Dame du Lac, à Isha et aux aïeux des forêts. Puis une unique flèche fila vers le cœur noir de Mallobaude. Ainsi débuta l’ultime bataille de Quenelles.
La Fin des temps pour Athel Loren [résumé perso de la Fin des Temps : tomes Nagash, Khaine et Archaon en particulier]
Les Bretonniens et les Elfes sylvains sont battus à la bataille de Quenelles par l'armée du vampire Mallobaude et le roi Louen de Bretonnie est donné pour mort. Peu après, le chevalier de Sinople se révèle comme étant Gilles le Breton, le fondateur légendaire de la Bretonnie. Il rallie les bretonniens et repousse les morts-vivants.
Le calme est de courte durée car, peu après, le Chaos s'installe en Bretonnie : Bordeleaux disparaît soudainement et est remplacée par un fort de bronze et d'os.
Après la bataille de Quenelles, Ariel est frappée d'un mal inconnu. Elle a été empoisonnée par la déesse Lileath pour qu'elle ne puisse pas contrecarrer ses plans. La forêt se meurt avec elle et les hommes-bêtes se multiplient. Fou d'inquiétude, Orion combat son chagrin en pourchassant les Hommes-Bêtes, mais il en perd toute prudence. La Reine Éternelle d'Ulthuan se rend elle-même à Athel Loren pour supplier les elfes d'aider son peuple à libérer sa fille Aliathra des griffes de Manfred Von Carstein. Un ost commandé par Araloth est envoyé en Sylvanie et Alarielle reste au chevet d’Ariel.

Ariel meurt et Alarielle fusionne avec l’âme de la défunte. Elle devient alors l’incarnation de la déesse mère Isha. Orion lui jure allégeance et, malgré les réticences du conseil, Athel Loren s'implique donc dans la guerre civile en Ulthuan. Cette dernière est provoquée par l'afflux d'elfes noirs en Ulthuan : ils ont dû fuir Nagaroth qui est tombé sous les coups de l'Incursion du Chaos en cours. De plus, le Roi Phénix Finubar est mort et le général Tyrion devient pire que son ennemi en devenant l'avatar du dieu assassin Khaine. Alarielle renie son ancien amant et s'allie à Malekith, le Roi Sorcier des elfes noirs. La première bataille des forces conjointes a pour objet la défense d’Avelorn : la bataille de Withelan. Orion, l’homme-arbre Durthu, Araloth, Naieth et d’autres elfes sylvains ont rejoint Ulthuan via les racines du monde pour participer à la bataille contre Tyrion. C’est une victoire mais Orion est tué.

Courant 2526, lors de l'ultime bataille sur Ile des Morts, les elfes déstabilisent le Vortex qui drainait les vents du Chaos et maintenait  Ulthuan. Tyrion est tué mais l’île-continent sombre dans les eaux du Grand Océan. Toujorus gràce aux Racines du Monde, de nombreux elfes peuvent migrer vers Athel Loren qui devient le dernier sanctuaire des elfes réunifiés sur le monde Connu. A son retour, Alarielle guérit la forêt de la corruption et les hommes-bêtes sont traqués par les nouveaux venus. Toutefois, la Trame - l'équilibre naturel que les Elfes Sylvains cherchent à protéger - souffre de l'avènement du Chaos. Il faudra des siècles pour qu'elle soit si atteinte qu'il en résulterait la fin du monde mais le point de non-retour est proche. Déjà de nombreux esprits de la forêt sombrent dans la folie et la corruption du Chaos.

Le mariage entre Alarielle et Malekith est béni par la déesse Lileath. Peu de temps après, Lileath rencontre le seigneur Araloth. Elle lui révèle l'existence de leur fille dans un nouveau monde qu’elle a créé dans le Warp pour les elfes : le Havre. Araloth rejoint ce nouveau monde.

Athel Loren est la cible de nombreuses attaques du Chaos : Arranoc est recouvert d'un voile de froid et si les démons sont repoussés grâce aux renforts des royaumes voisins. En Anmyr, une vague de corruption emporte de nombreux elfes en les transformant en créatures difformes. Atylwyth est assailli par des morts-vivants invoqués par les sorciers Nordiques. À Cythral, l'armée d'Esprits des Forêts de Coeddil n'est arrêtée que par la ruse du Roi Fantôme Alith Anar. À Torgovann, Wydrioth, Argwylon, Fyr Darric et Talsyn, les démons ne sont contenus que grâce à l'intervention des renforts Hauts Elfes et les Elfes Noirs.

Mais les inimitiés d'antan restent vivaces entre les trois races et, à plusieurs reprises, ils sont battus à cause de ses mésententes. Le Roi et la Reine eux-mêmes ne sont pas dépourvus de reproches. Malekith est méfiant de nature et Alarielle craint qu’il ne retombe dans ses anciens travers. Malgré cela, tous mettent leur energie dans la défense d'Athel Loren.

Après la chute d’Averheim, au printemps 2528, les survivants impériaux, bretonniens et nains se dirigent vers Athel Loren, dernier bastion de civilisation dans le Vieux Monde. Ils sont poursuivis par une horde de Khorne. À la bataille de l’Abime des Echos (sans doute dans les Montagnes Grises), les nains de l’arrière-garde bloquent puis détruisent l’armée de Khorne avec l’arrivée de renforts elfes.

Au même moment, le démon Be’lakor fait attaquer la Clairière Éternelle (où pousse le Chêne des Ages) par ses pions : la sorcière Hellebron, Coeddil et Drycha ainsi que des démons libérés des Cryptes de l’hiver. Alarielle et Malekith la défende. Durant la bataille, Be'lakor atteint le Chène et le griffe : sa corruption commence à s'étendre et la Trame frémit. Tyrion reparaît ! Il a été ressuscité par Teclis qui en a fait l'Invocation de la Lumière. Il repousse le démon qui doit fuir la clairière, suivi de près par Hellebron… La bataille a été gagnée mais elle a eu un coût énorme pour les elfes. Malgré tout le Chêne des Ages et la Trame ont été renforcés par la Lumière de Tyrion.

Malekith et Alarielle convoquent un grand conseil durant lequel Téclis révèle toute l'étendu de ses actions depuis le début des événements. Malgré l'hostilité générale, Tyrion est présenté au conseil et se montre humble devant les époux royaux, il ne souhaite plus se battre qu'au nom de la Lumière dont il est devenu l'Incarnation.

Le lendemain, Caradryan amène les survivants humains et nains dans le Bosquet Éternel. Les Elfes y voient un blasphème mais les Nains et les Impériaux ont été prévenus de faire attention à leurs paroles (les Bretonniens sont déjà bien au courant du danger qu'ils courent à parcourir Athel Loren) et tout combat est évité.

Un nouveau conseil se réunit, il inclut désormais l'Empereur, Gelt (incarnation du Métal), Hammerson (représentant des nains) et le Duc Jerrod (représentant des Bretonniens). Ce conseil est toutefois interrompu par l'arrivée de messagers : une grande armée de morts-vivants approche d'Athel Loren, le Grand Nagash souhaite... parlementer ! Il offre l’assassin d’Aliathra (la fille d’Alarielle) en gage de bonne volonté : le vampire Mannfred.

Mais, le démon Be’lakor rode toujours. Il souhaite capturer Lileath pour offrir son âme à Slaanesh. Il libère Mannfred qui, avant de fuir, révèle au dernier chef des bretonniens que la Dame du Lac n’est autre que la déesse elfe. Pour se justifier devant lui, cette dernière révèle alors inconsidérément l’existence du Havre. Be’lakor et les autres Puissances du Chaos l’apprennent et ce qui devait être le refuge des elfes à la fin de ce monde et pour qui elle avait sacrifié jusqu'à sa propre divinité est détruit prématurément ! Tous n’ont plus le choix que de se battre pour tenter de faire survivre le dernier monde qui leur reste…

À l'automne 2528, Khorne attaque à présent massivement la Clairière du Roi. Malekith (Incarnation de l'Ombre), Alarielle (Incarnation de la Vie), Tyrion (Incarnation de la Lumière), Caradryan (Incarnation du Feu), Balthasar Gelt (Incarnation du Métal), Nagash (Incarnation de la Mort) et l’empereur Karl Franz (Incarnation des Cieux) sont là pour la défendre. Toutefois, la Chasse Sanglante de Khorne est infinie ne peut être vaincue… Avec l’énergie tirée du sacrifice de Lileath, Teclis téléporte toutes les Incarnations et leurs armées à Middenheim pour la bataille finale.

Athel Loren est alors perdu. Alith Anar lutte pour la défense de l'arbre sacré, aux côtés d'Athelwyn et Elthryn, abattant les démons de ses flèches et ralliant les défenseurs épuisés. Tandis que le monde se dissolvait autour d'eux, Alith Anar fut le dernier roi des elfes, un roi pendant quelques heures ou jours - car le temps n’importait plus - mais un roi néanmoins. Puis le Chêne des Ages, dernier vestige de ce monde, disparut lui aussi [ce dernier paragraphe est issu des notes apocryphes de Josh Reynold].