LE DESTIN DE THORKUND LA HACHE
~ -250 CI
LA ES V4 p. 14
Vers -250 CI, des marchands, prospecteurs et chasseurs de trésors nains commencent à retourner vers l‘ouest du Vieux Monde. Certains pénètrent dans la forêt de Loren et rencontrent les elfes sylvains. Les vieilles rancunes datant de la Guerre de la Barbe resurgissent, entraînant à nouveau les deux races dans des combats féroces. Certaines expéditions naines disparaissent à tout jamais. |
Thorkund la Hache fut l'un des premiers aventuriers nains à se risquer à l'ouest après la grande guerre entre elfes et nains. Il ne revint jamais.
Les elfes sylvains savent ce qui est arrivé à Thorkund, mais pas les nains. Si ces derniers venaient à le découvrir, ils ajouteraient un autre chapitre au Livre des Rancunes contre Athel Loren !
Plusieurs siècles après la fin de la guerre entre elfes et nains, des rumeurs selon lesquelles les elfes avaient abandonné leurs colonies atteignirent les grands halls de pierre des nains. Plusieurs d'entre eux spéculèrent sur les trésors qui pouvaient être cachés dans les mines. Les prospecteurs se demandèrent eux quelles richesses minérales ils pourraient bien trouver dans ces terres autrefois interdites aux nains. Pendant longtemps, les nains avaient été trop préoccupés par leurs problèmes internes pour s’intéresser aux possibilités extérieures.
Thorkund la Hache fut l'un des premiers nains à s'aventurer vers l'ouest à la recherche de trésors. Il partit avec une poignée de compagnons aussi avides que lui. La cupidité les fit traverser les montagnes et les vastes forêts qui allaient devenir plus tard l'Empire. Ils atteignirent les Montagnes Grises et, du haut des sommets, virent les terres de la future Bretonnie. Une dernière grande forêt se trouvait entre eux et les ruines elfes de la côte ouest du Vieux Monde ; la forêt de Loren.
Thorkund et sa bande descendirent les montagnes et pénétrèrent dans la forêt. D’une façon ou d’une autre, ils parvinrent à entrer dans les bois. Puis un jour, ils tombèrent dans une embuscade tendue par des ennemis invisibles cachés dans les taillis. Des flèches se plantèrent dans les boucliers des nains et d’autres dans les nains eux-mêmes ! Thorkund et ses compagnons chargèrent avec leurs haches. Ils se retrouvèrent rapidement entoures de cadavres d'elfes, dont aucun ne semblait avoir échappé à leurs haches.
À leur grande stupéfaction, les nains entrèrent alors dans une clairière sacrée. Les guerriers qu'ils avaient tués en étaient les gardiens. Ils virent d’immenses arbres noueux et des pierres couvertes d’étranges symboles.
Rapidement, ils commencèrent à renverser les pierres à la recherche de trésors. En vérité, il s’agissait d’aventuriers expérimentés qui savaient parfaitement comment piller un endroit sacré.
Les nains découvrirent des richesses dont même les elfes avaient oublié l'existence, et les entassèrent dans leurs sacs. Il s'agissait de représentations étrangement sculptées en cuivre, argent et or d’une créature qui semblait à moitie femme elfe et à moitie arbre. C’étaient de très belles pièces mais elles troublaient l'esprit cupide des nains. Thorkund ne serait pas rassuré avant qu'elles ne soient fondues et que leur magie ait été brisée par les runes naines! Ne se souciant plus des ruines de la lointaine côte ouest, Thorkund et ses compagnons entreprirent de quitter la forêt avant que d’autres elfes ne surviennent.
A peine avaient-ils quitte la clairière qu‘ils entendirent une étrange plainte monter de la forêt elle-même et crurent voir une vague forme au milieu des arbres. Ils ne s’arrêtèrent pas pour camper et fuirent vers les montagnes, désireux de laisser au plus vite les sinistres bois derrière eux.
Finalement, ils atteignirent les contreforts des Montagnes Grises, suivirent les ravins et les passes vers l'est. Pourtant, ils entendaient encore cet étrange gémissement au loin derrière eux. Cela faisait maintenant deux jours qu’ils marchaient sans s’arrêter et la fatigue surmontait même leur résistance. Ils s’arrêtèrent près d’un bosquet de pins et s’endormirent. Un bruit étrange parvenant de tout autour d’eux les réveilla. C'était encore cet étrange gémissement qu’ils avaient entendu depuis leur fuite de la clairière sacrée.
Il provenait des arbres entourant leur camp. Saisissant leurs haches, ils attaquèrent les troncs pour mettre fin à ce bruit qui les rendait fou. Ce fut en vain : dès qu'une hache s’enfonçait dans un arbre, une étrange créature aux longs cheveux et aux griffes comme des serres quittait l’écorce et disparaissait dans un autre arbre, continuant a gémir et à les torturer. La créature, qui était la dryade Wyrthu, gardienne de la clairière sacrée, et qui les avait suivis pour se venger, semblait hurler à la lune comme pour appeler quelque chose ou quelqu’un.
Soudain, une grande ombre tomba sur les nains. Un immense oiseau de proie chevauché par une silhouette recouverte d’un manteau descendit sur eux à une vitesse terrifiante. Bientôt, tous les nains sauf Thorkund gisaient morts, des flèches dépassant de leurs cottes de mailles.
Thorkund, agitant sa hache, recula sous un vieux pin pour pouvoir frapper le faucon qui fonçait sur lui. A ce moment, deux mains crochues l’agrippèrent par derrière et il fut entraîné vers sa fin dans les crevasses du flanc de la montagne. Ses os y sont encore aujourd'hui, prisonniers des racines du vieux pin. Le Guerrier Faucon, Thryngol le Mage, retourna vers Athel Loren et enfouit les trésors dans la clairière sacrée d’où ils avaient été volés.