LE MASSACRE DU PRÉ NOIR
2252 CI
LA ES V8 p. 30

Les Hauts elfes aident les elfes sylvains.
VI, 245 selon le calendrier des elfes sylvains.

Les hardes d’hommes-bêtes d’Athel Loren atteignent des tailles sans précédents et attaquent les principaux bastions de la forêt. À l’est, Naestra et Arahan menèrent la défense des Pics des Pins. A l’ouest, Naieth la Prophétesse rassembla sa maisonnée pour défendre la clairière du Clair-de-lune Eternel. Même Wildwood fut assailli, si bien que les esprits dérangés de ce lieu furent forcés de se défendre face à la sauvagerie des hommes-bêtes. Toutefois, ce furent dans les clairières autour du Chêne des Ages que les elfes sylvains furent les plus clairement menacés. Des escarmouches se multipliaient alors que les gardes sylvains et les cavaliers tentaient de chasser les sabots fendus de leurs sites les plus sacrés.

À grandes victoires, grandes tragédies. À Carthad Knoll, Araloth, champion de la Reine Magicienne, mena les Gardes sylvain contre la harde de Ghorros Sabots-tueurs. Les rares centigors qui échappèrent aux elfes s’enfuirent dans la forêt. Gruarth le Maître des Bêtes combattit et mourut dans sa demeure, les mains serrées autour du cou du chef homme-bête qui avait tué ses tigres à dents de sabre adorés. Des hommes-bêtes attaquèrent Torgovann, hurlant de joie alors qu’ils dévastaient tout, mais ils furent stoppés par un unique guerrier en armure dorée : Daith le maître forgeron avait juré de ne pas laisser les viles créatures saccager ses armureries, et il s’était équipé d’armes et de protections qu’il n’aurait accepté de confier à personne d’autre. Dans la chaleur éternelle de l’Été sans Fin, Amadri Ironbark mena ses frères Lémures contre des monstres si horribles que d’innombrables elfes avaient sombré dans la folie en les apercevant.

Les elfes avaient du mal à trouver le sommeil, car les chants des hommes-bêtes emplissaient la nuit. Le seul espoir des Asraï était que Morghur, le Maître des Crânes, n’était pas celui qui orchestrait cette incursion, sinon la situation aurait été encore pire. Peu à peu, et au prix de milliers de vies, les hommes-bêtes furent chassés de toutes les régions d’Athel Loren, sauf une : une harde immense menée par Mograk, le Seigneur des Corbeaux, continuait de saccager les environs de l’Arbre du Malheur.

Harassés par les incessantes batailles, les elfes se rassemblèrent une dernière fois pour chasser une bonne fois pour toute les rejetons du Chaos d’Athel Loren. Tous savaient que ce serait le combat le plus difficile de cette longue année, mais ils n’avaient pas le choix. L’hiver approchait, et si les hommes-bêtes n’étaient pas vaincus avant les premiers frimas, Orion serait forcé de partir et ainsi que la plupart des esprits de forêts. Les elfes se préparèrent donc pour la bataille qui allait décider du sort d’Athel Loren.

C’est à ce moment-là qu’une aide des plus inattendues se manifesta : Finubar, le nouveau Roi Phénix, réfléchissait depuis longtemps à un moyen d’améliorer les relations entre les deux nations elfiques. Lorsqu’il avait apprit qu’Athel Loren était attaquée, il avait ordonné au prince Eldyr de rassembler une armée et de marcher à l’aide des elfes sylvains. Même si des tempêtes imprévues avaient retardé leur flotte, ils arrivèrent à temps pour l’ultime bataille.
En dépit de ces renforts, les elfes étaient beaucoup moins nombreux que les hommes-bêtes. Cependant, leur détermination et leur espoir retrouvé compensaient ce désavantage. Les mages d’Ulthuan déchaînaient des orages d’éclairs et contraient les sorts des chamans, si bien que les Tisseurs de Charmes étaient libres d’invoquer les esprits des forêts et de leur insuffler une vigueur nouvelle. Les lanciers de Cothique combattaient aux côtés de Gardes Éternels. Les Lions Blancs de Chrace épaulaient les gardes des bois sauvages et les princes Dragons chargeaient avec les chevaliers sylvains, chaque cavalier était déterminé à prouver sa supériorité. Scarloc se battit dos à dos avec Ystranna des sœurs d’Avelorn. Quant à Araloth le Brave, il se plaça à la droite du prince Eldyr.

Mograk comprit qu’il ne pourrait l’emporter, toutefois il refusa de s’avouer vaincu. Au commandement du chaman, des guerriers impies se lancèrent à l’assaut sous de noirs nuages de tempête. Le sol tremblait alors que des minotaures perctutaient les rangs des elfes. Les brutes frappaient de droite et de gauche, chacun de leurs coups abattant plusieurs elfes à la fois. Mograk beugla vers les ténèbres et les silhouettes de monstres énormes émergèrent des bois. Les herbes mortes se tordaient au contact de ces créatures nobles qui avaient été remodelées par la volonté des dieux du Chaos.

Mograk espérait briser la combativité des elfes, cependant les enfants d’Isha restèrent imperturbables. Les volées de flèches sifflaient pour abattre les ghorgons et les cygors. Les danseurs de guerre faisaient des pirouettes au milieu des combats. Leurs lames chantaient tandis qu’elles tranchaient les gorges et les échines. Les elfes étaient moins nombreux que leurs adversaires mais infiniment plus talentueux, ce qui suffit à faire pencher la bataille en leur faveur. Lorsque le crépuscule tomba, la plus grosse partie de la horde avait été détruite, et les survivants battaient en retraite. Mograk s’était enfui avant la fin de la bataille. Cet acte de désertion coûta cher aux hommes-bêtes, car sans l’autorité de Mograk, la retraite se transforma bientôt en déroute, et aboutit au massacre de la plupart des sabots fourchus.
Néanmoins, dès la victoire remportée, les tensions revinrent entre les Hauts elfes et les elfes sylvains. Les premiers avaient subi de lourdes pertes, et beaucoup parmi les survivants accusaient les elfes sylvains de les avoir laissés seuls en première ligne. Les Asraï s’offensèrent de l’arrogance de leurs alliés. Par conséquent, même si elles se respectaient mutuellement, les deux races furent incapables de se lier d’amitié suite à cette bataille.