
La
guerre approche une fois de plus. Dans les profondeurs de la Grande
Forêt, au cœur même de l'Empire, des armées du monde entier se lancent
dans une recherche désespérée de l'un des plus grands artefacts
magiques jamais créés - la Couronne du Destin.
Pendant de longs
siècles, la Couronne du Destin est resté cachée profondément sous les
Collines Hurlantes. Peu de gens connaissent ses origines, son créateur
fou, et la terrible malédiction qui fera écho à travers les âges si
jamais elle est déterrée.
L'HISTOIRE
Un âge révolu
Il
y a deux millénaires et demi, le Vieux Monde était une terre sauvage.
Des bêtes fauves et des êtres déchus hantaient les forêts et les
plaines, et la survie des tribus guerrières des hommes qui y habitaient
était toujours en jeu. C'est dans ce monde que Sigmar naquit, et son
premier coup d’éclat a été le sauvetage du roi nain Kurgan Barbe de fer
d'un groupe de pillards peau-verte. Kurgan offrit à Sigmar un grand
marteau de guerre runique – le Ghal Maraz - avec lequel Sigmar s'est
battu contre les peaux-vertes et a finalement uni les tribus humaines
dispersées.
Des années plus tard, Sigmar et Kurgan se retrouvèrent à la bataille de la Passe du Feu Noir, et en reconnaissance de
leur grande victoire, Kurgan a ordonné à son maître des forges de créer
les Crocs Runiques.
Alaric le Fou
Ce
maître des forges était Alaric, créateur de quelques-unes des plus
grandes runes jamais utilisées. Après un siècle de gestation, les Crocs
runiques furent offerts à chacun des comtes électeurs de l'Empire.
Certains disent que ce siècle passé par Alaric à travailler sur sa
forge l’a conduit à l'obsession et à la paranoïa. Ses pairs
considéraient les Crocs Runiques d’Alaric comme sa plus grande
réussite, mais le maître des runes lui-même refusait d'accepter qu'il
pouvait avoir atteint le sommet de son art.
Alaric cherchait une
nouvelle rune. Avec le temps, il trouva une variante de la Rune de
Royauté : la Rune des Âges. Cette rune permettrait non seulement
de conserver et d’instiller la sagesse à chacun de ses détenteurs et de
la transmettre à ceux qui ont précédé, mais aussi de donner au porteur
le contrôle de son destin. Un roi qui porterait une telle rune
deviendrait maître de son destin et de celui de toute sa race.
Alaric
découvrit également qu’aucun matériau ne supportait la Rune des âges,
Tous se brisaient lorsque le dernier coup était porté. Pierre, fer,
gromril, écailles de dragon - tout s’avéra trop fragile pour contenir
les puissantes énergies de sa nouvelle Maître Rune. Alaric se lança
alors dans une quête pour trouver un matériau suffisamment robuste pour
supporter le pouvoir de la rune. Pendant de longues décennies, il erra
sur les routes du Vieux Monde, à travers montagnes et forêts. Il
retrouva nulle part le matériau qu'il cherchait. Au fil du temps, il
devint de plus en plus obsédé et les nains et les hommes lui
donnèrent un nouveau nom - Alaric le fou.
En parcourant ce qui est
aujourd’hui la Vielle route de la forêt, qui, à l'époque n'était guère
plus qu'un chemin régulièrement emprunté, Alaric fut pris en embuscade
par une bande de Skavens.
Bien qu’âgé et voûté, Alaric était le
vétéran de nombreuses batailles et expédia facilement les vils
hommes-rats. Il sentit alors à proximité la présence d'un minerai
inconnu mais incroyablement puissant, Il suivit son étrange instinct.
Profondément enfoui sous les racines nouées d'un chêne, il trouva un
morceau de minerai suffisamment solide pour contenir la Rune des âges -
la Malepierre. Alaric hésita à peine d’emporter ce morceau de roche.
Peut-être que son esprit autrefois sage était désormais assombri par
son désir irrésistible de prouver qu'il était le plus grand forgeron
runique que le monde ait jamais vu ou, peut-être, que la Malepierre
avait déjà affecté sa raison déjà affaiblie.
Le chapitre suivant de
l'histoire d'Alaric est rarement conté. On dit qu'il se rendit dans les
Montagnes Grises, où il avait construit une puissante forge alimentée
par le sang volcanique des pics. Alaric travailla jour et nuit sur le
minerai étrange jusqu’à ce qu'il ait produit une couronne étincelante,
sur laquelle il frappa la Rune des âges.
Alors qu’Alaric regardait
sa création, son esprit s'éclaircit soudain. Il avait été aveuglé par
la folie. La couronne ne distillerait pas la sagesse à ceux qui la
portaient, mais au lieu de cela, elle exploiterait les plus petites
frustrations et accumulerait la méchanceté de chaque ancien porteur.
Alaric
était horrifié par ce qu’il avait créé, mais il savait que la couronne
ne pouvait pas être détruite. Il décida donc de la cacher. Il voyagea
dans la Grande Forêt et dans les Collines Hurlantes balayées par le
vent et il descendit dans les profondeurs d'une mine creusée avant la
Guerre de la Barbe. Là, il chercha un endroit où cacher la couronne
pour l'éternité. Alaric tailla une chambre dans la roche, plaça la
couronne à l'intérieur et la scella avec les runes les plus puissantes.
Le retour du mal
La
couronne resta cachée pendant de longs siècles. La chambre resta
intacte, même si l'entrée de la mine effondra finalement sur elle-même.
Un jour, un puissant tremblement de terre secoua les Collines Hurlantes
et des rumeurs parlèrent de nouvelles veines fraîches de Gromril autour
de l'ancienne mine. Une bande de mineurs nains fut envoyée pour
enquêter. Ils trouvèrent bien plus que ce qu'ils avaient espéré. En
retrouvant l’ancienne mine, ils tombèrent sur la chambre éventrée et
son contenu. Ce qui se passa ensuite n'est pas clair, car un seul nain
sortit de la mine, éclaboussé de sang et en délire.
Peu de temps
après, une bande de gobelins de la nuit, toujours à la recherche de
nouvelles fissures et recoins à infester, découvrit à son tour la mine.
Ils trouvèrent le nain fou et ses compagnons morts. Le mineur isolé fut
capturé et ses geôliers discernèrent dans ses propos incohérents qu’il
devrait y avoir non loin un objet d'une grande puissance. Les Gobelins
torturèrent le Nain fou, mais ils ne purent obtenir guère plus.
Peut-être
que l'emplacement de la Couronne aurait pu encore resté secret, mais
une force de sauvetage naine dirigée par le Thane Grombold du célèbre
clan Krud vint à la recherche des mineurs perdus. Dans le chaos qui
s’ensuivit, un gobelin de la nuit tomba par hasard sur la couronne. Il
massacra ses semblables et enfuit avec elle dans la forêt.
Aujourd’hui,
les armées se mobilisent pour récupérer la couronne, car des rumeurs
folles sur ses pouvoirs se sont répandues partout. Les Nains cherchent
à l’enfermer dans leurs souterrains où ce témoignage de la folie
d'Alaric pourrait être cachée pour toujours.
L’orque Grimgor pense
que s'il la récupérait les guerriers les plus forts viendraient le
combattre. L'Empereur Karl Franz voit dans la couronne un artefact
inestimable de l'ère de Sigmar et croit que son pouvoir pourrait être
exploité pour le bien des hommes.
Tous sont prêts à payer le prix du sang pour entrer en possession de la Couronne du destin.
LES PROTAGONISTES
Les Nains
La
rumeur de la réapparition de la Couronne du Destin est arrivée aux
oreilles du Haut roi nain Thorgrim le Rancunier. Un nuage de poussière s’élève de l'Ancienne Route
des Nains car un throng part en guerre afin d’empêcher les autres races
de mettre la main sur cet artefact.
Pour les nains, l'histoire
d'Alaric le Fou est marquée du sceau de l'infamie. Le Seigneur des
Runes était le plus dol.& de son époque et son nom est célèbre à
travers tout le Vieux Monde. Mais bien qu'il ait tree certains des
objets runiques les plus puissants qui soient, sa dernière œuvre, la
Rune des Ages, lui valut le surnom dont les gens l'ont affublé depuis
lors : "le Fou". Les nains voudraient effacer tout souvenir de la folie
d'Alaric, et le temps seul aurait pu y parvenir si un glissement de
terrain n'avait mis à jour son ultime création. Le premier groupe de
mineurs qui fut envoyé pour enquêter sur certaines rumeurs ne revint
jamais, ce qui conforta Thorgrim dans l’idée que quelque chose se
tramait. Alors même que la seconde expédition partait à la recherche
des disparus, des messagers se mirent en route pour les grandes
forteresses des Montagnes du Bord du Monde. En quelques jours, une
armée fut rassemblée au Col du Feu Noir. Elle comptait des guerriers de
Karaz-A-Karak, de Karak Kadrin et de Karak Him, et se mit en marche le
long de l’Ancienne Route des Nains au son des tors de guerre et d'un
millier de tambours.
Pendant que l’armée traversait les terres de
l'Empire, Thorgrim a eu vent des forces qui se rassemblent afin de
récupérer la couronne perdue. II a entendu parler de son ennemi juré,
Grimgor Boit' en Fer, et des dizaines de tribus de Gobelins des Forks
qui se sont ralliées à sa bannière. Le Haut Roi des nains a juré que la
couronne ne tomberait jamais entre les mains des peaux-vertes. On lui a
également rapporté que l'Empereur Karl Franz désire s'approprier ce
même objet. Il sait qu'il aura peut-être à affronter les hommes pour
récupérer l’héritage de sa race, et bien que cela l'emplisse de
chagrin, il n’hésitera pas à le faire pour atteindre son but.
Une
fois dans la Grande Forêt, Thorgrim a ordonné qu'un camp soit dressé
dans les Collines de Färlic. Le bruit des ingénieurs attelés à
l’érection de palissades bardées de fer s'est fait entendre à des
lieues à la ronde toute une journée. Au coucher du soleil, le pied de
la colline était entouré de pieux et d'un fossé, et les machines de
guerre étaient en position dans des emplacements fortifiés. Une fois
cet oppidum terminé, Thorgrim ordonna à des détachements de son armée
de parcourir la Grande Forêt afin de retrouver la Couronne du Destin, à
n'importe quel prix.
L’Empire
Karl
Franz s'est lancé dans une quête afin de capturer la Couronne du
Destin. Il est persuadé qu'un talisman aussi puissant peut être utilise
pour le bien de tous, et assoira l'autorité des princes du Reikland sur
le trône impérial.
Lorsque les rumeurs sur l'apparition d'une
relique de l'Age de Sigmar, si puissante que le Haut Roi Thorgrim
lui-même était parti à sa recherche, arrivèrent à la cour impériale,
l'Empereur envoya ses agents. Ces derniers lui apportèrent la réponse
qu’il attendait. Un jeune capitaine de la milice du Talabecland nomme
Weimar rapporta qu’il était venu en aide à un groupe de nains perdus
dans la Grande Foret. Ils étaient tombés dans une embuscade tendue par
une tribu de Gobelins des Forêts largement supérieure en nombre, et
avaient presque tous péri avant qu’il ne leur vienne en aide et que ses
troupes repoussent les peaux-vertes dans la Drakwald. Il ne put
apprendre que peu de chose de la part des survivants, qui se murèrent
dans un mutisme total quand ils furent questionnés, et refusèrent toute
autre assistance. La seule bribe d'information qu'il parvint à
apprendre provint des mots d'un nain dément : Couronne du Destin... Le
Grand Théogoniste et les historiens de l'Empire les plus réputés
découvrirent peu à peu la vérité, et mirent à jour une légende évoquant
une relique d'une puissance incommensurable qui aurait existé à
l’époque de Sigmar. L'empereur offrit son aide aux ambassadeurs du Haut
Roi afin de retrouver la fameuse couronne, mais ces derniers refusèrent
ne serait-ce que d'admettre son existence. Lorsque les demandes de
l'empereur se firent plus insistantes, ils quittèrent Altdorf à la
tombée de la nuit. Quand on évoquait en leur présence les rumeurs
concernant la Couronne du Destin, les artisans nains qui tiennent une
échoppe en Altdorf passaient du discours enjoué au mutisme complet. Le
silence dans lequel s'emmurent les nains a irrité l’empereur. Soit cet
artefact est d’une puissance incalculable, soit il est dangereux et
doit être détruit. Il a ordonné au Reiksmarshall de rassembler l’armée.
Si la couronne peut être utilisée, il faudra que les seigneurs sorciers
des Collèges de Magie maîtrisent son pouvoir et percent ses secrets. Si
la Couronne du Destin se trouve dans la forêt, l'Empire s'en emparera.
En
quelques semaines, une armée a été rassemblée dans les plaines
d'Altdorf. Kurt Helborg en a pris le commandement et l'a mené a travers
la Grande Forêt par la route de Talabheim. Chasseurs et escorteurs ont
été envoyés pour trouver un passage pour les régiments. Karl Franz
lui-même vole au-dessus des arbres sur le dos de Griffe Mortelle, son
griffon. Si la couronne est dans la forêt l'Empire s'en emparera.
Les Orques et les Gobelins
Les
rumeurs à propos de l'existence de la Couronne du Destin sont parvenues
jusqu’au camp de Grimgor, situé dans les Monts du Milieu. Il a ordonné
à ses guerriers de la retrouver, persuadé que les plus grands héros
viendront l'affronter s'il s'en emparait.
Cela faisait déjà
plusieurs jours que Grimgor Boit' en Fer était d'une humeur massacrante
quand il eut vent de la Couronne du Destin. En effet, il désespérait -
si tant est qu'un orque puisse ressentir une telle émotion - de trouver
un adversaire digne de lui. II avait déjà défié et tué tous ses
subalternes qui avaient osé le regarder de travers, sans en trouver un
seul qui lui arrive à la cheville. Entre deux accès de violence
aveugle, il avait parcouru les montagnes à la recherche des antres des
monstres les plus redoutables du Vieux Monde. Mais aucune chimère ni
aucune manticore ne lui offraient plus qu’une brève distraction. Les
carcasses de ses proies servaient surtout à nourrir sa horde pendant
plusieurs jours. C'est alors qu’un Gobelin des Forêts arriva dans le
camp en hurlant d'une voix de crécelle à propos d’événements survenant
au sud. Grimgor n’était pas d'humeur à supporter ses cris et ordonna
qu'on le fasse taire. Quelques heures plus tard, un autre gobelin à la
voix un peu moins haut perchée pénétra dans le camp, et parvint ainsi à
éviter de subir le sort de son prédécesseur. Il rapporta dans son
vocabulaire simple mais expressif que des choses se tramaient au plus
profond de la Grande Foret. Les armées des hommes et des nains étaient
à la recherche du "caks le pluss gros, le pluss brillant et le pluss
mieux" qu'on ait jamais vu. On disait que son porteur deviendrait "le
pluss balez' de sa race", et que tout le monde voudrait venir lui
"kasser sa chetron." Cette histoire a fait son bonhomme de chemin dans
le cerveau étroit et déprimé de Grimgor. Il a imaginé que s'il
parvenait s'emparer de la couronne, les ennemis du monde entier
viendront à lui pour tenter de la lui ravir. Il se moque éperdument des
pouvoirs de cet objet, car il n'en a nul besoin. Tout ce qui lui
importe, c'est que la couronne lui amène sans cesse de nouveaux
adversaires. Grimgor a envoyé des messagers auprès de toutes les tribus
de la forêt afin qu'elles se lancent a Ia recherche de la couronne. En
quelques jours, des gobelins sur araignée ont grouillé dans les bois,
et des tribus aussi éloignées que celles des Montagnes du Bord du Monde
ont migré vers la Grande Forêt. Leurs chefs sont déterminés à retrouver
la couronne pour la ramener à Grimgor. Si cela devait se produire, son
règne de terreur sera alors sans fin...
Les autres camps impliqués La
campagne concerne principalement les trois armées citées précédemment,
mais pour faire bonne mesure et inclure tous les joueurs, les auteurs
donnent quelques raisons pour impliquer d’autres armées : - Les
elfes sylvains : La Prophétesse Naieth évoque le retour de
l’homme-bête Morghur dans la Grande Forêt. La carte indique des
zones propices aux elfes sylvains (notamment « La clairière des
fées » qui est sans doute une porte pour les Racines du monde) -
Les Bretonniens : La fuite de quelques tribus de gobelins jusqu’en
Bretonnie conduit curieusement le roi Louen à penser que l’Empire est
défaillant et autorise ses barons « à offrir leur protection aux
villes de l’Empire désireuses de jurer allégeance à un seigneur qui
saura leur apporter une forme de gouvernement plus stable et une
défense plus solide [..] que celles offertes par l’Empereur Karl
Franz ». On n’a pas trace de cité impériale qui avait changé de
drapeau durant cette période. - Les Comtes Vampires : Le vampire
Waldakir Rahtep, installé dans le coin, pense que l’Empire en a après
lui. Il part en Sylvanie, monte une armée, et attaque le Stirland. -
Les Skavens : Grâce à ses espions, le Conseil des Treize est au
courant de ce qui se trame toutefois, il n’a pas d’effectif suffisant
dans le coin pour lancer immédiatement des assauts frontaux. Il
rassemble toutefois des troupes. - Les Bêtes du Chaos :
L'homme-bête Morghur est de retour. Il bat l'armée du Middenland à
la Bataille du Bouclier Fendu et l'Est de la Drakwald est abandonné aux
Hommes-bêtes. - Les Hordes du Chaos : Les devins des peuples du
nord cherchent la trace du puissant artefact apparu au sud. Quelques
bandes partent pour la guerre en attaquant les villes côtières ou
tentent de remonter les fleuves. - Les Hauts elfes : Le roi
Phénix est mis au courant de l’existence de la couronne. Teclis a
l’ordre de patrouiller dans la Mer des Griffes (entre la Norsca et
l’Empire) pour couler tous les navires elfes noirs ou nordiques.
Korhil, le capitaine des Lions Blancs, est envoyé traquer les peaux
vertes et Caradryan, les morts-vivants. Eux aussi utilisent
certainement les Racines du Monde pour se déplacer. - Les Elfes noirs : Les elfes noirs visent plutôt les villes côtières qu’ils présument moins défendues. -
Les Ogres : Les Ogres sont présents comme mercenaires, mais
certains peuvent se battre pour leur propre compte ou du roi Graissus
Dents d’Or. - Les hommes-lézards : Les Slanns de Lustrie n’agissent pas directement, mais tentent de favoriser les nains. -
Les Rois des Tombes : Les Rois de Khemri -dont Settra - ignorent
de quoi il s’agit et se mobilisent toutefois pour attaquer les cités
côtières du Vieux Monde. |

LES BATAILLES
Trois batailles de cette campagne sont connues.
Le Conseil de guerre ou la bataille des Bosquets de Taal
La
recherche de la couronne a débuté depuis quelques jours, et l'Empereur
Karl Franz a mené une armée dans la Grande Forêt. Il a installé son
campement autour d'un petit relais routier fortifié, le temps que les
forces du Talabecland le rejoignent. Ce soir-là, l'Empereur tient un
conseil de guerre dans l'auberge… Au moment où l'Empereur rencontre ses
généraux pour mettre une stratégie sur pied, les hommes-bêtes se lancent à l'assaut du relais pour repousser
ces envahisseurs et offrir leurs cadavres en offrande aux dieux
sombres. La bataille qui s'ensuit est terrible, et les gardes
personnels de l'empereur donnent leur vie pour sauver leur seigneur.
Cet affrontement auquel on donnera le nom de Bataille des Bosquets de
Taal coûte cher à l'Empire, même s'il se solde par une victoire de
celui-ci.
Les morts sans repos
Après
avoir rassemble les throngs de trois des plus grandes forteresses
naines et d'autres plus petites, Thorgrim quitta les Montagnes du Bord
du Monde pour marcher sur l'Empire, bien décidé à empêcher la Rune des
Ages de tomber en de mauvaises mains. L’armée de Thorgrim suivit la
Vieille Route des Nains avant de franchir le Talabec pour atteindre les
Collines Hurlantes, passant le long de son chemin sur de nombreux sites
où les morts reposaient à grand-peine. Les nains venaient de rejoindre
les Collines Hurlantes, emplacement supposé de l’œuvre maîtresse
d'Alaric, lorsqu'ils furent attaqués. En effet, alors qu'ils
atteignaient les contreforts des collines, les morts-vivants surgirent
des tertres qui parsemaient la région, comme si une force implacable
les avait tirés de leur long sommeil pour barrer la route à Thorgrim.
Le roi nain et les siens se battirent avec férocité, fonçant à travers
les rangs des morts-vivants pour se rapprocher des mines perdues de
Khrazi Drudd.
Du sang sous les branches
Ces
forces de Grimgor s’étaient séparées pour retrouver la Couronne du
Destin. Dans leur désir frénétique de satisfaire leur maître brutal,
les peaux-vertes retournaient toutes les pierres et attaquaient tous
ceux qui se trouvaient sur leur chemin. En plusieurs occasions, Grimgor
en personne participa aux recherches, et sa présence décuplait l'ardeur
des orques comme des gobelins. En outre, a sa grande satisfaction, de
nombreux ennemis venaient alors le défier.
C'est ainsi que les
fouilles des orques furent interrompues par les elfes sylvains qui,
furieux de voir les peaux-vertes mettre a sac les clairières
verdoyantes de la Grande Forêt, fondirent sur les envahisseurs afin de
les chasser de ce royaume qu'ils considéraient comme le leur. Les elfes
mirent rapidement en fuite la force de Grimgor, mais ils furent
finalement défaits au terme de sanglants corps à corps par le chef de
guerre et ses gardes du corps orques noirs, ce qui eut le mérite de
divertir Grimgor pour un temps.
La bataille finale
La
conclusion de la campagne ci-dessous décrit la bataille finale. Il
s'agit d'une bataille opposant les Orques et les Gobelins dirigés par
Grimgor à une alliance des nains et des Impériaux dirigés par Thorgrim
et Karl Franz. La particularité de cette bataille est que la magie y
est absente (en tout cas celle des lanceurs de sorts). Une grosse
unité de gobelins complètement déments pourrait être un plus. |
CONCLUSION DE LA CAMPAGNE [nemesis.games-workshop.com, traduction Patatovitch]
Un
silence de tombe descendit sur la Grande Forêt, l'air devint oppressant
et le soleil pénétrait à peine la canopée. La couronne Nemesis avait
été retrouvée.
Le Haut roi Thorgrim le Rancunier avait engagé
tous ses guerriers pour traquer les Peaux-vertes que l'on pensait être
en possession de la couronne. Ce fut Joseph Bugman et ses rangers qui
localisèrent finalement les viles créatures et qui le firent savoir au
roi. A l'orée de la forêt, à l'ombre des Collines Hurlantes, les
rangers avaient enfin trouvé leur proie.
Ce que les rangers
découvrirent étonna même leurs cœurs endurcis. Les gobelins
s’entre-tuaient et la couronne passait d'une créature à l'autre. Chaque
fois qu'un gobelin mettait la couronne, une aura de malveillance aussi
vieille que sa race se posait sur lui, comme si le porteur canalisait
le mal de chaque gobelin qui avait jamais vécu, et tout ce qui ferait
jamais. Le gobelin devenu fou poussait un cri effrayant avant de se
retourner contre les siens.
Les rangers découvraient une scène de
mort et de destruction totale, mais leur chef revint à ses sens et
envoya un coureur informer Thorgrim. En quelques heures, les nains
avaient bouclé la zone dans laquelle les Gobelins se battaient, et les
premières unités de l’ost de Thorgrim étaient arrivées pour renforcer
leur ligne. Le Haut roi Thorgrim lui-même arriva au moment du coucher
du soleil. Le bruit des gobelins qui s’entre-tuaient résonnait encore à
travers les bois,
Alors que les Nains s'approchaient de la
Couronne de la vengeance, les fils de Bretonnie poursuivaient leurs
ennemis à travers les collines et les vallons. Les preux chevaliers
avaient récolté beaucoup de gloire au nom de la Dame, et leurs actions
avaient, selon beaucoup, sauvé l'Empire d'une invasion par les
innombrables créatures maléfiques attirées dans la région par la
Couronne. Les armées maléfiques qui s'aventuraient sur le Massif des
Dracs, le Rauberthal ou les Collines Désolées furent engagées sans
pitié et repoussées dans les forêts ou vers les routes. En ce dernier
jour, si l’encerclement des Nains fut efficace, le mérite en revient
largement aux chevaliers bretonniens qui tinrent à distance les
ennemis. Un des plus grands héros de Bretonnie tomba ce jour-là. Sire
Beoveld donna sa vie pour que les forces de la non-vie soient retenues
de la Grande Forêt.
Les armées qui fuyaient les Bretonniens étaient
le plus souvent poussées dans les embuscades des Elfes sylvains. Les
Asrai, dirigés par Naith la Prophétesse et le célèbre Skarloc,
lancèrent un dernier assaut sur leurs ennemis qui s’infiltraient dans
les bois. À l'aube, Naith ordonna que les bois soient vidés une fois
pour toutes des hommes-bêtes et des peaux-verts tant détestés. Alors
que le soleil se couchait, la forêt était encore remplie du bruit des
combats.
Alors que les armées de Thorgrim encerclaient les Gobelins,
les Hauts Elfes étaient également en mouvement. Grâce à des envoyés à
la cour de Thorgrim, ils coordonnèrent leurs efforts avec ceux des
Nains. En utilisant les voies navigables, les Hauts Elfes purent
frapper les Peaux-Vertes là où les Nains ne le pouvaient pas. Les Elfes
étaient motivés par leur désir de débarrasser le monde de la Couronne
maléfique, mais même pendant leurs charges de cavalerie, certains de
leurs chefs regardaient déjà l'avenir. Ils espéreraient que l’aide
apportée aux nains dans la recherche de cette couronne pourrait leur
donner des arguments pour le retour d’une autre couronne : celle
des rois Phénix.
Les Hommes de l'Empire se mobilisèrent. Karl Franz
ordonna aux ordres de chevaliers de contrôler les routes. Dirigées par
les forestiers les plus expérimentés du Talabecland, les armées de
l'Empire allaient là où peu osaient aller. Les sorciers de tous les
collèges marchaient à leurs côtés, utilisant leurs arts pour pister la
couronne. Les Peaux-Vertes et les Hommes-Bêtes étaient pris entre
l'enclume immobile de la ligne des Nains, le marteau mobile des
Bretonniens dans les collines, les Elfes sylvains dans les profondeurs
de la forêt, les Hauts Elfes sur les voies navigables et les forces de
l'Empire sur les routes. Karl Franz, monté sur son griffon mena
lui-même les attaques. Partout dans la région, les généraux de
l'empereur frappaient depuis les routes vers les forêts pour traquer
des créatures maléfiques.
Alors même que les nains et leurs
alliés se mobilisaient pour leur dernier assaut, le vampire Waldikir
s'agitait. Au coucher du soleil, il savait que la fin était proche. Ses
armées avaient été gonflées au-delà de l'imagination par les morts de
ceux qu'il avait vaincus. Ses hordes de zombies maintenant assez
grandes pour rivaliser avec celles de Sylvanie. L'ancien vampire se
rappelait les complots que ses subalternes avaient élaborés pour ruiner
ses plans à leur propre avantage. Ils paieraient, se promit Waldikir.
Il rassemblerait son ost de morts-vivants cette nuit même et marcherait
sur la Sylvanie. Une fois sur place, il affronterait les vampires qui
l'avaient trahi et les massacrerait un par un. Alors que Morrslieb
s'élevait au-dessus de la Grande Forêt, les gloussements rauques de
Waldikir Rahtep s’ajoutèrent à la clameur de la guerre.
Pour les
Skavens, la soudaine accalmie dans les vents de la magie fut si
terrifiante qu'elle provoqua immédiatement une panique généralisée dans
leurs rangs. Les Prophètes gris hurlèrent d'horreur, car ils savaient
au plus profond de leur cœur putride qu'eux-mêmes et toute leur race
n'avaient pas de place dans ce monde. Malgré leur verni de
civilisation, les Skavens n'étaient guère plus que des animaux et
retournèrent à leur vraie nature. Les Skavens désertèrent la région.
Alors même qu'ils fuyaient avec leurs armées, les Prophètes gris
savaient que la couronne était perdue pour eux, mais seulement pour un
temps. Ils savaient que si les Nains récupéraient la couronne, ils
l'enterreraient profondément sous leurs montagnes et il n'y avait pas
de trou assez profond dans le monde pour empêcher les Skavens d'y
entrer.
Alors que les guerriers de Thorgrim se rapprochaient de leur
ennemi sous la lumière terne de la lune du Chaos, leurs cœurs
étaient inconscients des cauchemars éveillés qui affligeaient tant de
guerriers des autres races. A Altdorf, le ciel nocturne fut éclairé par
des boules de feu aveuglantes et des explosions incandescentes alors
qu'une bataille entre des ennemis invisibles éclatait. Bien que
personne ne puissent les voir, des armées de morts-vivants étaient
venues récupérer ce qui était leur et seuls les collèges de magie
pouvaient les combattre. Les sorciers se battirent alors que la nuit
avançait et un grand nombre d'entre eux tombèrent, desséchés, sous les
sorts et les malédictions d'un ennemi invisible. Personne ne sut
exactement quelles armées avaient assiégé Altdorf cette nuit-là, car il
ne resta aucun cadavre pour raconter l'histoire. Seuls les sorciers
eux-mêmes savaient à quel point la ville fut proche du désastre entre
les mains ratatinées des rois des tombes de Khemri.
Dans la Grande
Forêt, les Ogres beuglaient et rugissaient, sachant que leur séjour
dans l'Empire était terminé. Graissus Dent d’or lui-même fit savoir aux
tribus, combattant à la fois comme mercenaires et pour leur propre
profit, qu'elles devaient retourner à l'est. Le pillage était médiocre,
déclara-t-il, et ils pourraient toujours piller des villages de
l'Empire sur la route des Montagnes de Larmes. Tournant le dos à la
forêt maudite et au silence contre nature qui la hantait, les Ogres
prirent leur maigre butin et partirent. Un grand nombre de villages et
de villes subiraient leurs prédations avant qu’ils ne quittent l'Empire.
Alors
que minuit approchait, les événements s’accélèrent à nouveau. Karl
Franz rejoignit les nains qui encerclaient les gobelins combattant pour
la couronne. Karl Franz et Thorgrim se saluèrent comme d’anciens
alliés, chacun prenant l'avant-bras de l'autre. Mais ils n'eurent pas
le temps d'échanger davantage de mots, car une grande clameur monta
dans les bois au nord. Quelques instants plus tard, un ranger haletant
émergea pour informer son roi que Grimgor lui-même conduisait une
puissante horde de Peaux-vertes directement vers leurs lignes. Thorgrim
vit immédiatement ce qu'il fallait faire et expliqua son plan à
l'Empereur. Les Nains, déclara-t-il, devaient se rapprocher des
Gobelins et prendre la Couronne de la vengeance, tandis que les armées
de l'Empire retiendraient les hordes de Peaux Vertes. Un moment de
silence tendu suivit les paroles du Haut Roi. Luthor Huss s'avança pour
chuchoter un conseil à son seigneur. L'Empereur hocha gravement la
tête, sachant que Thorgrim avait raison. La couronne était venue au
monde par la folie d'un vieux nain et devait en être retiré par la
détermination d'un roi sage. L'Empereur et le Haut Roi échangèrent un
regard avant que chacun retourne à son armée pour le combat.
La
confrontation qui suivit sous la lumière blafarde de Morrslieb fut
aussi épique que n'importe quelle autre figurant dans les annales des
Hommes et des Nains. Bien que hantés par le silence surnaturel, les
guerriers de l'Empereur et ceux du Haut Roi combattirent comme les
héros d'autrefois, dirigés par leur seigneur. Karl Franz mena la charge
contre les Orques noirs de Grimgor. Témoignage de la finesse du travail
des nains, Ghal Maraz n'avait pas vu sa puissance diminuer malgré
l'accalmie dans les vents de la magie. D'autres eurent moins de
chance : les sorciers de l'Empire et les chamans des Peaux-Vertes
furent incapables d’apporter leur aide aux combattants. Les chamans de
Grimgor tentèrent en vain de faire appel au pouvoir de Mork, mais leurs
gémissements restèrent vains. Ghal Maraz prit un terrible tribut en
sang Orque lors de la première charge de la bataille.
Pendant ce
temps, les Nains faisait face à une scène du cauchemar alors qu'ils
pénétraient dans les rangs des Gobelins. Les Peaux-Vertes fous virent
les Nains s'approcher et se jetèrent sur eux avec un mépris apparent
pour leur propre vie. Malgré sa longue expérience, le Haut roi n'avait
jamais vu des gobelins se battre comme s'ils étaient possédés par des
démons. Ils arrivèrent sur les rangs des nains comme une marée, chaque
gobelin combattaient les siens tout au autant il griffait le mur de
bouclier nain avec des ongles dégoulinant de sang.
À travers ce
chaos, Thorgrim vit un gobelin porter un objet étrangement brillant. Il
voyait enfin la Couronne de vengeance. Pourtant, alors même que le
gobelin abaissait la couronne, un autre lui sauta dessus. La seconde
créature arracha l’objet et le cerveau du premier rejoint le sol avec
son prix. En mettant la couronne sur sa tête, la créature fut saisie de
spasmes surnaturels et s'éleva au-dessus du sol comme si elle était
maintenue en l'air par des ailes invisibles. Une vague de malveillance
submergea le champ de la bataille, le porteur de la Couronne en était
l’épicentre. Thorgrim savait qu’il devrait prendre la Couronne
maintenant sinon tout était perdu.
Pendant ce temps, l'armée de
l'empereur avait du mal à endiguer la marée verte toujours croissante
qui pressait ses lignes. Chaque homme savait que les orcs, les
gobelins, les trolls et les autres créatures qui les assaillaient
devaient être retenus pour que Thorgrim ait le temps d'accomplir sa
mission. Comme toujours, l'Empereur lui-même dirigeait du front, Ghal
Maraz écrasait tout ennemi qui se trouvait à portée, tandis que la voix
de Luthor Huss retentissait, exaltant les soldats à de plus grands
efforts au nom de Sigmar.
Thorgrim, depuis le haut de son trône du
pouvoir, arriva sur son ennemi. Il est apparu que le Gobelin était
devenu quelque chose de bien plus terrible qu'une simple Peau Verte.
Alors qu'il pendait dans les airs, regardant le massacre, ses yeux
rayonnaient de haine primitive pour Thorgrim et tous les siens, ainsi
que la malice distillée de toute sa race. Le Gobelin regarda Thorgrim
et un changement se produisit sur son visage. La peur ancestrale saisit
son âme lâche, la peur des gobelins de la race des nains et de tout
guerrier qui se bat pour l'honneur et le bien, et qui met de côté ses
propres désirs lorsqu'il est appelé à donner sa vie pour une cause plus
élevée.
Le gobelin poussa un cri déchirant alors que Thorgrim leva la hache de Grimnir.
L'empereur
fut presque assourdi par le son terrible, mais il serra les dents et
continua d’avancer alors que Grimgor lui-même se dirigeait vers lui.
Pourtant, la marée des peaux-vertes ralentit son avance. Elle perdit
son élan alors que le cri du gobelin se prolongeait. Karl Franz vit
Grimgor tenter d'intimider sa horde. Mais ils refusèrent tous. Comme un
seul corps, l'armée de Grimgor se retourna et s'enfuit. La peur raciale
archaïque de cette plainte saisit le cœur de chaque Peau-verte. Avec
les vents de magie absent, le pouvoir de la Waaagh! avait déserté les
guerriers de Grimgor et leur soif de guerre et de meurtre étaient
remplacée par la plus primale des émotions.
Thorgrim se cabra sur
son trône et abattit la Hache de Grimnir. Le gobelin hurlant fut coupé
en deux, son corps mutilé tombant au sol au milieu d'une pluie de sang.
Le charme était rompu.
Grimgor
se dressa comme un rocher immobile contre la marée refluante des
peaux-vertes en fuite. Bientôt, le seigneur de guerre orque se tint
seul parmi les morts, faisant face à toute l'armée de Karl Franz sous
la lumière de la Lune du Chaos. Le regard maussade de l'immense
seigneur de guerre parcourut les rangs rassemblés des Hommes, et
localisa l'empereur. Avec un geste de haine et de défi, Grimgor cracha
vers l'empereur. Avant que le crachat n'ait touché le sol, le seigneur
de guerre avait tourné le dos aux humains de l’Empire pour poursuivre
son armée.
Partout dans la Grande Forêt, les serviteurs des ténèbres
savaient que leur cause était perdue. Les Nains du Chaos, qui étaient
venus pour aider les Peaux-Vertes, commencèrent leur longue marche vers
l'est. Les chefs de guerre des nombreuses bandes de maraudeurs du Chaos
se retournèrent contre leurs sorciers. Leurs conseils ne leur avaient
apporté que d’amères défaites. Beaucoup de chamans furent abattus sur
place.
Les Elfes Noirs apprirent aussi cette nuit-là que leur
cause avait été perdue même si de nombreux esclaves pouvaient encore
être emmenés vers Naggaroth. Dans le silence des premières heures
précédant l'aube, un émissaire de Malekith vint à chaque noble avec une
terrible missive. Les Elfes Noirs n'avaient pas réussi à s'opposer à la
victoire des Hauts Elfes. Tous les fils de Naggaroth devaient retourner
à la cour du Roi Sorcier. Certains payeraient de leur vie l'échec de
tous. Les condamnés ignoreraient tout de leur sort jusqu’à ce qu'ils se
tiennent tous devant le Roi Sorcier.
Alors que l'aube éclairait les
frondaisons de la Grande Forêt, certains de ses habitants les plus
anciens lançaient des regards haineux vers les étoiles en déclin. Un
nouveau jour se levait et la chasse de la Couronne de la vengeance
était presque terminée. Morghur, le Maître des crânes, tourna le dos au
soleil et se précipita dans l'obscurité des bois. Ses enfants avaient
été vaincus et leur soulèvement avaient échoué. Mais ce nouveau jour
passerait et la nuit reviendrait, comme toujours. La vie et la lumière
étaient des choses éphémères, tandis que la mort et le Chaos étaient
éternels.
La couronne de la Vengeance fut donc rendue aux nains et
refusée aux forces des ténèbres. Une seule tâche restait encore à
accomplir…
L’héritage d’Alaric
La
salle du trône de Thorgrim était silencieuse. Il n'y avait rien de
l'agitation habituelle du Conseil du Roi, pas de brouhaha de
pétitionnaires, pas de Maîtres des rancunes scandalisés ou d'envoyés
étrangers farfelus. Les grandes lanternes étoilées projetaient leur
éclat magique sur des dalles vides. Les portes étaient scellées, et
même les passages secrets connus seulement de Thorgrim et de la Guilde
des Ingénieurs avaient été fermés pour l'occasion.
Sur l'estrade se
tenaient huit nains, et au milieu d'eux, Thorgrim était assis sur son
trône. Quatre d'entre eux, les porteurs du trône, se tenaient dans
l'ombre au fond de la salle. Leurs visages étaient figés et ne
trahissait aucune émotion. Ils avaient les expressions de
professionnels désintéressés ; ces nains avaient beaucoup entendu mais
qui avaient choisi de ne se souvenir de rien.
Kurgrund, le Maître
des rancunes de Karaz-a-Karak, fit avancer un poney robuste. Des
œillères dorées couvraient ses yeux et sur son dos, sur un cadre de fer
noir, reposait le Dammaz Kron, le Grand Livre des Rancunes. Kurgrund
détacha les lourdes chaînes en or qui maintenaient le livre en place.
Il prit l'énorme livre, émit un grognement alors que son dos supportait
la tension. D'un pas chancelant, le Maître des rancunes se dirigea vers
le trône. La salle résonna avec un bruit sourd alors que le livre
heurta son lutrin.
Thorgrim haussa un sourcil d'agacement, et
Kurgrund recula rapidement sous le regard sombre de son roi. Avec
respect, Thorgrim passa une main sur la couverture fissurée du Dammaz
Kron, le caressant pendant un moment. Une expression de satisfaction
passa sur le visage du Haut Roi. Il caressa sa barbe de son autre main
et secoua les fermoirs dorés. Kurgrund eut une toux polie et Thorgrim
sortit de sa rêverie. Le roi de Karaz-a-Karak s'éclaircit la gorge et
fit un geste vers le Maître des rancunes. Tandis que Thorgrim ouvrait
le Dammaz Kron, Kurgrund retourna vers le poney et y prit une petite
pochette. De la pochette, il sortit un encrier en argent vide, un
couteau pliant et une plume d’écriture. Il les plaça sur le lutrin à
côté du Livre des rancunes.
Thorgrim trouva la page qu'il cherchait.
C'était une vieille rancune, mais pas la plus ancienne, à mi-chemin du
livre. Prenant le couteau, Thorgrim piqua son pouce gauche. Il laissa
couler plusieurs gouttes de sang dans l’encier et tendit le couteau à
Kurgrund. Prenant la plume d'écriture, il trempa sa pointe dans le
sang. Le fruit de la folie d'Alaric avait été retrouvé ; il pouvait
rayer cette histoire de la culpabilité collective des Nains. La main de
Thorgrim ne trembla que légèrement alors qu'il raya la ligne. C'était
fait.
Les autres nains présents poussèrent un soupir de soulagement. Alors que Kurgrund rangeait le livre, le Thane Forstik s'avança.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Thorgrim en suçant la coupure de son pouce.
« Et l'émissaire elfe, mon roi ? » demanda Forstik.
« Ah,
c'est vrai. » dit Thorgrim, en se redressant sur son trône et
prenant une pose plus royale. « Nous le laisserons profiter du confort
de nos caves les plus profondes pendant un peu plus longtemps. Inutile
de le renvoyer pour l'instant ; au moins, nous pouvons lui donner un
repas décent et une tasse de bière pour ses ennuis. »
« Alors,
votre réponse à leur demande de discuter de la Couronne Phénix ? »
C'était de Bruduth, le plus ancien des Longues barbes du Conseil.
Le long regard pénétrant de Thorgrim en disait long.
« Bien, j'ai pensé que ça pourrait être comme ça, » dit Bruduth, une rare note d'approbation dans son ton.
« Eh bien, c'est réglé alors, » déclara Forstik.
Le groupe commença à s'éloigner vers les marches de l'estrade, quand la voix grondante de Thorgrim les arrêta à mi-chemin.
« Attendez ! »
Les vieux nains se statufièrent et firent face à leur roi.
« La clé ? » demanda doucement Thorgrim. « Où est-elle ? »
Le
maître de la chambre forte Ganni Barbecuivrée sourit nerveusement et
tira la chaîne dorée autour de son cou. Une clé d'argent complexe y
était suspendue, scintillante de runes minuscules. Le maître présenta
la clé au roi, même si sa main se recula instinctivement un moment
alors que Thorgrim attendait.
« Ganni, donne-moi la clé, » la voix de Thorgrim était plate et ferme, paternelle plutôt qu'énervée.
Le maître donna la clé avec un soupir.
« Peut-être
qu’elle devrait être détruite, » suggéra Bruduth. « Ses tentations
auraient disparu et la connaissance de l'emplacement de la chose
maudite disparaîtrait avec nous. »
« Non, il ne faut pas faire
disparaître tout souvenir de cette chose," dit Thorgrim. « Nous avons
oublié une fois, et une grande calamité a failli résulter de notre
manque de diligence. Non, le Haut Roi s'en souviendra toujours. »
« Mais l'attrait…» dit Bruduth.
« Il
pourrait arriver qu’un jour nous possédions les moyens de détruire
complètement la couronne. Cette clé sera nécessaire si cela se produit.
»
« Seigneur… »
« Assez ! » rugit Thorgrim,
et les autres nains tressaillirent comme s'ils avaient été frappés. Le
Haut Roi prit une profonde inspiration, puis sourit sinistrement.
« J'ai pris ma décision. Mon successeur pourra en décider
autrement, comme ce sera son droit. Jusque-là, cette clé fait partie de
mon héritage. N’en parlez plus. Souvenez-vous de vos serments! »
Disant cela, Thorgrim glissa la clé dans sa tunique, dans l'une des poches secrètes que les Nains ont pour de telles choses.
* * *