2390 CI
De l'Idole de de Gork
Merci à Rincevent
La date des événements décrits ici est indiquée dans le WDF60 (p53) : 2390 CI. La campagne est jouée ici.
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LA GUERRE AU-DELA DES MONTAGNES
En des temps reculés, durant lune des rares époques de lhistoire humaine pendant lesquelles les comtes de lEmpire ne sont pas occupés à guerroyer pour protéger leurs vies et leurs terres, les nobles de ce pays jetèrent des regards de convoitise sur les verdoyantes et fertiles vallées qui sétendaient au sud de lEmpire, enchâssées entre les Montagnes Noires, le Col du Feu Noir et la Rivière Sanglante.
Au fil des années, on tenta plusieurs fois de coloniser cette région et de la revendiquer au nom et pour la gloire du peuple de lEmpire. La découverte de riches filons dor dans la Rivière Aveugle et labondance de gemmes précieuses que recelaient les contreforts des Montagnes du Bord du Monde incitèrent de nombreux aventuriers à défier les mille périls dune expédition vers le sud avec lespoir dy trouver renommée et prospérité.
Ceux dont les ambitions étaient plus simples et plus humbles eurent la tentation de quitter lempire, rêvant dune vie nouvelle à mettre en valeur ces vallées fécondes protégées par les Montagnes Noires. Les seigneurs de ces futurs colonisateurs se dotèrent du titre de Princes Frontaliers. Avec le temps, ils se considérèrent comme les seigneurs à part entière dun royaume qui ourlait la frontière sud de lEmpire.
Le duché de Wissenland, lun parmi les nombreux duchés qui jalonnaient lEmpire, se trouvait sous la férule du comte Wilhelm de Wissenland. Rutgar, benjamin de ses fils, savait dès son plus jeune âge que son frère aîné succèderait à son père et gouvernerait le Wissenland. Cette situation ne laffecta guère, et dailleurs, comme tout noble bien né de lEmpire, il avait été élevé dans le respect du droit et de lordre. Rutgar nétait pas de ceux qui fomentent des rébellions par jalousie et cette idée naurait pas même effleuré son âme. Il prit donc la sage décision de devenir le bras droit de son frère en prévision de sa succession, en même temps quil exercerait lart de la guerre et accomplirait des actes dun héroïsme hors du commun et dont lhonneur, cette poésie du devoir, rejaillirait sur sa noble lignée.
La noblesse et la droiture de Rutgar devaient avoir été reconnues par le dieu Sigmar car une prodigieuse opportunité soffrit soudainement à lui. Cétait lun de ces cadeaux du destin, qui, sil lacceptait, lui promettait la meilleure place dans les légendes aux côtés des plus braves et des plus nobles de lEmpire. Un envoyé arriva un jour à la cour du Wissenland. Dès quil eût entendu les nouvelles quapportait ce messager venu des dangereuses et lointaines Principautés Frontalières, le vieux comte convoqua Rutgar céans et lui rapporta limportant événement.
Un vieux compagnon du comte, le Margrave Frederik avait guerroyé contre les Orques sur lesquels il avait enfin remporté la victoire ; Il avait conquis de vastes territoires et était actuellement en quête de vaillants guerriers qui soient en mesure de laider à veiller à leur sécurité. Les implications futures étaient claires car cette contrée lointaine prodiguerait à Rutgar la fortune dun domaine qui lui serait destiné, à lui et au peuple de son père. Il deviendrait ainsi et de plein droit lun des Princes Frontaliers.
Rutgar était un jeune homme brave et aventureux et il ne tergiversa pas longtemps pour savoir sil devait ou non saisir lopportunité que le sort lui avait dévolue ou que le grand Dieu Sigmar avait daigné lui accorder. Le jeune noble savait quil devait accepter ce cadeau, que ce soit ou non un don du ciel. Après avoir entendu le consentement enthousiaste de Rutgar, le vieux comte, enchanté, permit à son plus jeune fils de lever sur le champ une armée qui lescorterait tout au long de ce périlleux voyage par voie de terre jusquà son nouveau domaine.
Le jeune noble trouva de nombreux volontaires exaltés et expérimentés parmi les soldats et le petit peuple du Wissenland. Plusieurs régiments furent bientôt réunis et constituèrent larmée de Rutgar, à laquelle se joignirent quelques maîtres et compagnons maçons qui devaient construire sur place un château. Le jeune homme attira en outre sous sa bannière beaucoup de pauvres gens, de marchands et de paysans, prêts à relever le défi de transformer les régions arides en des champs fertiles et de construire des villes prospères dans cette nouvelle et lointaine contrée.
A la tête de sa grande cohorte, Rutgar avait lintention de traverser le Col du Feu Noir, puis datteindre la région connue sous le nom de Principautés Frontalières en moins dun mois. Là, il rencontrerait son bienfaiteur Frederik qui lui désignerait son nouveau royaume.
Rutgar jeta un dernier regard vers lendroit qui avait bercé son enfance, puis, après avoir salué comme il se doit on noble père, tourna bride et sen alla à la rencontre de sa destinée.
Sous un soleil étincelant, le peuple massé dans les rues agita les mains en signe dadieux puis laissa la grande colonne disparaître lentement vers lhorizon.
RUTGAR DE WISSENLAND
Lun
de ces valeureux explorateurs, Rutgar, dernier né du Comte
Wilhelm de Wissenland, et les luttes quil mena pour
établir un royaume de plein droit sur des terres où
grouillaient des orques, sont au cur de notre histoire. Cette
saga nous est parvenue grâce à deux chroniques
rapportant les efforts de Rutgar selon le point de vue des humains.
La première saga expose les événements
tirés des récits dAlbrecht le Fou, un sage dont
lintérêt premier fut de tenir la chronique de
lhistoire du Collège Flamboyant et dont les travaux
furent rédigé avec lintention de sinsinuer
dans les faveurs de son protecteur Radabald Têterouge, qui
était à cette époque le maître du
collège.
La seconde source qui nous soit parvenue et nous contant lodyssée de Rutgar est beaucoup plus longue et infiniment plus substantielle puisque cette chronique est en trente-huit volumes. « De la très belle et très honorifique Histoire de lEmpire », titre de cet ouvrage dont Ludwig le Vénérable est lauteur, rapporte un grand nombre de campagnes. Ludwig naquit quelques cent ans après que ces événements se soient déroulés, mais il eut ce souci méticuleux de rassembler les témoignages les plus anciens des voyageurs, et il est même fort probable quil ait tenu entre ses mains les journaux et les propres carnets de bord de Rutgar, ainsi que dautres documents importants qui furent ensuite brûlés lors de lincendie du Jour des Fous dAltdorf en lannée 41.
A labri du vent, plantée entre deux monticules eux-mêmes perdus au plus profond de ces contrées appelées les Principautés Frontalières, une misérable tente en peau de troll protégeait son occupant des volutes de poussière qui tourbillonnaient au dehors. Caché à lintérieur et juché sur un tabouret en fer ouvragé dans le style typique de ces contrées infernales, Grotfang Skab, puissant seigneur de la tribu orque des Griffes de Fer, broyait du noir en envisageant la triste destinée de son peuple. Dans un épais bruissement de toile, la tenture en lambeaux claqua et laissa apparaître son second, linsolite chamane gobelin Oddgit qui, par cette entrée inopinée, dérangea son chef dans ses pensées mélancoliques.
« Kess tu veux, Oddgit, tu vois don pas ke jpense ? » grogna Grotfang en curant à laide dune griffe pointue et crasseuse un bout de viande filandreuse insinué entre deux de ses chicots.
« Kout don chef, » dit le chamane avec un sourire doucereux, « jai pas mal kogité, et cest kjai un plan super génial. »
« Cé juste ske jai bzoin, un aut de tes fichu plans. » Grotfang émit un grognement sarcastique dont le manque denthousiasme nétait absolument pas dissimulé.
« Ouais, ouais, mais kout don, sé lbon, chef, sûr ksé lbon ! Jlai vu dans les os, et chsai ki mentent jamé. » Oddgit fit un signe cabalistique de ses doigts comme pour repousser une influence maléfique. En tant que chamane expérimenté, il connaissait bien la nature arbitraire et dangereuse des divinations par les os.
« Cé ksi les os tlont dit, ça srait bien ktu mle dises alors, » répliqua Grotfang, lintérêt subitement éveillé. Des histoires sinistres couraient sur les os, mais nul chef orque ne saurait ignorer leurs oracles, aussi insensés et incohérents quils soient.
« Ouais, chef, jvais vous ldire, pour sûr. Raplez-vous chef, raplez-vous don. Eske vous vous raplez kand ces zoms stupides avec leurs briyantes armures, kavaient osé faire essploser la fortresse à coups dkanons et kont essterminé tes gobbos juskau dernier, et kont mis en morceaux »
« Tarrête aveksa ! » hurla Grotfang en saisissant brusquement le chamane par le col de son horrible guenille grouillante de vermine, et le secouant si fort que de petites bêtes tombèrent des plis crasseux du vêtement pour séparpiller aussitôt dans lobscurité des recoins de la tente.
« Ok, ok, chef, mkognez pas chef, jvous raplais juste, chef, ky zont jamé trouvé skest kaché là et ki doit encore y être ! »
« Koi kaché ? » Grotfang bouillait dimpatience, il laissa retomber sans ménagement le chamane sur le sol.
« Ouais, kout don. Cé la Kouronne de Gork, chef, la Kouronne de Gork kest dune force inkroyabe et kétait plankée sous la grande pierre des idoles dla tribu depuis des temps immé Imméma Immimo depuis dsakrées fichues zannées ! »
« Jamé entendu kosé dsa, hé, grossak ! » répliqua Grotfang. « Tu frais mieux dpas mfair perde mon temps ou bien jmen vais tfaire skogner les rotules, pauv naz ! »
« Jamé jozerai, chef, jveux dire, és ke jozerai ? » Le chamane crachouilla en arborant un sourire dont un crocodile neut pas été peu fier, comme sil sempressait dapaiser le chef avant quil ne se mette vraiment en colère. « Maintnant kout don, cte Kouronne de Gork ka une force inkroyabe cê une relik kles vieux chamanes y zont mis sous lidole juste komsa au ka où ce srait utile pour sauver la tribu. Kand tu lauras, tu pourras avoir toute la magie kosto ky a ddans pour tuer les zoms et pour kla tribu soit aussi balaize quotfois ! »
Ces paroles tombèrent finalement dans le vide caverneux de Grotfang et y répandirent leur suc. Clignant des yeux en direction du chamane et ignorant les glapissements anticipés que celui-ci laissa échapper, il gratta sa mâchoire anguleuse dune main décharnée et noueuse. « Tu sais, jte parie ke si jpouvais met la patte sur cte Kouronne, jpourrais avoir toute la grosse magie kosto ky a ddans pour tuer les zoms et pour kla tribu soit aussi balaize quotfois ! » Grotfang empoigna par la gorge le chamane recroquevillé et léleva à hauteur de ses yeux. « Ok, jla veux ! Y mla faut ! Jveux absolument lavoir ! » beugla-t-il. « MAINTNANT ! »
GROTFANG DES GRIFFES DE FER
En
ce qui concerne le principal adversaire de Rutgar de Wissenland,
cest-à-dire le seigneur Grotfang de la tribu des Griffes
de Fer, nous sommes en possession des documents impériaux qui
rapportent ses faits et gestes, et aussi dun puissant chant de
guerre orque, matériau utile pour comprendre ses
motivations.
Nous savons déjà que Grotfang mena une longue guerre contre le Margrave Frederik, les armées de ce dernier ayant réussi à éloigner les orques de leur forteresse non loin de lIdole de Gork. Les orques battirent en retraite pour rassembler leurs forces et contre-attaquer. Au même moment, Rutgar arriva pour assurer la mainmise sur les territoires récemment laissés vacants par les orques.
UNE CONTREE TRES DISPUTÉE
Rutgar découvrit la vieille forteresse orque qui était auparavant tombée aux mains du Margrave Frederik et totalement détruite par le feu.
Reconnaissant en cette place forte une idéale position défensive dans cette plaine par ailleurs ouverte et très vulnérable, Rutgar entreprit de reconstruire les ruines pour son usage personnel. Il était évident que les orques, qui, à la suite de leur défaite, surveillaient le site de leur ancienne place forte, ne perdaient pas une miette des manuvres de Rutgar. En fait, à linsu des hommes trop occupés à établir leur nouvelle colonie au milieu des ruines de lIdole de Gork, leur présence allait apporter le courroux des Griffes de Fer sur les envahisseurs.
Cest ainsi que furent semés les ferments dune guerre qui fut courte mais sanglante entre les colons et les orques de la tribu des Griffes de Fer, une guerre impitoyable pour chacun des belligérants et qui affaiblit considérablement les orques et les humains.
En vérité, il est difficile de dire quel camp lemporta finalement. Aujourdhui encore, les Principautés Frontalières restent une contrée disputée par des pillards et des troupes vagabondes et elles sont tout aussi dangereuses et inhospitalières quà la lointaine époque de Rutgar et de Grotfang.
BATAILLE 1 PIKER LA COURONNELidole
Rutgar et son armée marchaient depuis plusieurs jours dans un désert écrasé de soleil, dont laridité aurait rebuté toute autre créature que les orques et gobelins. A vrai dire et jusquà une époque très récente, ces tristes contrées ravies aux peaux vertes par le margrave Frederik, puis cédées à Rutgar, afin quil y perpétue ses intérêts navaient été peuplées que par les orques et les gobelins. Rutgar avait maintenant pour mission dy établir ses colons afin quils y construisent un château fort pendant que lui-même et ses troupes défendraient ce territoire contre les invasions orques. Lorsque la colonie serait entièrement fortifiée, le peuple commencerait à faire de ces terres sauvages des champs riches et féconds.
Les soldats, les colons et les chariots convoyés par Rutgar firent halte au sommet de petites collines. Aux dires des éclaireurs, il semblait que ce fut là un endroit propice à la construction dun château. Les massifs de roches qui tapissaient larête de quelques falaises permettraient déquarrir des moellons. Cest sur lun de ces escarpements rocheux que les compagnons bâtisseurs découvrirent, en même temps que les débris dune bataille, les ruines incendiées et abandonnées dune forteresse orque. Rutgar inspecta le site. « Cest ici, dans cette forteresse, que Frederik assiégea le seigneur des orques et quil le vainquit, » déclara-t-il à ses soldats. « Sigmar nous a conduit en ces lieux, cest donc céans que nous construirons notre forteresse. »
Dans les jours et les semaines qui suivirent, les fondations du château fort furent jetées sur les rochers, à lendroit même où sélevait autrefois la forteresse orque car cétait le site le mieux défendu naturellement à des lieues à la ronde. Lédifice le plus impressionnant était une tour dun âge incalculable. Elle existait déjà bien avant que les orques nédifient leur forteresse, et ils ly intégrèrent comme tour de guet. Bien quelle ait été détruite par les canons de Frederik, Rutgar donna des ordres pour quelle soit restaurée et constitue le donjon de sa nouvelle place forte. Cest au pied du socle rocheux et de la forteresse dont la construction progressait rapidement que les paysans qui avaient accompagné Rutgar bâtirent leurs masures et entreprirent de cultiver la terre.
Par une après-midi de labeur, Rutgar grimpa sur un monticule isolé où quelques compagnons bâtisseurs tentaient dextraire un grotesque monolithe orque à laide de cordages et dune paire de bufs. « Cela ferait une belle pierre pour le château », commentèrent les contremaîtres.
Un hurlement à glacer les sangs retentit soudain. Les cordages rompirent, lidole chancela, puis seffondra dans un terrible fracas. Ecrasés par sa masse, les compagnons disparurent en même temps que la colossale image de Gork sencastrait lourdement dans le sol. Une expression dhorreur se peignit sur le visage des spectateurs de cette scène et les hommes firent le signe de Sigmar. Avaient-ils vraiment été témoins dun mauvais présage envoyé par les divinités orques en colère ?
Rutgar reprit le contrôle de la situation et ordonna doublier les idoles pour le moment. Il désigna Manfred von Bock, un capitaine auquel il faisait totalement confiance, et des soldats pour monter la garde auprès des idoles au cas où tout événement étrange ou suspect surviendrait. La présence de ces idoles infernales en ces lieux était une véritable insulte envers la foi que Rutgar nourrissait en Sigmar. De retour au camp, il dépêcha un messager vers Altdorf pour consulter les collèges de magie et les archiprêtres des temples de Sigmar et dUlric. Il ne toucherait pas aux idoles avant dêtre sûr que cela ne lui ferait courir aucun danger, mais il était tout aussi déterminé à purifier cette contrée.
Énervé, Dieter allongea ses jambes. Si encore il avait eu quelque chose à faire Cette attente désuvrée juste en face de lidole devenait intolérable et mettait ses nerfs à vif. Il ne pouvait sempêcher de se sentir surveillé et, lorsque de lointains éclairs brisaient lobscurité, il pouvait presque voir les visages grotesques des idoles le toiser dun air narquois, les yeux étincelant de malice. Maudissant sa propre superstition, Dieter essaya de penser à autre chose.
« Croyez-vous que les terres de cette contrée donneront de bonnes moissons, sir ? »
Manfred hocha légèrement la tête en signe dacquiescement. La lueur du feu éclaira le petit sourire qui se dessinait sur son visage.
« Elles vous préoccupent, nest-ce pas ? »
« Bien, cest que je ne peux pas mempêcher de penser à ces ouvriers, sire. Ne croyez-vous pas, je veux dire, ne pensez-vous pas que ces choses lont fait exprès ? »
Manfred sembla considérer cette dernière réflexion avec beaucoup de sérieux avant de prendre une décision. Il se leva et alla vers la plus proche des deux idoles, celle qui sétait effondrée le matin même, et passa doucement sa main sur la pierre brute et patinée par le temps. Au toucher, cétait frais et étrangement humide en dépit du fait quil navait pas plu depuis environ une semaine. De nombreux insectes et araignées courraient sur la figure de lidole, ségarant dans les aspérités de la pierre, insouciants des puissances occultes qui pouvaient lhabiter.
« Elles ont lair inoffensive », déclara Manfred calmement. « Peut-être y a-t-il encore quelque danger, mais je pense toutefois que nous avons vu tout ce dont elles étaient capables. » Revenant dans le cercle de douce chaleur dispensé par le feu, Manfred se laissa à nouveau tomber au sol et bailla à se décrocher la mâchoire.
« Accident ou pas, tout cela importe peu. Lorsque Rutgar en aura donné lordre, nous les réduirons en poussière et nous ferons disparaître leur présence blasphématoire une bonne fois pour toutes. Qui sait » ajouta Manfred avec un sourire sarcastique. « On pourrait même utiliser la pierre pour les latrines ! »
Un peu rasséréné, Dieter rit et rejoignit son capitaine auprès du feu. Manfred avait sans doute raison. Ce nétait que des statues primitives. Allons, à la rassurante lumière du jour, il se moquerait davoir eu peur de deux blocs de pierre inanimés. En sétirant, Dieter ouvrit une outre de vin et en offrit un peu à Manfred. Tout cela était complètement absurde. Après tout, que pourrait-il arriver ? À quelque distance de là, aux abords du bois, des yeux sauvages et injectés de sang scrutèrent attentivement les deux soldats avant de disparaître dans les profondeurs du sous-bois. Quelques moments plus tard, un long hurlement déchirant rompit le silence.
La pluie commença alors à tomber.Piker la kouronne
Grotfang
consulta son fidèle chamane. « Rassemble don les
gobs pour un raid, Oddgit. Jveux ktu pikes la Kouronne
dGork sous lnez dces krétins dzoms
puant. » Oddgit eut soudain un sentiment de nausée
juste au creux de lestomac. « Pourkoi moi, euh,
jveux dire, OK, chef ! »
Grotfang eut un large sourire. « Chsais ke jpeux konter sur toi, Oddgit. Va mchercher cte kouronne, et pis on pourra virer ces zoms du territoire de la tribu. Cê ske Mork et Gork y veulent ! Au boulot, eksa saute ! »
Oddgit détala aussitôt et rassembla autant de gobelins quil pût en trouver. Il pouvait faire confiance à son chef pour leur confier des missions impossibles. Peut-être Grotfang savait-il que les gobs, mieux que les orques, étaient capables de se faufiler jusquau camp ennemi et dy dérober la Couronne de Gork cachée sous les idoles sacrées. Son cerveau enfiévré de chamane commença à établir un plan machiavélique. Quel meilleur projet quune attaque des gobelins de la nuit ? Leur vision nocturne est bien meilleure que celle des humains. Oddgit commença à croire que son seigneur avait été bel et bien inspiré par Mork et Gork.
Résultat historique
Au moment où la vague de gobelins déferlait, lanimosité se déclara dans les rangs, réduisant à néant la plupart des avantages tactiques de lattaque surprise et de lapproche rapide. Les troupes de Manfred, tirées de leur torpeur par le vacarme des gobs querelleurs, furent rapidement prêtes au combat. Les quelques gobelins qui ne semblaient pas concernés par ces disputes se lancèrent dans la bataille et les agiles et rapides chevaucheurs de loups senfoncèrent au cur des troupes de Manfred.
Sur lautre flanc, les chasseurs de squigs et les rétiaires connaissaient quelques difficultés. Les halfelings au regard perçant les débusquèrent malgré lobscurité et décimèrent leurs unités au fur et à mesure de leur avance. Les autres salves de lEmpire ne causèrent que des dommages mineurs à la horde des pillards.
Oddgit réussit à imposer son autorité à la bande de lanciers gobelins et les jeta dans une attaque frontale contre les hallebardiers de Manfred. Il lâcha les fanatiques, causant de terribles dégâts dans les rangs des hallebardiers, mais les troupes impériales tinrent bon.
Une sauvage guerre dusure sengagea alors. Oddgit craignait que son armée ne se transforme en une masse incontrôlable, mais les hallebardiers, réduits à une poignée de combattants, lâchèrent prise. Un vent de panique souffla sur les autres unités de lEmpire.
Oddgit réussit à éviter que sa tête nexplose sous les effets de lénergie de la Waaagh dont une grande partie sétait déversée dans lidole à terre. Dans les ténèbres et la confusion, entre des gobelins enragés et des troupes impériales isolées qui tentaient de résister, Offgit eut le temps de fouiller le sol autour de lidole déracinée et de déterrer la Couronne de Gork. Il lenfouit sous sa tunique crasseuse et séclipsa pour la rapporter à Grotfang.
Manfred était tombé héroïquement alors quil essayait de rallier ses troupes au plus fort de la bataille. En dépit de la mort de son capitaine, Rutgar, qui ignorait lexistence de la couronne de Gork, croyait de bon droit avoir remporté la victoire. Les gobelins ne sétaient-ils pas dispersés et navaient-ils par disparu dans la nature sans avoir repris leurs sinistres idoles ?
Pour venger la perte dun si vaillant serviteur, Rutgar ordonna que lon fasse exploser les idoles avec de la poudre à canon. Les soldats furent très heureux dexécuter cet ordre, même si dinfortunés sapeurs furent écrasés par lautre statue lorsquelle se renversa au moment où les barils de poudre étaient mis en place.
BATAILLE 2 LEMBUSCADEEn mission à Altdorf
Ignorant que les gobelins avaient tenté de dérober la mystérieuse Couronne de Gork, les messagers de Rutgar arrivèrent à Altdorf et visitèrent les collèges de magie en quête de sorciers. Ils devaient persuader le plus de sorciers possible de les suivre jusquau domaine de Rutgar pour y résoudre le mystère des sinistres idoles des orques.
Rutgar voulait purifier ce pays de toutes les corruptions orques. Les idoles, vraisemblablement imprégnées de la magie des peaux-vertes, constituaient un réel danger pour son peuple et il pensait à juste titre quelles exerceraient un inéluctable magnétisme sur les orques et les gobelins, attirant ces tribus avec leurs pouvoirs étranges et surnaturels. Le meilleur moyen dempêcher les orques de revenir dans leurs contrées perdues était de renverser et de démolir leurs idoles. Cependant, et avant toute chose, le jeune chevalier comprenait quil devrait annuler leurs pouvoirs, et, à cette fin, devait sassurer laide dun magicien suffisamment virtuose pour neutraliser leur maléfique puissance.
Après de longues recherches, les messagers trouvèrent finalement un sorcier assez dément pour les suivre et rejoindre Rutgar. Zorn était son nom et, pour des raisons inavouables, il avait hâte de se mettre en route vers cette lointaine contrée. Après avoir constitué sa propre escorte de gardes du corps et de mercenaires, il se mit en route par-delà les montagnes vers les Principautés Frontalières. La compagnie séjourna quelques jours au château de Frederik afin dy rassembler les canons et autres approvisionnements destinés à Rutgar. Puis le convoi se remit en marche pour couvrir létape la plus hasardeuse, la route qui sillonnait les étendues sauvages.
Grotfang devient sournois
La plupart des guerriers de Grotfang, déjà profondément engagés sur le territoire de Rutgar, autrefois contrée orque, devaient reconnaître sans être vus les voies menant au camp de Rutgar. Jusque-là, la chance avait été de leur côté et leur présence navait pas été décelée par les rares éclaireurs humains. Ils étaient allés aussi loin que lunique route reliant le camp de Rutgar au château de Frederik le leur permettait. Au-delà, cétait la voie qui menait vers lEmpire.
Lattention des guerriers de Grotfang, à laffut en haut dune colline, fut attirée par une colonne de poussière à lhorizon. Cétait Zorn et son escorte en route vers le camp de Rutgar. Snagga, le chef de la bande orque, était impatient de se battre. Grotfang le récompenserait pour avoir intercepté et détruit les renforts ennemis.
Résultat historique
Les troupes de Zorn avançaient en colonne. Les pistoliers constituaient lavant-garde et les escorteurs étaient à larrière. Bien que se sachant en territoire ennemi, ils étaient loin de se douter de limminence de lembuscade. Les orques surgirent soudain de derrière les collines. En un clin dil, une bande hurlante de chevaucheurs de sangliers conduite par Snagga sétait jetée sur le chariot de guerre placé en tête de colonne.
Simultanément, deux bandes de chevaucheurs de loups se précipitèrent à lavant et à larrière de la colonne, mais les unités impériales, très bien entraînées aux techniques de protection des convois, firent volte face et neurent aucune difficulté à les refouler.
Les guerriers de Snagga taillèrent en pièces les Joueurs dépée qui sétaient mis courageusement en travers de leur route. Une horde hurlante dorques assoiffés de sang et chevauchant des sangliers fonça droit sur le chariot de guerre qui prit la fuite, ses chevaux terrifiés par lodeur des sangliers de combat.
Les flagellants ne furent pas surpris par le tour que prenaient les événements et ils se jetèrent immédiatement sur les orques noirs qui dévalaient à toute vitesse le versant de la colline. Au même moment, les deux pièces dartillerie furent déployées et braquées sur Snagga qui rassemblait ses chevaucheurs de sangliers en vue dune autre attaque. En quelques secondes, les tirs ouvrirent de larges brèches dans lunité, décimant ses effectifs.
Les ogres groupés au centre de la colonne avancèrent vers un nouveau groupe de guerriers et darchers orques apparus sur la crête des collines et qui ne tardèrent pas à senfuir devant eux. Bientôt, les ogres ne furent plus que des silhouettes se dessinant sur lhorizon, lancées à la poursuite des orques.
Ayant repoussé lassaut à larrière, les escorteurs impériaux éperonnèrent leurs montures et remontèrent rapidement le long de la colonne pour soutenir les troupes de tête toujours en difficulté. Les pistoliers firent volte-face et chargèrent les orques noirs dans le dos. Avec laide des flagellants, ils ne firent quune bouchée de lunité délite des orques.
Ulrich passa toute la bataille près de Zorn et des canons, position qui lui permettait de contrôler la situation. Lun des sorts de Zorn destinée à Snagga en personne fut aspiré de lesprit même du sorcier par une gueule impressionnante gravée sur le bouclier de Snagga. Ulrich se demanda si le magicien pour lequel il avait parcouru une si longue distance en valait bien la peine. Quoi quil en soit, la horde de Snagga fut tellement malmenée et dispersée quelle ne put empêcher les renforts darriver à destination. La colonne se reconstitua pour reprendre son ordre de marche et continua en direction du camp de Rutgar avec ses renforts indispensables.
BATAILLE 3 LA BATAILLE DES ROCS DES TROLLSGrotang cherche des renforts
De
son poste dobservation à la vue imprenable, Grotfang
surveillait le camp de Rutgar et observait les compagnons extraires
et empiler des pierres sur des chariots. Non loin de là, au
sommet de la plus haute des collines, et à lendroits
où sélevait autrefois son propre fort, les
humains construisaient leur forteresse. Grtfang savait quil
devait attaquer sans plus attendre, avant que les humains
naient fini leurs travaux de construction. Sil
hésitait trop longtemps, jamais plus il ne pourrait reprendre
possession de son territoire.
Un peu plus tard, lorsquil fut de retour à son camp, Grotfang, convoqua son nouveau conseiller et dernier favori en date, le chamane orque Dreg.
« Les zoms konstruizent une fortres sur ma
sakrée nom de nom dkolline !, Grotfang émit
un grondement de colère. « Sa veut dir
kon doit les virer dlà avant ki zy mettent
des kanons et dauttrucs ».
« Sa cé vrai, chef, acquiersca Dreg.
« Ouais, cé vrai, piske jlai dit ?
Mais on a b »zoin dplus de gars. On va aller dans
dauttribus chercher des gars pour ki viennent avek nous.
Jveux ktu fasses ça pour moi, tu vois ske
jveux dire ? »
« Jkrois koui, déclara Dreg dun
air dubitatif. « Mais y faudra leur donner kekchose
en échange. »
« Koi ? »
« Chsais pas » , continnua Dreg en
regardant le ciel comme sil y cherchait une inspiration
divine.
« Et si les zoms y zavaient kaché de lor
dans lfort ki konstruisent » demanda le seigneur dans
un subit élan emprunt dinspiration.
« Ouais ! Maintnant zavez pigé
pourkoi y konstruisent dabord leur châtô ?
Mais chkontinue vot rêzonment, chef, on
pourrait dire à dots chefs de vnir avek nous si on
leur promet dleur donner dlor ! Super plan,
chef ! Mais, ya comme un hik. »
« Mais koi ? » commanda Grotfang.
« Ke ski passe si y zont vraiment pas lor et
kles zots chefs y veulent leur part ? »
« On sen tape » rétorqua le chef.
« Dis leur juste kon pense ki ya dlor. Tu
voudrais kan mêmpas kon perde une chance de piker un
magot aux zoms, hein Dreg ? »
« Ben ouais ke jvoudrais pas ! »
affirma le chamane, toutefois dubitatif quant au bien fondé du
plan.
« Alors, Dreg, va zy et trouve moi
donlezaut chamanes, ceux des Dents Brizées,
des GriffCrochues, des Pustulz et dezauttribus ki
sont par là autrou, et pis débrouille toit pour ki
peuvpas r »fuser ! ».
Les Pustulz
Dreg se mit en quête de chamanes, courut çà et là dans les environs et fit le tour de tous les endroits sacrés des orques. Mais cest dans les profondeurs humides dune grotte aux parois mangées de lichens quil tomba sur un paquet dos et de chiffons crottés qui lui était familier.
« Nazgob ! Jreconnaîtrait tes kenottes
pointues nimporte où. Eh, chsuis Dreg, ton
sakré vieux potes ! » cria Dreg au tas de
guenilles malodorantes.
« Bon, ben, tu mas enfin trouvé, krétin
de Dreg ! » rétorqua Nazgob
allègrement.
« Tes toujours avec la tribu des Pustulz,
Nazgob ? » Un grommellement se fit entendre pour toute
réponse. Chsuis en train dchercher les
tribus des Dents Brizées et des GriffCrochues, tu
léza vu ? »
« Nan. La dernière fois kjai entendu
cozé des Dents Brizées, cétait ky
zétaient allés séklater chez les
nabs. Pour les Griff Crochues, y en a pus.
Tas entendu leur histoire ? Prends don un krâne et
poztonkulà. »
Pendant que les deux chamanes faisaient rôtir quelques lichens au-dessus du feu, Nazgob conta la terrible fin de la tribu des Griffes Crochues à Dreg. Puis ce dernier posa les bases dun accord entre les Griffes de Fer de Grotfang et les Pustluz du seigneur Uzguz. Le chamane mentionna un inestimable trésor que les humains avaient caché dans leur château en construction. Séduit à plus haut point par cette idée rutilante, Nazgob accepta de persuader Uzguz et la tribu de marcher vers le sud afin de rejoindre les forces de Grotfang. Un rendez-vous fut convenu au lieu dit « les Rocs des Trolls ».
Rencontre aux Rocs des Trolls
Quelques jours plus tard, un cavalier arriva au triple galop au camp de Rutgar et annonça quune importante bande dorques avait été repérée à proximité dune petite éminence rocheuse sélevant à lécart des collines. Ce monticule de pierres était déjà connu de Rutgar, car il marquait les limites de son nouveau domaine. Une action militaire devait être rapidement engagée pour dissuader lennemi denvahir la contrée.
Rutgar donna lordre à son fidèle compagnon Konrad, célèbre chasseur de peaux vertes qui avait combattu les orques dans la lointaine Kislev, de déployer sans plus attendre une impressionnante force de cavalerie pour attaquer et mettre les orques en déroute. Rutgar pensait quil était très probablement confronté à cette même tribu que Frederik avait vaincue et qui tentait maintenant de reprendre ses terres. Il ne savait pas ce qui se passait vraiment.
En fait, ce nétait quUzguz et ses Pustulz qui avaient établi un camp de guingois au pied des Rocs des Trolls. Les orques employaient un dialecte à ce point inintelligible quils avaient même du mal à se comprendre en eux et la cervelle de Nazgob avait été tellement laminée par les feux trop brûlant de la magie chamanique, quil avait mal interprété les instructions de Dreg et sétait trompé sur le lieu de rendez-vous. Lemplacement du camp des Griffes de Fer était à des lieues de là et ces derniers sétonnaient de la défaillance des Pustulz ! Pendant ce temps, Uzguz, qui attendait déjà depuis plusieurs jours, commençait à trouver la situation exaspérante. Il commença à croire que les Griffes de Fer avaient changé leurs plans ou quil leur était arrivé quelque chose de bien plus grave, lorsque soudain, les hommes de Konrad surgirent à lhorizon.
Résultat historique
Malgré lassaut très violent des troupes impériales, Uzguz et les Pustulz défendirent le bivouac de leur mieux et parvinrent à contrer tous les efforts déployés par Konrad pour incendier leurs masures. Aussitôt lalarme donnée, lintérieur du camp grouilla darchers orques bien déterminé à défendre leur nouveau village. Les rapides archers à cheval kislevites qui précédaient les autres cavaliers eurent les plus grandes difficultés à sapprocher ou à accéder au campement. Aussi neurent-ils guère loccasion de décocher avec précision leurs flèches enflammées mais se trouvèrent par contre en permanence sous la menace des flèches orques.
Les archers à pied et les arbalétriers manuvrèrent sur le flanc droit pour pouvoir tirer. Ils avaient réussi à incendier lune des masures lorsquils se trouvèrent face à Nazgob lancé à la tête dune meute hurlante de trolls. Lavancée menaçante des trolls fit refluer les arbalétriers et les halfelings, même sils nabandonnèrent le terrain quà contrecur et non sans gaspiller quelques précieuses flèches. Sur lautre flanc, les pistoliers furent dispersés par la charge dUzguz et de ses chevaucheurs de sangliers.
Konrad vit avec désespoir ses ruses échouer lune après lautre, son assaut être finalement réduit à néant et les orques prendre le dessus. La plupart de ses hommes étaient maintenant en fuite ou forcés de reculer, et les archers à cheval durent eux aussi abandonner après avoir passé toute la bataille à traverser le camp dans un sens puis dans lautre. Konrad regroupa ses troupes et profita de la tombée de la nuit pour tenter de séchapper. Uzguz se jeta à sa poursuite et dut le rattraper quelque part au milieu des plaines car Konrad ne revint jamais faire son rapport à Rutgar.
Ne voyant pas revenir Konrad et ses troupes, Rutgar envisagera le pire. Un jour se passa avant que quelques halfelings épuisés et débraillés ne réapparaissent. Ils confirmèrent que les orques les avaient poursuivis et rattrapés en plein nuit.
La tribu des Pustulz rejoignit les Griffes de Fer de Grotfang.
BATAILLE 4 LA BATAILLE POUR RUTGARBURGLes orques, des centaines !
Il y a des jours où se jouent des centaines de destinées. Grotfang et son armée étaient prêts à donner lassaut final contre le camp de Rutgar. Larmée de ce noble chevalier occupait lendroit où sélevait autrefois la forteresse de Grotfang, cet endroit même doù les orques avaient été chassés par le Margrave Frederik. Mais, ce jour-là, Grotfang avait fait le serment de reprendre la place forte.
Les colons avaient baptisé leur nouveau domaine Rutgarburg en lhonneur de leur jeune commandant, et cest sur la colline la plus élevée que les hommes de Rutgar construisaient un château fort. Le temps avait manqué et le château se limitait aux fondations, à quelques murs de pierre inachevés et à la tour de guet orque restaurée. Rutgar avait lintention de faire de cette tour son principal point de défense pour lattaque quil savait devoir se produire tôt ou tard. Grotfang avait décidé fort judicieusement quil valait mieux attaquer le château avant quil ne fut achevé, il savait que plus il attendrait, plus il aurait de difficultés à défaire les troupes humaines. Il tenait sa seule et unique chance de reconquérir les anciens territoires de la tribu et il ne devait pas faillir.
Chacun travaillait dur à Rutgarburg, participant à lédification du château ou sentraînant aux armes. Soudain, la sentinelle en faction dans le vieux donjon orque qui faisait office déchauguette souffla dans son grand cor de guerre. Ce signal dalarme eut des effets instantanés. Alors que les colons revêtaient leurs armures et que les cavaliers réclamaient leurs chevaux, Rutgar se glissa à lintérieur du donjon et gravit léchelle qui accédait à son sommet pour constater la situation de son propre chef. Le doute nétait plus permis, le combat tant redouté aurait lieu aujourdhui. Une formidable horde dennemis approchait rapidement dans la plaine. Rutgar rassembla ses hommes au plus vite pendant que la marée orque progressait inexorablement vers Rutgarburg.
Chargez, tas d'ektoplasm !
Grotfang brandit son épée à la lame ébréchée et entonna lhymne guerrier de la tribu : « Griffeuu dFer, Griffeuu dFer ! Griffeuu dFer ! Waaagh ! » Le chant fut repris par les guerriers de la horde dont les voix stridentes hurlaient leur soif de sang. Des mains à la peau tannée martelaient sur une cadence endiablée de grossières épées contre des boucliers métalliques. La cacophonie devint telle que le vertige sempara des chamanes et que des incantations sauvages dansèrent dans leurs esprits. De lénergie orque crépitait au bout de leurs doigts et un grondement de tonnerre résonnait dans leurs têtes, battant à lunisson avec le tintamarre général.
Non loin, les anciennes idoles de Gork et Mork, lune face à terre, lautre observant le champ de bataille du haut de son tertre sacré, craquaient en rythme avec les mélopées démentes des chamanes. Les dieux orques étaient en ce jour aux côtés de leurs fidèles adorateurs.
La tribu des Griffes de Fer était de retour chez elle !
Résultat historique
En dépit de la surprise causée par les forces ennemies surgissant à lhorizon, larmée de Rutgar se déploya rapidement. Les Chevaliers Panthères, les ogres et le canon Feu dEnfer purent même avancer sur le champ de bataille tandis que Grotfang tentait daligner des troupes à lhumeur plutôt fantasque. Les Lance-rocs des orques firent pleuvoir des rochers sur les Chevaliers Panthères qui progressaient sur le flanc droit de larmée impériale. Renforcés par ceux qui avait fait un long voyage pour rejoindre Rutgar et laider à tenir ces terres contre les orques, les chevaliers continuèrent résolument à avancer. Les ogres de Zorn, qui marchaient au côté des chevaliers, sen prirent à des archers orques sauvages, déployés en tirailleurs, qui sétaient avancés dune manière trop enthousiaste. Après un combat sanguinaire, les orques refluèrent précipitamment vers leurs lignes.
Pendant ce temps, les Chevaliers Panthères écrasèrent une horde de lanciers gobelins conduits par Oddgit. Malheureusement, les gobelins ne comptaient pas de fanatiques dans leurs rangs et ils furent mis en déroute. Ce désastre fut de trop pour les servants du lance-rocs orques à proximité. Lâchant leurs blocs de pierres, ils senfuirent et sonnèrent du même coup la débâcle de tout le flanc gauche de larmée de Grotfang.
En revanche, sur le flanc droit, les peaux-vertes étaient en meilleure posture. Les canons de lEmpire navaient pas causé trop de dégâts et le canon à répétition retenait son feu. La horde de gobelins de la nuit, précédée par des fanatiques écumants et rugissants, marcha sur les rangs compacts des hallebardiers. Les fanatiques entamèrent les effectifs des soldats impériaux, mais, indifférents à cette agression, ces derniers continuèrent leur avance et engagèrent les gobelins. Ceux-ci se ruèrent avec acharnement sur les hallebardiers qui vacillèrent et reculèrent entre les halfelings et les arbalétriers tiléens qui considéraient cette scène avec un mélange de consternation et dincrédulité. Le flanc doit de Rutgar semblait bien être sur le point de céder.
Après avoir rapidement évalué la situation, les flagellants restés jusque-là dans les fortifications fondirent soudain sur la bande dorques la plus proche, qui sétait jetée dans la brèche ouverte par les gobelins. La lutte fut terrible et les flagellants mirent finalement les orques en fuite. Ils les poursuivirent, les rattrapèrent et les exterminèrent jusquà dernier.
Cest alors quau plus fort de la bataille, le sort frappa le chamane Nazgob. Leffervescence de larmée de Grotfang affrontant enfin son ennemi juré eut raison du chamane plutôt habitué à lénergie générée par une petite tribu. Submergée de tourbillons de magie Waaagh, sa tête éclata comme une vesse-de-loup, éparpillant alentour des lambeaux de robe ensanglantés. Oddgit totalement évaporé, Grotfang était privé de lassistance de la magie. Zorn, le plus énigmatique des sorciers, sétait quant à lui dissimulé quelque part dans lenceinte du château. On avança plus tard que ses sortillèges nétait pas étrangers à la défaite du flanc gauche des troupes de Grotfang.
Les halfelings, les seules troupes du flanc droit de Rutgar à avoir courageusement tenu leur position, chargèrent de flanc une masse de gobelins de la nuit. Cette manuvre fut couronnée de succès et renversa probablement le cours de la bataille en faveur de lEmpire. Tout à fait sur la droite, les Chevaliers Panthères tentèrent de maîtriser leurs montures paniquées pendant que les ogres affrontaient la bande dOddgit. Ce dernier, qui marchait avec assurance à la tête de ses gobelins tout juste ralliés, attaqua et déborda les ogres.
Les gobelins victorieux foncèrent alors sur les Chevaliers Panthères, ce qui signa leur arrêt de mort. Les chevaliers firent volte face et se battirent avec une détermination surhumaine. Ulrich souffla dans le Cor dUrgork ce qui déclencha la panique chez les gobelins et les éparpilla dans la plaine. Les Chevaliers Panthères éperonnèrent leurs chevaux pour donner le coup de grâce et le flanc droit de Grotfang cessa bientôt dexister. Pour apporter leur soutien à leurs compagnons assaillis, les Chevaliers Panthères firent alors demi-tour de manière à déborder le reste de larmée de Grotfang.
Toute lartillerie de Rutgar ouvrit le feu afin de stopper lavance implacable du centre des troupes de Grotfang. A un moment donné, tous les canons, y compris le canon à répétition explosèrent et causèrent la mort de leurs servants ainsi que quelques dommages alentours. Zorn émergea du fort pour lancer des boules de feu et des éclairs en direction de Grotfang, exposé non loin dune imposante unité orque. Le chef de guerre fut quelque peu roussi mais, par une étrange clémence du sort, il survécut. Zorn se trouvera alors soudain assailli par des chevaucheurs de squiggs très déterminés qui lattaquèrent à tour de rôle. Zorn fut vaincu mais son Amulette Noire le sauva et dans leur élan, plusieurs squiggs se débarrassèrent de leur cavalier ! Le soleil allait se coucher. Les flagellants fous furieux avaient plongé au cur dune horde dorques noirs alors quils poursuivaient les derniers kostos orques. Mal préparés à la violence dun tel assaut, ils furent déchiquetés par les énormes haches des orques.
Malgré ce succès, Grotfang était maintenant préoccupé par les Chevaliers Panthères dont les lances baissées indiquaient limminence de la charge. Il savait que ses derniers guerriers ne pourraient pas y résister. De nombreux pleutres avaient dailleurs déjà déserté, profitant de lobscurité pour prendre la poudre descampette. Grotfang, les trois quarts de sa tribu gisant çà et là autour de lui, décida lui aussi quil valait mieux séclipser. Les orques disparurent, comme happés par la pénombre. Après sêtre assurés quil ne restait plus un seul orque dans les environs, les chevaliers se rassemblèrent autour du grand feu de camp des halfelings qui soffraient déjà un souper bien mérité.
Après la bataille, larmée de Rutgar ou même celle de Zorn comptaient peu de survivants, mais le fief restait sous bannière impériale et les orques avaient été massacrés ou mis en fuite. Les colons halfelings du Mootland sétaient distingués à plusieurs reprises et leur vaillance avait suscité ladmiration de Rutgar. Dès ce jour et afin de les encourager à rejoindre ses troupes, il accorda à tous les halfelings une dispence de la dîme féodale.
Quant à Grotfang, il était toujours en possession de la couronne de Gork et il conserva ainsi la confiance de ses guerriers. La destruction des idoles et la défaite incita la tribu à quitter la région et à émigrer vers le sud-est. La horde de Grotfang, fortement amoindrie et privée dun chamane pour la guider, erra pendant un bon moment à travers les plaines désolées.
On raconte que Grotfang sérigea un nouveau domaine et rassembla sa tribu dans un lointain pays. Même si Sigmar fut ce jour plus fort que les dieux orques, Grotfang était peut-être réellement béni par Gork, et il accomplit finalement sa destinée.