L'IDOLE DE GORK

2390 CI

De l'Idole de de Gork
Merci à Rincevent

L'Idole de Gork est la deuxième de la série de cinq campagnes que sortit Games Workshop pour la 5ème édition de Warhammer. C'était en 1997. On y suit les tentatives d’une tribu orque (les Griffes de Fer de Grotfang) pour récupérer son ancien domaine dans les Principautés Frontalières d’où elle a été expulsée par une nouvelle installation impériale (Rutgarburg).

La date des événements décrits ici est indiquée dans le WDF60 (p53) : 2390 CI.

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La campagne est jouée ici.

 

 

LA GUERRE AU-DELA DES MONTAGNES

En des temps reculés, durant l’une des rares époques de l’histoire humaine pendant lesquelles les comtes de l’Empire ne sont pas occupés à guerroyer pour protéger leurs vies et leurs terres, les nobles de ce pays jetèrent des regards de convoitise sur les verdoyantes et fertiles vallées qui s’étendaient au sud de l’Empire, enchâssées entre les Montagnes Noires, le Col du Feu Noir et la Rivière Sanglante.

Au fil des années, on tenta plusieurs fois de coloniser cette région et de la revendiquer au nom et pour la gloire du peuple de l’Empire. La découverte de riches filons d’or dans la Rivière Aveugle et l’abondance de gemmes précieuses que recelaient les contreforts des Montagnes du Bord du Monde incitèrent de nombreux aventuriers à défier les mille périls d’une expédition vers le sud avec l’espoir d’y trouver renommée et prospérité.

Ceux dont les ambitions étaient plus simples et plus humbles eurent la tentation de quitter l’empire, rêvant d’une vie nouvelle à mettre en valeur ces vallées fécondes protégées par les Montagnes Noires. Les seigneurs de ces futurs colonisateurs se dotèrent du titre de Princes Frontaliers. Avec le temps, ils se considérèrent comme les seigneurs à part entière d’un royaume qui ourlait la frontière sud de l’Empire.

Le duché de Wissenland, l’un parmi les nombreux duchés qui jalonnaient l’Empire, se trouvait sous la férule du comte Wilhelm de Wissenland. Rutgar, benjamin de ses fils, savait dès son plus jeune âge que son frère aîné succèderait à son père et gouvernerait le Wissenland. Cette situation ne l’affecta guère, et d’ailleurs, comme tout noble bien né de l’Empire, il avait été élevé dans le respect du droit et de l’ordre. Rutgar n’était pas de ceux qui fomentent des rébellions par jalousie et cette idée n’aurait pas même effleuré son âme. Il prit donc la sage décision de devenir le bras droit de son frère en prévision de sa succession, en même temps qu’il exercerait l’art de la guerre et accomplirait des actes d’un héroïsme hors du commun et dont l’honneur, cette poésie du devoir, rejaillirait sur sa noble lignée.
La noblesse et la droiture de Rutgar devaient avoir été reconnues par le dieu Sigmar car une prodigieuse opportunité s’offrit soudainement à lui. C’était l’un de ces cadeaux du destin, qui, s’il l’acceptait, lui promettait la meilleure place dans les légendes aux côtés des plus braves et des plus nobles de l’Empire. Un envoyé arriva un jour à la cour du Wissenland. Dès qu’il eût entendu les nouvelles qu’apportait ce messager venu des dangereuses et lointaines Principautés Frontalières, le vieux comte convoqua Rutgar céans et lui rapporta l’important événement.
Un vieux compagnon du comte, le Margrave Frederik avait guerroyé contre les Orques sur lesquels il avait enfin remporté la victoire ; Il avait conquis de vastes territoires et était actuellement en quête de vaillants guerriers qui soient en mesure de l’aider à veiller à leur sécurité. Les implications futures étaient claires car cette contrée lointaine prodiguerait à Rutgar la fortune d’un domaine qui lui serait destiné, à lui et au peuple de son père. Il deviendrait ainsi et de plein droit l’un des Princes Frontaliers.
Rutgar était un jeune homme brave et aventureux et il ne tergiversa pas longtemps pour savoir s’il devait ou non saisir l’opportunité que le sort lui avait dévolue ou que le grand Dieu Sigmar avait daigné lui accorder. Le jeune noble savait qu’il devait accepter ce cadeau, que ce soit ou non un don du ciel. Après avoir entendu le consentement enthousiaste de Rutgar, le vieux comte, enchanté, permit à son plus jeune fils de lever sur le champ une armée qui l’escorterait tout au long de ce périlleux voyage par voie de terre jusqu’à son nouveau domaine.
Le jeune noble trouva de nombreux volontaires exaltés et expérimentés parmi les soldats et le petit peuple du Wissenland. Plusieurs régiments furent bientôt réunis et constituèrent l’armée de Rutgar, à laquelle se joignirent quelques maîtres et compagnons maçons qui devaient construire sur place un château. Le jeune homme attira en outre sous sa bannière beaucoup de pauvres gens, de marchands et de paysans, prêts à relever le défi de transformer les régions arides en des champs fertiles et de construire des villes prospères dans cette nouvelle et lointaine contrée.
A la tête de sa grande cohorte, Rutgar avait l’intention de traverser le Col du Feu Noir, puis d’atteindre la région connue sous le nom de Principautés Frontalières en moins d’un mois. Là, il rencontrerait son bienfaiteur Frederik qui lui désignerait son nouveau royaume.
Rutgar jeta un dernier regard vers l’endroit qui avait bercé son enfance, puis, après avoir salué comme il se doit on noble père, tourna bride et s’en alla à la rencontre de sa destinée.
Sous un soleil étincelant, le peuple massé dans les rues agita les mains en signe d’adieux puis laissa la grande colonne disparaître lentement vers l’horizon.
RUTGAR DE WISSENLAND

RutgarL’un de ces valeureux explorateurs, Rutgar, dernier né du Comte Wilhelm de Wissenland, et les luttes qu’il mena pour établir un royaume de plein droit sur des terres où grouillaient des orques, sont au cœur de notre histoire. Cette saga nous est parvenue grâce à deux chroniques rapportant les efforts de Rutgar selon le point de vue des humains. La première saga expose les événements tirés des récits d’Albrecht le Fou, un sage dont l’intérêt premier fut de tenir la chronique de l’histoire du Collège Flamboyant et dont les travaux furent rédigé avec l’intention de s’insinuer dans les faveurs de son protecteur Radabald Têterouge, qui était à cette époque le maître du collège.

La seconde source qui nous soit parvenue et nous contant l’odyssée de Rutgar est beaucoup plus longue et infiniment plus substantielle puisque cette chronique est en trente-huit volumes. « De la très belle et très honorifique Histoire de l’Empire », titre de cet ouvrage dont Ludwig le Vénérable est l’auteur, rapporte un grand nombre de campagnes. Ludwig naquit quelques cent ans après que ces événements se soient déroulés, mais il eut ce souci méticuleux de rassembler les témoignages les plus anciens des voyageurs, et il est même fort probable qu’il ait tenu entre ses mains les journaux et les propres carnets de bord de Rutgar, ainsi que d’autres documents importants qui furent ensuite brûlés lors de l’incendie du Jour des Fous d’Altdorf en l’année 41.

A l’abri du vent, plantée entre deux monticules eux-mêmes perdus au plus profond de ces contrées appelées les Principautés Frontalières, une misérable tente en peau de troll protégeait son occupant des volutes de poussière qui tourbillonnaient au dehors. Caché à l’intérieur et juché sur un tabouret en fer ouvragé dans le style typique de ces contrées infernales, Grotfang Skab, puissant seigneur de la tribu orque des Griffes de Fer, broyait du noir en envisageant la triste destinée de son peuple. Dans un épais bruissement de toile, la tenture en lambeaux claqua et laissa apparaître son second, l’insolite chamane gobelin Oddgit qui, par cette entrée inopinée, dérangea son chef dans ses pensées mélancoliques.
« Kess’ tu veux, Oddgit, tu vois don pas ke j’pense ? » grogna Grotfang en curant à l’aide d’une griffe pointue et crasseuse un bout de viande filandreuse insinué entre deux de ses chicots.
« Kout’ don chef, » dit le chamane avec un sourire doucereux, « j’ai pas mal kogité, et c’est k’j’ai un plan super génial. »
« Cé juste s’ke j’ai b’zoin, un aut’ de tes fichu plans. » Grotfang émit un grognement sarcastique dont le manque d’enthousiasme n’était absolument pas dissimulé.
« Ouais, ouais, mais kout’ don, sé l’bon, chef, sûr k’sé l’bon ! J’l’ai vu dans les os, et ch’sai ki mentent jamé. » Oddgit fit un signe cabalistique de ses doigts comme pour repousser une influence maléfique. En tant que chamane expérimenté, il connaissait bien la nature arbitraire et dangereuse des divinations par les os.
« Cé k’si les os t’l’ont dit, ça s’rait bien k’tu m’le dises alors, » répliqua Grotfang, l’intérêt subitement éveillé. Des histoires sinistres couraient sur les os, mais nul chef orque ne saurait ignorer leurs oracles, aussi insensés et incohérents qu’ils soient.
« Ouais, chef, j’vais vous l’dire, pour sûr. Rap’lez-vous chef, rap’lez-vous don. Eske vous vous rap’lez kand ces zoms stupides avec leurs briyantes armures, k’avaient osé faire essploser la fortresse à coups d’kanons et k’ont essterminé tes gobbos jusk’au dernier, et k’ont mis en morceaux… »
« T’arrête avek’sa ! » hurla Grotfang en saisissant brusquement le chamane par le col de son horrible guenille grouillante de vermine, et le secouant si fort que de petites bêtes tombèrent des plis crasseux du vêtement pour s’éparpiller aussitôt dans l’obscurité des recoins de la tente.
« Ok, ok, chef, m’kognez pas chef, j’vous raplais juste, chef, k’y z’ont jamé trouvé s’k’est kaché là et ki doit encore y être ! »
« Koi kaché ? » Grotfang bouillait d’impatience, il laissa retomber sans ménagement le chamane sur le sol.
« Ouais, kout’ don. Cé la Kouronne de Gork, chef, la Kouronne de Gork k’est d’une force inkroyabe et k’était plankée sous la grande pierre des idoles d’la tribu depuis des temps immé… Imméma… Immimo… depuis d’sakrées fichues z’années ! »
« Jamé entendu kosé d’sa, hé, grossak ! » répliqua Grotfang. « Tu f’rais mieux d’pas m’fair’ perde mon temps ou bien j’m’en vais t’faire s’kogner les rotules, pauv’ naz’ ! »
« Jamé j’ozerai, chef, j’veux dire, és ke j’ozerai ? » Le chamane crachouilla en arborant un sourire dont un crocodile n’eut pas été peu fier, comme s’il s’empressait d’apaiser le chef avant qu’il ne se mette vraiment en colère. « Maint’nant kout’ don, c’te Kouronne de Gork ka une force inkroyabe cê une relik k’les vieux chamanes y z’ont mis sous l’idole juste kom’sa au ka où ce s’rait utile pour sauver la tribu. Kand tu l’auras, tu pourras avoir toute la magie kosto k’y a d’dans pour tuer les zoms et pour k’la tribu soit aussi balaize qu’ot’fois ! »
Ces paroles tombèrent finalement dans le vide caverneux de Grotfang et y répandirent leur suc. Clignant des yeux en direction du chamane et ignorant les glapissements anticipés que celui-ci laissa échapper, il gratta sa mâchoire anguleuse d’une main décharnée et noueuse. « Tu sais, j’te parie ke si j’pouvais met’ la patte sur c’te Kouronne, j’pourrais avoir toute la grosse magie kosto k’y a d’dans pour tuer les zoms et pour k’la tribu soit aussi balaize qu’ot’fois ! » Grotfang empoigna par la gorge le chamane recroquevillé et l’éleva à hauteur de ses yeux. « Ok, j’la veux ! Y m’la faut ! J’veux absolument l’avoir ! » beugla-t-il. « MAINT’NANT ! »
GROTFANG DES GRIFFES DE FER

GrotfangEn ce qui concerne le principal adversaire de Rutgar de Wissenland, c’est-à-dire le seigneur Grotfang de la tribu des Griffes de Fer, nous sommes en possession des documents impériaux qui rapportent ses faits et gestes, et aussi d’un puissant chant de guerre orque, matériau utile pour comprendre ses motivations.

Nous savons déjà que Grotfang mena une longue guerre contre le Margrave Frederik, les armées de ce dernier ayant réussi à éloigner les orques de leur forteresse non loin de l’Idole de Gork. Les orques battirent en retraite pour rassembler leurs forces et contre-attaquer. Au même moment, Rutgar arriva pour assurer la mainmise sur les territoires récemment laissés vacants par les orques.

 

UNE CONTREE TRES DISPUTÉE

Rutgar découvrit la vieille forteresse orque qui était auparavant tombée aux mains du Margrave Frederik et totalement détruite par le feu.

Reconnaissant en cette place forte une idéale position défensive dans cette plaine par ailleurs ouverte et très vulnérable, Rutgar entreprit de reconstruire les ruines pour son usage personnel. Il était évident que les orques, qui, à la suite de leur défaite, surveillaient le site de leur ancienne place forte, ne perdaient pas une miette des manœuvres de Rutgar. En fait, à l’insu des hommes trop occupés à établir leur nouvelle colonie au milieu des ruines de l’Idole de Gork, leur présence allait apporter le courroux des Griffes de Fer sur les envahisseurs.

C’est ainsi que furent semés les ferments d’une guerre qui fut courte mais sanglante entre les colons et les orques de la tribu des Griffes de Fer, une guerre impitoyable pour chacun des belligérants et qui affaiblit considérablement les orques et les humains.

En vérité, il est difficile de dire quel camp l’emporta finalement. Aujourd’hui encore, les Principautés Frontalières restent une contrée disputée par des pillards et des troupes vagabondes et elles sont tout aussi dangereuses et inhospitalières qu’à la lointaine époque de Rutgar et de Grotfang.

 
BATAILLE 1 – PIKER LA COURONNE

L’idole

Rutgar et son armée marchaient depuis plusieurs jours dans un désert écrasé de soleil, dont l’aridité aurait rebuté toute autre créature que les orques et gobelins. A vrai dire et jusqu’à une époque très récente, ces tristes contrées ravies aux peaux vertes par le margrave Frederik, puis cédées à Rutgar, afin qu’il y perpétue ses intérêts n’avaient été peuplées que par les orques et les gobelins. Rutgar avait maintenant pour mission d’y établir ses colons afin qu’ils y construisent un château fort pendant que lui-même et ses troupes défendraient ce territoire contre les invasions orques. Lorsque la colonie serait entièrement fortifiée, le peuple commencerait à faire de ces terres sauvages des champs riches et féconds.

Les soldats, les colons et les chariots convoyés par Rutgar firent halte au sommet de petites collines. Aux dires des éclaireurs, il semblait que ce fut là un endroit propice à la construction d’un château. Les massifs de roches qui tapissaient l’arête de quelques falaises permettraient d’équarrir des moellons. C’est sur l’un de ces escarpements rocheux que les compagnons bâtisseurs découvrirent, en même temps que les débris d’une bataille, les ruines incendiées et abandonnées d’une forteresse orque. Rutgar inspecta le site. « C’est ici, dans cette forteresse, que Frederik assiégea le seigneur des orques et qu’il le vainquit, » déclara-t-il à ses soldats. « Sigmar nous a conduit en ces lieux, c’est donc céans que nous construirons notre forteresse. »

Dans les jours et les semaines qui suivirent, les fondations du château fort furent jetées sur les rochers, à l’endroit même où s’élevait autrefois la forteresse orque car c’était le site le mieux défendu naturellement à des lieues à la ronde. L’édifice le plus impressionnant était une tour d’un âge incalculable. Elle existait déjà bien avant que les orques n’édifient leur forteresse, et ils l’y intégrèrent comme tour de guet. Bien qu’elle ait été détruite par les canons de Frederik, Rutgar donna des ordres pour qu’elle soit restaurée et constitue le donjon de sa nouvelle place forte. C’est au pied du socle rocheux et de la forteresse dont la construction progressait rapidement que les paysans qui avaient accompagné Rutgar bâtirent leurs masures et entreprirent de cultiver la terre.

Par une après-midi de labeur, Rutgar grimpa sur un monticule isolé où quelques compagnons bâtisseurs tentaient d’extraire un grotesque monolithe orque à l’aide de cordages et d’une paire de bœufs. « Cela ferait une belle pierre pour le château », commentèrent les contremaîtres.

Un hurlement à glacer les sangs retentit soudain. Les cordages rompirent, l’idole chancela, puis s’effondra dans un terrible fracas. Ecrasés par sa masse, les compagnons disparurent en même temps que la colossale image de Gork s’encastrait lourdement dans le sol. Une expression d’horreur se peignit sur le visage des spectateurs de cette scène et les hommes firent le signe de Sigmar. Avaient-ils vraiment été témoins d’un mauvais présage envoyé par les divinités orques en colère ?

Rutgar reprit le contrôle de la situation et ordonna d’oublier les idoles pour le moment. Il désigna Manfred von Bock, un capitaine auquel il faisait totalement confiance, et des soldats pour monter la garde auprès des idoles au cas où tout événement étrange ou suspect surviendrait. La présence de ces idoles infernales en ces lieux était une véritable insulte envers la foi que Rutgar nourrissait en Sigmar. De retour au camp, il dépêcha un messager vers Altdorf pour consulter les collèges de magie et les archiprêtres des temples de Sigmar et d’Ulric. Il ne toucherait pas aux idoles avant d’être sûr que cela ne lui ferait courir aucun danger, mais il était tout aussi déterminé à purifier cette contrée.

Énervé, Dieter allongea ses jambes. Si encore il avait eu quelque chose à faire… Cette attente désœuvrée juste en face de l’idole devenait intolérable et mettait ses nerfs à vif. Il ne pouvait s’empêcher de se sentir surveillé et, lorsque de lointains éclairs brisaient l’obscurité, il pouvait presque voir les visages grotesques des idoles le toiser d’un air narquois, les yeux étincelant de malice. Maudissant sa propre superstition, Dieter essaya de penser à autre chose.
« Croyez-vous que les terres de cette contrée donneront de bonnes moissons, sir ? »
Manfred hocha légèrement la tête en signe d’acquiescement. La lueur du feu éclaira le petit sourire qui se dessinait sur son visage.
« Elles vous préoccupent, n’est-ce pas ? »
« Bien, c’est que… je ne peux pas m’empêcher de penser à ces ouvriers, sire. Ne croyez-vous pas, je veux dire, ne pensez-vous pas que ces choses l’ont fait exprès ? »
Manfred sembla considérer cette dernière réflexion avec beaucoup de sérieux avant de prendre une décision. Il se leva et alla vers la plus proche des deux idoles, celle qui s’était effondrée le matin même, et passa doucement sa main sur la pierre brute et patinée par le temps. Au toucher, c’était frais et étrangement humide en dépit du fait qu’il n’avait pas plu depuis environ une semaine. De nombreux insectes et araignées courraient sur la figure de l’idole, s’égarant dans les aspérités de la pierre, insouciants des puissances occultes qui pouvaient l’habiter.
« Elles ont l’air inoffensive », déclara Manfred calmement. « Peut-être y a-t-il encore quelque danger, mais je pense toutefois que nous avons vu tout ce dont elles étaient capables. » Revenant dans le cercle de douce chaleur dispensé par le feu, Manfred se laissa à nouveau tomber au sol et bailla à se décrocher la mâchoire.
« Accident ou pas, tout cela importe peu. Lorsque Rutgar en aura donné l’ordre, nous les réduirons en poussière et nous ferons disparaître leur présence blasphématoire une bonne fois pour toutes. Qui sait… » ajouta Manfred avec un sourire sarcastique. « On pourrait même utiliser la pierre pour les latrines ! »
Un peu rasséréné, Dieter rit et rejoignit son capitaine auprès du feu. Manfred avait sans doute raison. Ce n’était que des statues primitives. Allons, à la rassurante lumière du jour, il se moquerait d’avoir eu peur de deux blocs de pierre inanimés. En s’étirant, Dieter ouvrit une outre de vin et en offrit un peu à Manfred. Tout cela était complètement absurde. Après tout, que pourrait-il arriver ? À quelque distance de là, aux abords du bois, des yeux sauvages et injectés de sang scrutèrent attentivement les deux soldats avant de disparaître dans les profondeurs du sous-bois. Quelques moments plus tard, un long hurlement déchirant rompit le silence.
La pluie commença alors à tomber.

Piker la kouronne

OddgitGrotfang consulta son fidèle chamane. « Rassemble don les gobs pour un raid, Oddgit. J’veux k’tu pikes la Kouronne d’Gork sous l’nez d’ces krétins d’zoms puant. » Oddgit eut soudain un sentiment de nausée juste au creux de l’estomac. « Pourkoi moi, euh, j’veux dire, OK, chef ! »

Grotfang eut un large sourire. « Ch’sais ke j’peux konter sur toi, Oddgit. Va m’chercher c’te kouronne, et pis on pourra virer ces zoms du territoire de la tribu. Cê ske Mork et Gork y veulent ! Au boulot, eksa saute ! »

Oddgit détala aussitôt et rassembla autant de gobelins qu’il pût en trouver. Il pouvait faire confiance à son chef pour leur confier des missions impossibles. Peut-être Grotfang savait-il que les gobs, mieux que les orques, étaient capables de se faufiler jusqu’au camp ennemi et d’y dérober la Couronne de Gork cachée sous les idoles sacrées. Son cerveau enfiévré de chamane commença à établir un plan machiavélique. Quel meilleur projet qu’une attaque des gobelins de la nuit ? Leur vision nocturne est bien meilleure que celle des humains. Oddgit commença à croire que son seigneur avait été bel et bien inspiré par Mork et Gork.

Résultat historique

Au moment où la vague de gobelins déferlait, l’animosité se déclara dans les rangs, réduisant à néant la plupart des avantages tactiques de l’attaque surprise et de l’approche rapide. Les troupes de Manfred, tirées de leur torpeur par le vacarme des gobs querelleurs, furent rapidement prêtes au combat. Les quelques gobelins qui ne semblaient pas concernés par ces disputes se lancèrent dans la bataille et les agiles et rapides chevaucheurs de loups s’enfoncèrent au cœur des troupes de Manfred.

Sur l’autre flanc, les chasseurs de squigs et les rétiaires connaissaient quelques difficultés. Les halfelings au regard perçant les débusquèrent malgré l’obscurité et décimèrent leurs unités au fur et à mesure de leur avance. Les autres salves de l’Empire ne causèrent que des dommages mineurs à la horde des pillards.

Oddgit réussit à imposer son autorité à la bande de lanciers gobelins et les jeta dans une attaque frontale contre les hallebardiers de Manfred. Il lâcha les fanatiques, causant de terribles dégâts dans les rangs des hallebardiers, mais les troupes impériales tinrent bon.

Une sauvage guerre d’usure s’engagea alors. Oddgit craignait que son armée ne se transforme en une masse incontrôlable, mais les hallebardiers, réduits à une poignée de combattants, lâchèrent prise. Un vent de panique souffla sur les autres unités de l’Empire.

Oddgit réussit à éviter que sa tête n’explose sous les effets de l’énergie de la Waaagh dont une grande partie s’était déversée dans l’idole à terre. Dans les ténèbres et la confusion, entre des gobelins enragés et des troupes impériales isolées qui tentaient de résister, Offgit eut le temps de fouiller le sol autour de l’idole déracinée et de déterrer la Couronne de Gork. Il l’enfouit sous sa tunique crasseuse et s’éclipsa pour la rapporter à Grotfang.

Manfred était tombé héroïquement alors qu’il essayait de rallier ses troupes au plus fort de la bataille. En dépit de la mort de son capitaine, Rutgar, qui ignorait l’existence de la couronne de Gork, croyait de bon droit avoir remporté la victoire. Les gobelins ne s’étaient-ils pas dispersés et n’avaient-ils par disparu dans la nature sans avoir repris leurs sinistres idoles ?

Pour venger la perte d’un si vaillant serviteur, Rutgar ordonna que l’on fasse exploser les idoles avec de la poudre à canon. Les soldats furent très heureux d’exécuter cet ordre, même si d’infortunés sapeurs furent écrasés par l’autre statue lorsqu’elle se renversa au moment où les barils de poudre étaient mis en place.

BATAILLE 2 – L’EMBUSCADE

En mission à Altdorf

Ignorant que les gobelins avaient tenté de dérober la mystérieuse Couronne de Gork, les messagers de Rutgar arrivèrent à Altdorf et visitèrent les collèges de magie en quête de sorciers. Ils devaient persuader le plus de sorciers possible de les suivre jusqu’au domaine de Rutgar pour y résoudre le mystère des sinistres idoles des orques.

Rutgar voulait purifier ce pays de toutes les corruptions orques. Les idoles, vraisemblablement imprégnées de la magie des peaux-vertes, constituaient un réel danger pour son peuple et il pensait à juste titre qu’elles exerceraient un inéluctable magnétisme sur les orques et les gobelins, attirant ces tribus avec leurs pouvoirs étranges et surnaturels. Le meilleur moyen d’empêcher les orques de revenir dans leurs contrées perdues était de renverser et de démolir leurs idoles. Cependant, et avant toute chose, le jeune chevalier comprenait qu’il devrait annuler leurs pouvoirs, et, à cette fin, devait s’assurer l’aide d’un magicien suffisamment virtuose pour neutraliser leur maléfique puissance.

Après de longues recherches, les messagers trouvèrent finalement un sorcier assez dément pour les suivre et rejoindre Rutgar. Zorn était son nom et, pour des raisons inavouables, il avait hâte de se mettre en route vers cette lointaine contrée. Après avoir constitué sa propre escorte de gardes du corps et de mercenaires, il se mit en route par-delà les montagnes vers les Principautés Frontalières. La compagnie séjourna quelques jours au château de Frederik afin d’y rassembler les canons et autres approvisionnements destinés à Rutgar. Puis le convoi se remit en marche pour couvrir l’étape la plus hasardeuse, la route qui sillonnait les étendues sauvages.

Grotfang devient sournois

La plupart des guerriers de Grotfang, déjà profondément engagés sur le territoire de Rutgar, autrefois contrée orque, devaient reconnaître sans être vus les voies menant au camp de Rutgar. Jusque-là, la chance avait été de leur côté et leur présence n’avait pas été décelée par les rares éclaireurs humains. Ils étaient allés aussi loin que l’unique route reliant le camp de Rutgar au château de Frederik le leur permettait. Au-delà, c’était la voie qui menait vers l’Empire.

L’attention des guerriers de Grotfang, à l’affut en haut d’une colline, fut attirée par une colonne de poussière à l’horizon. C’était Zorn et son escorte en route vers le camp de Rutgar. Snagga, le chef de la bande orque, était impatient de se battre. Grotfang le récompenserait pour avoir intercepté et détruit les renforts ennemis.

Résultat historique

Les troupes de Zorn avançaient en colonne. Les pistoliers constituaient l’avant-garde et les escorteurs étaient à l’arrière. Bien que se sachant en territoire ennemi, ils étaient loin de se douter de l’imminence de l’embuscade. Les orques surgirent soudain de derrière les collines. En un clin d’œil, une bande hurlante de chevaucheurs de sangliers conduite par Snagga s’était jetée sur le chariot de guerre placé en tête de colonne.

Simultanément, deux bandes de chevaucheurs de loups se précipitèrent à l’avant et à l’arrière de la colonne, mais les unités impériales, très bien entraînées aux techniques de protection des convois, firent volte face et n’eurent aucune difficulté à les refouler.

Les guerriers de Snagga taillèrent en pièces les Joueurs d’épée qui s’étaient mis courageusement en travers de leur route. Une horde hurlante d’orques assoiffés de sang et chevauchant des sangliers fonça droit sur le chariot de guerre qui prit la fuite, ses chevaux terrifiés par l’odeur des sangliers de combat.

Les flagellants ne furent pas surpris par le tour que prenaient les événements et ils se jetèrent immédiatement sur les orques noirs qui dévalaient à toute vitesse le versant de la colline. Au même moment, les deux pièces d’artillerie furent déployées et braquées sur Snagga qui rassemblait ses chevaucheurs de sangliers en vue d’une autre attaque. En quelques secondes, les tirs ouvrirent de larges brèches dans l’unité, décimant ses effectifs.

Les ogres groupés au centre de la colonne avancèrent vers un nouveau groupe de guerriers et d’archers orques apparus sur la crête des collines et qui ne tardèrent pas à s’enfuir devant eux. Bientôt, les ogres ne furent plus que des silhouettes se dessinant sur l’horizon, lancées à la poursuite des orques.

Ayant repoussé l’assaut à l’arrière, les escorteurs impériaux éperonnèrent leurs montures et remontèrent rapidement le long de la colonne pour soutenir les troupes de tête toujours en difficulté. Les pistoliers firent volte-face et chargèrent les orques noirs dans le dos. Avec l’aide des flagellants, ils ne firent qu’une bouchée de l’unité d’élite des orques.

Ulrich passa toute la bataille près de Zorn et des canons, position qui lui permettait de contrôler la situation. L’un des sorts de Zorn destinée à Snagga en personne fut aspiré de l’esprit même du sorcier par une gueule impressionnante gravée sur le bouclier de Snagga. Ulrich se demanda si le magicien pour lequel il avait parcouru une si longue distance en valait bien la peine. Quoi qu’il en soit, la horde de Snagga fut tellement malmenée et dispersée qu’elle ne put empêcher les renforts d’arriver à destination. La colonne se reconstitua pour reprendre son ordre de marche et continua en direction du camp de Rutgar avec ses renforts indispensables.

BATAILLE 3 – LA BATAILLE DES ROCS DES TROLLS

Grotang cherche des renforts

NazgobDe son poste d’observation à la vue imprenable, Grotfang surveillait le camp de Rutgar et observait les compagnons extraires et empiler des pierres sur des chariots. Non loin de là, au sommet de la plus haute des collines, et à l’endroits où s’élevait autrefois son propre fort, les humains construisaient leur forteresse. Grtfang savait qu’il devait attaquer sans plus attendre, avant que les humains n’aient fini leurs travaux de construction. S’il hésitait trop longtemps, jamais plus il ne pourrait reprendre possession de son territoire.

Un peu plus tard, lorsqu’il fut de retour à son camp, Grotfang, convoqua son nouveau conseiller et dernier favori en date, le chamane orque Dreg.

« Les zoms konstruizent une fort’res sur ma sakrée nom de nom d’kolline !, Grotfang émit un grondement de colère. « Sa veut dir’ k’on doit les virer d’là avant ki z’y mettent des kanons et d’aut’trucs ».
« Sa cé vrai, chef, acquiersca Dreg.
« Ouais, cé vrai, piske j’l’ai dit ? Mais on a b »zoin d’plus de gars. On va aller dans d’aut’tribus chercher des gars pour ki viennent avek nous. J’veux k’tu fasses ça pour moi, tu vois s’ke j’veux dire ? »
« J’krois k’oui, déclara Dreg d’un air dubitatif. « Mais y faudra leur donner kek’chose en échange. »
« Koi ? »
«  Ch’sais pas » , continnua Dreg en regardant le ciel comme s’il y cherchait une inspiration divine.
« Et si les zoms y z’avaient kaché de l’or dans l’fort ki konstruisent » demanda le seigneur dans un subit élan emprunt d’inspiration.
« Ouais ! Maint’nant z’avez pigé pourkoi y konstruisent d’abord leur châtô ? Mais ch’kontinue vot’ rêzon’ment, chef, on pourrait dire à d’ots chefs de v’nir avek nous si on leur promet d’leur donner d’l’or ! Super plan, chef ! Mais, y’a comme un hik. »
« Mais koi ? » commanda Grotfang.
« Ke ski passe si y z’ont vraiment pas l’or et k’les zots chefs y veulent leur part ? »
« On s’en tape » rétorqua le chef. « Dis leur juste k’on pense ki ya d’l’or. Tu voudrais kan mêm’pas kon perde une chance de piker un magot aux zoms, hein Dreg ? »
« Ben ouais ke j’voudrais pas ! » affirma le chamane, toutefois dubitatif quant au bien fondé du plan.
« Alors, Dreg, va z’y et trouve moi don’lez’aut’ chamanes, ceux des Dents Brizées, des Griff’Crochues, des Pustulz et dez’aut’tribus ki sont par là autrou, et pis débrouille toit pour ki peuv’pas r »fuser ! ».

Les Pustulz

Dreg se mit en quête de chamanes, courut çà et là dans les environs et fit le tour de tous les endroits sacrés des orques. Mais c’est dans les profondeurs humides d’une grotte aux parois mangées de lichens qu’il tomba sur un paquet d’os et de chiffons crottés qui lui était familier.

« Nazgob ! J’reconnaîtrait tes kenottes pointues n’importe où. Eh, ch’suis Dreg, ton sakré vieux potes ! » cria Dreg au tas de guenilles malodorantes.
« Bon, ben, tu m’as enfin trouvé, krétin de Dreg ! » rétorqua Nazgob allègrement.
« T’es toujours avec la tribu des Pustulz, Nazgob ? » Un grommellement se fit entendre pour toute réponse. ‘Ch’suis en train d’chercher les tribus des Dents Brizées et des Griff’Crochues, tu léza vu ? »
« Nan. La dernière fois k’j’ai entendu cozé des Dents Brizées, c’était k’y z’étaient allés s’éklater chez les nabs. Pour les Griff’ Crochues, y ‘en a p’us. T’as entendu leur histoire ? Prends don un krâne et poztonkulà. »

Pendant que les deux chamanes faisaient rôtir quelques lichens au-dessus du feu, Nazgob conta la terrible fin de la tribu des Griffes Crochues à Dreg. Puis ce dernier posa les bases d’un accord entre les Griffes de Fer de Grotfang et les Pustluz du seigneur Uzguz. Le chamane mentionna un inestimable trésor que les humains avaient caché dans leur château en construction. Séduit à plus haut point par cette idée rutilante, Nazgob accepta de persuader Uzguz et la tribu de marcher vers le sud afin de rejoindre les forces de Grotfang. Un rendez-vous fut convenu au lieu dit « les Rocs des Trolls ».

Rencontre aux Rocs des Trolls

Quelques jours plus tard, un cavalier arriva au triple galop au camp de Rutgar et annonça qu’une importante bande d’orques avait été repérée à proximité d’une petite éminence rocheuse s’élevant à l’écart des collines. Ce monticule de pierres était déjà connu de Rutgar, car il marquait les limites de son nouveau domaine. Une action militaire devait être rapidement engagée pour dissuader l’ennemi d’envahir la contrée.

Rutgar donna l’ordre à son fidèle compagnon Konrad, célèbre chasseur de peaux vertes qui avait combattu les orques dans la lointaine Kislev, de déployer sans plus attendre une impressionnante force de cavalerie pour attaquer et mettre les orques en déroute. Rutgar pensait qu’il était très probablement confronté à cette même tribu que Frederik avait vaincue et qui tentait maintenant de reprendre ses terres. Il ne savait pas ce qui se passait vraiment.

En fait, ce n’était qu’Uzguz et ses Pustulz qui avaient établi un camp de guingois au pied des Rocs des Trolls. Les orques employaient un dialecte à ce point inintelligible qu’ils avaient même du mal à se comprendre en eux et la cervelle de Nazgob avait été tellement laminée par les feux trop brûlant de la magie chamanique, qu’il avait mal interprété les instructions de Dreg et s’était trompé sur le lieu de rendez-vous. L’emplacement du camp des Griffes de Fer était à des lieues de là et ces derniers s’étonnaient de la défaillance des Pustulz ! Pendant ce temps, Uzguz, qui attendait déjà depuis plusieurs jours, commençait à trouver la situation exaspérante. Il commença à croire que les Griffes de Fer avaient changé leurs plans ou qu’il leur était arrivé quelque chose de bien plus grave, lorsque soudain, les hommes de Konrad surgirent à l’horizon.

Résultat historique

Malgré l’assaut très violent des troupes impériales, Uzguz et les Pustulz défendirent le bivouac de leur mieux et parvinrent à contrer tous les efforts déployés par Konrad pour incendier leurs masures. Aussitôt l’alarme donnée, l’intérieur du camp grouilla d’archers orques bien déterminé à défendre leur nouveau village. Les rapides archers à cheval kislevites qui précédaient les autres cavaliers eurent les plus grandes difficultés à s’approcher ou à accéder au campement. Aussi n’eurent-ils guère l’occasion de décocher avec précision leurs flèches enflammées mais se trouvèrent par contre en permanence sous la menace des flèches orques.

Les archers à pied et les arbalétriers manœuvrèrent sur le flanc droit pour pouvoir tirer. Ils avaient réussi à incendier l’une des masures lorsqu’ils se trouvèrent face à Nazgob lancé à la tête d’une meute hurlante de trolls. L’avancée menaçante des trolls fit refluer les arbalétriers et les halfelings, même s’ils n’abandonnèrent le terrain qu’à contrecœur et non sans gaspiller quelques précieuses flèches. Sur l’autre flanc, les pistoliers furent dispersés par la charge d’Uzguz et de ses chevaucheurs de sangliers.

Konrad vit avec désespoir ses ruses échouer l’une après l’autre, son assaut être finalement réduit à néant et les orques prendre le dessus. La plupart de ses hommes étaient maintenant en fuite ou forcés de reculer, et les archers à cheval durent eux aussi abandonner après avoir passé toute la bataille à traverser le camp dans un sens puis dans l’autre. Konrad regroupa ses troupes et profita de la tombée de la nuit pour tenter de s’échapper. Uzguz se jeta à sa poursuite et dut le rattraper quelque part au milieu des plaines car Konrad ne revint jamais faire son rapport à Rutgar.

Ne voyant pas revenir Konrad et ses troupes, Rutgar envisagera le pire. Un jour se passa avant que quelques halfelings épuisés et débraillés ne réapparaissent. Ils confirmèrent que les orques les avaient poursuivis et rattrapés en plein nuit.

La tribu des Pustulz rejoignit les Griffes de Fer de Grotfang.

BATAILLE 4 – LA BATAILLE POUR RUTGARBURG

Les orques, des centaines !

Il y a des jours où se jouent des centaines de destinées. Grotfang et son armée étaient prêts à donner l’assaut final contre le camp de Rutgar. L’armée de ce noble chevalier occupait l’endroit où s’élevait autrefois la forteresse de Grotfang, cet endroit même d’où les orques avaient été chassés par le Margrave Frederik. Mais, ce jour-là, Grotfang avait fait le serment de reprendre la place forte.

Les colons avaient baptisé leur nouveau domaine Rutgarburg en l’honneur de leur jeune commandant, et c’est sur la colline la plus élevée que les hommes de Rutgar construisaient un château fort. Le temps avait manqué et le château se limitait aux fondations, à quelques murs de pierre inachevés et à la tour de guet orque restaurée. Rutgar avait l’intention de faire de cette tour son principal point de défense pour l’attaque qu’il savait devoir se produire tôt ou tard. Grotfang avait décidé fort judicieusement qu’il valait mieux attaquer le château avant qu’il ne fut achevé, il savait que plus il attendrait, plus il aurait de difficultés à défaire les troupes humaines. Il tenait sa seule et unique chance de reconquérir les anciens territoires de la tribu et il ne devait pas faillir.

Chacun travaillait dur à Rutgarburg, participant à l’édification du château ou s’entraînant aux armes. Soudain, la sentinelle en faction dans le vieux donjon orque qui faisait office d’échauguette souffla dans son grand cor de guerre. Ce signal d’alarme eut des effets instantanés. Alors que les colons revêtaient leurs armures et que les cavaliers réclamaient leurs chevaux, Rutgar se glissa à l’intérieur du donjon et gravit l’échelle qui accédait à son sommet pour constater la situation de son propre chef. Le doute n’était plus permis, le combat tant redouté aurait lieu aujourd’hui. Une formidable horde d’ennemis approchait rapidement dans la plaine. Rutgar rassembla ses hommes au plus vite pendant que la marée orque progressait inexorablement vers Rutgarburg.

Chargez, tas d'ektoplasm !

Grotfang brandit son épée à la lame ébréchée et entonna l’hymne guerrier de la tribu : « Griffeuu d’Fer, Griffeuu d’Fer ! Griffeuu d’Fer ! Waaagh ! » Le chant fut repris par les guerriers de la horde dont les voix stridentes hurlaient leur soif de sang. Des mains à la peau tannée martelaient sur une cadence endiablée de grossières épées contre des boucliers métalliques. La cacophonie devint telle que le vertige s’empara des chamanes et que des incantations sauvages dansèrent dans leurs esprits. De l’énergie orque crépitait au bout de leurs doigts et un grondement de tonnerre résonnait dans leurs têtes, battant à l’unisson avec le tintamarre général.

Non loin, les anciennes idoles de Gork et Mork, l’une face à terre, l’autre observant le champ de bataille du haut de son tertre sacré, craquaient en rythme avec les mélopées démentes des chamanes. Les dieux orques étaient en ce jour aux côtés de leurs fidèles adorateurs.

La tribu des Griffes de Fer était de retour chez elle !

Résultat historique

En dépit de la surprise causée par les forces ennemies surgissant à l’horizon, l’armée de Rutgar se déploya rapidement. Les Chevaliers Panthères, les ogres et le canon Feu d’Enfer purent même avancer sur le champ de bataille tandis que Grotfang tentait d’aligner des troupes à l’humeur plutôt fantasque. Les Lance-rocs des orques firent pleuvoir des rochers sur les Chevaliers Panthères qui progressaient sur le flanc droit de l’armée impériale. Renforcés par ceux qui avait fait un long voyage pour rejoindre Rutgar et l’aider à tenir ces terres contre les orques, les chevaliers continuèrent résolument à avancer. Les ogres de Zorn, qui marchaient au côté des chevaliers, s’en prirent à des archers orques sauvages, déployés en tirailleurs, qui s’étaient avancés d’une manière trop enthousiaste. Après un combat sanguinaire, les orques refluèrent précipitamment vers leurs lignes.

Pendant ce temps, les Chevaliers Panthères écrasèrent une horde de lanciers gobelins conduits par Oddgit. Malheureusement, les gobelins ne comptaient pas de fanatiques dans leurs rangs et ils furent mis en déroute. Ce désastre fut de trop pour les servants du lance-rocs orques à proximité. Lâchant leurs blocs de pierres, ils s’enfuirent et sonnèrent du même coup la débâcle de tout le flanc gauche de l’armée de Grotfang.

En revanche, sur le flanc droit, les peaux-vertes étaient en meilleure posture. Les canons de l’Empire n’avaient pas causé trop de dégâts et le canon à répétition retenait son feu. La horde de gobelins de la nuit, précédée par des fanatiques écumants et rugissants, marcha sur les rangs compacts des hallebardiers. Les fanatiques entamèrent les effectifs des soldats impériaux, mais, indifférents à cette agression, ces derniers continuèrent leur avance et engagèrent les gobelins. Ceux-ci se ruèrent avec acharnement sur les hallebardiers qui vacillèrent et reculèrent entre les halfelings et les arbalétriers tiléens qui considéraient cette scène avec un mélange de consternation et d’incrédulité. Le flanc doit de Rutgar semblait bien être sur le point de céder.

Après avoir rapidement évalué la situation, les flagellants restés jusque-là dans les fortifications fondirent soudain sur la bande d’orques la plus proche, qui s’était jetée dans la brèche ouverte par les gobelins. La lutte fut terrible et les flagellants mirent finalement les orques en fuite. Ils les poursuivirent, les rattrapèrent et les exterminèrent jusqu’à dernier.

C’est alors qu’au plus fort de la bataille, le sort frappa le chamane Nazgob. L’effervescence de l’armée de Grotfang affrontant enfin son ennemi juré eut raison du chamane plutôt habitué à l’énergie générée par une petite tribu. Submergée de tourbillons de magie Waaagh, sa tête éclata comme une vesse-de-loup, éparpillant alentour des lambeaux de robe ensanglantés. Oddgit totalement évaporé, Grotfang était privé de l’assistance de la magie. Zorn, le plus énigmatique des sorciers, s’était quant à lui dissimulé quelque part dans l’enceinte du château. On avança plus tard que ses sortillèges n’était pas étrangers à la défaite du flanc gauche des troupes de Grotfang.

Les halfelings, les seules troupes du flanc droit de Rutgar à avoir courageusement tenu leur position, chargèrent de flanc une masse de gobelins de la nuit. Cette manœuvre fut couronnée de succès et renversa probablement le cours de la bataille en faveur de l’Empire. Tout à fait sur la droite, les Chevaliers Panthères tentèrent de maîtriser leurs montures paniquées pendant que les ogres affrontaient la bande d’Oddgit. Ce dernier, qui marchait avec assurance à la tête de ses gobelins tout juste ralliés, attaqua et déborda les ogres.

Les gobelins victorieux foncèrent alors sur les Chevaliers Panthères, ce qui signa leur arrêt de mort. Les chevaliers firent volte face et se battirent avec une détermination surhumaine. Ulrich souffla dans le Cor d’Urgork ce qui déclencha la panique chez les gobelins et les éparpilla dans la plaine. Les Chevaliers Panthères éperonnèrent leurs chevaux pour donner le coup de grâce et le flanc droit de Grotfang cessa bientôt d’exister. Pour apporter leur soutien à leurs compagnons assaillis, les Chevaliers Panthères firent alors demi-tour de manière à déborder le reste de l’armée de Grotfang.

Toute l’artillerie de Rutgar ouvrit le feu afin de stopper l’avance implacable du centre des troupes de Grotfang. A un moment donné, tous les canons, y compris le canon à répétition explosèrent et causèrent la mort de leurs servants ainsi que quelques dommages alentours. Zorn émergea du fort pour lancer des boules de feu et des éclairs en direction de Grotfang, exposé non loin d’une imposante unité orque. Le chef de guerre fut quelque peu roussi mais, par une étrange clémence du sort, il survécut. Zorn se trouvera alors soudain assailli par des chevaucheurs de squiggs très déterminés qui l’attaquèrent à tour de rôle. Zorn fut vaincu mais son Amulette Noire le sauva et dans leur élan, plusieurs squiggs se débarrassèrent de leur cavalier ! Le soleil allait se coucher. Les flagellants fous furieux avaient plongé au cœur d’une horde d’orques noirs alors qu’ils poursuivaient les derniers kostos orques. Mal préparés à la violence d’un tel assaut, ils furent déchiquetés par les énormes haches des orques.

Malgré ce succès, Grotfang était maintenant préoccupé par les Chevaliers Panthères dont les lances baissées indiquaient l’imminence de la charge. Il savait que ses derniers guerriers ne pourraient pas y résister. De nombreux pleutres avaient d’ailleurs déjà déserté, profitant de l’obscurité pour prendre la poudre d’escampette. Grotfang, les trois quarts de sa tribu gisant çà et là autour de lui, décida lui aussi qu’il valait mieux s’éclipser. Les orques disparurent, comme happés par la pénombre. Après s’être assurés qu’il ne restait plus un seul orque dans les environs, les chevaliers se rassemblèrent autour du grand feu de camp des halfelings qui s’offraient déjà un souper bien mérité.

Après la bataille, l’armée de Rutgar ou même celle de Zorn comptaient peu de survivants, mais le fief restait sous bannière impériale et les orques avaient été massacrés ou mis en fuite. Les colons halfelings du Mootland s’étaient distingués à plusieurs reprises et leur vaillance avait suscité l’admiration de Rutgar. Dès ce jour et afin de les encourager à rejoindre ses troupes, il accorda à tous les halfelings une dispence de la dîme féodale.

Quant à Grotfang, il était toujours en possession de la couronne de Gork et il conserva ainsi la confiance de ses guerriers. La destruction des idoles et la défaite incita la tribu à quitter la région et à émigrer vers le sud-est. La horde de Grotfang, fortement amoindrie et privée d’un chamane pour la guider, erra pendant un bon moment à travers les plaines désolées.

On raconte que Grotfang s’érigea un nouveau domaine et rassembla sa tribu dans un lointain pays. Même si Sigmar fut ce jour plus fort que les dieux orques, Grotfang était peut-être réellement béni par Gork, et il accomplit finalement sa destinée.