LES DRAGONS DE SANG
Les maîtres de la nuit p41 et suivantes
Il convient toujours de lire le background des "comtes
vampires" avec une lunette réductrice en gardant
à l'esprit que les vampires sont "très
rares" (Bestiaire WFB2).
Etre Dragon de Sang, cest rechercher la parfaite maîtrise de lart du combat. Le reste nest quaccessoire. Les autres lignées se préoccupent dautres choses, de petites choses triviales telles que la conquête, le pouvoir ou la maîtrise de la magie. Les Dragons sont bien au-dessus de ces mesquineries. Ils ne se réclament daucune nation ni daucun chef, ils nont foi quen la pureté de leur quête. Leur seule ambition est datteindre à la perfection du guerrier, en transcendant jusquà leur nature intrinsèque de vampires, afin dapprocher une forme de divinité. Et si, pour parvenir à ce but, ils doivent massacrer des centaines de personnes, des milliers ou même des millions, ainsi soit-il. Il faut bien quune lame soit mise à lépreuve, après tout.
HISTOIRE
La lignée des Dragons de Sang est marquée par le sens du devoir. Abhorash était non seulement le premier des guerriers de lancienne Nehekhara mais également le plus grand de tous les serviteurs de la reine Neferata. Lorsquil découvrit quelle était devenue une vampiresse, il fut frappé dhorreur, mais il était son féal et entièrement soumis à sa volonté. Pour satisfaire sa reine, il rechercha des victimes dignes détancher sa soif et, pour sa protection, il traqua les malfaiteurs et les opposants afin que la population ne se soulève pas contre ses seigneurs. Enfin, pour obtenir ses faveurs, il but également lÉlixir afin de rejoindre sa reine sur lautre rive du fleuve de la mort.
Cependant, Abhorash nétait pas uniquement dévoué à sa reine. Cétait également un idéaliste qui croyait en lhonneur du trône lahmiane, à la dignité de ceux qui y siégeaient et au caractère sacré de leur devoir envers leurs loyaux sujets. Au nom de Lahmia, Abhorash résista à ses appétits aussi longtemps quil le put mais, finalement, il fut obligé de céder à ses noirs désirs. Lorsquil succomba, sa soif était si grande quil massacra douze hommes. Le jour suivant, et chaque année suivante à la même date, il alluma douze cierges dans le temple afin de se souvenir des vies quil avait prises. À partir de ce jour, il ne se nourrit plus que des criminels de sa cité et toujours avec modération. Il se voua aussi, obsessionnellement, au perfectionnement de sa maîtrise de lépée, convaincu que la discipline martiale serait la clef qui lui permettrait de dompter ses nouveaux instincts.
Abhorash proposa une grande charte aux seigneurs vampires de Lahmia, afin de les inciter à suivre son exemple et à honorer leurs nobles devoirs, quels que soient leurs besoins. Mais les Premiers-nés, et tout particulièrement Ushoran le sentencieux, tournèrent sa proposition en ridicule et ignorèrent sa charte pour retourner à leur décadence et à leurs pratiques luxurieuses. Abhorash savait dans les tréfonds de son cur que cela finirait par leur coûter cher, mais il ne pouvait se montrer déloyal envers ses seigneurs.
Les prédictions dAbhorash se révélèrent exactes et les murs décadentes et violentes de Lahmia ne passèrent pas inaperçues dans les autres royaumes de Khemri. Le neveu de Neferata, Alcadizaar, ne pouvait tolérer la menace que cette cité représentait pour son autorité ; la soif de sang de ses gouvernants lui procura tous les arguments dont il avait besoin pour les anéantir. Il leva une immense armée issue des quatre coins de son royaume et fondit sur Lahmia. Un seul homme était capable de les arrêter : Abhorash, désormais généralissime des armées de la cité, porteur du titre de Seigneur du Sang.
Des mois durant, Abhorash et ses hommes réussirent à tenir en échec les forces immensément supérieures de lennemi. Des milliers dattaquants périrent et pourtant cela ne suffit pas. Peu à peu, les armées dAlcadizaar taillèrent les troupes dAbhorash en pièces, abattirent des murailles et sintroduisirent dans la cité, pillant, brûlant et massacrant. Sur les marches du Grand temple de Neferata, Abhorash combattit seul contre tous et nul ne put le surpasser. Hélas, autour de lui, les envahisseurs avaient déjà remporté la victoire. Sa cité était en flammes, son peuple était massacré et il avait laissé tout cela se produire pour défendre une reine qui nétait plus digne de son titre, qui avait abandonné ses sujets et sétait lâchement enfuie, terrifiée. En voyant cela, Abhorash abjura toute loyauté envers sa reine, sa maison et sa lignée. Et devant les souffrances sans fin et les dévastations causées par les armées dAlcadizaar, Abhorash rejeta également tout lamour quil avait pu ressentir pour les humains et fit le serment de les détruire comme ils avaient détruit sa ville bien-aimée. Ne prenant que son armure et ses armes, suivi de ses plus fidèles lieutenants, il abandonna la cité à son destin. À partir de ce moment, il continua à allumer ses douze cierges chaque année, mais cétait pour ne jamais oublier que les hommes méritaient de connaître lextinction car ils nétaient rien de moins que des animaux et que lui, Abhorash, avait été un imbécile davoir jamais pleuré sur leur sort.
Il se dirigea vers le nord, bien décidé à fouiller le Vieux Monde à la recherche dun signe qui donnerait une signification à son existence. Il traversa les Terres Arides avec ses suivants et ils donnèrent libre cours à leurs instincts prédateurs, quils sétaient si longtemps efforcés de réprimer, sur les peaux-vertes qui vivaient là. Les prouesses martiales dAbhorash furent si impressionnantes quaujourdhui encore les chamans orques de la région racontent la légende de lhécatombe qui fut perpétrée sur leur peuple par une « armée » dégorgeurs. Les nains et les plus anciennes tribus humaines se transmettent également des légendes datant de cette période où lon évoque cinq personnages qui ne laissèrent que mort et dévastation dans leur sillage. Mais ni cette libation ni aucune de celles qui suivirent ne purent apaiser la rage dAbhorash,pas plus que son sentiment dinanité. Il fulminait de rage à la simple pensée que ses instincts animaux puissent avoir le dessus sur sa volonté, car cela signifiait quil ne valait pas mieux que les seigneurs quil avait rejetés autrefois ou que la vermine humaine qui grouillait autour de lui.Tant quil serait soumis à cette faim, il ne pourrait jamais devenir un véritable guerrier.
De nombreuses années sécoulèrent. Abhorash et ses lieutenants arrivèrent un jour devant une montagne couronnée de flammes. Seul, ivre de rage et avide de nouvelles destructions, Abhorash grimpa jusquau sommet du pic pour y découvrir un gigantesque dragon rouge sang. Selon la légende, ils saffrontèrent en un combat titanesque. Les montagnes tremblèrent et les pierres éclatèrent sous les coups de boutoir de violentes tempêtes. Le combat dura un jour et une nuit jusquà ce que, finalement, le seigneur vampire porte le coup de grâce à laîné des grands wyrms rouges. Alors, comme son adversaire gisait mourant à ses pieds, le vampire se jeta sur lui et but longuement.
Ayant étanché sa soif, Abhorash laissa échapper un hurlement de triomphe car sa quête était achevée. Dans le sang du dragon rouge, il avait trouvé lapaisement de son avidité bestiale et, avec la disparition de celle-ci, sa crainte du soleil disparut également. Il était finalement devenu lêtre ultime, armé de toutes les forces et de tous les pouvoirs des vampires, sans aucune de leurs faiblesses. Il avait atteint à la perfection et, ce faisant,avait trouvé un nouvel objet de foi : lui-même.
Abhorash enjoignit à ses disciples de suivre son exemple, de perfectionner leurs talents martiaux afin de devenir les guerriers suprêmes qui pourraient transcender les limites du vampirisme et toutes les faiblesses du monde mortel. Ses lieutenants firent le serment de suivre sa voie et prirent le nom de Dragons de Sang.
SOCIETE ET ATTITUDE
Peu après sa transformation, Abhorash quitta ses fidèles sans leur laisser dinstructions particulières sur les moyens de suivre son exemple. Ce fut donc le lieutenant favori dAbhorash,Walach Harkon, qui définit lorganisation et les buts des Dragons de Sang. Peu après la disparition dAbhorash, Walach découvrit une petite forteresse dans les Montagnes Grises, au nord-ouest de Nuln. Appelée le Fort de Sang, elle était le quartier général de lOrdo Draconis, un respectable et très ancien ordre de chevaliers sigmarites dont la bannière portait un dragon noir sur champ de gueules. Pour Walach, il ne pouvait y avoir de signe plus évident. Le soir même,il entra dans le Fort de Sang et mit chacun des chevaliers présents au défi de le tuer. Au matin, tous ceux quil avait jugés trop faibles étaient morts et il les avait relevés sous forme de revenants. Les autres, les plus forts et les plus habiles, il leur donna le Baiser de Sang. Ces chevaliers morts-vivants jurèrent de consacrer leur non-vie à Walach, leur nouveau grand maître, et cest ainsi que naquit lordre des chevaliers des Dragons de Sang.
Bien des choses rejoignaient la quête de ces vampires dans lexistence des chevaliers. Leur dévotion à une cause supérieure donnait une justification à leur entraînement et à leurs épreuves Toutefois, ils naccordaient aucun prix à la vie, excepté la leur, navaient aucune frontière à protéger et partageaient entièrement le dédain dAbhorash pour lhumanité. Leurs traditions chevaleresques cédèrent bientôt le pas au péché et aux excès. Ils se repaissaient de tous ceux quils prenaient à voyager dans les montagnes, sans tenir aucun compte des anciennes lois dAbhorash et chacune de leurs chasses se terminait par un festin de sang.
Il ne fallut pas longtemps pour que le répurgateur Gunther van Halne découvre la corruption de lOrdo Draconis. Ayant rassemblé quatre ordres de templiers au grand complet, il se lança à lattaque du Fort de Sang. Le siège fit rage pendant trois années avant que les murailles ne cèdent enfin ; les vampires furent massacrés et la forteresse réduite à un tas de gravats. Les impériaux pensèrent que les ténèbres sen étaient allées. Mais un bon nombre de vampires avaient survécu à la destruction du fort et ils se dispersèrent dans le monde, emportant avec eux ses idéaux et sa doctrine. Certains voulurent arpenter le monde dans la solitude tandis que dautres fondèrent leurs propres ordres afin de perpétuer les enseignements de Walach, ou au moins leur propre version de ces enseignements.
En conséquence, la lignée des Dragons de Sang est la plus désorganisée et la plus hétéroclite de toutes. Elle est constituée dindividus ou de petits groupes, chacun prônant sa propre version du code des Dragons, nayant que très peu de contacts entre eux, voire pas du tout, et généralement hostiles les uns aux autres. Sils nétaient tenus par leur discipline de fer, les Dragons de Sang auraient depuis longtemps succombé à leurs querelles intestines.Il est également possible quils se modèrent parce que jadis, avant de disparaître, Abhorash a promis quil les surveillerait de près.
Les Dragons de Sang ont généralement peu de choses en commun, mais ils partagent tous certaines manières de penser. Tous les Dragons se réclament du credo dAbhorash : rechercher la maîtrise de lesprit et du corps à travers lart du combat à mort. Cet unique objectif domine chacune de leurs pensées et de leurs actions ; cest la raison pour laquelle les autres vampires les trouvent épouvantablement ennuyeux et bornés. Ce serait pourtant une erreur de croire quils sont incapables de conquérir ou de gouverner simplement parce quils nen manifestent pas le désir. Lorsque le besoin sen fait sentir, ils sont tout aussi capables de lever des armées et de faire pleuvoir un déluge de magie noire que nimporte lequel de leurs cousins.
Par ailleurs, leurs objectifs bien particuliers nen font pas pour autant des amis de lhumanité. De toutes les lignées, celle des Dragons de Sang est peut-être la plus méprisante envers les humains car les Dragons perçoivent le potentiel et les capacités des hommes et voient que ceux-ci les gâchent inlassablement par leur faiblesse et leur stupidité. Pour certains Dragons, la vie humaine ne mérite pas la moindre considération ; il nest pas rare que lun deux passe un village entier au fil de lépée dans le simple but déprouver le fil dune lame nouvellement acquise ou piétine une centaine dhommes afin de sentraîner à une nouvelle technique équestre. Aux yeux des Dragons de Sang, tous les humains du monde peuvent se répartir en deux catégories : les combattants méritants et les mannequins dentraînement. La seule occasion où lon verra parfois un Dragon de Sang faire preuve de clémence, cest lorsquil rencontre un opposant qui possède le potentiel de devenir un jour un adversaire digne de ce nom. Dans ce cas, il peut trouver plus divertissant de laisser un tel mortel devenir quelque chose dintéressant plutôt que de lexécuter sur-le-champ comme le reste de la vermine.
Malgré leur nature distante et leur singulière monomanie, les Dragons attirent parfois des adeptes. Il arrive que lun deux devienne célèbre par son approche particulière de la quête ou à cause dun nouveau style de combat dévastateur ; il peut alors voir affluer des admirateurs désireux de limiter et dapprendre de lui. Cest ainsi que de nouveaux ordres apparaissent ou prennent racine dans des ordres ou des organisations existants. Le tristement célèbre Duc Rouge dAquitanie fut lun dentre eux. Ayant entamé sa carrière comme chevalier solitaire, il devint le général dune armée composée à la fois de mortels et dimmortels, à mesure que la légende de ses prouesses martiales se répandait à travers la Bretonnie. Les chevaliers dIrrana faisaient partie dun ordre de chevaliers estaliens mortels jusquà ce que leur grand maître, estimant que les enseignements dAbhorash surpassaient de loin ceux de Myrmidia, ne décide dentraîner toute son unité à sa suite dans les ténèbres. Il existe un grand nombre dautres groupes de ce genre, petits ou grands.
Les autres sont des chasseurs solitaires, des renégats et des chevaliers errants qui parcourent le Vieux Monde par leurs propres moyens. Parfois, on rencontre lun de ces individus qui, ayant décidé de sinstituer gardien dun pont ou dun gué isolé, défie en combat à mort tous ceux qui désirent le traverser. On en trouve qui mènent une existence austère dans des forteresses de haute montagne ou des cavernes secrètes, acceptant parfois dentraîner ceux qui ont eu la persévérance darriver jusquà eux ou se bornant à les tuer pour sen repaître. Ils peuvent aussi se dissimuler parmi les humains, se mêlant aux aristocrates ou se glissant au cur des rangs des ordres monastiques ou de chevalerie. Un Dragon de Sang peut endosser tous les rôles tant que cela lui permet de pratiquer son entraînement et de se nourrir quand le besoin sen fait sentir. Dans les campagnes et les rues rouges de sang du Vieux Monde, ils nont aucune difficulté à se dissimuler. Après les sinistres lahmianes, ce sont les plus difficiles à débusquer.
Pour eux, la solitude nest pas uniquement une question de pragmatisme. De nombreux Dragons de Sang sont convaincus de la nécessité de suivre lexemple dAbhorash en toute sincérité. Dans lisolement, le chevalier peut découvrir ses véritables forces et espérer trouver quelques instants de paix qui le soulageront de la rage brûlante qui lui consume le cur. Néanmoins, de tels moments sont exceptionnels car le Dragon de Sang est,par nature,un être tourmenté, gouverné par ses bas instincts alors quil sefforce en permanence de sélever au-dessus deux. Le fait quils soient si peu nombreux à succomber à la folie témoigne réellement de leur prodigieuse force de volonté.
Cest pourtant cette isolation qui constitue leur seule faiblesse. Sans le soutien de leurs frères Dragons ou darmées de morts-vivants, une troupe importante peut quelquefois triompher de lun deux, si les humains font preuve dastuce et préparent bien leur action. Cependant, ils sont loin dêtre stupides et la pire erreur que puisse commettre un mortel (qui est également souvent la dernière) est de sous-estimer les capacités dun Dragon de Sang et ce quil est capable dendurer.
ALIMENTATION ET REPRODUCTION
La discipline dun Dragon lui permet de se passer de nourriture pendant plus longtemps que les autres vampires mais, à lexception de leur ancêtre disparu, ils doivent tout de même boire du sang pour survivre. Cependant, ils sont tellement familiers de la mort que la chose ne leur est pas difficile. Ils portent bien leur nom car ils ne se trouvent jamais très loin dune source de sang fraîchement versé.
Après le passage de lun des leurs, il ne reste généralement pas beaucoup de survivants pour sinquiéter de savoir sil a bu le sang des victimes avant quelles ne trépassent. Quoi quil en soit, les Dragons ne craignent guère les dénonciations car, en vérité, il est peu de personnes au monde qui soient capables de leur tenir tête. Les hommes du guet, les soldats et les chasseurs de vampires peuvent bien se ruer à lattaque pour un Dragon de Sang, ce nest quun entraînement de plus.
À la différence des vampires des autres lignées, les Dragons pensent généralement que le fait daccepter un sang volontairement offert par des serviteurs est une pratique décadente et perverse, le genre de choses qui mène à tirer un plaisir excessif de lacte de se nourrir. Rien ninterdit de se réjouir momentanément de lafflux de forces nouvelles apportées par le sang mais tout autre sentiment susceptible de détourner lesprit de la quête doit être fermement repoussé. Par ailleurs, un Dragon de Sang ne sabaissera jamais jusquà la vilenie des stryges qui se nourrissent sur la vermine et les cadavres.
Il ne sagit pas uniquement dune question de fierté. Les humains sont supérieurs aux animaux et leur sang possède donc plus de pouvoirs ; les Dragons sont supérieurs aux humains et leur sang est le plus puissant de tous. Cest pour cela quils recherchent souvent le sang de créatures qui pourraient savérer plus puissantes que les humains dans lespoir dy retrouver ce quAbhorash a obtenu de celui du grand dragon rouge. Pour certains, cela signifie se nourrir daristocrates, de grands héros ou danciens elfes. Dautres entreprennent de grands périples afin de boire le sang de créatures extraordinaires telles que les griffons, les vouivres ou les géants. À ce que lon raconte, Meloch le Bourreau des Géants apaise sa soif pour un siècle à chaque géant quil tue et sa puissance augmente à chaque fois.
Les Dragons de Sang ne considèrent pas la nécessité de se nourrir comme une affliction mais plutôt comme un besoin passager, comparable à celui daffûter leur épée ou de faire boire leur cheval. De même quils naccorderaient pas leur confiance à un chevalier qui ne prend pas soin de ses armes, ils noffriraient jamais le Baiser de Sang à un individu en lequel ils nauraient pas confiance pour assumer la responsabilité de se nourrir correctement. Néanmoins, les avis diffèrent également énormément sur la conduite à tenir ; certains pensent que, tant quils sont assoiffés, leur droit seigneurial leur permet de remplir leur coupe selon leur bon plaisir tandis que dautres considèrent la plus petite gorgée comme un honteux rappel de leur échec perpétuel. Notez bien, cependant, que ces derniers ne sapitoient pas le moins du monde à lidée de faucher les vies humaines comme autant de gerbes de blé. La seule chose qui les dérange est lidée dêtre contraints de boire du sang après le massacre, car autant le fait de tuer est un signe de force, autant lobligation de boire est un signe de faiblesse.
Dans le choix dun futur enfant des ténèbres, lattachement manifeste aux valeurs martiales est infiniment plus déterminant que son attitude envers lacte de se nourrir. Aux yeux des Dragons, seuls les guerriers les plus exceptionnels sont jugés dignes du Baiser de Sang. Ils doivent être à la fois incroyablement doués et totalement dévoué à leur vocation et à leur art, de la trempe de ceux qui mettent leurs compagnons darmes mal à laise ou les épuisent à force dobsession de perfection.Mais au-delà de ceci,il ny a aucune autre condition ; lart de la guerre nimpose aucune distinction de nationalité, de croyance ou de genre. Pour prendre la véritable mesure dun candidat, les Dragons laffrontent souvent en combat singulier. Ceux qui parviennent à survivre sont acceptés comme écuyers et apprentis; sils font leurs preuves, ils auront lhonneur dêtre reçus dans la non-vie.
Il existe des exceptions. Les serviteurs les plus fidèles ou les compagnons de longue date se voient parfois accorder le baiser, pour quils puissent rester aux côtés du vampire au fil des siècles. Il arrive également quun Dragon de Sang tombe amoureux et donne le baiser à sa bien-aimée, afin de ne pas être séparés par la mort. Mais si les membres de la lignée découvrent quun Dragon a abandonné sa quête par amour ou à dautres fins temporelles, le chevalier déchu de sa dignité est chassé de son ordre. Toutefois, il est très rare quune telle chose se produise grâce au processus de sélection mûrement réfléchi et à lautorégulation très stricte quils pratiquent.
On peut incontestablement affirmer que les Dragons de Sang sont les plus tatillons de tous les vampires des lignées quand il sagit du choix de leur progéniture et de très loin les plus modérés. Devenir Dragon de Sang, cest accepter un honneur sacré et entreprendre la plus exigeante des quêtes. Les autres lignées peuvent disséminer leurs rejetons consanguins aux quatre coins du monde à leur guise.
Les Dragons de Sang nont aucun besoin de familles aussi nombreuses, ni de frères inférieurs pour leur servir de valets. Ils nont besoin de rien, excepté deux-mêmes et, ainsi, ils nacceptent rien de moins que les meilleurs.
Le serment des Dragons de Sang Le serment des origines, apparemment dicté par Abhorash à ses lieutenants après son combat contre le wyrm, est court et très simple. En voici les termes exacts : « Que mon épée soit mon unique vérité, que la mort soit mon unique réponse et que ma quête nait pour seul objectif que de me mener à me dépasser moi-même. » Les Dragons de Sang le prononcent lorsquils reçoivent le Baiser ; cependant, sa formulation peut varier suivant linterprétation de chacun et certains vont jusquà le modifier radicalement De nombreux Dragons, par exemple, nutilisent pas dépée (les Bretonniens lui préfèrent généralement la lance) et chacun peut interpréter à sa manière le terme « se dépasser ». Ce serment noblige pas particulièrement celui qui le prononce à boire du sang et ne lui ordonne pas dexterminer la race humaine de sorte que lassiduité de chacun varie en ce qui concerne ces objectifs.Toutefois, tous les Dragons sont daccord sur un point : la mort est bien la seule réponse appropriée. Quel que soit leur objectif final, on peut avoir la certitude quils latteindront au terme dinnombrables massacres. |
TACTIQUES ET STRATAGEMES
La plupart des Dragons de Sang vivent une existence relativement recluse et isolée. Cependant, ils doivent tous satisfaire à la même exigence : trouver des adversaires. Lentraînement a ses limites ; en fin de compte, la seule véritable manière datteindre la perfection en matière de combat, cest de se mesurer à dautres guerriers dans des duels à mort.
Le Fort de Sang était idéalement situé pour les chevaliers vampires qui y résidaient : accroché au-dessus dun col montagneux, suffisamment loin de tout pour éviter dattirer une attention excessive mais assez fréquenté pour leur procurer un flot continu de gardes du corps et de mercenaires à combattre. Depuis la chute du fort, certains Dragons se sont mis à la recherche de repaires similaires mais le nombre de cols, de ponts et de gués du même genre reste néanmoins limité, même dans un empire aussi vaste que celui de Sigmar. Lautre solution est de rejoindre un ordre de chevalerie ou une troupe guerrière. Dans lidéal, la loge de lordre est si éloignée de ses structures hiérarchiques principales que les vampires peuvent opérer pendant des décennies sans être découverts. Ils peuvent même recevoir des ordres de leurs supérieurs et participer aux batailles et aux manuvres auxquelles ils sont convoqués. Qui saurait dire combien de grandes victoires de lEmpire ont été remportées uniquement parce que les Dragons de Sang sétaient secrètement joints à larmée ?
Certains de ces vampires se dissimulent au sein des rangs des soldats mortels. Cest beaucoup plus facile quil ny paraît car si les soldats sont par nature des individus étroits desprit, ils savent reconnaître un bon combattant lorsquils en voient un. Si lun des leurs a vaillamment combattu à leurs côtés, celui-ci peut bien utiliser un ou deux prisonniers comme il lentend, ils niront pas se plaindre. En ces temps ravagés par la guerre, il ne manque pas de soldats mortels pour en faire autant, sinon pire, sans quon les en blâme.
Bien sûr, dans léventualité où le vampire serait découvert et condamné à mort, un véritable Dragon de Sang ny verrait quune chance supplémentaire déprouver ses talents. Dans le cas dun individu isolé, cela se traduira par un simple combat mais dans le cas de groupes bien établis ou dordres constitués, cela peut aller jusquà la guerre ouverte. Dans la majorité des cas, cest pour défendre leur domaine que la plupart des Dragons de Sang entrent véritablement en guerre. Les autres occasions découlent généralement de la nécessité de venger une insulte ou de rappeler aux mortels quelle est leur véritable place dans ce monde.
Les Dragons de Sang excellent dans presque toutes les formes de stratégies guerrières, mais leur obsession de la perfection martiale et de la gloire personnelle entre fréquemment en conflit avec les qualités requises dans le commandement dune armée. Les pouvoirs nécromantiques leur font souvent défaut mais même ceux qui en sont dotés se donnent rarement le mal de développer leurs capacités au-delà de la simple invocation de troupes. Ils se refusent à pratiquer les arts ténébreux, de même quils se refusent à utiliser les armes à feu, considérant quil sagit là darmes réservées aux imbéciles et aux poltrons. Les Dragons de Sang ont foi en ce qui est tangible et que lon peut mettre à lépreuve : la solidité de lacier, la puissance des muscles et le courage du cur.Au fil des siècles, ils ont maintes fois démontré quils navaient besoin de rien dautre pour annihiler leurs ennemis et remporter la victoire.
LES GRANDES FIGURES DES DRAGONS DE SANG
Les personnalités suivantes font partie des Dragons de Sang les plus puissants et les plus illustres.
Abhorash, Seigneur du Sang
Le plus légendaire de tous les Dragons de Sang fut et est toujours leur premier grand maître, le Tueur de Dragon, le Fléau des Peaux-vertes, la Lame Immortelle, le Seigneur du Sang, Abhorash le Grand, Abhorash lErrant, Abhorash le Maître. Toutefois, on ignore où il se trouve. Selon certains, il serait parti vers le nord, très loin vers les confins des Désolations du Chaos, ou peut-être à lest, dans les territoires des géants, à la recherche de conquêtes toujours plus éclatantes. Dautres prétendent quil aurait suivi lexemple de Sigmar et serait devenu un dieu ; il en est qui racontent quil marcherait toujours dans leurs rangs, sous lapparence dun jeune vampire nouveau-né,observant les plus dignes dentre eux. Quelques-uns se remémorent les contes qui relatent les hauts faits dautres grands tueurs de dragons, tels Gilles le Breton et lord Amara de Hoeth, et se demandent combien de visages différents à bien pu adopter leur maître au cours dune existence aussi longue que la sienne. Quoi quil en soit, voilà des siècles que nul ne la vu ni ne lui a parlé et le mystère demeure entier sur lendroit où il se trouve comme sur ses desseins.
Walach Harkon, grand maître du Fort de Sang
Pour ce qui est de la renommée, le grand Walach Harkon vient immédiatement après Abhorash. Il organisa les Dragons de Sang et en fit un ordre de chevalerie, donnant ainsi une réalité aux idéaux dAbhorash. Harkon ne partage pas la spiritualité de son maître (il ne se contente pas de se nourrir sur les criminels, par exemple), mais il partage son culte de la perfection et il est convaincu que la meilleure manière dy parvenir réside dans une stricte obédience aux vux de la chevalerie. Nombreux sont ceux qui pensent quHarkon pousse les choses un peu trop loin en exigeant quils appliquent rigoureusement tous les aspects du cérémonial de la chevalerie, y compris la chasteté absolue depuis la mort dAurora, son unique amour. Mais Harkon ne tolère aucune contradiction.Il considère tous ceux qui ne suivent pas ses observances à la lettre comme des pourceaux indociles quil vaut mieux supprimer au même titre que les humains plutôt que de leur permettre de faire plus longtemps insulte à la pureté de lordre.
Harkon a également subi une cruelle insulte de la part des mortels qui ont osé le chasser de son glorieux Fort de Sang. Maintenant quil est de retour, il est bien décidé à relever le Fort et à contraindre ces mortels arrivistes, ainsi que tous les autres vampires, à reconnaître la supériorité incontestable du fort et de ses chevaliers. Walach a fait envoyer des messages à tous les Dragons de Sang, les informant que ceux qui sen considèrent dignes peuvent se joindre à lui afin de rebâtir le fort et lordre suivant ses nouvelles conceptions. Il ne sagit pas uniquement de reconstruire la forteresse. Il désire lutiliser comme quartier général de la campagne dextermination totale de la race humaine quil compte entreprendre. Il sait que le gros des armées de lEmpire se trouve encore dans louest après la Tempête du Chaos ; une armée de vampires venue de lest ne rencontrerait donc pas beaucoup dopposition. Si Harkon réussissait à réunir ses forces suffisamment rapidement, son rêve pourrait facilement devenir réalité.
Sir Tiberius Kaël
Autrefois membre des chevaliers du Loup Blanc, Sir Kaël avait consacré sa vie au service dUlric et au perfectionnement de ses passions : lart de manier lépée et la chasse. Lorsquil comprit que les capacités de son corps mortel ne lui permettraient jamais dégaler les prouesses de létranger émacié qui avait triomphé de lui au gué, le choix fut très facile. Depuis ce jour, Kaël suit la voie dAbhorash, parcourant lEmpire à la recherche de défis guerriers et de chasses épiques où donner le meilleur de lui-même. Il ne voit guère dintérêt à combattre de simples humains quand la nature peut lui offrir tant dadversaires plus brutaux et redoutables. Jusquà ce quil se considère prêt à défier un dragon, il sentraîne contre des vouivres, des griffons, des trolls et toutes les créatures qui se cachent dans les ténèbres des forêts et des montagnes. Kaël néprouve aucune affection pour les humains mais, à ses yeux, les seules choses véritablement dignes dintérêt sont la gloire et leuphorie de la chasse. Il peut donc se montrer clément si des humains lui indiquent comment atteindre un adversaire vraiment remarquable, comme un dragon-ogre ou un géant. Toutefois, il peut tout aussi bien utiliser ces mortels comme appâts ou comme rabatteurs afin de débusquer la bête. En labsence de quelque chose de plus intéressant, il leur donnera probablement une nuit davance avant de se mettre en chasse à laube.