LA BATAILLE DU VAL SANGLANT
The battle of Blood Hollow
~ 2516 CI

The Empire at War - p78 et suivantes
Traduction Jérôme, PA et Patatovitch

Empire at War se présente comme un ouvrage de leçons militaires écrit par le Grandmarshall Blucher von Vincke et imprimé à Altdorf 2523 CI. Cinq batailles sont présentées dont un chapitre sur la bataille traduite ci-dessous. Le propos historique est interrompu par des digressions pédagogiques du pseudo-auteur mais le contenu est tout de même bon à prendre.

La date n'est pas explicitement mentionnée, mais elle est de toute évidence récente. L'armement impérial est contemporain et le Baron Eadric Valkin dont il est question ici est Grandmarshall des armées du Hochland et cousin d'Aldebrand Ludenhof. Ce dernier ne serait comte-électeur que depuis 2515 CI (cf. la page sur le Hochland). 2517 ou 2518 pourrait aussi convenir.



LES ORQUES DANS LES MONTAGNES

Ne cherchez pas le nom de cette bataille dans les livres ou d’autres documents historiques car vous n’en trouverez pas trace. [...]
La bataille du Val Sanglant démontre parfaitement l’impact dévastateur que l’artillerie peut avoir sur l’ennemi, si elle est utilisée correctement. Cette bataille est aussi un exemple de la manière dont une stratégie réfléchie peut être minée par un zèle mal placé. Enfin, la faute d’une défaite repose toujours sur les épaules d’un général qui se doit de tout contrôler et de bien diriger ses hommes. Le général en charge de cette expédition a bien été récompensé par ses canons dont les effets s’avérèrent dévastateur, mais sa cavalerie lui a échappé et il a été sanctionné pour cela.
Les Monts du Milieu sont depuis longtemps un repaire d’orques et de gobelins et les habitants  de l’Hochland ont dû composer avec les déprédations sanglantes de ces créatures dégénérées depuis des temps immémoriaux. J’y étais confronté à plusieurs reprises avec quelques succès. Je choisissais des troupes légèrement armées et de nombreux tirailleurs, chasseurs et miliciens locaux pour protéger l’avance et mes colonnes.
Un printemps, les habitants des contreforts de ces montagnes rapportaient plus d’attaques sur leurs villages et leurs fermes que d’habitude. Ces attaques étaient brutales et semblaient de plus en plus fréquentes de semaines en semaines comme si les orques testaient leur ennemi et attendaient une réaction. Lorsque l’information arriva aux oreilles du Baron Eadric Valkin, Grandmarshall des armées du Hochland, il resta imperturbable.
Valkin était un aristocrate, cousin du comte-électeur, et de tempérament sévère et plutôt froid. Ces idées sur les tactiques militaires étaient inflexibles. Il était cependant au fait que ses soldats n’avaient pas combattu depuis un certain temps et une campagne contre les orques pouvaient être justement ce dont ils avaient besoin.
Il soumit une requête au comte-électeur Ludenhof pour approuver l’expédition dans les Monts du Milieu. Le comte ne voyait pas d’un très bon œil l’idée d’envoyer son armée si loin au nord et de laisser sa capitale sans défense. Il accepta cependant en précisant qu’il attendait de Valkin rien de moins qu’une victoire totale sans quoi ce dernier pourrait en payer le prix.
Préparer l’expédition prit plusieurs semaines et le résultat fut bancale et peu maniable. Valkin alignait six cents fantassins, une majorité d’épéistes et un millier de tireurs dont trois cents fusils long du Hochland. Il était doté d’un solide contingent d’artillerie qui comprenait des grands canons et des mortiers.
Sa faiblesse en cavalerie est troublante. Toutes les armées ont besoin de cavaliers : ils sont rapides et peuvent réagir rapidement au danger et foncer sur l’ennemi dans des charges bien orchestrées. Valkin espérait obtenir les services des Chevaliers du Sang de Sigmar. Ceux-ci déclinèrent à cause de mauvais oracles (qui s’avérèrent exacts…) et le Grandmarshall dut se contenter d’une centaine de pistoliers menés par un officier tête-brûlée appelé Karl Benz et d’un petit contingent de Chevaliers du Soleil.
S’ils sont utilisés correctement, les pistoliers sont un ajout utile dans toutes les armées. Ils sont formés par les cadets des familles nobles impériales et brûlent tous de s’illustrer au combat et d’être acceptés dans un ordre de chevalerie. Les pistoliers ont besoin d’un commandant ferme pour les mener et de s’assurer que leur tempérament naturel ne dégénère pas en troubles
Ils sont idéalement employés pour harceler les flancs de l’ennemi et les formations peu maniables avec leurs tirs de pistolets. Une fois que la bataille est lancée, ce sont d’excellentes troupes d’appoint – une charge de cette cavalerie armée de pistolets peut être dévastatrice. Leur arsenal moderne comprend des pistolets à répétition : des modèles à plusieurs canons capables de délivrer un déluge de feu.
Au début de ma carrière, durant ma deuxième campagne en fait, j’ai commandé une force chargée de la défense de Bögenhafen. Une bande du Chaos, menée par un formidable champion des dieux noirs avançait sur la ville répandant la violence et la destruction. Parmi cette folle cohorte, venue des régions les plus sauvages et rassemblant les restes de la Grande Guerre contre le Chaos, il y avait un grand régiment de guerriers du Chaos.
Dépourvus de chevalier pour écraser cette horde, j’ai employé des pistoliers pour harceler cette engeance. Leurs raids constants sur ces guerriers lents en éliminèrent un grand nombre. Les pistolets se moquaient de leur armure lourde. La horde atteignit mes lignes déjà ensanglantée et quasiment brisée. Il ne manquait plus qu’à les achever à coups de lances et de hallebardes.
La leçon est simple : utilisez les forces de vos régiments, résistait à la tentation d’attaquer prématurément, harceler, disperser et engagez les actions décisives que sur un ennemi déjà affafibli.


LA MARCHE DANS LES MONTAGNES

Les Monts du Milieu sont périlleux et éprouvants. Valkin y menait dix-huit mille hommes harnachés de tout l’équipement de guerre nécessaire, le terrain alternant entre chemins caillouteux, épaisses forêts de conifères, ravins encaissés et raidillons parsemés de rochers, le mauvais temps menaçant à tout instant.
Ce fut un calvaire pour ses soldats. Ils avaient été casernés pendant de longs mois auparavant et n’étaient pas préparés à un tel effort. Ils étaient habitués aux baraquements bien chauffés, à quelques entraînements et à trois repas par jour. Désormais, ils s’éreintaient sur les pentes, loin de chez eux, transportant leur barda sur le dos, titubant et trébuchant sur le relief traître et craignant à tout moment une embuscade
La nature du terrain et la taille de l’armée avaient étirés les régiments. La colonne se prolongeait sur plusieurs milles et l’espacement entre les différentes unités d’infanterie s’élargissait jour après jour. Il est difficile pour un général de maintenir ses hommes groupés pendant une marche, en particulier sur un terrain accidenté. Mais c’est impératif. Je me souviens encore du siège de Grundburg. Ma colonne de secours fut taillée en pièces par les maraudeurs norses alors qu’ils prenaient un raccourci par la forêt de Teutoberg. Nous avons tous regretté cette décision.
Les bagages et le train d’artillerie étaient distancés par l’infanterie, mais Valkin était impatient de gagner Fort d’Airain, le bastion abandonné niché haut dans les montagnes, pour en faire la base d’expéditions contre les orques. Les éclaireurs de Valkin le mirent en garde contre la vulnérabilité à laquelle il exposait son armée, mais il refusa de ralentir.
Alors que les troupes s’enfonçaient plus profondément dans les montagnes, le temps se dégrada. Une forte pluie transforma les sentiers en torrent et le sol en boue glissante. Sous la pluie battante, les soldats durent recouvrir les crevasses, désembourber chariots et les affûts des canons et éviter les éboulements fréquents. L’armée était étalée et vulnérable et les orques attaquèrent à ce moment précis.
C’est avec une grande intelligence qu’ils exploitèrent le terrain. Utiliser la disposition du relief naturel est considération capitale pour un général. Je me rappelle, par exemple, avoir appâté un ost d’orques dans las marais du sud de l’Ostermark avec des chasseurs éclaireurs. Alors que je contemplais les ignobles créatures se débattre, rugir de frustration et se noyer, je sirotais un remarquable vin rouge estalien qui, à mon avis, est le meilleur qu’il m’ait été donné de déguster. Bien entendu, ce jugement est peut-être dû aux tendres souvenirs auxquels il est associé.
Les orques attaquaient l’armée de Valkin avec des projectiles et des escarmouches. Ils tuaient et estropiaient autant que possible puis disparaissaient dans les éboulis avant que des renforts des autres parties de la colonne n’arrivent. Peu de pertes étaient à déplorer mais l’effet sur le moral des troupes était désastreux. Tous demeuraient dans la crainte constante des coups de main de l’ennemi, qu’ils savaient aussi meurtrier qu’insaisissable. Valkin ordonna à ses chevaliers de défendre l’arrière-garde de la colonne, se privant de la sorte de tout fer de lance à l’avant-garde.
Faire face à un ennemi inhabituel sur un terrain inhabituel est tout un art et une erreur fatale est aisée. Je me remémore, en mes jeunes années, ma première confrontation avec une harde d’hommes-bêtes derrière un mur de boucliers. Je n’avais jamais été en présence de telles créatures et leur vue n’est pas aussi dure à décrire que leur odeur. Je n’oublierai jamais l’homme à ma gauche souiller ses hauts-de-chausses mais, brûlant de laver son honneur, combattre avec d’autant plus de cœur. Il me sauva la vie trois fois ce sinistre matin-là, mais il périt plus tard d’un pieu dans le ventre.
La rage montait parmi la piétaille de Valkin et les officiers rongeaient leur frein. Mais les orques continuaient de se dérober et de priver Valkin d’une chance de répliquer, jusqu’à ce qu’ils arrivent aux abords du Val sanglant.

LES DRAGONS DE NULN

Alors que le printemps réchauffait l’air et que commençaient à fondre les neiges des sommets les moins hauts, l’avant-garde de l’armée traversa un goulet escarpé qui débouchait sur une vallée spacieuse en forme de cirque. Elle faisait un mille de long et jusqu’à un demi-mille de large. En pente depuis leur position, elle offrait une vue dégagée de ses parois abruptes recouvertes de pins. À l’extrême opposé, la vallée se refermait et se perdait dans une courbe du relief.
Un camp orque occupait le milieu de la vallée - à peine plus que quelques huttes grossières entourées de gibets auxquels pendaient des corps qui attiraient des nuées de mouches. Quelques orques vaquaient, apparemment inconscients de l’arrivée de la colonne. Valkin pressentit que cette cible facile n’était qu’un appât pour attirer son armée dans la vallée, avis partagé par ses conseillers. « Faisons-leur payer leur rouerie en prenant leur embuscade à son propre piège. », commenta-t-il.
L’expertise militaire de Valkin était solide quoique limitée. Il suggéra d’envoyer une petite troupe d’éclaireurs pour attirer l’ennemi hors de sa cachette. Un plan raisonnable, mais son maître ingénieur et commandant de l’artillerie Hermann Fulke en avait un meilleur.
Fulke était une sorte de héros populaire dans le Hochland. Il était considéré comme l’un des meilleurs commandants d’artillerie de l’histoire et une intuition sans faille lui dictait comment tirer le meilleur parti de ses armes. Son statut de héros n’était que renforcé par sa réputation de soiffard indiscipliné. On le trouvait souvent en compagnie alcoolisée de Karl Benz, qui partageait son tempérament et ses inclinations à défaut de son intelligence.
Fulke conseilla de positionner ses batteries en haut de la pente et de les utiliser pour déloger les orques cachés. L’idée était tentante, car elle évitait de mettre en danger direct des soldats et elle donnait une bonne punition aux orques.
Les ordres furent transmis et la colonne s’ébroua pour amener le train d’artillerie dans le Val sanglant. Dès le milieu d’après-midi, Fulke mettait en place ses canons et mortiers. Les éclaireurs envoyés dans les bois lui avaient indiqué les positions approximatives des orques. Fulke avait noté l’information et procédé aux derniers ajustements.
Il disposa ses mortiers à l’arrière de l’armée. Ces machines de guerre qui tirent en cloche propulsent leur projectile par-dessus les soldats devant elles pour plonger sur l’ennemi plus loin. Devant les mortiers, au milieu de la pente, il plaça ses canons. De cet emplacement, ils pouvaient tirer directement là où les orques étaient censés être. En bas de la pente, dissimulés derrière un écran d’infanterie, il déploya ces arquebusiers. Dévastateurs à courte portée, ils étaient parfaitement positionnés pour contrer toute velléité orque de charger. Satisfait, Fulke amorça ses bouches à feu et ses hommes se préparèrent aux rigueurs du combat.
L’efficacité des pièces dépend de leurs servants. L’artillerie est lente, imprécise, dangereuse, bruyante, frustre, et il n’y a pas mieux à en tirer si elle est utilisée avec incompétence. Mais maniée par des artilleurs bien entraînés et à la main assurée, elle peut causer des dégâts sans équivalent.
Les pièces de Fulke alternèrent les projectiles massifs, pour percer les rangs ennemis, et la mitraille, pour arroser toute une zone d’éclats tranchants, capables de mettre en lambeaux une armée avant qu’elle ne soit à portée d’arc. Mais dans ce cas, les ennemis étaient cachés dans les arbres. Une précision redoutable des tirs était exigée pour leur contraindre à quitter leurs couverts.
Les canons parlèrent en premier. Alors que les chargeurs s’accroupissaient en se bouchant les oreilles, les servants de mise à feu portèrent leur boutefeu sur les traînées de poudre d’amorce. Les gueules des canons vomirent feu et fumée, se cabrant dans leur affût. Le souvenir tonitruant du déchaînement furieux de l’artillerie résonne encore dans ma tête. L’écho du tonnerre dans la vallée nous parvint à peine que les porteurs d’écouvillon s’activaient déjà à préparer les pièces pour le prochain tir. Les boulets de canon coupaient les arbres, pulvérisaient troncs et branches et éventrait le sol, projetant mottes de terre et échardes dans les airs. Le bruit était infernal. Les mortiers ouvrirent le feu ensuite, leurs projectiles s’écrasant depuis le ciel sur les arbres.
Le bombardement ne cessait pas. Fulke avait bien entraîné ses hommes et les canons et mortiers rugissait un flot constant de feu vers l’ennemi. Il était formidable à cet instant. Il arpentait les lignes de ses pièces chéries autour desquels s’agitaient leurs servants en nage, encourageant l’un d’un mot bienveillant, admonestant l’autre qui traînait trop. Privé de ses éclaireurs pour le pointage des bouches à feu, il ajustait minutieusement l’angle et la direction de chacune, maximisant les dégâts causés.
Travailler avec armes utilisant la poudre noire est dangereux et éreintant. Les différents composés de la poudre ont tendance à se séparer dans les tonnelets durant le transport. Il faut donc la mélanger avant utilisation. Les âmes des canons doivent être scrupuleusement propres et secs avant le chargement de la poudre et du boulet. Les deux éléments sont tassés et maintenus en place par une bourre, pendant que la poudre d’amorce est versée dans la lumière puis allumée.
Si les artilleurs ont bien travaillé, le pulvérin met le feu à la charge et l’explosion qui s’en suit expulse avec force le boulet. Mais si la charge est trop faible, la poudre mal mélangée ou que l’âme est obstruée, le résultat peut être catastrophique. On peut dire sans risquer de se tromper qu’un artilleur sera plus sûrement tué par son arme que par l’ennemi. Fulke n’était pas un imbécile et il respectait la nature impétueuse de ses pièces. Il s’assurait que ses hommes savaient exactement ce qu’ils faisaient et qu’ils ne prennent pas de risques.
Le bombardement se poursuivait et la forêt, sur les deux flancs de la vallée, s’était transformée en piège mortel. Les boulets des canons plongeaient en ligne droite alors que les obus de mortier pleuvaient du zénith. Le déluge était si intense quand quelques minutes, les orques furent repérés à l’orée de la forêt et s’avançaient à découvert. Ils titubèrent, perdus parmi les volutes de fumée et les flammes dévorantes. Beaucoup étaient affreusement mutilés, mais un orque blessé est dangereux et certains chargèrent les lignes d’infanterie, mugissant de colère et de douleur, ivres de vengeance. Comme ils approchèrent, les lignes d’infanterie se fendirent, laissant la place aux arquebusiers.
Dans un rugissement, une première canonnade meurtrière réduisit les orques en pulpe informe, taillant en lambeaux leur impuissante charge contre les arquebusiers. Le carnage entraîna de puissants cris de joie parmi les rangs impériaux, qui devinrent clameur lorsque Valkin ordonna aux pistoliers d’en finir avec les orques désemparés. L’artillerie avait brisé l’embuscade orque sans avoir risqué pour se faire le moindre soldat. Après des jours et des jours de frustration, la fortune avait souri à l’empire. Mais la fortune devait bientôt tourner à nouveau.
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LA CHARGE DES PISTOLIERS

Benz chargea avec ses pistoliers, résolu à verser du sang orque. Constatant le désarroi de l’ennemi, ils poussèrent des clameurs triomphales en atteignant la crête avant de dévaler la pente en chargeant. La première ligne orque fut fauchée, trop hébétées et affaiblies pour résister. L’écho des décharges de pistolets résonnaient et les lames tranchaient. De plus en plus d’orques sortaient des bois, mais, comme Fulke poursuivaient son bombardement, ils abandonnèrent toute velléité de contre-attaque et fuirent, les impétueux pistoliers à leurs trousses.
C’est dans des moments comme ceux-ci, quand le sang du guerrier bouillonne et qu’il se sent invincible, qu’un chef doit garder la tête froide, ramener ses soldats sur terre et leur rappeler leur vulnérabilité. Les pistoliers avançaient pêle-mêle dans les lignes orques, sans savoir combien d’entre eux s’y trouvaient encore. Si Benz avait su garder ses esprits, il aurait mis fin à la charge et aurait regagné la sûreté de ses lignes, satisfait de la victoire déjà obtenue. Au lieu de cela, il poussa ses hommes, loin au-delà du soutien du reste de l’armée.
Benz et ses hommes étaient condamnés. Ils pourchassèrent les orques imprudemment jusqu’à l’autre bout de la vallée, décidés à terminer le massacre alors que l’ennemi s’entassaient dans le goulot d’étranglement à l’endroit où les parois de la vallée se rejoignaient. Comme ils se rapprochaient, confiant d’avoir acculé leur proie, l’orée de la forêt s’ouvrit et déversa des centaines d’orques furieux, certains chevauchaient des sangliers. Ils se précipitèrent hors de leurs cachettes et se ruèrent sur la cavalerie paniquée. À cet instant, les chevaux étaient fourbus et les orques lancèrent un assaut de flanc, sectionnant les pattes des montures avec leurs tranchoirs et transperçant leurs cavaliers avec leurs lances. Les orques positionnés en haut des pentes précipitèrent des rochers sur les malheureux soldats, provoquant de lourdes pertes.
Les orques qui il y a encore peu étaient les proies étaient désormais les chasseurs. Rapidement, les pistoliers se retrouvèrent engagés sur trois côtés. Valkin observa avec effroi sa cavalerie être mise en pièces. Seuls Benz et quelques hommes parvinrent à rejoindre la position impériale, les cris de joie et les haros des orques résonnant à leurs oreilles. Presque rien n’est pire pour un général en train de remporter la victoire que d’être témoin d’un tel massacre inutile. Valkin ne pouvait plus rien faire pour ses hommes et pour un chef, un tel sentiment d’impuissance est insoutenable.

ÉPILOGUE ET PORTÉE

Les conséquences de cette bataille furent marginales à l’échelle de l’Empire mais la perte de la cavalerie signait l’arrêt de mort de la force de Valkin qui s’enfonçait dans ces montagnes inhospitalières. Après avoir vaincu les pistoliers, les orques regagnèrent en confiance. Ils attaquèrent le train de bagages qui désormais se trouvait pour ainsi dire sans défense. Ils continuèrent de harceler la colonne qui progressait avec toutes les difficultés du monde. Ils s’attaquaient à elle bout par bout jusqu’à sa destruction totale.
Cette bataille montre l’effet décisif que peut avoir l’artillerie si elle est bien déployée et commandée. Elle peut non seulement être utilisée en rase campagne dans une bataille rangée mais aussi dans des circonstances plus spécifiques. Débusqué des orques cachés et retranchés dans la forêt, même une fois leur position découverte, auraient donné du fil à retordre et réclamé la vie de nombreux soldats. L’artillerie a résolu ce problème.
La leçon de la bataille du Val sanglant est simple : il faut choisir ses chefs avec discernement, l’issue de la bataille pouvant en dépendre. Là où les actions de Fulke et ses hommes renversèrent le cours de la bataille en la faveur de Valkin, le zèle de Benz le renversa à nouveau, scellant la défaite de l’ensemble de la troupe.