LA BATAILLE DU PIC DE FER

Gheimnisnacht 2510 CI

LA O&G V4-5 p38 et suivantes
Merci à Rincevent

Dans un bruit de tonnerre les étais cédèrent. Des tonnes de rocs s’effondrèrent scellant complètement l’entrée de la vieille mine naine. À l’intérieur on entendait les hurlements des gobs prisonniers. Borzag haussa les épaules : si ces demeurés étaient assez idiots pour entrer dans une vieille mine et commencer à abattre les étais avec leurs haches, alors ils n’avaient que ce qu’ils méritaient. Il y en avait plein d’autres là d’où ils venaient, se dit-il en flattant la tête de sa wyvern, lui donnant quelques doigts de nains de plus à manger.
« Grand combat ami Borzag ! On en a fait voir à ces nabots. Mes trolls ont été grandioses, hein ? T’as vu comment qu’ils ont bien suivi mon plan ». Gorblum frappa amicalement l’épaule de Borzag. Le chamane se retint de coller une baffe à ce petit gob trop familier.
Gorblum en prenait toujours plus à son aise et gagnait de plus en plus d’assurance depuis que Borzag lui avait confié la Couronne de Commandement. A présent, il ne s’appelait plus Gorblum Bande Jaune mais Gorblum le Magnifique. Cette blague ! Par Mork, sans le secours de la couronne, il n’aurait jamais eu le courage de s’approcher à moins de cinquante pas de ces trolls. Et sans l’aura de la couronne, les trolls les auraient probablement dévorés, lui et son araignée. Reste calme, se dit Borzag. Il avait encore besoin de cette petite frappe, de ses trolls et de ses fanatiques. Ils formaient le nœud de son plan magistral, le cœur autour duquel il assemblerait son armée.
« Ouais. C’était un grand plan que tu as pensé, Gorblum, »répondit Borzag, retirant doucement la main de Gorblum. Le chamane aurait voulu lui cracher à la face. Tout le plan était sien, l’attribuer au gobelin le révoltait. Cependant, à cause des effets psychiques e la couronne, Borzag devait flatter l’égo du chef gobelin. Le chamane marchait au bord de la falaise. Gorblum le suivait. Borzag réprima son envie de pousser le gobelin et préféra se concentrer sur le panorama.
Loin en dessous, au pied de la montagne, les terres du sud-est de l’Empire s’étendaient comme une carte devant Borzag. Il pouvait voir le sillon argenté d’une rivière se jeter dans un fleuve, un des nabots qu’ils avaient capturé l’appelait le Reik. Il pouvait voir de minuscules bateaux flotter à sa surface, comme des jouets. Le village était là rempli de nabots à massacrer. Bien ! Borzag haïssait les nabs depuis son enfance.
« Chef ! Chef ! » brailla Skeelid, le larbin de Gorblum. C’est même pas de l’or, c’est des cailloux ! »
Le gob jeta un sac aux pieds de Gorblum. Le petit chef fit mine de l’étudier attentivement, comme si le fait de fixer les pierres grises finirait par les transmuter en or.
« Nan, c’est pas d’l’or, » répondit Gorblum, «  A moins que c’truc soit de l’or gris, ces p’tites vermines nous ont roulés, » Borzag tressaillit. Gorblum était aussi bête que vaniteux. « Je vois c’que le chef veut dire, » dit-il.
« Ah ouais ? » dit Gorblum, un peu étonné.
« Ouais, ces nabots peuvent pas t’blouser. T’as compris leur jeu. »
« Ah bon ? Euh… Ah ouais, c’est sûr ! »
« T’es vachement trop fort. Là bas, dans cette vallée des zomms, t’as bien r’péré qu’y avait d’l’or gris. Pas étonnant qu’on t’appelle Gorblum le Magnifique. »
« Ouais, c’est vrai. Et c’est quoi d’jà mon plan d’enfer cette fois ? »
« Et ben qu’on d’vrait descendre botter le train à ces minab’. Et après on trouvera leur or. »
« Par les crocs de Mork, j’trouve toujours des plans formidab’, hein camarade ? »
« Mouais, » siffla Borzag entre ses dents. « On y va. »
Sur l’ordre de Gorblum, les orques et les gobelins se mirent grossièrement en rangs. Les gars de Sleekid commencèrent à cracher sur ceux de Wa-Kurran et à leur faire des grimaces. En quelques instants, une bagarre se déclencha dans les rangs. Gorblum restait au milieu, amusé par la mêlée. Borzag commençait à avoir l’air en rogne et ses yeux luisaient comme à chaque fois que les gars se cherchaient des noises. C’était pas le moment.
« Ca suffit ! » hurla-t-il, se jetant dans la mêlée et attrapant Skeelid et Wa-Kurran par la peau du cou pour les traîner hors de la mêlée. Les deux chefs gobelins rivaux atterrirent aux pieds de la wyvern. Elle siffla. Ils se tinrent alors tranquilles, pétrifiés de peur. Lentement la mêlée se calma.
« Gardez-en plutôt pour les nabots, » cria Borzag. « Maintenant, on y va ! » Les peaux vertes descendirent en chantant et en chahutant vers le village insouciant.

Le lendemain de la Gheimnisnacht 2510, l’activité était normale dans le village ensommeillé d’Eisenhof. La population mixte d’hommes et de nains chargeait les barges avec le minerai de fer destiné au canons de Nuln. Depuis les quais, des péniches lourdement chargées suivaient le courant de la Veiss affluent mineur du Reik et faisaient route vers la lointaine cité. Une caravane de minerai venait juste d’arriver et de robustes nains déchargeaient les sacs du dos de leurs mules et les empilaient consciencieusement sur la jetée.

Dans l’enclos du marché, les négociants marchandaient le prix de la roche par centaines de kilos. L’ivrogne du village titubait revenant de la taverne en chantant une vieille complainte. Pour le peuple des Montagnes de Fer, aujourd’hui était un jour ordinaire, d’un mois ordinaire et d’une année ordinaire. Ils n’avaient pas la moindre idée du terrible péril qui s’approchait rapidement du petit hameau.

Depuis les montagnes désolées et blafardes de l’est, une horde de gobelins avançait à marche forcée, descendant les vallées balayées par le vent pour parvenir aux abords du village. Derrière Gorblum le Magnifique monté sur son araignée géante marchaient des gobelins de la nuit aux yeux rouges et d’autres gobelins suaient sang et eau pour traîner une catapulte. Encore plus haut, monté sur sa puissante wyvern, Borzag, le redoutable chamane orque, scrutant l’horizon de ses yeux perçants.

Ils avaient déjà détruit des mines naines isolées et massacré des douzaines de nains. Ils étaient à présent attirés par la fumée des cheminées de la ville d’Eisenhof, ainsi que par la perspective d’un butin considérable.

Un camelot marchant seul vers les mines les aperçut et détala pour donner l’alarme. L’aubergiste et les marchands partirent sur leurs chariots, emmenant familles et bagages, et les dockers fuirent en chargeant tout ce qu’ils pouvaient sur leurs barges.

Lorsque les gobelins arrivèrent, ils enragèrent de ne rien trouver à piller. Frustrés, ils brûlèrent Eisenhof, burent un dernier tonneau de bière et déambulèrent dans les rues. Ils pillèrent les maisons en flammes et fouillèrent dans les débris fumants pour trouver malgré tout quelque chose à voler.

Pendant ce temps, d’autres yeux contemplaient le brasier. Thorgrim Barbe Grise, seigneur du clan des nains des Montagnes de Fer qui, ayant entendu parler des pillards gobelins, avait rassemblé à la hâte ses hommes. Thorgrim avait juré de venger chacun de ses parents tués par des gobelins et les nains l’accompagnant avaient promis de l’aider dans sa tâche. Grunnir Thorbalson et sa bande de tueurs de trolls qui festoyaient dans les salles de Grunnir l’avaient accompagné, ayant jugé que Borzag était un ennemi contre lequel il n’était pas déshonorant de tenter le destin. C’est ainsi que tard dans l’après-midi, les forces de Thorgrim et de Borzag se rencontrèrent à proximité des ruines encore fumantes d’Eisenhof.

LA BATAILLE

La horde de Gorblum

 
L'armée naine de Thorgrim

 

 
Le déroulement

La bataille engagée assez tard dans la journée (et ne dure que 5 tours).

Au début de la partie, Borzag utilise sa vouivre pour fondre sur l’artillerie naine et n’en fait qu’une bouchée. Les unités s’approchent ensuite et les fanatiques provoquent de lourdes pertes dans les lignes naines.

La charge combinée des orques, des trolls et de la vouivre sur le flanc gauche des nains met en déroute les Heaumes de Fer et les Écus du Chêne de Gharth qui sont éliminés dans la poursuite.

Même si la Garde de Thorgrim attaque ensuite les orques de flanc et les fait fuir, la bataille est perdue pour les nains qui se retirent.

Les derniers échos des chocs de l’acier contre l’acier s’étaient tus. Dans un énorme fracas, le dernier bâtiment en feu s’effondra, projetant des flammèches aux alentours. À présent Eisenhof était en ruine. Seuls restaient des gravats et quelques braises pour témoigner qu’une ville s’était tenue à cet endroit. Les derniers nains avaient succombé. Leurs corps mutilés étaient entassés sur le sol. Certains avaient peut-être fui à la faveur de la nuit ou étaient enfoui sous les cadavres. Burzag leva sa main griffue et une lumière verte illumina la scène. Un gloussement de satisfaction dévoila ses crocs. Il se réjouissait de cette journée de combat.
Gorblum se tenait sur un monticule de corps et haranguait ses troupes. Une cape bleue tachée de sang arrachée au cadavre d’un capitaine nain lui barrait l’épaule. Sa voix était emplie d’une confiance surnaturelle alors qu’il dévoilait son plan de marcher vers les terres des humains pour prendre leurs cités. Seuls les trolls écoutaient, hypnotisés par le scintillement de la couronne que leurs yeux, tels des puits sans fonds, fixaient stupidement.
Partout des orques et des gobelins ivres déambulaient en titubant. Beaucoup tenaient une chope de bière ou de boisson orque. Sleekid arborait un heaume qu’il avait volé. Cà et là, les orques se provoquaient dans des parodies de duels au marteau. Borzag savait qu’avant la fin de la nuit, certains de ces simulacres, le ton montant et les esprits s’échauffant, dégénéreraient en combats à mort. Il avait déjà vu cela. Plus bas, deux orques luttaient dans la boue pour la possession d’une chaîne en or. Ainsi allaient les choses : au plus fort le meilleur butin, au plus faible, rien du tout.
Derrière Borzag, un sinistre claquement de dent suivi d’un bruit de déglutition se fit entendre, la wyvern étant en train de finir de se repaître du corps du dernier tueur de troll. Ce soir, elle dormirait bien, repue de chair rouge de nain dodue. Borzag, lui, aurait intérêt à se méfier des ennemis qu’il avait au sein des rangs de sa propre armée. La wyvern étant en pleine digestion, cela lui ferait une protection de moins contre les assassins.
Borzag devait admettre que les nabots s’étaient bien battus. Il ne s’était pas attendu à ce qu’ils résistent aussi longtemps. Il pensait que même des orques noirs n’auraient pas tenu le coup, compte tenu des pertes infligées par les fanatiques. Borzag avait examiné les restes d’un nain frappé par un boulet. C’était effrayant.
Wa-Kurran émergea de l’ombre. « T’as trouvé l’chef des nabots ? » demanda Borzag. Le sous-fifre secoua la tête négativement. Borzag lui décocha un coup de botte. Thorgrim s’était échappé. Bah, peu importe, Borzag était sûr que leurs chemins se croiseraient à nouveau. Il pourrait tuer le petit chef un autre jour. Pour l’instant, il était plus que satisfait. Les rumeurs de sa victoire allaient se répandre à travers les bois et les montagnes et partout des orques et des gobelins se rassembleraient. Bientôt ils se rallieraient à la bannière de Gorblum et il pourrait alors avoir une armée capable de réduire en cendres les royaumes des nains et des hommes.
Son jour viendrait. Il en était sûr.