LA ROUTE DE L'IVOIRE 1

Une nuit dans les monts des ours

2502 CI

WDF129 p20-25 par Phil Kelly et Matthew Ward

Divers extraits du journal de bord de Reuben Khyle, célèbre explorateur puis Maîtrefeu de la tribu du Poing Coléreux.

Le 12 de Sigmarzeit de l'an 2502 de notre Seigneur Sigmar

Je jure de ne plus jamais poser les pieds sur le pont d'un bateau ! Ce voyage m'a épuisé, et après trois jours de navigation, j'étais prêt à traverser les Terres Sombres sur les mains plutôt que rester sur cette goélette. La cale puante et humide, le crachin, les tempêtes les cris et les chansons paillardes de cet équipage de fils de catins estaliens, les rations grouillant de vers que même un rat n'oserait toucher, le roulis incessant qui a valu à mon pauvre estomac des nuits entières de martyre : rien ne m'a été épargné. Je ne suis même pas arrivé à écrire une ligne sans que ma plume bave sur le parchemin ! Bregh ne semblait nullement dérangé, pas plus qu'Ergo, bien que je me demande encore comment cet halfling a si bien supporté le voyage. Il dit que c'est à cause de son centre de gravité situé plus vas que le mien, mais par ma part, je commence à croire que cette race est en fait bien plus robuste qu'il n'y paraît de prime abord. Lorsque nous avons enfin accosté, je me suis surpris à embrasser le sol tellement je débordais de joie d'être de retour sur le plancher des vaches. J'ai les jambes en coton, et j'éprouve encore le plus grand mal à me tenir debout. Avec tout ce que je viens d'endurer, cette carte des Royaumes Ogres aura intérêt à valoir son pesant d'or une fois de retour au pays !

Le 13 de Sigmarzeit

Notre périple se passe bien, je dirais même agréablement bien. C'est bon d'être sur la terre ferme, surtout depuis que j'arrive de nouveau à marcher sans difficulté. Je crains toutefois que cela ne dure alors que nous nous rapprochons du Delta Brûlant. Je ne saurais dire si cela est dû à l'activité volcanique, au souffre qui donne à cet endroit l'odeur infecte des cabinets d'aisance d'un dragon, ou aux rejets pollués, fruits de l'activité industrielle des nains corrompus qui grouillent au nord, mais les eaux de la Rivière de la Ruine sont en constante ébullition. Ergo s'est d'ailleurs gravement brûlé un de ses pieds velus lorsqu'il l'a trempé par curiosité dans le liquide brûlant (c'est du moins ce qu'il prétend, car je le soupçonne d'avoir inventé cette histoire afin de pouvoir passer quelques jours à se reposer, assis sur le sac à dos de notre guide). Quoi qu'il en soit, Bregh ne semble pas gêné par ce poids supplémentaires, bien au contraire, car l'halfling se charge de chasser les nombreux insectes qui bourdonnent habituellement à ses oreilles... Je sens qu'un lien particulier les unité, et j'ai même surpris notre ogre d'ordinaire d'un mutisme total échanger quelques bribes de conversation avec son compagnon, chose qu'il n'a jamais faite avec les humains de notre groupe.

Le 19 de Sigmarzeit

Pigbarter en vue ! Je trépigne d'impatience à l'idée d'un repas chaud et d'un lit moelleux. Les autres ont ri stupidement lorsque je leur ai fait par de mon enthousiasme et cela m'a quelque peu refroidi, mais quelle mauvaise surprise pourrais-je avoir dans un comptoir commercial aussi important que celui-ci ?

Le 20 de Sigmarzeit

Cet endroit est sans aucun doute le plus exécrable et le plus répugnant à jamais avoir reçu le nom de ville ! Jamais au cours de mes huit années de voyages je n'avais mis les pieds dans un lieu aussi sordide ! Les rues sont envahies par un brouillard jaunâtre et âcre craché par la Rivière de la Ruine, qui s'insinue partout et dont les nappes ondulent entre les pilotis des habitations.

Ces poteaux sont constellés de tessons de verre et de clous, destinés à empêcher les gnoblars qui infestent les lieux de pénétrer dans les maisons à la faveur de la nuit. Le bois des constructions est complètement vermoulu et grouille de scolopendres et de cafards. Pugbarter repose d'ailleurs en grande partie sur les ruines d'anciennes habitations que se sont appropriés les gnoblars avant d'y installer leurs terriers de bric et de broc. Je trouve effarant que des humains puissent ainsi vivre côte à côte avec des peaux-vertes, même si l’étagement de la ville aide probablement à la cohabitation.

J'ai passé une nuit horrible dans un lit fourmillant de poux, aussi inconfortable que mon hamac à bord du Fraulein. Mes espoirs de bain chaud et de lit à baldaquin accueillant une hôtesse accorte furent déçus, mon sommeil étant constamment interrompu par le beuglement sonore que Bergh ose appeler un " léger ronflement ". En dépit de cela, je préfère que sa masse imposante bloque l'entrée plutôt que laisser mes possessions à la merci du premier venu, et me réveiller pour me rendre compte que j’ai été dévalisé de pied en cap durant la nuit par une de ces vermines voleuses.

Le 21 de Sigmarzeit

Bien que Frederico m'assure que Pugbarder est le meilleur endroit pour se ravitailler, je suis impatient de reprendre la route. Cette ville exhale une puanteur tenant à la fois du poisson pourri et des cadavres de gnoblars qui s'accumulent sur les toits des maisons. Les autochtones prennent grand soin à tenir leurs biens à l'écart des doigts griffus de ces petites pestes, et ils dressent d'énormes hiboux à tournoyer au-dessus de leur habitation afin de lacérer le moindre peaux-vertes tentant de se faufiler au cours de la nuit. Le rapace de mon hôte, affectueusement nommé Boubo, est de la taille d'un molosse. Sa nyctalopie lui permet de repérer n'importe quel intrus dans l'obscurité la plus totale, et lorsque j'ai vu la taille de ses serres, j'ai compris que la présence de Bergh pour nous protéger était finalement facultative... Les gnoblars qui sont attrapés sont jetés en pâture sur les toits : un mets de choix pour notre milice volante. Il ne fait aucun doute que les cris de ces victimes servent d'avertissement pour leur congénères qui projetteraient un éventuel larcin.

A midi, Pigbarder est en effervescence. Le marché à ciel ouvert s'étend sur plus d'une lieue dans toutes les directions, et résonne des discussions animées entre marchands et chalands. Pour ma part, j'ai préféré rester cloîtré dans ma hutte plutôt qu'affronter les rues noires de monde et les nomades des steppes au regard chafouin venus vendre leurs animaux. J'ai même aperçu des sangliers se promener nonchalamment et se vautrer dans des bauges creusées à l'abri des pilotis ! Rétrospectivement, je regrette un peu de n'avoir pu assister à la fameuse joute porcine qui a, m'a-t-on dit, déchaîné les passions des mercenaires que j'ai engagés au cours de paris épiques.

Le 22 de Sigmarzeit

Quelle nuit ! Un gnoblar est parvenu je ne sais comment à pénétrer dans ma hutte pendant qu'un de ses complices attirait l'attention de Brefh et de Boubo. Il avait peut-être eu vent de nos dépenses de la journée, car je l'ai surpris la main sur ma bourse, cherchant à la délier de ma ceinture. Pendant que je feignais d'être toujours endormi, Ergo a silencieusement attrapé le manche d'une poêle à frire qui traînait par terre. Le bruit de l'ustensile sur la tête de notre visiteur a réveillé tout le quartier, et il est tombé à la renverse stupéfait, les yeux écarquillés, sa bouche grande ouverte révélant des rangées de petites dents pointues. Bien que nous l'ayons ensuite accroché au toit, je n'ai pas pu fermé l’œil de la nuit après avoir eu ces dents effilées aussi près de ma gorge. J'espère que nous ne rencontrerons pas les grands cousins de ces peaux-vertes quand nous voyagerons vers le nord.

Au lever du soleil, nous sommes prêts à nous mettre à nous mettre en route. Nous nous sommes ravitaillés, et nous avons un nouveau train de chevaux pour l'étape suivante : les contreforts des montagnes.

Le 23 de Sigmarzeit

Pendant une semaine, nous avons traversé les collines que les habitants appellent le Pays Gnoblar. C'est un endroit verdoyant qui semble fertile, surtout comparé à la fange dans laquelle baigne la ville. J'imagine qu'il abritait auparavant des colonies entières de petits peaux-vertes mais la plupart de leurs terriers sont aujourd'hui abandonnés. On peut voir de temps à autre un faucon émeraude décrire des orbes au-dessus de nous. Ce sont des chasseurs redoutables au bec et aux serres puissantes capables de déchiqueter un gnoblar, et même les enfants assez imprudents pour s'éloigner de la ville. La présence de ces rapaces, les rafles des esclavagistes et les parties de chasse au javelot organisé par les habitantes de Pigbarder ont peu à peu chassé les gnoblars vers de nouvelles terres.

Le 31 de Sigmarzeit

Comme d'habitude, nous avons dressé le campement à la belle étoile sans allumer de feu. Frederico et Bregh m'assurent que des choses bien pires de les gnoblars vivent dans ces collines et qu'il vaut mieux ne pas les attirer. Même si en tant qu'explorateur de grand renom je ne me laisse pas facilement impressionner par les histoires de croquemitaine, je dois dire que je ne me sens pas tout à fait rassuré. En dépit de cela, la nuit a été calme.

Le jour suivant, nous avons croisé une caravane gnoblar en route vers Pigbarter. Leurs bêtes de somme étaient plus grosses que j'avais jamais vues. Ergo et Bergh m'ont dit qu'il s'agissait de rhinox. Ce sont des animaux couverts de longs poils, qui se déplacent sur quatre pattes aussi épaisses que le tronc d'un arbre. Ils ont un crâne couvert de protubérances avec deux cornes immenses, et deux petits yeux enfoncés dans leurs orbites qui me fixaient méchamment tandis que j'examinais leur anatomie. Ils étaient harnachés avec des lanières de cuir à un chariot brinquebalant dans lequel s'amoncelait un bric-à-brac invraisemblable. Ces objets comprenaient des pots de terre cuite brisés, des casseroles, des étriers et des mors de chevaux, des planches garnies de clous rouillés, le tout gardé par des gnoblars sifflant de façon menaçante, et arborant des cicatrices impressionnantes et des bagues trop grands pour leurs doigts. La caravane était constituée d'une file interminable de tels chariots attachés les uns aux autres. Elle reprit finalement son chemin cahin-caha en direction de Pigbarter et s'éloigna de notre groupe. Je suppose que pour ces peaux-vertes une simple cuiller est une merveille rarissime ; je n'ose imaginer leur réaction s'ils savaient ce que je cache dans mon sac de couchage !

Du 1er au 12 de Sommerzeit

Des journées calmes, voire franchement ennuyeuses. Les terriers de gnoblars n'abritent plus que des blaireaux et des lièvres sur lesquels nous nous entrainons à l'arc court avec Ergo depuis le dos de nos montures. Nous en sommes pour l'instant à huit lièvres à trois en ma faveur. Je suis étonné de voir à quel point sa " grave blessure " l'affecte peu dans sa précision au tir. Le sale petit hypocrite !

Le 13 de Sommerzeit

Nous avons marché bon train car les Sentinelles sont déjà en vue. C''est bien la seule bonne nouvelle du moment : nous avons pénétré depuis ce matin dans le Désert Hurlant.

C'est une terre désolé constamment battue par un vent qui vous griffe le visage et les vêtements, et qui s'accroche à vos cheveux comme les doigts crochus d'esprits maléfiques. Il charrie les voix inquiétantes d'âmes damnées, montant crescendo en cris déchirants à la moindre bourrasque. Nos animaux, et même Bergh, sont rendus inhabituellement nerveux par l'atmosphère surnaturelle qui règne ici.

A l'est, la présence menaçante de la Forteresse Noir ne fait rien pour endiguer ce malaise. Frederico s'est fait un devoir de nous abreuver d'histoires sur des nains mangeurs de chair humaine portant des masques de fer, et prenant un plaisir sadique à torturer leurs victimes avec des instruments de forge. Si le dixième de ses propos et vrai, je comprends pourquoi les gnoblars ont migré vers la sûreté des montagnes. Je compte d'ailleurs les imiter à la première occasion, tout au moins dès que j'aurai recruté quelques mercenaires de plus aux Sentinelles. Je viens également de m'apercevoir que nous sommes presque à court de rhum. Comme si les plaines saturées de cendres et le risque de finir esclaves de nains démoniaques ne suffisaient pas...

Le 14 de Sommerzeit

Nous ne sommes aux Sentinelles que depuis quelques heures, mais la fébrilité qui m'a assaillie depuis notre arrivée me force à prendre la plume ! Cette ville est vraiment extraordinaire ! Deux roches monolithiques, probablement érigées dès l'aube de humanité par une race de géant aujourd'hui disparue, s'élancent vers les cieux. Autour d'elles se trouve une forêt de pitons rocheux, de messas et de menhirs formant un réseau de crevasses et de tunnels où je me trouve à présent. L'endroit a été envahi par des cohortes d'aventuriers, de marchands et de bandits, et me rappelle furieusement ce nid de termites que j'ai un jour vu dans le sud. Les marchandises sont hissées dans les niveaux supérieurs par le biais de palans gigantesques accrochés au flanc de la roche. Entre les parapets, témoignant de la présence d'une habitation troglodyte, sont suspendues des cordes auxquelles sont attachés des salaisons et des poissons séchés (j'ai même aperçu quelques cadavres), un peu à la façon dont les lavandières d'Altdorf étendent le linge à leur fenêtre, l'odeur en sus. Des nuées de gnoblars courent entre les jambes des passants, et j'ai bien l'impression qu'ils ont chassé les oiseaux du moindre renfoncement pour y installer leurs propres terriers. Chevaux, mules et rhinox emplissent les enclos installés à la périphérie de la cité, ou bien sont attachés à des anneaux de fer fixés aux parois en attendant d'être vendus. Les tractations sont d'ailleurs si nombreux que les animaux semblent changer de propriétaire toutes les heures ! La nuit, des guirlandes de lampes à huile sont allumées dans les cavernes et les rues principales, conférant à ces endroits une lueur magique. L'activité commerciale incessante de la ville contraste étonnamment avec la luminosité maussade et le morne paysage du Désert Hurlant.

Un très grand nombre d'ogres encombrent les rues principales, plus que je n'aurais jamais pu en voir au cours de toute une vie dans l'Empire. Ici, ils se mêlent naturellement aux passants et semblent parfaitement à l'aise dans cet environnement : il faut plus que jamais prendre garde à ne pas se mettre en travers de leur chemin ! Alors que je faisais mes adieux à Bregh, j'ai dû me plaquer contre un mur afin de céder le passage à un de ces butors particulièrement obèse. Il portait des frusques ayant été autrefois de fins brocard, et son faciès peu engageant laissait deviner des décennies de combats et d'ingurgitation déraisonnable de nourriture. C'est exactement le type d'ogre que je cherche à engager : suffisamment expérimenté et habitué au mercenariat pour accepter de louer ses services en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes, sans succomber au désir de me dévorer à la première occasion...

Le 15 de Sommerzeit

J'ai finalement réussi à rassembler les provisions aussi bien qu'un groupe de mercenaires ogres (auxquels leurs esclaves gnoblars se réfèrent sous le terme peu rassurant de "Mangeur d'Hommes"). Ce sont eux qui vont nous guider à l'intérieur des Royaumes Ogres. La tribu des Mordeurs d'Yeux, dirigée par le tristement célèbre Marlon Mordloeil, protège les caravanes de l'Empire depuis plus de soixante ans, et m'assurer les services de membres de cette tribu n'a été qu'une simple formalité : il m'a suffi de mettre la main sur le bon gnoblar et de lui demander de me conduire à son maître après lui avoir donné une pistole. C'est ainsi que j'ai été présenté à une brute colossale à la moitié droite du visage ravagée par des brûlures, répondant (quand on crie assez fort) au nom de Thurg le Sourd. En dépit de ma voix de crécelle lorsque je suis obligé de crier, il m'a l'air de m'avoir dans ses petits papiers grâce à ma surcharge pondérale. J'en suis étonné, car auparavant mon tour de taille n'avait jamais été un atout lors de négociations, mais après s'être gaussé du "freluquet ventru" et de son "petit compagnon rondouillard" (apparemment des compliments du point de vue des ogres). Thrug et ses compères m'ont proposé un prix décent pour leurs services. J'ai ensuite conclu le marché avec Thrug en mordant à pleines dents dans le même morceau de viande crue que lui. Une pratique écœurante.

J'ai gardé ma part, et alors même que j'écris elle est en train de répandre une mare de sang sur le sol de ma chambre. Je n'ose pas la manger et encore moins la jeter, de peur que l'un des gnoblars de Thrug ne la trouve et n'aille prévenir son maître, qui s'empresserait alors de m'inviter à son prochain repas, histoire de me faire comprendre que chez les ogres, on ne joue pas avec la nourriture...

Le 18 de Sommerzeit

Par Sigmar, ces ogres sont sacrément endurants ! Malgré un cheval frais pour les suivre, je suis épuisé et même ma plume semble un fardeau insurmontable. Je dois cependant conter la façon dont nous avons traversé la Rivière de la Ruine. Nous étions à environ une lieue au sud de la Route de l'Ivoire, à un endroit où la faible profondeur des eaux polluées rend possible un passage à la nage.

Le fond de l'eau était parsemé de morceaux de métal rouillé, et de temps à autre un cadavre boursouflé passait paresseusement devant nous. L'atmosphère elle-même était saturée d'une odeur âcre. L'écume jaunâtre qui s'accumulait sur la rive avait complètement rongé le lichen noir qui pousse habituellement en ces terres.

Aucun de nous ne voulait risquer de se baigner dans la rivière, et lorsqu'ils ont finalement été las de nos protestations, les ogres nous ont portés. Nous, les chevaux, les sacs, les chariots. Leur force physique est hors du commun.

Le 20 de Sommerzeit

Nous avons atteint les contreforts des montagnes ! Ils me paraissent aussi grands que les Montagnes du Bord du Monde, pourtant ils ne marquent que le début des Montagnes des Larmes. Thrug m'a dit que les ogres les appelaient Monts des Ours, mais que je n'avais pas à m'inquiéter : le crocs de sabre apprivoisé de ses compagnons est spécialement dressé à chasser de tels animaux...

Notre progression sur les pentes a d'abord été rapide, et je pense que sans la présence de nos hôtes, nous aurions eu à nous soucier d'autres dangers que simplement la chute de pierres, ou les paires d'yeux nous observant depuis l'obscurité des cavernes.

Mais les problèmes ont commencé lorsque nous avons atteint une bifurcation. Thrug et son second Yuri ont eu une discussion animé sur la direction à prendre, à savoir sur la droite, ou sur l'autre droite. Bien que le temps qu'ils ont passé à se quereller m'ait permis de mettre à jour ma cart, le débat à finalement continué jusqu'à ce que les autres ogres s'en mêlent et ajoutent leurs propres arguments, sous forme de grognements plus sonores que pragmatiques.

J'ai alors décidé d'intervenir avant qu'ils n'en viennent aux mains, voulant éviter d'avoir pour nous protéger un groupe d'ogres estropiés et irritables en place et lieu d'une bande de mercenaires prêts au combat.

Je me suis donc mis à sautiller sur place en agitant les bras, dans un vain effort d'attirer l'attention malgré le brouhaha ambiant. En désespoir de cause, j'ai grimpé sur le chariot de tête avant de souffler à pleins poumons dans son corps d'alarme. Tous les ogres, y compris Thrung le Sourd, se sont alors tournés vers moi.

Le mécontentement qui se lisait sur leurs visages aurait fait blêmir un Tueur de Trolls, et je crois que le souvenir de six faciès d'ogres fous de rage me regardant avec des yeux injectés de sang me hantera jusque dans ma tombe.

Néanmoins, mon intervention a eu l'effet escompté, à savoir couper court à la discussion, bien que mon auditoire n’écoutât pas un traître mot de ce que j'avais à dire. Au lieu de cela, ils se sont dirigés de concert vers le pied de la montagne afin de régler leur différend d'une façon typiquement ogre. J'ai envoyé Ergo les espionner pour voir de quoi il retourne exactement, même si les rugissements et les cris que je peux entendre d'ici ne laissent planer que peu de doutes quant à la nature de leur rituel...

Cela fait bientôt une demi-heure qu'ils sont partis, et je commence à m'inquiéter. Frederico vient de me rapporter qu'il a vu des silhouettes se faufiler dans la pénombre, et qu'elles commencent à nous encercler. Je pense que je ferais mieux de me rappeler où j'ai bien pu fourrer mon épée...

LE SCENARIO

Au crépuscule, la caravane de Reuben Khyte a dressé le camp au pied des Monts des Ours. Malheureusement, un contentieux n'a pas tardé à diviser les ogres. Conscient que cela risquait de dégénérer en un bain de sang, Kyte a tenté une médiation de dernière minute.
Bien que les ogres aient supporté son intervention, très probablement uniquement grâce au fait qu'ils n'aient pas encore été payés, les efforts de Kyte se sont avérés stériles, et après l'avoir poliment ignoré, les ogres se sont éloignés du camp pour régler leur affaire, loin des cris de protestation de leur employeur humain.
Alors que les sons distinctifs des négociations des ogres résonnent sur les pentes montagneuses, une tribu de gnoblars saisit l'occasion de voler quelques objets précieux...

Présentation : L'attaquant s'en prend aux chariots faiblement gardés afin de voler le maximum de marchandises (ou quoi que ce soit d'autre, ce sont des gnoblars après tout !) avant de s'enfuir.

Armées :

Attaquant (armée des Royaumes Ogres)

- 10 guerriers gnoblars
- 10 guerriers gnoblars
- 8 trappeurs gnoblars
- 8 trappeurs gnoblars
- 1 lance-ferraille gnoblar

Défenseur (armée de l'Empire)

- 1 Joueur d'épée
- 10 chassseurs
- 5 épéistes
- 1 grand canon
- 5 arquebusiers
- 5 francs-combattants (peuvent être déployées en tirailleurs)

Champ de bataille : La caravane a fait halte pour la nuit sur un terrain relativement dégagé, quelque part sur les flancs des Monts des Ours. Placez cinq chariots à moins de 6ps du centre de la table et à plus 3ps les uns des autres. Disposez ensuite quelques arbustes et des rochers afin d'obtenir un paysage désolé.

Déploiement

Après que les joueurs ont choisi qui sera l'attaquant et qui sera le défenseur procédez comme suit :

1. Le défenseur déploie son armée (y compris ses éclaireurs) à moins de 12ps du centre de la table.
2. L'attaquant déploie ensuite son armée (y compris ses éclaireurs) dans la zone indiquée sur la carte.

Qui joue en premier ? L'attaquant commence la partie.

Tours : L'attaquant n'a que peu de temps pour agir. Lorsque les ogres auront réglé leur différend, leur retour paniquera les gnoblars qui s'enfuiront dans la montagne. A la fin du sixième tour, lancez un dé. La partie se termine sur un résultat de 1 ou 2. Relancez à la fin du septième tour : la partie se termine sur un résultat de 1 à 4. La partie se terminera automatiquement à la fin du huitième tour.

Conditions de victoire :

Une unité de l'attaquant terminant un tour de jeu au contact d'un chariot peut tenter de le piller. Lancez 1D6 pour chaque unité pillant un chariot : c'est le nombre de points de butin qu'elle a accumulés. Les unités peuvent transporter autant de points de butin qu'elle le veulent et peuvent continuer à piller un chariot plusieurs tours d'affilée si elles le souhaite. Les points de butin peuvent être capturés comme un étendard.

Comme les gnoblards ne cherchent qu'à voler et pas à se battre, les unités de l'attaquant peuvent sortir volontairement de la table, mais dans ce cas elles ne pourront pas revenir.

Les deux joueurs marquent normalement des Points de Victoire. De plus, chaque point de butin transporté par une unité de l'attaquant sortant volontairement de la table rapporte 10 points victoire supplémentaires par tranche de 500 points de la valeur totale de l'armée (par exemple, dans une bataille opposant deux armées de 2000points, chaque point de butin rapporterait 40 points de victoire. Si vous utilisez les deux armées de ce scénario, chaque point de butin rapporte 10 points de victoire supplémentaires. Les unités sorties de la table à cause d'une fuite ne peuvent pas rapporter de points de victoire supplémentaires grâce aux points de butin qu'elle transportaient.