MARIENBURG

LE QUARTIER KRUIERSMUUR

Marienbourg à vau-l'eau, p115 à 223
Merci à Rincevent

 
"Ce sont de braves gens qui travaillent dur. Ce n’est pas un quartier bien attirant, avec cette maudite fosse à purin – vous savez, le Canal Mort – mais les gens s’occupent de leurs affaires – même les Bretons. C’est vraiment dommage qu’on leur ait collé en plus cette maison de fous."
- East Ender compatissant
 
"Je reconnais que la maison a besoin de quelques réparations, mijn heer, mais le quartier a beaucoup de caractère ! C’est vrai, il y a eu de l’agitation ces dernières années et les biens immobiliers ont perdu de la valeur, mais l’investissement n’en est que plus attractif."
- agent immobilier de Guilderveld
 
"LES ÉTRANGÉS DEHORS !"
- graffiti de Kruiersmuur

Marienburg compte plusieurs quartiers ouvriers, des lieux où la plupart des gens ont un travail permanent et gagnent assez pour vivre dans un minimum de confort et de sécurité. Noordmuur, Ostmuur, Rijkspoort, Handelaamarkt et Schattinwaard sont les quartiers d’élection de la classe moyenne de Marienburg. Kruiersmuur (‘le mur du portier’), le plus ancien de tous, est surtout habité par des artisans et des commerçants. Comme dans le reste de la ville, les bâtiments sont hauts et étroits, de deux ou trois étages généralement. Les rez-de-chaussée sont occupés par les échoppes et leurs propriétaires habitent le plus souvent au-dessus, les autres étages étant loués.

Le temps et le progrès n’ont pas été favorables à Kruiersmuur. Cela fait un moment que la partie sud de Marienburg connaît un certain déclin – de plus en plus d’entreprises se sont déplacées vers les quartiers au nord du Rijksweg et les gens ont suivi le mouvement. Les fenêtres sont encore fleuries et les résidents continuent de fréquenter les églises du quartier chaque Festag, mais Kruiersmuur se dégrade petit à petit. Les peintures des avant-toits et des volets sont écaillées, des graffitis parsèment les murs. Les habitants de Kruiersmuur sont bien des Marienbourgeois typiques – amicaux, l’esprit vif, toujours aux aguets du guilder qui passe – mais ils vivent avec l’oppressante idée que la chance est contre eux, que les choses ne s’arrangeront pas sans aller d’abord encore plus mal.

La transformation du quartier explique pour une bonne part cette ambiance morose – les gens qui s’en vont sont de plus en plus souvent remplacés par des "étrangers" et le secteur ressemble de moins en moins à Marienburg. Il n’existe pas moins de quatre ghettos étrangers dans la juridiction du conseil de quartier.

Les Rémains et les Miraglianais s’opposent constamment et leurs bagarres occupent la Garde de Kruiersmuur presque toutes les nuits. La partie sud-est s’appelle désormais "la petite Bretonnie", ou la "Ville de l’Ail", en raison des préférences culinaires et de l’haleine de ses habitants. A l’extrémité opposée, le "Kleinmoot" accueille les Halfelings. Les Kruiersmuuriens les préfèrent à n’importe quel autre étranger humain, en raison de leur attitude raisonnable et de leur rôle de tampon avec le voisinage moribond du Doodkanaal.

Cette importante immigration suscite la colère de ceux qui se prétendent "vrais" Marienbourgeois et le Kruiersmuur est devenu un terrain de recrutement fertile pour les Chevaliers de la Pureté.

LIEUX REMARQUABLES

Dmitri l’Apothicaire

Au cœur de Kruiersmuur, sur le canal Zoutevis, se trouve l’échoppe de Dmitri Hrodovsky, un apothicaire de Kislev installé à Marienburg depuis quinze ans. Son commerce est au rez-de-chaussée d’une maison à colombage et son appartement de célibataire à l’étage. Une enseigne placée au-dessus de la porte annonce "D. Hrodovsky, Chimiste et Herboriste", surmonté d’un dessin représentant un mortier et un pilon pour ceux qui ne savent pas lire.

Derrière les fenêtres à nervures de plomb et la lourde porte de bois, la boutique est encombrée de fagots d’herbe suspendus devant une foule d’étagères où s’alignent des nuées de pots de verre ou d’argile remplis d’une multitude de poudres, cristaux, fluides et graines. Leurs étiquettes portent, dans l’écriture en pattes de mouche de Dmitri, des noms exotiques tels que "Teinture de Larmes d’Ogre" ou "Poudre de Toile d’Araignée Géante". Derrière le comptoir de bois taché se tient Hrodovsky en personne, qui mesure, broie et mélange ses concoctions. La plupart de ses clients viennent régulièrement de loin, préférant traiter avec Dmitri plutôt qu’avec leur apothicaire local.

Il est facile de fidéliser la clientèle, quand la moitié des médicaments que vous vendez sont conçus pour provoquer la dépendance du consommateur.

Hrodovsky est un trafiquant de drogue et presque un empoisonneur. Ses victimes, des grands bourgeois et marchands enrichis de drogues diverses, un mélange conçu pour que les utilisateurs se sentent très mal s’ils n’en reprennent pas régulièrement. Ne sachant pas que leur traitement a été corsé et le même produit acheté chez d’autres pharmaciens n’ayant pas le même effet, ils sont contraints de retourner chez Dmitri. Celui-ci leur explique bientôt que "la loi du marché m’oblige malheureusement à augmenter mes prix". Tout cela rapporte à Dmitri des revenus substantiels et réguliers et une clientèle enthousiaste qui ne jure que par ses "toniques".

"JE VEUX… EUH… DU SUCRE. C’EST CA. DU SUCRE." (CLIN D’ŒIL)

"Un homme remarquable et un des piliers de la communauté ! La plupart des chimistes vous font payer les yeux de la tête pour les médicaments dont vous avez besoin, mais Dmitri est toujours prêt à faire crédit aux nécessiteux. Et les gens le remercient de sa générosité en revenant le voir régulièrement."
- un médecin de Kruiersmuur

Les PJ qui ont besoin de drogues illégales devront probablement traiter avec Dmitri. Membre de haut rang de la Ligue des Gentilshommes Entrepreneurs, il peut fournir presque tout ce qu’ils ont les moyens de payer et sa réputation dans le monde de la pègre est bien établie. Utlisez la liste des drogues et poisons des pages 81-82 de WJRF et considérez que la disponibilité (voir le Guide du Consommateur, p. 292 de WJRF) touche au "Fréquent" (après tout, Marienburg est une grande ville). Hrodovsky demande 5 Gu par dose pour les substances courantes, plus pour celles qui sont rares ou dangereuses. Il ne vend qu’aux gens présentés par la Ligue et ne négocie pas ses tarifs.

Aux Trois Guilders

Trois pièces de bois doré suspendues à une proue de navire signalent la boutique de Gideon Scheepscheers, prêteur sur gages et usurier. Cette petite échoppe anodine est installée au bord du canal Wezelwater, en face du ghetto miraglianais en plein cœur de Kruiersmuur. Dans les épaisses vitrines de verre plombé sont exposés les différents articles mis en gage par des désespérés qui ont renoncé à les récupérer. Des barres de fer protègent les vitres et les lourdes portes (une sur la rue, une sur le canal) sont à l’heure de la fermeture renforcées par une poutre amovible (E6, D15 chacune).

Les portes donnent sur un couloir seulement meublé de quelques chaises où les clients attendent leur tour de traiter avec Scheepscheers. Ce dernier est installé derrière son guichet, protégé par des barreaux et des volets. Une unique porte, aussi solide que les deux autres, donne accès au stock et aux quartiers spartiates du propriétaire. A travers les barres de la cage et par les fenêtres de la rue, les clients potentiels peuvent voir sur les étagères un éventail de marchandises stupéfiant de variété, rangé au petit bonheur. Deux gardes protègent les lieux pendant la journée et un seul pendant la nuit. Les trois étages de la bâtisse sont loués à des prix exorbitants.

Les gens viennent aux Trois Guilders pour se procurer de l’argent rapidement et doivent, en échange, laisser quelque chose en gage. Ils n’obtiennent jamais la valeur réelle de l’objet, mais pour la plupart pris à la gorge, ils prennent ce qu’on leur offre. Locataires harcelés par leur propriétaire, marins coincés par leurs dettes de jeu, hommes d’affaires en difficulté et drogués en manque – la clientèle de Scheepschheers est un bon échantillonnage de la cité. Gideon donne généralement un cinquième de la valeur de l’objet, encore moins s’il pense que le client est vraiment coincé. Un test de Marchandage réussi peut faire remonter cette offre jusqu’au quart de la valeur. L’article gagé est conservé pendant un mois, avec un taux d’intérêt de 10% par semaine. Après 30 jours, il est mis en vente et le propriétaire qui veut le récupérer devra payer le plein tarif.

"Saleté de Vampire ! D’abord il ne me donne qu’un cinquième de sa valeur pour le service à thé en argent de M’man et maintenant il faudrait que je paie plein tarif pour le récupérer ! Qu’est-ce qu’je vais dire à M’man ?"
- un manouvrier de Kruiersmuur

Les PJ pourraient aussi venir ici pour acheter quelque chose. Scheepscheers affiche une liste des "Affaires du Jour" sur chacune des portes, mais les aventuriers peuvent aussi avoir entendu parler d’un article tentant par le récit des malheurs d’un pauvre bougre par exemple. N’importe quel objet qu’on puisse imaginer est certainement passé aux trois Guilders à un moment quelconque ; le MJ est donc libre d’y faire figurer tout ce qu’il veut. Gideon demande 120% de la valeur de l’objet, mais après marchandage, il descend éventuellement jusqu’à 90%, ce qui lui laisse encore un bénéfice considérable. 

Cimetière Deedesveld

Situé dans la partie la plus méridionale de l’île Zanderveldt, Deedesveld, petit site funéraire vieux d’environ sept siècles, fait face au sud à Heiligdom et au Vloedmuur de l’autre côté du Doodkanaal, et à l’est, à la Redoute Rompvanger et au Tours Reik. A l’origine, le site était occupé par un hameau de pêcheurs que des marches taillés dans la falaise reliaient au Doodkanaal. Celui-ci était alors une voie de navigation très fréquentée. Au fil des siècles, Marienburg s’était étendue et cet endroit était devenu les bas quartiers de Breedmoers, un tel repaire de brigands que la cité avait fini par purger militairement l’abcès avant de tout faire raser en 1796. Racheté par le culte de Morr en 1798, il devint un lieu d’inhumation.

"Ces corbeaux qui nichent dans le cimetière ne sont pas des oiseaux ordinaires. Il y a trois ans, l’un d’eux a quitté le cimetière pour aller faire trois fois le tour de la cheminée du vieux Morts Haderman, puis il a regagné son nid. Morts est décédé dans la semaine et a été enterré à Deedesveld."
- un ancien dans une taverne locale

Deedesveld a grossièrement la forme d’une pelle, délimitée au nord par un mur de pierre et au sud par la falaise. Celle-ci est instable et, après les tempêtes, il arrive que les rochers qu’elle surplombe se couvrent de gravats riches en ossements et débris de cercueils. L’escalier de contrebandiers qui entaillait, dit-on, la falaise il y a des siècles de cela, a disparu depuis longtemps.

Les arbres de Deedesveld abritent une importante colonie de corbeaux et, comme ils font partie des animaux sacrés de Morr, leur présence ravit tout le monde. Une superstition locale prétend qu’ils sont les yeux de Morr et qu’ils veillent sur les défunts de Deedesveld ; leur départ présagerait la fin de la cité.

Dans une cité comme Marienburg, où la terre vaut une fortune, peu de gens peuvent se payer une place au cimetière. La classe moyenne opte généralement pour l’enterrement "de base" : le corps est placé dans un sac ou un cercueil bon marché, lequel est ensuite rempli de chaux vive, puis recouvert d’encore plus de chaux vive une fois placé dans la tombe. De cette manière, celle-ci redevient rapidement disponible pour un nouvel occupant. Les stèles ne sont généralement que des affichages temporaires, remplacés dès que quelqu’un d’autre a besoin de la place. Les plus riches citoyens, ou ceux qui ont rendu un grand service à la ville, peuvent cependant obtenir un emplacement permanent avec une vraie pierre tombale. Mais Deedesveld en a reçu beaucoup au cours des siècles et de telles funérailles sont devenues très rares de nos jours.

Peu de gens savent que les maisons de Breedmoers possédaient parfois des caves profondes taillées dans le roc, des caves reliées à des passages secrets utilisés alors – et peut-être encore – par les contrebandiers. Et bien que toutes les précautions aient été prises pour veiller à ce que les morts de Deedesveld ne se relèvent pas, il y en a toujours un de temps à autre qui passe par les mailles du filet. Les pilleurs qui fournissent en cadavres les adeptes clandestins de certaines recherches magiques ou médicales ne sont pas non plus en reste et Deedesveld n’est donc pas un cimetière aussi tranquille qu’on pourrait l’espérer.

Clocher de Tarnopol

Le Clocher de Tarnopol est une folie excentrique bâtie au bord de l’eau et visible depuis le Suiddock et Remasweg. Haute de 15 mètres, toute sa partie supérieure menace de s’effondrer et des fissures béantes parcourent les murs. Les traverses et poutres métalliques portant les grandes cloches de bronze sont cependant encore intactes et les cloches toujours en place. Les gargouilles et les arabesques grotesques qui décoraient le bâtiment sont tombées dans la rue (une ou deux fois par an, de nouvelles chutes de briques suscitent des pétitions de démolition) ou sous les coups des vandales, mais les portes d’entrée sont encore en état et montrent des signes d’entretien.

"Méfiez-vous de cette tour quand la nuit tombe. Certains disent qu’ils ont entendu des cloches fantômes sonner en pleine nuit et vu quelqu’un qui les chevauchait comme les démons chevauchent les âmes qu’ils conduisent en enfer !"
- une nourrice à des enfants

Mais pourquoi les voleurs n’ont-ils pas emporté les cloches de bronze, une petite fortune en métal brut ? Certains ont bien tenté la chose, mais les candidats suffisamment ignorants ou inconscients pour s’y essayer sont devenus bien rares ces derniers temps. C’est dans l’histoire du bâtiment qu’il faut chercher les raisons de leurs échecs.

La tour était à l’origine le mausolée de Lech Tarnopol, un riche marchand ostlandais qui avait émigré à Marienburg au XXVe siècle. Il aimait son quartier adoptif de Kruiersmuur où il se considérait comme un bienfaiteur public. Renonçant aux pompes ordinaires d’une tombe richement décorée ou d’un mausolée couvert de ces anges d’albâtre qui étendent dans tous les cimetières leurs ailes aux quatre vents, il avait exigé par testament la construction de cet édifice. Sa tombe serait aménagée dans le sous-sol et les cloches de bronze sonneraient toutes les heures au-dessus du Kruiersmuur : service utile pour les résidents du quartier où Lech avait acquis une bonne part de sa fortune et rappel infiniment répété de sa générosité.

Le déclin du Kruiersmuur allait affecter le clocher comme le reste du quartier. Les héritiers Tarnopol n’avaient aucune intention d’entretenir l’édifice. La plupart haïssaient le vieux Lech, qui par son testament excentrique leur avait imposé toutes sortes de devoirs et restrictions ridicules et ils n’étaient pas d’humeur à financer les réparations du monument. La tour commença donc à s’effriter et à crouler, mais elle n’était pas entièrement vide.

Si les voleurs restent à l’écart, c’est qu’ils ne veulent pas affronter le fantôme de Wim Masaryk qui hante le clocher où il a connu une mort tragique et prématurée. Il terrorise les pillards potentiels mais, de son vivant, cet excentrique avait une faiblesse particulière pour les enfants et il n’a jamais attaqué ni menacé les Capitaines depuis le jour où ils se sont réfugiés ici. Les Capitaines étaient alors poursuivis par des égorgeurs et des bandits qui comptaient les vendre comme esclaves et ils se sont depuis habitués à la présence du fantôme qu’ils considèrent comme leur protecteur. Pour lui plaire, ils ont placé de nouvelles cordes sur les cloches et ont même entrepris de réparer une partie de la maçonnerie des étages supérieurs.

Heiligdom, Asile Shallyen du Repos Béni

De l’autre côté de Doodkanaal, en face du cimetière Deedesveld, se dresse la sombre masse de pierre de Heiligdom, un ancien fortin de l’Âge des Trois Empereurs. Il a été offert au culte de Shallya par le dernier Baron, Paulus van der Maacht, avant qu’il parte rejoindre les armées de Magnus le Pieu. Son enceinte extérieure a depuis été abattue, la décoration refaite dans le style classique et les terrains environnants replantés et aménagés dans un style reposant pour l’esprit. Selon un vieux dicton nain cependant, un bâtiment reflète forcément ses occupants et Heiligdom ne peut masquer la folie et la douleur qui l’habitent, car c’est là que sont envoyés les malades mentaux hurlants et gémissants de Marienburg pour qu’ils y finissent leur vie.

Heiligdom a adopté sa forme actuelle au XVIIIe siècle, quand le Baron Loos Ruijkeyser a fait remplacer le vieux fort par une forteresse rectangulaire de plus 30 mètres de haut. Les trois derniers étages servent de dortoirs aux pensionnaires, les trappes les séparant étant fermées par des verrous et des chaînes. Le premier étage accueille les nonnes qui assurent les soins des déments. Le rez-de-chaussée, accessible par une trappe à partir du premier étage et une lourde porte ferrée depuis l’extérieur, sert de réserve.

Les murs font 3 mètres d’épaisseurs et une tour cylindrique de 9 mètres de diamètre se dresse à chaque angle. Trois d’entre elles se terminent au même niveau que le toit de la forteresse, tandis qu’au sud, la Tour des Lamentations, s’élève encore sur 6 mètres. Elle abrite les détenus les plus violents et dangereux et à sa base, la porte intérieure est protégée par des barres de fer et d’imposants verrous. La salle la plus haute, autrefois destinée au châtelain, est devenue un solarium où les pensionnaires de la tour peuvent s’aérer sans côtoyer le reste de la population de l’asile.

"Retenez bien cela, Heiligdom n’est pas seulement un asile. J’ai la preuve qu’ils cachent des mutants et qu’ils les aident à s’enfuir vers les marais ! Un exemple de plus de la répugnante faiblesse de cœur et d’esprit de la hiérarchie de ce culte."
- un magistrat de Kruiersmuur, membre des Chevaliers de la Pureté.

La tour nord est la résidence de l’Abbesse et de ses assistantes. Celle de l’angle est contient la petite librairie et l’infirmerie, où Sœur Katja exerce ses fonctions de pharmacien et médecin en chef. Elle expérimente souvent de nouvelles concoctions à base d’ingrédients recueillis dans les marais. Certaines rumeurs prétendent que ses sujets d’expérience les moins chanceux finissent dans la Tour des Lamentations.

La tour ouest est le seul volume inutilisé d’Heiligdom et ses accès ont été scellés par des parois de briques. Par ordre de la première abbesse, Sœur Eefje Denkers, personne ne doit jamais pénétrer dans cette tour. Cet ordre a été confirmé par le Concile de Quenelles en 2420 C.I. avec une fermeté extrême : sa violation est passible de condamnation à mort, un cas unique dans le droit canonique shallyen. Seuls les membres supérieurs du culte connaissent la raison de cet édit et restent muets sur le sujet.

Les vingt ares de l’enclos accueillent les jardins, les ateliers et la salle capitulaire d l’ordre. À l’abri de ses murs, les pensionnaires peuvent se détendre suivre leurs traitements et surtout échapper aux attentions souvent cruelles des Marienbourgeois "normaux". Les nonnes qui ne sont pas directement concernées par les soins aux patients veillent aux diverses tâches quotidiennes d’un monastère-hôpital : cuisine, lessive, réparations, etc.

Heiligdom est administré par Sœur Monica Aarden, une prêtresse âgée mais toujours très active, qui a consacré sa vie aux "oisillons perdus" de Shallya. Elle a pris la défense de Sœur Astrid von Nimlsheim quand cette dernière a été accusée d’hérésie parce qu’elle préconisait de traiter les mutants plutôt que de les exécuter et cette prise de parti suscite encore les soupçons. Les Chevaliers de la Pureté sont convaincus que Heiligdom offre l’asile à ceux que le Chaos a infectés et le Répurgateur van Goor a juré de débusquer les coupables. De fait, Heiligdom a subi plus d’une fois les raids des Follets, des raids qui se sont systématiquement traduits par la disparition d’un ou plusieurs patients. Il n’existe cependant aucune preuve de collusion chaotique et les privilèges de sanctuaire de l’asile l’ont jusqu’à présent protégé de toute l’enquête officielle.

"Je n’aime pas l’idée de tous ces individus pollués enfermés ensemble, délirants et purulents et Manaan sait quoi… mais c’est mieux que de les avoir en liberté dans les rues."
- un prêtre de Manaan défroqué

Heiligdom recrute ses patients de diverses manières : internement judiciaire après un verdict d’irresponsabilité mentale ; placement par la famille et les amis qui payent alors une pension aux Shallyens ; ou même ramassage dans la rue par des religieuses de l’asile. Le traitement des non-violents associe thérapie par le travail, prières et promenades surveillées dans le jardin. Les déments violents – tous ceux qui opposent une résistance, soit la majorité des pensionnaires – sont enfermés en cellule et enchaînés pour les empêcher de blesser les autres ou eux-mêmes. De solides manouvriers leur apportent les repas, nettoient les cellules et escortent les nonnes quand elles font leur tournée. Un personnage joueur incarcéré pendant plus d’une semaine dans cet environnement de cris et hurlements doit réussir un Test de Terreur à la fin de chaque semaine pour ne pas acquérir 1 pont de Folie, et ce, quel que soit son état initial.

Pension de famille Koester

Vers le fin fond de la Route du Coutelier, près de Kleermakersvaart ("Canal du Tailleur") se dressent côte à côte une vieille maison et une petite cabane aménagée. Les deux propriétés appartiennent à la veuve Beatrijs Koester et se partagent le même nom, la Pension Koester. Habituellement, une pancarte sur la porte de la plus grande bâtisse signale les chambres disponibles et leur prix. La pension n’a pas l’air particulièrement attrayant, mais la qualité d’un séjour dépend en fait entièrement de la réaction de Koester. Si vous lui faîtes bonne impression, vous pourrez vivre ici au moindre prix, à l’abri, et même si l’endroit n’a rien de luxueux, vous évitez tout au moins les extrêmes de l’inconfort.

Malgré les apparences, obtenir une chambre n’est pas si facile. La Veuve Koester se tient généralement dans la cuisine ou dans la salle commune de la maison la plus grande où elle passe le temps en compagnie des pensionnaires présents. Quand on l’a trouvée et que l’on a négocié son tarif, on peut rejoindre sa chambre par l’escalier principal, à côté de la cuisine. Des marches de bois branlantes à l’arrière de la maison mènent à une pièce indépendante qui peut aussi être louée. Dans la bâtisse plus petite, le rez-de-chaussée sert de salle commune et de dortoir aux divers manouvriers qui se retrouvent ici après leur journée de labeur. L’étage dispose d’une entrée indépendante sur l’avant, mais cette partie n’est pas à louer. Koester en occupe deux pièces et Haam Markvalt la troisième.

S’installer dans la pension

La salle commune peut accueillir 12 personnes (Koester n’y admet que des hommes) et constitue la formule la plus économique : un lit inconfortable et une unique couverture dans une pièce occupée par un tas de manouvriers bien souvent ivres ou malodorants, ou les deux. Cependant, comme la salle commune comprend trois chambrettes, il est possible d’éviter les gens les plus antipathiques si l’on parvient à trouver un lit assez éloigné d’eux. L’endroit est équipé de lavabo et toilette extrêmement primitifs et pour cette installation princière, Koester demande 3/6 par nuit ou 1 guilder par semaine, payable d’avance.

"Elle admet de drôles de pensionnaires… pas du tout respectables ! Je veux dire, il y a cet agité du Baron Henryk, Hambock ou quelque chose comme ça. La Garde a déjà dévasté sa maison pour l’arrêter."
- un cocher d’eau local

Pour les chambres individuelles, la veuve demande 7/- par nuit ou 2 guilders par semaine pour une personne, et aucun supplément pour le changement hebdomadaire des draps et le nettoyage de la chambre à intervalle irrégulier (chaque fois qu’elle pense à charger une quelconque souillon de le faire). Si deux personnes partagent une chambre, Koester demande 11/- par nuit ou 3 guilders par semaine.

Koester ne marchande pas ses locations. Ses prix sont standards et elle n’en démord pas. Toute velléité de négociation ne peut être le fait que d’un ignare : un personnage qui insiste (et utilise une compétence pertinente, Commerce, par exemple) est par la suite systématiquement pénalisé (-10) dans tous les tests de Soc la concernant et Koester montre clairement sa désapprobation ! Et il lui est arrivé de vendre toutes les affaires laissées dans une chambre pour récupérer un loyer en retard.

Koester fournit un petit-déjeuner composé de biscuit, jus de viande et thé et le fourneau à bois de la cuisine porte à toute heure une bouilloire et une théière. Une marmite de ragoût de navet est parfois préparée pour tous – à vous d’être là au bon moment et de profiter de la chance (si cette soupe graisseuse peut être considérée comme une chance). Bien sûr, vous devrez aussi écouter les sermons de la Veuve Koester sur les "principes de vie shallyens" mais quand on est à court d’argent…

"Ce n’est pas un mauvais endroit pour se loger. Ce n’est pas cher et les draps sont propres. Il faut par contre supporter les sermons de la Veuve Koester au petit-déjeuner. Pénible sur une gueule de bois."
- un habitant du quartier