MARIENBURG

LE QUARTIER GUILDERVELD

Marienbourg à vau-l'eau, p84 à 94
Merci Rincevent

"Guilderveld n’est pas aussi huppé que Goudberg, mais c’est plus animé, et c’est là que j’irais si je voulais contacter des Elfes pour une grosse affaire sans avoir à m’inscrire à la Bourse ou à affronter le barrage des Mannikins à Elfsgemeente. Fréquentez les bons clubs dans une tenue adéquate et ils vous prendront pour un des affairistes du quartier – apparemment, on se ressemble tous à leurs yeux."
- un fidèle de Ranald le Donneur
 
"Fichue vermine ! Non pas les rats, les artistes de la craie ! Regardez-moi ça ! Ils ont un Elfe embrassant le derrière d’un Nain sur mon perron et j’attends un représentant du Clan Lianllach incessamment – et ils n’ont aucun sens de l’humour ! Bon sang ! Il a même signé de mon nom !"
- un orfèvre de Guilderveld

Guilderveld ("Champ de l’Argent") est un des quartiers les plus récents de la cité puisqu’il a été complètement reconstruit après la signature du Traité de Commerce et d’Amitié. Avant la venue des Elfes des Mers, il s’agissait d’un bas quartier appelé Noordhaven, un district portuaire misérable qui n’avait jamais réussi à rivaliser avec le Suiddock. Une mystérieuse épidémie avait frappé ses habitants l’année même de la venue des Elfes, un mal amené là, dit-on, par un navire de Moussillon. Le fléau, sans vraiment franchir les limites du quartier, l’avait largement décimé.

L’épidémie éteinte, la Guilde Mercantile avait fait une proposition au Baron von Hoogmans : cette zone était merveilleusement située par rapport à la nouvelle enclave elfe et le Baron pouvait se prévaloir de ses antiques privilèges pour se l’approprier – la Guilde pourrait alors lui racheter ces terrains et les mettre en valeur. Le baron Matteus avait accepté et les résidents, confrontés à un important contingent de mercenaires tiléens, avaient dû se résigner à partir. La plupart étaient déjà bien pauvres et ils avaient trouvé refuge dans les taudis de la cité, ceux de Doodkanaal en particulier. Cet épisode a été enregistré par l’Histoire comme "La Longue Nage". La Guilde a payé une somme énorme pour acquérir ces terrains, mais elle s’est depuis largement remboursée de cet investissement et y a gagné des fortunes.

De nos jours, Guilderveld accueille nombre d’entreprises recrutant leur clientèle dans les classes aisées de Marienburg et d’ailleurs. Les vastes résidences des maîtres artisans jouxtent les ateliers richement équipés, la séparation des bâtiments démontrant la richesse de leur propriétaire. Beaucoup de négociants y ont aussi domicilié leurs bureaux. Les boutiques des joailliers et orfèvres avoisinent les ateliers des artistes à succès ou les comptoirs de courtage. Les rues et canaux animés du Guilderveld sont bien entretenus. Les résidents et leurs employés veillent à ce que tout soit propre et net – les artistes de trottoirs eux-mêmes sont interdits ici. Cela n’empêche pas bon nombre d’amuseurs des rues de fréquenter le quartier et de récolter de pleines coupes de piécettes auprès des passants. La richesse ambiante attire bien sûr escrocs et voleurs ; le conseil local veille donc à ce que les Coiffes Noires ne manquent de rien – les patrouilles nocturnes sont fréquentes et conduites avec vigilance.

LIEUX REMARQUABLES

Bazar Mystique de Sybo

Sybo est le propriétaire affiché de l’Agence Haan de Magie à Façon qui crée des effets magiques mineurs à l’adresse d’une clientèle assez fortunée pour apprécier ce luxe. La boutique est plutôt spacieuse derrière ses volets généralement fermés et ses portes verrouillées, cadenassées de l’intérieur, et ensorcelées par un Renfort de Porte. Sybo ouvre très rarement son agence : la plupart des clients prennent rendez-vous par courrier. Le riche propriétaire des lieux (un agent de la famille de Roelef) perçoit divers services magiques en guise de loyer et Sybo met en avant ce client prestigieux pour souligner la qualité de ses services.

"Avant, c’était son frère leo qui tenait la boutique – il a toujours été le plus doué des deux. Mais il est parti en expédition dans les Terres du Sud il y a quelques années et il en est revenu changé, étrange, on pourrait dire. Il ne voulait plus sortir de la maison ni recevoir les clients. Un jour, Sybo a écrit pour dire que Leo était reparti au loin, à Kislev à ce qu’on m’a dit. Il a eu des gens qui se demandaient si Sybo n’avait pas fait disparaître son frère mais en fait, on reçoit du courrier et il continue de régler ses cotisations. J’imagine qu’il avait besoin de changer d’air."
- un représentant de la Guilde des Sorciers

Les clients - sur rendez-vous uniquement – sont censés attendre dans la salle de réception au rez-de-chaussée pendant que Sybo se concentre et prépare les articles qui leur sont destinés. Le jeune sorcier, un peu crispé, régale généralement ses visiteurs de la sérénade d’aboiements et de grognements de ses trois Limiers nordiques (trois énormes molosses agressifs aux babines baveuses). Sybo semble toujours inquiet et préfère garder ses trois chiens à proximité.

L’étage, que les visiteurs ne devraient pas voir, abrite la chambre de Sybo et son atelier. L’un comme l’autre sont fermés par des portes bardées de fer, verrouillées (et protégées par des sorts de Verrou Magique et Renfort de Porte). Les fenêtres de la maison ont des vitres en verre enchanté aussi résistant que le fer forgé, montées dans un cadre tout aussi solide (une réalisation qui fait la fierté de Sybo). Ces fenêtres à guillotine ne peuvent s’ouvrir qu’au contact de l’anneau sigillaire de Sybo. [...]

La gamme Haan

Les Haan conçoivent de menus articles magiques pour leurs clients fortunés, articles que l’on retrouve en nombre dans leur résidence. Ces magiciens inventifs produisent essentiellement des versions enchantées des articles domestiques les plus banals : cafetières gardant la chaleur pendant des heures, plaques de porte parlante capables de reproduire une courte annonce, fourneaux sans carburant, chandelles qui s’allument d’une chiquenaude sur la mèche, etc.

Les prix dépendent de la taille, de l’utilité et de la complexité de l’objet, de la nature de l’enchantement, et de ce que le client semble prêt à payer. Ils commencent généralement à 30 Gu pour un pot de chambre autonettoyant ou à 70 Gu pour des bottes impeccables en toutes circonstances. Les créations magiques dernière mode peuvent, en revanche, atteindre des prix beaucoup plus importants, 2 000 guilders et plus, par exemple, pour une tenue de soirée sophistiquée avec boucles d’oreilles luminescentes.

"Non, il est jamais ouvert, beau gosse. Les fenêtres restent toujours fermées et les rideaux tirés. Les dieux seuls savent ce qu’il peut faire là-dedans."
- une femme de journée pressée

Delftgruber et Fils, Fournitures de Marines

A l’extrémité du canal Havre d’Or, près des vestiges de l’ancien complexe portuaire Noordhaven dans la partie la plus ancienne de Guilderveld, une enseigne au-dessus d’une modeste porte et d’une fenêtre sale annonce ‘Fournitures de Marine, H. Delftgruber et Fils’. La bâtisse ressemble à un entrepôt reconverti et c’est ce qu’elle est pour l’essentiel. Rien n’indique qu’elle sert de couverture à des opérations de contrebande et qu’elle abritait autrefois le quartier général de la bande la plus puissante au nord de Rijksweg.

La porte usée donne dans une petite boutique proprette avec une grande fenêtre en saillie sur le trafic du port. Hugo Delftgruber s’assied généralement près de cette fenêtre pour travailler et profiter au mieux de la lumière du jour. Derrière le comptoir, les étagères et râteliers sont chargés d’une foule de menus articles de marine, lanternes, hameçons, etc. et une porte ouvre sur l’entrepôt où s’entassent les articles plus encombrants, tonneaux, voiles et caisses de poissons salés. C’est de là que part l’escalier conduisant à l’étage où se trouve l’appartement de la famille. Une trappe secrète sous les marches permet d’accéder à des salles souterraines de l’île de Guilderveld et à une citerne oubliée où la bande à Gijsbert entrepose ses embarcations.

"C’était quelqu’un dans le coin, le vieux Delftgruber. Avant que Casanova ne rafle tout ? C’étaient de drôles de temps, il y a des années de cela, pendant la dernière guerre du crime. Le vieux Delftgruber avait été retrouvé cloué à une porte de poste de garde et pour ce qu’on en dit, c’est heureux qu’il ait déjà eu un fils – voyez c’que j’veux dire ?"
- un "Gentilhomme"

Les Delftgruber dirigeaient autrefois une bande respectée, mais la guerre contre Adalbert Henschmann s’est très mal terminée pour eux. Gijsbert, alors âgé de dix ans, n’avait pa pris part aux événements, mais son père Hugo a été retrouvé, à demi-mort et mutilé, cloué à la porte d’un poste de garde. Sa femme n’a jamais été revue depuis. Hugo Delftgruber est maintenant un homme brisé qui se satisfait de vivre et de jouer les commerçants.

"Allez aux Fournitures Delftgruber de ma part et vous verrez que vous pourrez acheter autre chose que de la corde. Mais pas un mot à qui que ce soit – si Adalbert en entend parler, on est tous morts."
- un contrebandier indépendant

Gijsbert dirige une petite entreprise de contrebande avec la complicité de son père, mais il se montre suffisamment discret pour ne pas attirer l’attention d’Adalbert. Ce dernier est bien sûr au courant, mais il lui plaît de laisser les membres de la bande Delftgruber penser qu’ils échappent à son attention et à son contrôle. Il les manipule en fait tout autant que les autres criminels de Marienburg mais plus subtilement. Il compte bien, en effet, qu’en les laissant vivre dans la peur permanente de la découverte, son emprise sur eux ne sera que plus forte quand il se décidera à l’exercer.

Boucherie et Poissonnerie Fines Groenewoud et Abattoir

A l’extrémité nord de Guilderveld, près du quartier-pont de Westbrug en face de Schattinwaard, se dressent deux bâtiments beaucoup trop élégants pour être appelés "boucherie" et "abattoir".

La plaque de cuivre près de l’entrée publique annonce ‘Boucherie et Poissonnerie Fines B. Groenewoud’. Les petites fenêtres à losanges laissent les passants entrapercevoir des alignements d’appétissantes saucisses, de côtes premières et de poissons frais sur un lit de glace pilée, entre autres délices. A l’intérieur, un garçon vêtu de fourrures offre aux aristocratiques clients du lieu des infusions pour les aider à supporter le froid régnant, entretenu à grand renfort de blocs de glace importés de Norsca.

Les deux bâtiments sont réunis par un enclos de pierre. La boutique elle-même, un bâtiment d’un étage bâti pour moitié en bois, donne sur l’Allée des Trois Idiots. Bonifatius loge à l’étage. Le rez-de-chaussée est divisé en deux volumes. Dans la partie publique, les marchandises du jour sont exposées dans des caisses de glace pilée autour du comptoir de Groenewoud et de quelques fauteuils destinés aux clients qui attendent leur commande. Derrière une lourde porte de chêne verrouillée, une chambre froide abrite les carcasses prêtes à être débitées. Seul Groenewoud et ses employés d’abattoir ont le droit d’entrer ici.

"Les meilleurs morceaux de viande et de poisson de la cité s’achètent dans cette boutique que tu vois là, l’ami. Et le Vieux Boni est une bonne âme. Les gardes de service sont toujours accueillis chez lui avec du thé et une tourte à la viande. Comme ça, juste pour montrer qu’il apprécie le travail des ‘hommes en noir’. Et ces tourtes, elles feraient pleurer un Halfeling de plaisir, sans blague. D’ailleurs, je crois que voilà l’heure de ma pause casse-croûte."
- une Coiffe Noire de Guilderveld

Le portail de l’enclos donne aussi sur l’Allée des Trois Idiots et il est principalement utilisé par les marchands de bestiaux qui arrivent des quais Schroedinger tout proches avec leurs livraisons de bœufs et de moutons. Groenewoud leur impose un parcours passant par les ruelles les moins fréquentées du quartier pour ne pas déranger ses voisins. Les arrivages quotidiens de glace sont réceptionnés avant l’aube par le contremaître de l’abattoir. Un gros chien d’ours impérial, Griff, est lâché chaque nuit dans l’enclos pour décourager les amateurs d’échantillons gratuits.

L’abattoir occupe le fond de l’enclos au bord du canal, un simple bâtiment utilitaire avec des murs suffisamment épais pour qu’aucun cri d’agonie ne dérange le voisinage. Le sang et d’autres déchets sont achetés par les Rats de Canaux qui les revendent dans les boutiques des quartiers pauvres de la ville, des endroits où fromage de tête et pied de porc vinaigrette sont considérés comme des mets de choix. A l’intérieur de l’abattoir, un volume unique accueille les stalles d’abattage et d’équarrissage, des établis encombrés de scies et de couteaux couverts de sang et de fragments d’os, des rigoles et des bouches de drainage pour l’évacuation des liquides, et parfois un cadavre humain suspendu à des chaînes qui attend d’être haché et épicé pour les saucisses du lendemain.

Car Bonifatius Groenewoud est un fidèle de Khaine et il adore faire de ses voisins huppés des cannibales inconscients.

Comptoir Arkat Fooger

A l’extrémité est du Guilderveld, un bâtiment incarne fortune, puissance, tradition et sécurité : le comptoir de la Maison Fooger, salle des coffres de la cité, banque de la noblesse et cabinet d’assurance du monde. Encadré par d’autres maisons bancaires ou de négoce le long du canal Folie du Baron Frederik (plus communément appelé l’Allée des Usuriers), cette impressionnante construction s’élève sur trois étages de pierres et de briques coiffés. Ses toits pointus supportent une collection de cheminées qui proclame aux yeux de tout le luxueux confort intérieur.

Le comptoir est nettement en retrait du canal et sa façade borde une placette où des églises d’Haendryk et de Véréna se font face à sa droite et à sa gauche. Des centaines de personnes de toutes classes sociales passent chaque jour par cette place, courant d’une affaire à une autre. Des dizaines empruntent la grande double porte de "De Oud Foogershuis", une porte de chêne importé gardée nuit et jour par quatre nains porte-hache vêtus de la livrée Fooger.

"Marienburg n’est pas un endroit comme les autres. Où est-ce qu’un Elfe peut se présenter à un Nain pour lui demander de l’argent et ne pas se faire raccompagner à la porte à coups de pied au derrière ? Ici, le Vieux Fooger lui accordera un prêt, mais le connaissant, le petit-fils de cet Elfe continuera de lui verser des intérêts."
- un employé de la Maison Fooger

Au rez-de-chaussée, une grande salle unique accueille une activité frénétique : plus d’une vingtaine d’employés de bureau inscrivent sans un instant de repos les pertes et profits du jour en se basant sur les messages apportés par une nuée de coursiers. De luxueuses tapisseries couvrent les murs et une balustrade de teck sépare l’accueil de l’aire de travail. Un portillon perce cette balustrade et, tout près, un Nain du Clan Fooger fait le tri entre les clients bienvenus et ceux qui "seront mieux servis par de moindres institutions". Ceux dont la patte est jugée suffisamment blanche sont escortés par des pages jusqu’au premier étage où les courtiers de la Maison prennent en charge leurs problèmes financiers. Le deuxième étage se consacre au nouveau cabinet d’assurance Fooger, une entreprise révolutionnaire conçue par Arkat lui-même et qui s’est révélée extrêmement profitable jusqu’il y a peu. Le dernier étage abrite le domaine privé du Directeur Fooger et de ses aides. C’est là qu’il reçoit personnellement ses clients d’importance, y compris les représentants des familles nobles ou régnantes du Vieux Monde. Il dispose aussi à cet étage d’un logement qu’il occupe quand il lui faut veiller tard aux affaires de sa Maison ou du Directorat. Enfin, un passage secret relie le rez-de-chaussée à la salle des coffres souterraine qui renferme les réserves d’or de la Maison et divers articles précieux confiés par des clients (un service payant, bien entendu).

Les PJ pourraient avoir affaire à la Maison Fooger s’ils ont besoin d’un prêt important (pour des sommes moindres, mieux vaut qu’ils s’adressent à un prêteur sur gages comme Aux Trois Guilders), d’une assurance ou d’un refuge inviolable pour quelque objet de valeur. Mais il passe tant d’argent, honnête ou non, dans la Maison Fooger, que de nombreuses intrigues peuvent les attirer ici.

Les emprunts supportent des intérêts de 15% par an (2% par mois pour les durées inférieures à l’année) et ne sont accordés que sur présentation d’une garantie matérielle quelconque. Les Fooger excellent dans l’art de faire condamner et rendre gorge aux plus mauvais payeurs, en nature quand ce n’est pas en espèces. Les assurances sur cargaison coûtent 5% de la valeur déclarée, une valeur déterminée par les experts de la Maison. Ceux qui souhaitent abriter un article dans la salle des coffres doivent régler un loyer hebdomadaire équivalent à 1% de sa valeur – avec un minimum de 1 Gu. Il est possible de négocier des conditions à long terme plus favorables.

La banque entretient une équipe d’huissiers qui se chargent de saisir les biens des emprunteurs déficients, bijoux, peintures et cargaisons mais aussi chevaux, maisons, boutiques et navires. Les articles les moins encombrants sont mis à l’abri dans un vaste entrepôt sur les docks du vieux Noordhaven et dispersés chaque premier Guilstag du mois lors ‘une vente aux enchères qui attire toute la cité.

"Vous croyez que votre Empereur est riche, monsieur d’Altdorf ? Regardez un peu par là. Vous voyez ce bâtiment avec les porte-hache à l’entrée ? C’est la banque Fooger, Fooger comme Directeur Fooger, un des Dix ! Chaque jour, il passe ici assez d’argent pour acheter cinq ou six fois tout ce que possède votre précieux Empereur."
- un collecteur d’impôt wastelandais
L’auberge du Coq Rouge

Au centre de la berge intérieure du Havre d’Or près du Canal Eau d’Oignon, le voyageur assoiffé peut voir l’enseigne de l’auberge du Coq Rouge, tenue par Donat Tuersveld. Depuis plus de trente ans, cet établissement est réputé pour sa bonne bière et son ambiance respectable. Dans le même temps, il a toujours offert aux contrebandiers du nord de la cité une cache sûre pour leurs marchandises illicites.

"Alors là, voilà un endroit pour traiter les vraies affaires, mon garçon ! Donat est un des nôtres, vois-tu, cul et chemise avec ‘Casanova’. Si tu restes raisonnablement discret, il sera toujours prêt à te fournir une cache pour y planquer des marchandises brûlantes – ou même ta carcasse si les contrôleurs sont après toi !"
- un contrebandier d’expérience

L’auberge est une vaste construction de plain-pied, bâtie en pierre et bois il y a deux siècles environ. En haut d’un perron de quelques marches, la porte s’ouvre sur la salle principale entamée par un impressionnant comptoir en fer à cheval suffisamment fréquenté en soirée pour faire travailler trois barmans. Ce bar s’appuie contre le mur séparant la salle principale des cuisines. A l’arrière des cuisines, les portes donnent sur le canal – c’est l’entrée des fournisseurs et par là que sont vidées les poubelles.

Les tables et les box de l’auberge sont très souvent fréquentés par les marchands du quartier. Le Coq Rouge ne propose pas de salons privés, mais le personnel veille à ce que les clients qui le souhaitent ne soient pas dérangés. A la différence de nombre de ses collègues, Donat Tuersveld ne vit pas au-dessus de son affaire. Il loue un appartement dans une pension du voisinage.

Le Coq Rouge commence sa seconde vie peu après la fermeture des portes à minuit. Une grille aux gonds camouflés ferme l’entrée de ce qui était autrefois, il y a des siècles, un petit canal affluent de l’Eau d’Oignon. Les constructions se sont empilées, le niveau de l’île s’est élevé, le canal a été recouvert puis oublié. Tuersveld, un ancien pirate, a racheté l’auberge quand il a découvert que l’ancien canal desservait une cave sous celle-ci.

Depuis ce changement de propriétaire, nombre de contrebandiers ont caché leurs cargaisons au Coq Rouge moyennant un droit d’entreposage versé à Donat qui fixe ses prix en fonction de la taille et de danger du lot, et de ce qu’il sait du propriétaire. Les personnes qui doivent entrer ou sortir de Marienburg en toute discrétion utilisent aussi les services de l’auberge et la porte secrète dans le garde-manger des cuisines. Une surveillance attentive du Coq Rouge peut permettre de repérer des clients qui entrent sans jamais ressortir ou qui sortent sans apparemment être jamais entrés.

En revanche, si vous n’êtes intéressé que par un repas, les prix sont 10% supérieurs à la moyenne.

"Un bon endroit pour inviter un client. La nourriture est merveilleuse – essayez sans faute l’aspic de hareng – et même la racaille sait se tenir. On dit que Tuersveld aurait été pirate dans sa jeunesse et qu’il ne serait pas tout à fait rangé. Personnellement, je n’y crois pas. Pas assez vulgaire."
- un avoué de Guilderveld