LE QUARTIER GOUDBERG
Marienbourg à vau-l'eau, p106
à 115
Merci à Rincevent
Goudberg est un des quartiers les plus riches de Marienburg, avec Guiderveld et Oudgelwijk. Plus calme et maniéré que Guilderveld, le quartier reste exempt de la lassitude mélancoloque de la vieille noblesse dOudgelwijk. Les gens de Goudberg, les riches et les très riches, peuvent se permettre de vivre à lécart de leurs affaires, quils confient à leurs cohortes de laquais.
A Goudberg, lélégance est un maître-mot et larchitecture du quartier reflète la chose. Bien que de taille modeste selon les standards de la noblesse du Vieux Monde, les demeures des riches sont lourdement décorées dans le style qui était à la mode à lépoque de leur construction. Les colonnes cannelées tiléennes et les Victoires Ailées de Nulner jouxtent les gargouilles et faux créneaux de la Guerre dIndépendance. Les intérieurs sont somptueux et nombre de gentilshommes campagnards de lEmpire se sont pris pour des rustauds après une visite. Tout le monde a des domestiques, ne serait-ce quun ou deux pour le ménage et la cuisine. Les demeures des Dix regorgent de serviteurs en livrée, recrutés pour la plupart dans les ghettos cathayen, nippon, indien et kislévite placés sous la juridiction de Goudberg.
Les affaires concernent surtout le luxe, les services et les arts. Le dramaturge Willibrord Mengelberg dirige le très estimé théâtre Aardbol. Quoique subventionné par le gouvernement, ce théâtre est célèbre par ses farces qui raillent lélite de Marienburg. Dans une maison offerte par Jaan van de Kuypers et transformée en meilleur lycée privé de la cité, le fameux érudit Timotheus Rogeveen enseigne aux enfants de lélite. A Goudberg, les barbouilleurs de trottoir, les racoleuses et les coupe-bourses du Marienburg ordinaire sont remplacés par les sculpteurs, les courtisanes et les monte-en-lair audacieux.
Le jour, les rues et les canaux sont remplis de domestiques et de fonctionnaires vaquant aux affaires de leurs maîtres. Les artisans font des livraisons ou accomplissent leur ouvrage, tandis que des marchands et courtiers de moindre importance concluent des marchés en déjeunant à la table des élégants cafés. Les mendiants sont énergiquement repoussés.
La nuit, les rues et les canaux se font plus tranquilles tandis que les gens commencent leurs tournées nocturnes de visites de politesse. Des embarcations éclairées de lanternes vont de demeure en demeure, entraînées par le tourbillon des réceptions et festivités moins formelles. De jeunes fils de famille, à qui leurs capes et leurs rapières donnent fière allure, circulent en petits groupes tapageurs dun club de boisson à lautre.
Ici, les Coiffes Noires ne manquent pas de moyens et prennent grand soin de protéger les biens des résidents. Comme les combattants privés des Grandes Familles du secteur protègent les demeures de leurs maîtres, les Gardes peuvent se concentrer sur le reste du quartier ce qui ne les empêchent pas daccourir quand Mijn Heer Directeur van den Nijmenks appelle ! La Ligue des Gentilshommes Entrepreneurs se montre de fait extrêmement prudente dans ce quartier : les cibles sont tentantes, mais les risques sont élevés. Certains mauvais plaisants prétendent par ailleurs que si les Gentilshommes sont moins actifs à Goudberg, cest parce que les loups ne se mangent pas entre eux.
LIEUX REMARQUABLESMusée de cire et studio Ree
Un promeneur qui descend la rue des Douceurs depuis le square du Baron Huybrecht tombe, près du pont Slangenbezweerder, sur un étrange bâtiment perdu au milieu des scriptoria, confiseries et appartements de luxe du secteur. Haut et étroit, sa façade ornée de couleurs foncées présente un aspect inquiétant qui tranche sur le voisinage brillamment décoré.
Sous un sombre auvent, un bourreau encapuchonné se tient immobile, tenant sa hache devant sa poitrine, comme sil attendait patiemment le condamné. Il sagit en réalité dun simple mannequin de cire, mais dune exécution particulièrement raffinée. A côté de lui, une enseigne peinte annonce "Musée de Sculptures de Cire Ree. Douze salles de Merveilles, Délices et Terreurs réputées dans tout le Monde Connu. Ouvert tous les jours, de midi à minuit. Un guilder la visite". Dans lentrée, un Tiléen bossu répondant au nom de Giovanni reçoit largent des visiteurs et les escorte jusquà lescalier qui monte vers les trois étages dexpositions. Chacun de ces étages accueille quatre salles consacrées à un thème particulier, réparties autour dun palier central. Chaque exposition ne dure que quelques semaines et il y a donc toujours quelque chose de neuf à voir.
Le premier étage est le Royaume de lHistoire. Des tableaux époustouflants montrent les grands moments du passé : une salle est consacrée à la reddition du Comte von Zelt devant les commandants de larmée de Marienburg ; la suivante décrit la terrible bataille qui a opposé lAmiral Jaan Maarten à Bartholomeus le Noir ; la troisième présente la rencontre entre lAmbassade des Marchands et lEmpereur Magnus le Pieux, et la dernière lintronisation de Marius.
Le deuxième étage est le Royaume des Légendes, où sont exposées des scènes appartenant aux épopées et romances classiques : lamour fatal de Roméro et Juliana de Remas, la comique accession de ranald à limmortalité, la Demoiselle Cygne des Landes Miroitantes et la Dame du Lac bretonnienne guérissant Gilles le Breton de sa blessure mortelle afin den faire son Chevalier Vert. Le troisième et dernier étage est le Royaume du Chaos et les rêves les plus sombres y prennent forme. Les visiteurs assistent à des scènes perturbantes faisant intervenir Guerriers du Chaos, sorcières, morts-vivants et autres créatures cauchemardesques. Le sous-sol abrite latelier de sculpture et de moulage, avec ses cuves de cire et trois ou quatre personnages à divers stades de préparation. Cest là que travaille Giovanni le Tiléen, assistant artistique de Ree et presque unique objet de son ressentiment.
Tous ceux qui visitent le musée en ressortent impressionnés par le talent artistique et technique de Wilbert Ree. La plupart sextasient sur lapparence plus vraie que nature de ses uvres, même sils ne voient pas toute la douleur et le désespoir contenus dans ces enveloppes de cire.
Service dEscorte Marquandt
Brigands et coupe-gorges, cambrioleurs et voleurs à la tire, racketteurs, ravisseurs et tueurs à gages la vie, lintégrité physique et la propriété ne sont jamais réellement en sécurité dans la plupart des cités du Vieux Monde. La Garde, surchargée de travail et en sous-effectif, quand elle nest pas incompétente ou corrompue, ne peut pas faire grand-chose. Même quand ses représentants sont honnêtes et compétents, ils ninterviennent généralement quune fois le crime commis, ce qui nest guère réconfortant pour les cadavres qui refroidissent sur le pavé.
Les classes moyennes et pauvres de Marienburg doivent se contenter de porter une dague et de prier pour que ce soit le tour dun autre. Mais pour les gens aisés qui veulent ce quil y a de mieux en matière de protection, la meilleure adresse est celle du Service dEscorte Marquandt, à lenseigne des épées croisées sous un bouclier, sur le canal Zwaansloop dans Goudberg.
Lentreprise Marquandt occupe le rez-de-chaussée dun bâtiment à trois étages à côté de lauberge Au Repos Princier, un bâtiment où Marquandt loge au premier étage. Le rez-de-chaussée est divisé en deux bureaux. De 8 heures au crépuscule Velma Rutten, une ancienne scribe et collecteur dimpôts, occupe le premier où elle exerce ses fonctions de secrétaire et de comptable. Son travail consiste en partie à faire le tri entre les clients à écarter et ceux qui ont vraiment besoin de laide de Marquandt. Elle est entièrement dévouée à son employeur et prend son travail très au sérieux. Habituellement, un ou deux des "gars" Marquandt traînent également par là et se font un plaisir déjecter les gens qui ne prennent pas Velma au sérieux.
Le bureau de Marquandt, luxueusement meublé, est protégé par une lourde porte en chêne. Cest là quil reçoit ses clients, quil évalue leurs besoins et quil fixe ses tarifs. La pièce est dominée par un lourd bureau de bois couvert dun marbre de Tilée (un cadeau dun client reconnaissant) et les murs sont décorés darmes et darmures remontant à la période aventurière de Marquandt. Sa clientèle comprend quelques Marienbourgeois très importants, mais personne qui soit vraiment proche des Dix, ceux-ci disposant de leurs propres troupes. Le Service dEscorte Marquandt assure aussi la protection des riches visiteurs étrangers et son agence est très appréciée par ceux qui aiment à "sencanailler" dans les quartiers mal famés de la ville, comme le Suiddock. Marquandt demande en moyenne 10 guilders par jour et par garde du corps, payables davance.
Les PJ peuvent sadresser à Marquandt sils sont à la recherche de travail, les blessures et décès suscitant une rotation constante du personnel. Il veille à fournir des gardes du corps supérieurs à la moyenne et les postulants devront donc faire preuve dune solide expérience. Son travail lui permet souvent dacquérir des informations sensibles, mais il est adepte du secret professionnel et ne sabaisse jamais au chantage. Il faudra donc vraiment lui fournir dexcellentes raisons pour quil accepte de renseigner qui que ce soit sur sa clientèle.
Au Repos Princier
A côté du Service dEscorte Marquandt se dresse une antique auberge à deux étages qui compte parmi les établissements les mieux fréquentés de Marienburg. Elle doit son nom au Grand Prince Rikard du Reikland, qui ne descendait jamais ailleurs quand il rendait visite au Baron Matteus et cultive une atmosphère élitiste reflétée par la clientèle. Seuls les meilleurs (cest-à-dire les plus riches) peuvent se permettre de manger et dormir ici, même si quelques arrivistes acharnés de la classe moyenne échangent parfois des années déconomie contre le privilège dune soirée au Repos Princier.
Le Repos Princier est particulièrement réputé pour sa cuisine exquise et son service impeccable. La salle à manger compte une douzaine de tables de toutes tailles, entre lesquelles se glissent des serveurs en tabard pourpre royal le droit dutiliser cette couleur leur ayant été accordé par le Grand Prince Rikard comme latteste une lettre exposée sous cadre au-dessus de la cheminée. La cuisine est dirigée par le Maître-Chef August Bardolino, un Miraglianais dont le dernier poste nétait rien de moins que le Palais Royal dOisillon. La cave à vin, sans égale à Marienburg, ne contient que les meilleurs crus de Bretonnie, Estalie et Tilée (selon le propriétaire, lexpression "vin impérial" est une absurde contradiction).
La plupart des chambres dont dispose lauberge sont réservées à vie et les autres soumises à une liste dattente qui peut sétendre sur des années. Elles sont uniformément luxueuses, avec des matelas et des oreillers en plumes doie, des draps de satin et des couvertures en laine dagneau. Chacune a son propre majordome à portée de clochette et, le propriétaire nayant pas regardé à la dépense, chaque pot de chambre a été magiquement parfumé par Sybo Haan en personne. La sécurité des clients et de leurs biens est assurée par Tobias Marquandt. Les PJ qui songent à passer une soirée au Repos Princier doivent sattendre à une note cinq fois supérieure au prix standard.
Rudolph Aasenberg possède lauberge la plus sélecte du nord-ouest du Vieux-Monde. Quest-ce qui peut donc le rendre si malheureux ? Pourquoi prie-t-il tous les soirs pour la clémence de Shallya et consacre-t-il des sommes astronomiques en consultations de voyants inutiles ? Parce que le pauvre Monsieur Aasenberg est convaincu que son auberge est hantée, quil est réduit au désespoir par des événements embarrassants qui, sils venaient à être connus, ruineraient la réputation du Repos Princier et sa bourse.
Les problèmes de Monsieur Aasenberg ne doivent rien aux fantômes. Il héberge en fait un invité clandestin, un pensionnaire qui veut simplement rendre service [il s'agit en fait d'un snotling mais chut !].
A lEnseigne du Pinceau et de la Mouette
A lextrémité nord de Goudberg, près des logements ouvriers dOstmuur, se trouve le Galetas, un ensemble de canaux sinueux et ruelles étroites menant à de petites places autour desquelles se sont établis nombre dartistes reconnus de Marienburg et dailleurs. Sculpteurs, peintres, souffleurs de verre et autres créent ici de merveilleuses uvres dart et transmettent leur savoir aux apprentis les plus richement pourvus en talent ou en or (les deux étant encore mieux).
La maison la plus célèbre a pour enseigne le Pinceau et la Mouette. Ce nest pas une taverne, mais latelier de Hieronymous Deecksburg, généralement considéré comme le peintre et portraitiste le plus talentueux de toute lhistoire de Marienburg. Chose inhabituelle pour cette ville, latelier est installé au dernier étage et cest là que les élèves du maître étudient la technique sous son il vigilant. Le jour, plus dune douzaine de chevalets sont utilisés par les aspirants artistes qui se perfectionnent dans les lumières et les ombres, les perspectives et les techniques. Une série de larges vasistas offrent une lumière excellente sans alléger latmosphère chargée dodeurs de peintures, dhuiles et de solvants.
Le rez-de-chaussée est occupé par un maître maçon guindé dOostmuur et son ambitieuse famille qui exulte à lidée davoir pour voisin le grand Deecksburg. Jusque-là, celui-ci a réussi à échapper à leurs incessantes invitations à "venir prendre un verre".
Quant à Deecksburg, il vit seul au premier étage, mais une gouvernante dOstmuur lui fait ses repas et veille à ce quil ne "boive pas son dîner !" Lendroit est une caricature dantre dartiste on dirait quune tempête de la Mer des Griffes vient juste de passer. Carnets desquisses et toiles à moitié peintes sont éparpillés un peu partout alors que larmoire semble navoir pas servi depuis des années. Des bouteilles vides dexcellents alcools gisant parmi les déchets témoignent des problèmes de lartiste. On peut aussi y trouver la collection de fusains très privée de Deecksburg, cachée dans un compartiment secret de larmoire. Expression suprême de son immense talent, elle risquerait fort de le faire condamner à mort si elle venait à être découverte.
Chantier Naval van Reeveldt
Quelques-uns des chantiers navals de Marienburg se situent sur le canal Zijdenmouw. Ils sont spécialisés dans les petits vaisseaux, les bateaux qui parcourent les canaux de Marienburg ou les fleuves de lEmpire. Du petit matin au crépuscule, des artisans uvrent durement sur les berges en pente, martelant les carcasses de bois de leurs marteaux ou chantant en chur quand un nouveau bateau glisse dans leau. Les capitaines qui ont de largent à dépenser ou qui veulent ce quil y a de mieux viennent y faire réparer leur navire.
Le meilleur de ces chantiers appartient à Maria van Reeveldt, maître charpentier de marine, qui a choisi après des années de commerce lucratif sur le Reik de se consacrer à sa vraie passion la construction de superbes bateaux fluviaux. Elle a ouvert son premier chantier dans un coin un peu perdu de Kruiersmuur, un peu à lécart, mais son intolérance de la médiocrité lui a rapidement assuré une réputation des plus flatteuses. Elle na pas tardé à acquérir une entreprise de Goudberg en perte de vitesse et sa cote grimpe depuis comme une fusée cathayenne.
Fait unique parmi les constructeurs de Goudberg, van Reeveldt assure également la maintenance régulière des bateaux quelle vend. Et elle nattend pas que les propriétaires les lui amènent pour les faire réparer : sa réputation de probité est telle que la plupart des riches résidents de Goudberg, de Guilderveld, dOudgelwijk et de Tempelwijk lui confient les clés de leurs bassins privés. Un authentique van Reeveldt représente maintenant un élément essentiel de la panoplie du prestige. Maria et ses employés sont autorisés à aller et venir à leur guise pour inspecter les bateaux et signaler les réparations à faire. Ces clés sont conservées dans un coffre importé des forges de Zhufbar, van Reeveldt en personne note chaque jour les entrées et sorties et un garde du Service Marquandt assure la surveillance nocturne du coffre.
Les PJ ne devraient entrer en contact avec van Reeveldt que dans le cadre dune aventure concernant la dame. Mais sils veulent commander un bateau ou faire réparer le leur, elle demande le double du prix habituel.