MARIENBURG

LE QUARTIER D'ELFSGEMEENTE ("ELFEVILLE")

Marienbourg à vau-l'eau, p73 à 83
Merci Rincevent

"Pourquoi se battre contre les Humains pour le contrôle des Mers ? Quels bénéfices pourrions-nous attendre d’une guerre semblable ? Montrons-leur plutôt quelles fortunes ils pourraient acquérir en commerçant avec nous. Nos navires sont plus rapides, leurs cales plus vastes et nous avons des siècles d’avance sur eux dans les Terres Occidentales. Nous contrôlerons alors leur accès au Nouveau Monde et la promesse de ses richesses fabuleuses nous assurera leur allégeance pour toujours."
-discours du Maître des Vagues Sulandiel Commerce-au-loin à l’assemblée des Seigneurs des Clans sous le Roi Phénix, CI 2149

plan_elfevilleMarienburg abrite un des endroits les plus curieux du Vieux Monde : Sith Rionnasc’namishathir, le quartier elfe, l’Exarchat Continental du Haut Royaume d’Ulthuan selon la formule officielle, ‘Elfgemeente’ pour le Stadsraad ou Elfeville pour les autochtones.

Située sur la rive nord de l’embouchure du Chenal Rijskweg, inconfortablement perchée entre l’opulence de Guilderveld et la pauvreté des Plats, Elfeville appartient officiellement au Royaume Haut Elfe et représente donc, en quelque sorte, tout ce qui reste de leur empire millénaire sur ce continent. Grâce aux yeux et aux oreilles de ses sujets, les Elfes des Mers installés ici, le Roi Phénix se tient informé à Lothern des événements du Vieux Monde et des forêts de Loren et Laurelorn.

L’enclave de Sith Rionnasc’namishathir est aussi une source de richesse tant pour les Elfes que pour les Humains. Les Elfes des Mers sont de loin les plus grands navigateurs du monde et leur trafic entre le Vieux Monde, Cathay, Ind et le Nouveau Monde rapporte des fortunes à Ulthuan. Les Elfes des Mers prétendent, en particulier, monopoliser le commerce avec Lustria, dont l’essentiel de ses productions si recherchées ne sont vendues que par leur intermédiaire. Quelques Marienbourgeois refusent toutefois de leur reconnaître ce privilège et les affrontements sur ce sujet sont rares dans la cité, les deux camps parlent d’expéditions attaquées, de piraterie et de naufrages.

‘Gemme-Etoile-sur-Mer’ constitue aussi une escale privilégiée pour les Hauts Elfes et Elfes des Mers désireux de visiter le Vieux Monde. Ils peuvent y respirer une dernière fois une atmosphère elfique avant de se frotter aux peuples grossiers de ce continent. Souvent, les plus délicats ne s’aventurent pas au-delà des bistrots bordant Elfeville et se contentent de contempler les masses humaines grouillantes à bonne distance.

Pour le touriste pressé, Sith Rionnasc’namishathir ressemble beaucoup aux autres quartiers cossu de Marienburg, la crasse en moins. Mais cette première impression est trompeuse. Les avenues principales sont de larges canaux éclairés aux intersections par des lampes argentées. La première de ces voies d’eau part du Pont Portelfe, l’entrée principale du quartier elfe, et conduit, entre deux alignements de boutiques et bistrots rutilants, au Grand Cercle d’Eau, rendez-vous de tous les amoureux de la cité qui apprécient le superbe parc qu’il entoure. Des voies d’eau plus étroites quittent le Grand Cercle et les autres canaux principaux pour desservir les îles où se dressent les résidences des clans et leurs docks. Il s’agit là de voies privées, réservées aux elfes, à leurs invités et aux contacts d’affaires des Clans. Les importuns sont fermement éconduits par des escouades de combattants elfes embarqués sur des yoles rapides.

Les clans sont installés dan de vastes ensembles appelés Résidence, même si ce n’et pas leur seule fonction. Chacune d’elles abrite non seulement plus de quatre-vingts Elfes mais aussi des salles de spectacle, cabinets de recherches privés, salles de méditation, ateliers et complexes portuaires capables d’accueillir toute une flottille d’embarcations privées. Beaucoup sont construites autour d’une petite crique où peuvent accoster les bateaux des résidents. Toutes les entrées donnent alors sur cette crique et la Résidence ne montre au monde extérieur que des murs aveugles. Certaines se sont tellement agrandies au cours des siècles qu’elles recouvrent intégralement l’île qui les accueille : les sinueux couloirs intérieurs donnent alors parfois sur des ailes plus ou moins désaffectées, voire complètement oubliées.

Les canaux eux-mêmes sont constamment purifiés par magie. Des Elémentalistes elfe au service des clans y ont lié de petits Elémentaux qui filtrent l’eau en permanence et repoussent les ordures et autres limons dans les canaux extérieurs à l’enclave elfe. Le procédé déplaît souverainement à la Commission de Santé Publique de Marienburg, mais le Staadtholder tient trop à de bonnes relations avec Elfeville pour exprimer plus qu’une protestation de principe. Un sorcier ou prêtre qui en appelle à la compétence Sens de la Magie ou au sort Détection de la Magie décèlera dans les eaux d’Elfeville les motifs changeants d’une activité magique qui ne franchit jamais les limites de Sith Rionnasc.

Si les PJ interviennent ici, c’est probablement pour affaires, vente ou achat de marchandises par exemple. Ils peuvent aussi s’intéresser à cet endroit à des fins de contrebande, pour esquiver les nombreuses restrictions que la Cité et l’Exarchat font peser sur le commerce. Quelle que soit leur activité, une extrême prudence est de rigueur.

LE GOUVERNEMENT
"Nous avons beaucoup à apprendre des Elfes de Marienburg, car ils forment une véritable démocratie – pour eux, la liberté de l’individu passe avant tout. Tous peuvent s’exprimer librement sur n’importe quel sujet, même pour dénoncer leurs dirigeants. Faîtes la même chose à Marienburg et vous écoperez de trois ans à Rijker pour sédition !"
- Haam Markvalt, étudiant radical

Même si les plans affichés dans les bureaux gouvernementaux ou vendus dans les boutiques des cartographes présentent Elfeville comme un des nombreux quartiers de Marienburg, l’Exarchat est en fait une commune indépendante. Sa prospérité est intimement liée à celle de la cité, mais l’enclave se donne ses propres lois et les fait respecter par sa propre Garde.

Elfeville est dirigée par un conseil des Seigneurs des huit clans de Sith Rionnasc’namishathir présidé par l’Exarche, le représentant du Roi phénix dans le Vieux Monde. L’Exarche actuel est Tarmonagh din-Ciobahn, Seigneur du ClanUlliogtha et petit-fils de Sullandiel. Il est bien jeune pour une telle position, mais il prend ses responsabilités très au sérieux et se veut le protecteur de tous les Elfes du Vieux Monde. Actif et quelque peu hautain, il en a irrité plus d’un au sein du Directorat, des cours des divers royaumes du Vieux Monde ou même parmi les Elfes des forêts mais sa fidélité au traité et ses compétences de diplomate lui ont acquis un respect certain.

Les clans gèrent en général leurs propres affaires. Chaque Elfe répond de ses actes devant le Seigneur de son Clan qui se charge de sanctionner les délits mineurs, ivresse publique ou bagarre, par exemple. Les punitions peuvent aller d’une réduction de part sur les profits d’un voyage à des corvées supplémentaires à bord. Les crimes plus graves, et ceux qui concernent des résidents de Marienburg, sont jugés par l’Exarche et son conseil.

"Ils ont vraiment de drôles de manières de faire les choses là-bas, pas de plans ni d’organisation. Mais ils payent bien et la nourriture est bonne."
- un serviteur halfeling

Une fois par an, à l’équinoxe de printemps, les Elfes de Sith Rionnasc se rassemblent à la Maison des Quatre Vnets pour rendre hommage à Mathlann, leur nom pour Mannan, et célébrer le début de la saison commerciale. Le conseil se réunit en public et tous les Elfes peuvent s’y exprimer librement en donnant leur avis sur n’importe quel sujet et en critiquant sans crainte l’Exarche ou les Seigneurs des Clans. C’est aussi l’occasion de postuler à l’adoption par un autre clan pour ceux qui s’estiment injustement traités par le leur. On y confirme également les nouveaux Seigneurs dans leurs fonctions.

La dernière de ces assemblées a été entachée par la violence. Mearoseagh Fortebrise, le chef du Clan Lianllach, y a été destitué pour contrebande et traite d’esclaves ; il a tué deux Manniocs-quinsh qui tentaient de l’arrêter avant de s’évanouir dans un nuage de fumée rouge. On ignore où il a pu trouver refuge, mais la rumeur prétend qu’il aurait retrouvé ses complices, les naufrageurs du culte de Stroemfels. L’Exarchat a fait son possible pour qu’aucune information sur ce scandale ne filtre dans Marienburg, mais les Marcheurs de Brumes et le Directorat en ont déjà reçu des échos plus ou moins déformés et aimeraient en savoir plus.

 
LES CLANS D'ELFEVILLE

Les clans des Elfes des Mers ont divisé les tâches de la vie quotidienne en aires de responsabilités presque exclusives et reconnues par tous les clans concernés. Ils ne sont pas soumis aux chartes réglementaires des guildes humaines ou aux traditions inflexibles des Nains. Chaque clan d’Elfes des Mers peut changer d’aire de responsabilités toutes les quelques générations afin d’explorer d’autres moyens de croissance et de développement.

Huit clans se sont installés à Sith Rionnasc’namishathir, ainsi que divers Elfes NaShathiri (sans clan). Voici la description des quatre clans majeurs.

Clan Ulliogtha

C’est le plus important et le plus puissant des clans de Sith Rionnasc et il est dirigé par l’Exarch lui-même. Honoré pour le rôle joué par Sullandiel Commerce-au-loin dans la refondation de Sith Rionnasc, il a reçu le titre de clan Bâon-Shathiras (noble explorateur). Le Clan Ulliogtha est celui des huit qui possède le plus de navires et bénéficie es relais les plus importants dans l’intérieur lustrien, les Terres du Sud et l’Ind. C’est aussi celui qui traite le plus vaste éventail d’affaires avec les maisons marchandes de la cité et il s’efforce de garder de bonnes relations avec toutes.
Le clan connaît actuellement des soucis financiers suite à des pertes de navires sur la route du Nouveau Monde. Deux clippers chargés de cargaisons de valeur ont disparu sans laisser de traces cette dernière année et les agents du clan font le siège de la Maison Fooger pour obtenir le règlement de l’indemnisation prévue.

Clan Aisellion

Dirgé par Gilleriad Bonvent, le Clan Aisellion est un doiramasucth, un clan de service ; Il se charge d’assurer tous les services nécessaires à la bonne marche de Sith Rionnasc : transfert des cargaisons et gestion des entrepôts, gardes et patrouilles, gestion de la Chambre de Commerce, etc. Le Seigneur Gilleriad traite tous les clans sur un pied d’égalité et conserve une stricte neutralité vis-à-vis des disputes entre clans. Aisellion ne possède que quelques navires qui se concentrent sur le commerce avec l’Arabie et les Terres du Sud.

Clan Lianllach

Réputé pour la férocité de ses marchandages et pratiques commerciales, le Clan Lianllach n’a, à l’heure actuelle, pas de Seigneur. Depuis la trahison de son chef précédent, il est dirigé par un Conseil de Maîtres des Vagues. Il possède la flotte la plus importante après celle du Clan Ulliogtha et entretient un commerce très actif avec le Nippon, Cathay et le Nouveau Monde. Certains murmures nocturnes l’accusent aussi de trafiquer avec les Elfes Noirs de Naggarond, mais aucune preuve n’est jamais venue appuyer la chose. Ses relations avec Marienburg et les autres clans souffrent de l’agressivité et du chauvinisme de ses membres et il est pour une bonne part responsable de la réputation d’arrogance des Elfes.

Clan Tallaindeloth

Dirigé par Dame Angaliel Tallaindeloth, « l’Implusive », ce clan est un doiricshathir, un « clan curieux ». Réunissant des individualistes appartenant à une race considérée déjà bien excentrique par les Humains, le Clan Tallaindeloth a donné le jour aux plus célèbres des explorateurs elfes de ces derniers siècles. Emportés par un appétit insatiable de découverte, les navires du clan vont sans relâche toujours plus loin, au gré du hasard apparemment.

Le commerce n’est bien souvent qu’une considération secondaire pour les Tallaindeloth qui peuvent changer de course dans l’inspiration du moment afin d’explorer de nouvelles côtes ou de vérifier l’exactitude de cartes anciennes. Ils ont même essayé de cartographier les côtes déchiquetées des Domaines Nordiques du Chaos. Ce clan qui fréquente si souvent des zones remplies de dangers inconnus est celui d’Elfeville qui compte le plus grand nombre de sorciers. La compétence des membres du clan en ce domaine est telle que plusieurs d’entre eux ont été invités en tant que conférenciers par le Collège de Navigation et Magie Maritime du Baron Henryk.

 

"C’t’un crime, voilà c’qu’j’dis. Toute cette richesse qu’y font rentrer dans la rade, ça leur coûterait rien d’en donner un peu à d’honnêtes dockers comme nous. Eh bien non, les Elfes vont se mettre à quai à Elfeville et déchargent eux-mêmes leurs navires pour nous voler le travail qui nous est dû ! La vérité, camarade, c’est que beaucoup d’entre nous en ont marre de leurs manières de princes. Si notre Maître de Guilde Cobbius ne fait pas quelque chose très vite, on va s’en charger nous-mêmes."
- un docker en colère avant une réunion de sa guilde
 
"Tu-tu-tut, mon jeune ami, notre accord avec la cité profite aux deux parties. Sith Rionnasc nous permet de garder un œil bienveillant sur nos parents des forêts qui n’ont ni notre expérience ni notre sagesse. Quant à Marienburg, notre commerce fait rentrer pas mal d’argent, et nos sorciers et marins sont plutôt appréciés. Je vous l’accorde, nous monopolisons le commerce du Nouveau Monde, mais c’est notre droit, n’est-ce pas ?"
- Maître des Vagues du Clan Lianllach
 
"Nous avons fait certaines concessions juridiques et territoriales aux Elfes des Mers, c’est vrai. Ce sont d’excellents négociateurs. Mais ce marché reste tout à notre avantage. Qu’importe leur enclave : leurs cargaisons attirent les marchands du monde entier dans notre cité. Quant à leur monopole commercial avec les Terres Occidentales… pirates et corsaires ne se gênent pas ces derniers temps pour le taxer lourdement, non ?"
- Directeur van Haagen
RELATIONS AVEC LA CITÉ

Elfeville joue dans le Vieux Monde un rôle politique en tant que poste avancé d’Ulthuan, mais le commerce reste sa raison d’être. Depuis les marchés confidentiels entre seigneurs de clan et princes-marchands jusqu’aux contrats de domestiques des manouvriers marienbourgeois, les relations d’affaires de Sith Rionnasc avec toutes les couches sociales de la cité déterminent les sentiments des Wastelandais envers l’enclave.

Bon nombre de citoyens pauvres travaillent pour les Elfes en tant que domestiques, femmes de chambre, personnel de cuisine (les chefs sont inévitablement halfelings), laquais et valets, etc. Ils arrivent avant l’aube et repartent à la nuit tombée, car les Humains n’ont pas le droit de vivre à Sith Rionnasc, à l’exception d’une poignée de majordomes des résidences. Ils sont bien payés, une moyenne de 20% au-dessus des barèmes habituels de la cité (voir WJRF, p. 297).

Les marchands de Marienburg traitent avec les Elfes suivant deux procédures. Le membre de base de la Guilde Mercantile se lève tôt le matin pour participer aux enchères hebdomadaires de la Chambre de Commerce. Il peut examiner toutes les marchandises offertes qui sont ensuite vendues aux plus offrants sans restrictions de personnes. Les enchères sont tout aussi rapides et furieuses que les transactions de la Bourse car chacun sait que les marchandises importées par les Elfes s’écoulent facilement, même au prix fort.

Mais tout cela n’est que de la « petite bière », si l’on en croit les Marienbourgeois, comparé aux marchés passés entre les seigneurs de clan et les chefs des grandes maisons marchandes. Dans le secret des salons des clubs de la cité ou des résidences des clans, les grands marchands négocient l’achat des cargaisons les plus recherchées : composants alchimiques rares de Lustria, soie d’araignée de Cathay ou épices des îles du Roi Singe, au sud de l’Ind. Les Seigneurs Elfes préfèrent vendre leurs marchandises les plus précieuses à ces clients réguliers, des hommes qui peuvent payer au prix fort le privilège d’un marché réservé. Et comme nombre d’entre eux siègent au Directorat, ce traitement de faveur ne manque pas d’influencer les décisions susceptibles d’affecter les intérêts de l’Exarchat.

Mais cette distribution des cartes ne satisfait pas tout le monde. Les Marienbourgeois sont des entrepreneurs nés et le monopole lustrien des Elfes irrite plus d’un marchand. Les privilèges accordés aux grands marchands sont aussi très mal perçus et l’absence des marchandises les plus précieuses aux enchères est considérée comme une pratique franchement déloyale.

Ces dernières années, certains ne se contentent plus de remâcher leur rancœur. Plusieurs clippers des Elfes des Mers ont disparu alors qu’ils revenaient du Nouveau Monde. Ces navires et leurs équipages n’ont jamais réapparu, mais leurs précieuses cargaisons ont refait surface sur d’autres marchés du Vieux Monde. Certains murmures laissent entendre qu’un puissant consortium de marchands – le Directorat peut-être bien – appuierait des pirates basés dans les ports bretonniens et estaliens. Les rumeurs les plus scandaleuses prétendent que ces conjurés sont en relation avec le culte de Stromfels, sans que rien n’ait jamais pu être prouvé, bien sûr.

A plus petite échelle, il arrive que des marchandises disparaissent des entrepôts d’une grande maison marchande pour remonter clandestinement le fleuve vers les cités de l’Empire ou emprunter la vieille grand-route de Bretonnie. Quand un gardien d’entrepôt refuse de se laisser acheter, les familles criminelles de Marienburg sont ravies d’organiser un cambriolage.

Sith Rionnasc est au premier chef la bête noire de la Guilde des Dockers et Charretiers et de l’Association des Pilotes. Seuls les Elfes peuvent se rendre sur les docks d’Elfeville et le Clan Aisellion assure tous les chargements, déchargements et transports de cargaisons dans les limites de l’enclave. Les dockers qui viennent chercher du boulot ne se voient proposer que des tâches serviles et moins bien payées que le travail sur le Suiddock. Ces pratiques inégalitaires des Elfes leur sont particulièrement insupportables et ils ont fait entendre leur colère dans de nombreuses réunions de la guilde, exigeant que le Maître de Guilde Cobbius se décide à agir. Cette fureur a récemment suscité quelques violences, plusieurs passages à tabac d’Elfes en particulier. Ces incidents ne prêtent pas encore à conséquence, mais il suffirait qu’un des camps se laisse emporter un peu trop loin pour que la situation dégénère très dangereusement.

LIEUX REMARQUABLES

Le Brelan, cabaret et casino

Situé au milieu du très fréquenté Pont Portelfe, plus vraiment à Marienburg, ni à Sith Rionnasc’namishathir, ce bâtiment de trois niveaux est un des rendez-vous nocturnes les plus courus du Vieux Monde Septentrional. Du crépuscule à l’aube, il accueille les individus de toutes races qui désirent bien boire ou manger, un bon spectacle, jouer gros ou coudoyer le fortune et la beauté. Les fêtards retrouvent toujours ses portes, même par le plus épais des brouillards, car ses corniches arborent une multitude de lanternes de couleur qui brûlent toute la nuit.

Les propriétaires/administrateurs sont Trancas Quendalmanliye et ses amis Fredrik Greendale et Morgane Bauersdottir. Le rez-de-chaussée est un restaurant-spectacle où les clients peuvent apprécier les préparations exotiques d’Henri Le Feu, le chef bretonnien. Les repas sont relevés par les numéros des meilleurs comiques, magiciens, chanteurs et musiciens du Vieux Monde – et parfois par les explosions d’Henri quand un idiot n’accorde pas à sa cuisine tout le respect voulu.

Le niveau inférieur, enfoui dans le Pont Portelfe, est un casino très bien fréquenté. Aucun droit d’entrée n’est perçu, mais avant de pénétrer dans les lieux les nouveaux joueurs sont interceptés au sommet de l’escalier par un videur qui attend le verdict de Trancas ou d’un de ses lieutenants. Ce dernier est sans appel et ceux qui protestent trop bruyamment sont éjectés sans ménagement. Les joueurs trouvent en bas tout l’éventail des jeux de hasard, depuis les cartes jusqu’à la roue de la fortune, et l’établissement renonce sans hésiter à la mise plafond de 20 guilders pour ses bons clients. A l’intérieur du casino, les boissons sont gratuites, ce qui ne manque pas d’entamer la prudence de certains joueurs.

L’étage supérieur abrite les appartements privés de Trancas et de ses amis. L’escalier se trouve derrière une porte verrouillée à côté du bar (DS -30%) et personne n’est admis là-haut sans invitation d’un des trois. Cet étage renferme les salles d’étude et d’expériences magiques de Trancas, mais pas de grand trésor caché.

"Quel genre d’endroit est Le Brelan, Mais, mon cher, c’est l’endroit où il faut être."
- une mondaine de Goudberg

Le Brelan accueille aussi ceux qui veulent s’entretenir confidentiellement loin des décors plus formels ou publics. Dans l’entrée, une épaisse porte de bois donne sur un couloir puis un salon privé, une porte par laquelle s’engouffrent dames voilées et gentilshommes masqués avant que les autres clients du lieu aient le temps de les examiner du regard. Un videur de poids garantit que ces visiteurs très discrets ne seront pas dérangés. A 5 guilders l’heure ou 30 guilders la nuit, cette pièce est très appréciée des amoureux du secret et des amoureux tout court. Un bar bien fourni jouxte la cheminée et les occupants de la pièce règlent leurs consommations à la fin de leur séjour.

"Sacrebleu ! Ce bouffeur de harengs a salé comme un sauvage mes escargots au Gratin. Donnez-moi le hachoir ; je vais me le faire aux petits oignons."
- Chef Henri Le Feu

L’hiver dernier, un grand avocat, à la recherche de sa femme et de son amant tiléen, est arrivé en force avec ses gardes du corps. Le spectacle a trouvé sa conclusion quand le personnel du cabaret a fini par « convaincre » le mari outragé et ses gros-bras d’aller retrouver leur sang-froid dans le canal. Les habitués prétendent encore par plaisanterie que le couple dans le salon privé n’a jamais su qu’il se passait quelque chose. Mais certaines personnes se mettent à bouillir quand on mentionne Le Brelan, et ils seraient quelques-uns à ne pas éprouver de chagrin s’ils apprenaient que l’établissement avait brûlé ou était tombé dans le canal.

La Chambre de Commerce

La chambre de commerceSur la berge extérieure du canal Grand Cercle, près du Pont Portelfe, se dresse la Chambre de Commerce, le premier rendez-vous public du commerce de Sith Rionnasc. Les marchandises qui ne sont pas réservées aux grandes maisons marchandes de Marienburg sont ici vendues aux enchères par les clans elfes. C’est certainement le plus célèbre établissement de l’enclave et il est géré par le Clan Aisellion pour le plus profit de celle-ci.

La Chambre de Commerce abrite une grande salle des ventes et quelques bureaux. Son toit, parallèle au canal dans sa plus grande dimension, est couvert de bardeaux bleus qui s’incurvent et forment des arêtes pour imiter les vagues de l’océan. Le clocher central est coiffé d’une girouette représentant un navire elfique. Les colonnes de bois du portique sont sculptées en forme d’arbres et la frise de ce même portique représente un Elfe et un Humain se serrant la main sur fond d’oiseaux marins et de navires.

Les enchères ont lieu chaque marktag à 8 heures du matin, mais les négociants arrivent bien avant cela puisque les portes ouvrent dès l’aube pour laisser les acheteurs potentiels examiner les échantillons exposés. La Chambre se remplit rapidement et une foule compacte de marchands sirote les chopes de café arabe ou de bière offertes par l’établissement. La frénésie s’empare du lieu quand les enchères commencent dans un concert de cris, de signes de la main ou de la tête, ou de combinaisons sophistiquées des deux. Point fixe dans la tempête, Fidelius Collinautrèfle, le célèbre commissaire-priseur halfeling du Clan Aisellion, continue de débiter comme une crécelle les séries de chiffres qui enflamment l’assistance.

Les enchères ne sont ouvertes qu’aux marchands membres de la Bourse, comme le stipule le Traité de Commerce et d’Amitié. L’inscription aux registres de la Bourse n’est cependant vérifiée qu’à la conclusion d’une enchère et l’acheteur doit alors payer la note sur-le-champ. S’il s’avère que l’enchérisseur gagnant n’appartient pas à la Bourse, la Chambre de Commerce annule la vente et expulse l’intrus après perception d’une amende égale à 10% de la dernière enchère. Les troupes de marine du Clan Aisellion qui gardent la Chambre suffisent généralement à décourager toute velléité de contestation. Les récidivistes et ceux qui ne peuvent pas payer l’amende sont déférés devant l’Exarche pour abus de confiance.

"Les meilleures marchandises se vendent ici, mon garçon, à l’exception de ce qui va directement aux Dix. En revanche, il faut faire attention de ne pas se retrouver acheteur simplement parce qu’on avait envie de se gratter."
- un propriétaire d’entrepôt du Guilderveld

Les PJ qui assistent aux enchères risquent d’y participer à leur insu. Pour chaque PJ présent à la Chambre, le MJ fait un test de Dex secret toutes les quelques minutes, ou pour chaque mouvement brusque ou étrange. Sur un échec, le personnage surenchérit par inadvertance. Trois échecs successifs lui font emporter l’enchère en cours. Un test raté de plus de 30% se traduit par une enchère écrasante qui réduit immédiatement au silence les acheteurs potentiels. L’enchère « gagnante » devrait être de l’ordre de 6D10x10 guilders avec un surcoût de 50% pour une enchère écrasante. Et il ne faut pas oublier l’amende.

"Et ne compte pas voler quelque chose à la Chambre ! Cet endroit est plus solidement verrouillé et gardé que le réduit à liqueur du Vieil Adriaan !"
- un vieux sage cambrioleur

Les PJ inscrits à la Bourse peuvent aussi enchérir volontairement. On considérera alors que les enchères commencent à 2D10x5 guilders. Les joueurs peuvent surenchérir comme ils l’entendent. Leurs concurrents se verront attribuer une FM de 45 et chaque enchère des PJ donnera lieu à un test de FM. Chaque réussite se traduit par l’annonce d’une enchère 10% supérieure et un échec voit les PJ l’emporter. Le MJ devra fixer un malus approprié au test de FM (-10 à -20%) si les PJ font une enchère exagérée. Les acquisitions doivent être réglées immédiatement et en totalité, mais les lettres de crédit émises par les changeurs reconnus sont parfaitement acceptables.

Le Don de Langues, Traduction et Interprétation

Cette petite boutique se trouve au-dessus du salon de thé Heer Tvinink sur le Pont Portelfe : elle est signalée par une enseigne annonçant ‘Le Don de Langues’ en sept langues. A l’intérieur, la salle de consultation et d’étude est confortablement meublée d’antiquités tiléennes. Derrière les chaises près de la cheminée, un bureau disparaît sous des rouleaux et des manuscrits soigneusement empilés. La grande fenêtre qui l’éclaire offre une vue parfaite des allées et venues sur le pont. Un des murs disparaît en partie derrière un petit meuble bibliothèque rempli de dictionnaires, livres de grammaire et recueils de contes et légendes du Vieux Monde. Deux portes donnent respectivement sur une petite cuisine et sur une chambre confortable avec cabinet de toilette.

Le propriétaire du Don de Langues, Ralmoris Galielholendil est connu comme un des meilleurs linguistes de la cité. Il s’est acquis une petite fortune bourgeoise au service des Maisons des Dix, des clans de Sith Rionnasc et de tous ceux qui pouvaient le payer. Ses deux activités principales sont la traduction instantanée et la traduction de documents. Il n’est pas scribe lui-même, et n’en emploie aucun, mais il dicte ses traductions à ses clients qui peuvent alors les retranscrire eux-mêmes ou se faire accompagner d’un scribe. Sa profession demande beaucoup de discrétion et il garantit la confidentialité absolue à ses clients. Il ne se laisse en aucun cas acheter, mais il est éventuellement possible de lui soutirer quelques renseignements d’importance en justifiant la nécessité de la chose pour la sécurité d’Elfeville ou de Marienburg (Soc -40). Ses honoraires ne descendent pas au-dessous de 20 guilders de l’heure, avec une avance d’une heure.

"C’est le meilleur. J’avais un manuscrit tiléen vieux de cinq siècles que personne ne pouvait me déchiffrer – un obscur dialecte tobarain. Ralmoris me l’a traduit en moins d’une semaine. Malheureusement, c’était un manuel sur la fabrication des pâtes…"
- un libraire de Rijkspooort

Chantier Naval Attrappe-le-Vent

A la bordure d’Elfeville, en face des taudis des Plats, on trouve le chantier naval le plus coté de la cité. Une palissade de bois plus haute qu’un homme entoure la propriété et abrite un vaste atelier de travail du bois, une fabrique de voiles et une grande forge que font fonctionner avec un talent inhabituel deux forgerons et leurs apprentis. Les cales sèches peuvent accueillir six navires, y compris les plus grands clippers elfes. Quatre bâtiments sont en construction à l’heure actuelle : trois clippers pour les clans elfes et un yacht de plaisance pour le Staadtholder van Raemerswijk. Deux yachts appartenant aux seigneurs des clans Ulliogtha et Aisellion sont en cours de réaménagement.

"Vous le trouverez sur l’île Oranjekoft, en face des Plats. Mais je vous souhaite bien du plaisir. Même si vous arrivez à passer le barrage des Mannikins, il faudra encore qu’il veuille bien vous recevoir. Sans parler de l’Ogre."
- un client potentiel désappointé

Le fracas du travail est permanent. La main-d’œuvre, plus d’une centaine de personnes, arrive peu après l’aube et l’on entend le martèlement des outils jusque tard dans la nuit. Pendant la journée, des chargements de bois et d’équipement sont livrés aussi bien à la porte principale qu’au dock, et un flot régulier de clients pleins d’espoir se présente à l’unique portail constamment gardé par Mordagg, le gardien Ogre – les touristes ne sont pas admis !

Ceux qui souhaitent commander un navire à Attrappe-le-Vent s’exposent à de nombreuses difficultés, sans parler de la facture à couper le souffle. Les personnes extérieures à Sith Rionnasc doivent d’abord écrire pour demander un rendez-vous, en joignant de préférence la lettre d’introduction d’un client établi. Si la lettre est jugée suffisamment flatteuse, une réussite de Soc du rédacteur lui vaudra un rendez-vous sous une semaine. (Modificateurs : +10 pour Etiquette, +10 pour une lettre rédigée en Tar-Eltharin, -10 pour flatterie insuffisante, -10 pour flagornerie ostensible.) Un échec se traduit par un courrier en retour expliquant que « Maître Urdithriel Imraholen est malheureusement indisponible pour les trois mois qui viennent ». Le seul moyen d’éviter cette épreuve, c’est d’être personnellement recommandé à Urdithriel par un Elfe des Mers de haut rang, mais il reste le second examen.

Lors de sa première visite, le client potentiel visite le chantier sous la direction du Maître qui déterminera si son invité est à même d’apprécier la supériorité de son art. Il doit réaliser un autre test sous Soc (+10 pour Manœuvres Nautiques, Construction Navale ou Langue Etrangère : Tar-Eltharin) et sur un échec, il passe pour un béotien et se voit poliment raccompagné au portail – ou expulsé par Mordagg s’il a le mauvais goût d’insister. Si le test lui est favorable, Urdithriel condescend à accepter sa commande. Ses prix commencent à 1 000 guilders pour un petit sloop de plaisance. Il n’accepte en aucun cas d’effectuer des réparations sur un navire de construction humaine.

Dans certains cercles de capitaines de marine elfes, le chantier naval d’Urdithriel a une autre réputation : la qualité de ses réalisations peut être utilisée, et l’est souvent, pour créer des compartiments secrets et des cachettes idéales pour la contrebande de marchandises illégales de toute taille. A l’insu de ses clients, Urdithriel conserve dans le coffre-fort de son bureau les références de tous les bateaux aménagés de la sorte, ainsi que la description de l’emplacement des compartiments secrets et la façon de les ouvrir. Si ces informations venaient à tomber entre de mauvaises mains, cela serait extrêmement profitable à l’heureux bénéficiaire, et potentiellement désastreux pour tous les contrebandiers elfes.

Animalerie exotique Amis Inestimables

Pour ceux qui désirent se procurer le parfait animal de compagnie, les cœurs tendres ou les esclaves de la mode, aucune autre animalerie de Marienburg ne saurait égaler les Amis Inestimables sur le canal Grand cercle. On peut y trouver des animaux venus du monde entier, depuis les visons dressés de Kislev aux chiens de course glabres d’Arabie en passant par des créatures encore plus étranges importées de l’intérieur de Cathay ou du Nouveau Monde. Les amis n’ont pas de prix, mais Sumieren Imlordil se fait fort de fournir n’importe quel animal si l’on y met la somme adéquate.

La boutique elle-même est un vaste bâtiment de faible hauteur, bâti de pierre et de bois et coiffé d’un toit de tuiles rouges. L’extérieur est entièrement peint en blanc et toutes les fenêtres sont grillagées afin d’empêcher les fuites d’oiseaux. La prote d’entrée ne porte aucune indication, mais une plaque de cuivre à proximité, gravée à l’image d’un homme et de son chien, annonce les ‘Amis Inestimables’. L’intérieur est, en fait, un vaste entrepôt où les visiteurs peuvent se promener entre les cages et les aquariums. A l’arrière du bâtiment, des écuries abritent les animaux plus encombrants. Les clients sont accueillis par Sumieren en personne.

"Si vous cherchez un cadeau vraiment spécial pour la dame de vos pensées, allez donc faire un tour aux Amis Inestimables. Les femmes sont incapables de résister à ces mignons à fourrure – non, je ne parle pas des Halfelings ! Vous lui amenez un de ces serpents chanteurs Qu-machin-chose de Lustria, et je parie que son cœur va fondre quand elle ouvrira la boîte et qu’elle verra la merveille. Ouais, une autre pinte me fera pas de mal."
- un expert de comptoir en cœurs solitaires

Les Amis Inestimables disposent d’un stock d’animaux important, mais Sumieren se spécialise plutôt dans les importations sur commande. Quand un client est prêt à attendre quelques années, Sumieren peut même garantir la livraison d’une commande quelle qu’elle soit. Moyennant un supplément, il est capable d’apprendre quelques tours à l’animal commandé. Son talent avec les bêtes les moins faciles à domestiquer lui a valu le nom de « Parle-aux-Bêtes ». La bestiole en vogue dans les salons huppés de Marienburg est actuellement le Singe Imitateur de Lustria, un animal vert à quatre bras capable de reproduire la parole comme un perroquet.

La boutique fournit aussi de plus gros spécimens pour les grands zoos publics et privés du Vieux Monde, y compris pour le célèbre Bestiaire des Tsars de Kislev. Quand les commandes enregistrées par ses agents à la Bourse s’accumulent et que son stock s’allège, Sumieren quitte Marienburg pour des expéditions qui peuvent durer trois années. En son absence, ses apprentis, Muirghal et Fiaroth, tiennent la boutique, mais ils n’ont pas ses talents.

Les visiteurs des Amis Inestimables ne manqueront pas d’être étourdis par la cacophonie et l’assaut d’odeurs étranges. Le stock actuel comprend un dromadaire arabe (destiné à la collection privée de la Comtesse Emmanuelle Liebwitz de Nuln), 1D10+10 perroquets, aras et cacatoès, un Singe Imitateur à quatre bras de Lustria (vendu à un noble ambitieux du Middenland), une paire de chiens de chasse tiléens assortis (nécessairement vendus ensemble) et un Coq Sacré de Cathay, réservé par le Directeur Jaan van de Kuypers. Les prix commencent à 2D10x5 guilders pour l’animal le moins cher, un perroquet Coiffe-Rouge, commun en Lustria.

Animalerie elfe