ERENGRAD
La Reine des Glaces p. 60-68
«
Erengrad possède toute l’arrogance de l’Empire, toute la corruption de
Marienburg et toute la crasse du Kislev. Je ne voudrais vivre nulle
part ailleurs. »
- Hannah Rollstoff, princesse marchande
Erengrad
fut fondée par les Ungols, qui lui donnèrent le nom de Norvard, sur un
site qui est probablement le meilleur port naturel des rivages de la
mer des Griffes. Cette situation, qui lui donnait le statut de porte
commerciale, fit rapidement sa fortune et la tsarine Shoïka ne mit pas
longtemps à comprendre que cette ville pourrait être un atout essentiel
pour assurer la prospérité et l’unité de la nation alors naissante du
Kislev. Elle s’empara de la ville dont elle chassa les Ungols, puis la
reconstruisit et la repeupla pour en faire le port gospodar d’Erengrad.
La
cité se développa et s’enrichit, attirant des marchands de tout le
Vieux Monde et même les elfes venus de l’autre côté de l’océan. Elle
attira également toutes sortes d’individus à la morale douteuse et
devint bientôt célèbre comme un endroit où il était possible de monter
n’importe quelle sorte d’affaire en l’espace d’un ou deux jours. S’il
est vrai que tout peut finir par s’acheter ou se vendre à Marienburg,
pourvu que l’on y mette le temps, il est généralement plus rapide
d’établir des contacts à Erengrad. Les pirates comprirent rapidement
qu’il leur était beaucoup plus facile de naviguer jusqu’à Erengrad que
de se faire passer pour d’honnêtes marchands afin de s’introduire
subrepticement dans d’autres ports. Tout ceci fait d’Erengrad une ville
à l’atmosphère plutôt houleuse, mais elle est également très riche. Et
tant que les boyards locaux se remplissent les poches et que les impôts
affluent, les tsars ne se montrent pas trop regardants.
Au cours des
derniers siècles, les guildes d’Erengrad ont graduellement acquis plus
de pouvoir et d’importance, tandis que les boyards prenaient
progressivement leurs distances avec les détails quotidiens du négoce
et que ceux qui étaient directement impliqués ne faisaient que
s’enrichir. [...] Les guildes ont accepté un contrôle plus direct de la
part de la tsarine en échange d’un accroissement de leur pouvoir sur la
cité; ainsi, elles supplantent peu à peu les boyards au gouvernement,
ce qui ne les ravit pas particulièrement.
Toute cette expansion a
été brutalement interrompue par la Tempête du Chaos et le sac
d’Erengrad. Presque tous ses bâtiments ont été rasés et des milliers de
ses citoyens ont été massacrés par les armées d’Archaon. Fort
heureusement, la terre a échappé à la corruption qui s’est abattue sur
Praag et, à leur retour, les réfugiés ont pu entamer la reconstruction.
Celle-ci
a été plus rapide à Erengrad que presque n’importe où ailleurs, grâce à
la récupération de matériaux dans les ruines et à l’aide des marchands.
Aujourd’hui, même s’il y a encore des travaux dans presque toutes les
rues, les bâtiments les plus importants sont à nouveau debout et la
cité a retrouvé toute son animation. Les guildes, tout comme les
boyards, ont élaboré de grands projets destinés à remodeler la cité et
à la rendre plus belle et plus accueillante pour le négoce.
Malheureusement, ces projets sont tous différents les uns des autres et
chaque groupe s’est mis au travail suivant ses propres idées, sans
concertation avec les autres parties. En conséquence, le plan des rues
de la ville est devenu un véritable fouillis, encore plus embrouillé
qu’il ne l’était auparavant. L’ancien centre, avec la place Katarina,
n’existe plus : il a été recouvert par les hôtels particuliers de
quelques grandes familles des guildes et la plupart des anciens
quartiers ont été transplantés ou totalement transformés.
On peut
encore diviser le plan général de la cité en trois grandes zones
définies par leur position géographique: le port, qui s’ouvre sur la
mer ; la basse ville, sur le terrain plat le long des plages, de chaque
côté du port ; la haute ville, sur les pentes des collines. Le rempart
de la cité court le long des sommets des collines.
Dès 2523, Erengrad devient la pointe nord du Bastion Doré de Baltazar Gelt. A ce moment-là, Syrgei Tannarov en est le commandant. |
Clic droit pour agrandir
LE PORT
Le
port naturel d’Erengrad est un excellent mouillage mais il a un
inconvénient majeur : la vaste zone de hauts-fonds qui s’étend entre la
côte et le port en eaux profondes situé au centre de la baie. À cause
de cette disposition peu commode, les habitants ont bâti de très
longues jetées qui s’étirent vers le centre de la baie ainsi que des
entrepôts (puis plus tard des habitations et des commerces) sur ces
jetées, de manière à se rapprocher des navires. La plupart des
étrangers s’imaginent qu’il s’agit d’un quartier pauvre, mais en
réalité c’est un quartier tout ce qu’il y a de bourgeois.
Dans la
baie, les marées sont très marquées, avec une amplitude qui peut
dépasser quatre mètres entre les basses et hautes eaux, en moyenne, ce
qui signifie que les ordures provenant des maisons installées au-dessus
de l’eau sont emportées par le flux et le reflux. À marée basse, toute
la zone du port reste submergée sous trente à soixante centimètres
d’eau; et à marée haute, les flots peuvent monter jusqu’à moins d’un
mètre de la surface inférieure de la plupart des bâtiments. De ce fait,
c’est un quartier d’une propreté surprenante; les résidents se
contentent de jeter leurs ordures à la mer qui les emporte ensuite.
L’autre
raison qui fait que ce quartier est habité par des gens relativement
aisés est qu’il n’est pas bon marché de bâtir des maisons surélevées à
cinq mètres ou plus au-dessus de la terre ferme; de plus, les piliers
de soutènement des jetées doivent être changés régulièrement car le
bois pourrit après quelques années d’immersion dans l’eau de mer. C’est
un excellent quartier résidentiel pour les marchands et bien des marins
d’Erengrad aimeraient y prendre leur retraite. C’est également dans ce
quartier que l’on trouve la plupart des meilleures auberges et tavernes
de la ville, si l’on désire rester dans une fourchette de prix
raisonnables.
Les jetées et leurs superstructures ne couvrent pas
tout l’espace disponible dans la baie; ce n’était déjà pas le cas avant
la Tempête du Chaos et la reconstruction est toujours en cours. Les
bâtiments sont reliés entre eux par des passerelles de bois qui se
transforment en appontements lorsqu’elles atteignent la zone où la
profondeur de la baie permet aux navires de venir s’amarrer en toute
sécurité. La plupart de ces docks sont flottants, de manière à suivre
les fluctuations de la marée, et sont reliés aux jetées par des
sections à double articulation formant des plans inclinés plutôt raides
lorsque la marée est au jusant. Ainsi, les opérations de chargement et
de déchargement d’un navire coûtent-elles beaucoup plus cher à marée
basse, du fait que les débardeurs doivent péniblement monter et
descendre le long de ces passerelles.
Le port a moins souffert de la
Tempête du Chaos que les autres quartiers de la ville. Bien qu’il ait
subi de gros dommages, certains habitants ont réussi à isoler leurs
demeures et à rejeter les pillards à la mer. Ils auraient été anéantis,
eux aussi, si la horde avait décidé de réduire systématiquement toutes
les poches de résistance, mais elle était trop pressée de continuer son
chemin. Ces rescapés, qui n’ont jamais été contraints de fuir Erengrad,
en ont retiré un très fort sentiment d’identité collective et une
grande fierté; néanmoins, ces sentiments n’ont pas encore donné
naissance à un activisme politique.
Le temple de Manann (1)
Le
temple de Manann ne pouvait se trouver que dans le quartier du port. Le
bâtiment a la forme d’un vaste navire coincé entre deux énormes jetées,
dont la quille est entièrement immergée à marée haute. Il n’a jamais
été conçu pour naviguer mais au cours du sac d’Erengrad ses prêtres ont
détruit les jetées qui le soutenaient et prié Manann pour qu’il leur
accorde son assistance. Le temple a alors dérivé, flottant au gré des
courants de la baie. Il a été attaqué à plusieurs reprises mais les
prêtres ont réussi à repousser tous les assauts. Malgré quelques
lézardes, il a aujourd’hui retrouvé sa place; c’est le seul édifice
religieux qui ait survécu à peu près intact à la chute de la cité. Ses
prêtres clament haut et fort que c’est bien le signe que leur dieu les
tient particulièrement en estime.
Par la grâce de son dieu, la
grande prêtresse Nadyezhda Dochtalika Vdovyn a reçu des pouvoirs
miraculeux et après le courage dont elle a fait preuve au cours de la
Poussée du printemps, son autorité est à présent indiscutable. Même les
citoyens qui n’ont a priori aucune relation avec la mer la considèrent
avec un respect teinté d’admiration et de crainte. Il lui reste encore
à utiliser cette autorité pour autre chose qu’exhorter la population à
continuer de respecter Manann. Comme la piété du peuple, qui était déjà
grande avant la guerre, s’est naturellement accrue après les
événements, Vdovyn est satisfaite pour l’instant. Certaines des
différentes factions de la cité essaient occasionnellement d’obtenir
son soutien, mais la plupart du temps ces factions se contentent
d’éviter de susciter son antagonisme, généralement par des oboles
versées au temple.
Le temple a entamé la construction d’un second
bâtiment à côté du premier, également en forme de navire. Vdovyn estime
qu’il serait sacrilège de toucher au premier temple autrement que pour
le restaurer, ainsi toutes les sommes consacrées à la décoration sont
attribuées au nouveau bâtiment.
La capitainerie du port (2)
Le
capitaine du port d’Erengrad se nomme Radii Synvasalisa. De tous les
officiels de la cité, c’est lui qui dispose du plus grand pouvoir
immédiat du fait qu’il peut empêcher n’importe quel navire d’y jeter
l’ancre, inspecter n’importe quel bâtiment à n’importe quel moment et
que c’est lui qui perçoit les taxes imposées par le gouvernement. Alors
que la majorité de ses prédécesseurs avaient accédé à ce poste grâce à
leur maîtrise de la corruption sur une grande échelle. Synvasalisa l’a
simplement obtenu en vertu de sa qualité de seul membre qualifié de
l’administration portuaire à avoir survécu au saccage de la ville. Il
prétend avoir mené une campagne de harcèlement incessante contre les
hordes d’occupation et il ne s’agit, en vérité, que d’une petite
exagération. S’il a survécu, c’est qu’il a su se montrer furtif,
vigilant, intelligent et peu scrupuleux.
À présent, il consacre ses
talents à devenir riche. Il ne mettra pas longtemps car il n’a pas de
dettes, ce qui lui permet de conserver tous les pots-de-vin qu’il
extorque aux marchands. Il est suffisamment malin pour maintenir ses
exigences à un niveau suffisamment bas pour que personne n’ait envie de
le faire remplacer et il a même multiplié les droits de douane qui
alimentent la ville en améliorant l’efficacité des inspections.
Aujourd’hui, Synvasalisa commence à s’ennuyer et il est à la recherche
d’un nouveau défi à relever.
Le quartier tiléen (3)
Autrefois,
le quartier tiléen était installé autour d’un spectaculaire temple en
bois dédié à Myrmidia, mais malheureusement celui-ci a brûlé dans la
destruction de la ville. Un espace a été réservé pour le futur temple
au centre du nouveau quartier, mais les travaux n’ont pas encore
commencé. Il est surtout remarquable pour sa population : alors qu’elle
est déclarée à près de cinq mille personnes, le quartier est en réalité
habité par cinq cents personnes tout au plus. Toute cette zone se
trouve sous le contrôle de compagnies marchandes, de compagnies de
mercenaires et de grandes familles mafieuses dont les agents sont mutés
à Erengrad pour des affectations de courte durée et remplacés au moins
deux fois par an. La raison officiellement invoquée pour justifier ces
fréquentes rotations de personnel est qu’Erengrad est un endroit
affreux, au climat abominable, à la nourriture pire encore et où l’on
boit des alcools qui pourraient dissoudre un diamant. La plupart des
émissaires sont heureux de la brièveté de leur affectation et ont le
sentiment que leurs supérieurs font un effort pour se montrer généreux
et attentionnés.
En vérité, cette gestion tient surtout au fait
qu’Erengrad est suffisamment éloignée des maisons mères pour qu’un
individu puisse y établir une base indépendante. Riccioli le Chauve,
l’un des résidents permanents du quartier, était en bonne voie d’y
parvenir avant le pillage. Il a tout perdu dans le désastre, y compris
ses cheveux, et s’efforce aujourd’hui de rebâtir son réseau de
contacts. Il travaille actuellement en tant qu’intermédiaire, en
présentant des gens à des mercenaires ou à des marchands tiléens et il
fait la même chose pour ses compatriotes en quête de contacts à
Erengrad. Il va lui falloir beaucoup de temps pour retrouver la
condition qui était la sienne avant la destruction de la ville et il
éprouve une haine sans limites à l’encontre des Puissances de la
Déchéance.
La maison des Vedma (4)
Du
fait que la population d’Erengrad est en partie composée d’Ungols, les
vedma y sont présentes, toutefois leur influence est bien moindre
qu’elles ne le souhaiteraient ; elles n’ont pas oublié qu’Erengrad
était autrefois une cité ungol et la plupart d’entre elles espèrent
qu’elle le redeviendra un jour.
Osul, l’une des matriarches des
lieux, aimerait tirer parti du dépeuplement consécutif à la guerre pour
faire pencher la balance en faveur des Ungols. Elle recrute activement
tous les Ungols qui veulent bien l’écouter et les incite à venir
s’installer dans la cité en faisant de son mieux pour les aider à
s’établir. Pour cela, elle n’hésite pas à faire pression afin de leur
obtenir des prêts ou des aides de toute nature, ou encore à embaucher
des agents indépendants et des aventuriers pour résoudre les problèmes
auxquels peuvent être confrontés certains individus importants ou la
communauté ungol. Elle rêve de voir un jour un Ungol à la tête d’une
riche maison marchande, mais elle est patiente et sait qu’il lui faudra
attendre.
Inalchin, plus jeune et plus impatiente, n’hésite pas à
provoquer des incidents afin de précipiter les Gospodars en difficulté
dans la ruine, la mort ou, dans l’idéal, les inciter à quitter la cité.
En général, elle embauche des exécutants non Ungols pour ce genre de
mission et se montre remarquablement habile à dissimuler ses propres
origines. Elle observe les luttes de pouvoir qui agitent les guildes et
les boyards avec une jubilation à peine masquée, en cherchant
constamment le moyen d’attiser les flammes.
Le Comptoir de Vladimir (5)
Avant
le passage des hordes du Chaos, le Comptoir de Vladimir était un
magasin d’articles en tous genres relativement important, doté d’une
clientèle fidèle et d’une réputation décente. Défendu par ses employés
et son propriétaire, Vaja Rybkin (Vladimir était son
arrière-grand-père) lors du saccage de la ville, le principal bâtiment
du comptoir a survécu au pillage. Rybkin a fait tout ce qu’il a pu pour
soutenir les réfugiés lorsque ceux-ci sont revenus. En travaillant
honnêtement, sans avoir besoin d’escroquer ses clients, Rybkin est vite
redevenu riche et il a donc développé ses activités.
Bientôt, on est
venu lui faire deux propositions qu’il ne pouvait refuser et il les a
donc acceptées. La première fut celle de Vladimir Synyuliana, un baron
du crime amusé par l’idée de mener des opérations depuis un commerce
qui portait déjà le nom de Vladimir. La seconde vint de Tatiana
Olgadoch, la commandante locale des tchékistes intéressée par la
situation centrale de son commerce. Tous deux voulaient que Rybkin leur
fournisse une couverture. Rybkin les présenta l’un à l’autre et leur
expliqua sa situation, lors d’une rencontre où il était entouré des
employés qui l’avaient aidé à repousser les hordes du Chaos.
Les
choses tournèrent mieux qu’il ne l’avait espéré. Olgadoch vit
immédiatement le potentiel de Synyuliana en tant qu’informateur, tandis
que Synyuliana perçut les nombreux avantages qu’il pourrait retirer du
fait de travailler avec les tchékistes. Il prit l’engagement de ne pas
saper l’autorité de la tsarine et de fournir des informations à
Olgadoch. De son côté, celle-ci s’engagea à écarter les autres agents
de la force publique, du moins ce qu’il en restait, des opérations de
Synyuliana. Pour le reste, ils s’arrangent pour rester mutuellement en
dehors de leurs affaires respectives.
Rybkin a également développé
ses affaires légales et le Comptoir de Vladimir est à présent le plus
important commerce du port où il possède une demi-douzaine de grands
entrepôts (il y en a un nouveau en construction), un bureau de vente en
gros et deux boutiques, l’une pour les denrées périssables et l’autre
pour les non périssables. Une auberge rattachée à ses boutiques
accueille les officiers des tchékistes en visite et elle est en train
de devenir très populaire auprès des marchands étrangers car le service
y est impeccable pour des prix très raisonnables. En vérité,
l’intégralité de la domesticité de l’auberge se compose de tchékistes
de rang subalterne, ce qui fait que Rybkin n’a aucun frais de personnel.
LA BASSE VILLE
C’est
le quartier le plus pauvre d’Erengrad. Il a été presque entièrement
détruit durant la Tempête du Chaos mais, ses habitants étant du genre à
ne pas avoir d’autre endroit où aller, ils sont rapidement revenus
accompagnés de rescapés d’autres communautés encore plus éprouvées par
la guerre. La population reconstruit tant bien que mal mais les
bâtisses sont branlantes et les matériaux de mauvaise qualité, comme on
pouvait s’y attendre. Beaucoup de gens vivent encore sous des tentes ;
certains sont des Ungols (attirés par Osul) qui préfèrent ce type
d’habitation.
Il existe un avantage considérable dans le fait de
pouvoir collecter toutes ses possessions pour déménager rapidement : la
basse ville est soumise à de fréquentes inondations qui viennent de
deux directions. D’une part, de la mer, avec les grandes marées qui se
produisent généralement deux fois l’an; d’autre part, de la Lynsk dont
les crues sont fréquentes au printemps, au moment de la fonte des
neiges. Les inondations dues aux marées ne durent que quelques heures,
jusqu’à ce que les eaux baissent à nouveau, mais les crues de la Lynsk
peuvent durer plusieurs jours.
C’est la raison pour laquelle les
zones les plus proches de la mer et du fleuve sont les moins prisées et
le domaine des plus pauvres et des plus désespérés. Les zones plus
retirées sont plus appréciées mais également plus dangereuses car elles
sont généralement infestées de groupes de criminels qui, tout en
disposant de quelques ressources, ne sont pas suffisamment riches pour
qu’il leur soit nécessaire de maintenir une façade de respectabilité.
Le plus souvent, les autorités laissent ces quartiers à l’abandon.
Le quartier bretonnien (6)
C’est
l’un des quartiers qui souffre le plus des inondations et l’un des
moins appréciés de la ville. Bon nombre des marchands qui y résident
sont originaires de L’Anguille et ils ont coutume d’en plaisanter en
disant que ce quartier leur rappelle leur mère patrie pour deux raisons
: premièrement, les autorités bretonniennes ne soutiennent absolument
pas les marchands qui s’installent à l’étranger, ce qui ne leur
facilite pas les choses quand il s’agit de négocier de meilleures
terres où s’installer. Deuxièmement, la plupart des marchands
bretonniens d’Erengrad ne gagnent pas très bien leur vie; pour une
raison ou une autre, il semble qu’ils ne parviennent jamais à faire de
bonnes affaires.
Comme le reste de la basse ville, le quartier
bretonnien a entièrement été dévasté durant la Tempête du Chaos. Une
bonne partie de ses habitants vivent toujours sous la tente ou dans des
cabanes, mais une magnifique chapelle du Graal en bois vient tout juste
d’être achevée; elle se trouve surélevée à plus de trois mètres
au-dessus du sol grâce à neuf énormes piliers de bois. Ferragus de
L’Anguille, le seul marchand modérément riche du quartier, a insisté
pour que cette chapelle soit bâtie en premier dans l’espoir que la Dame
consentirait à accorder sa bénédiction aux habitants du quartier. Plus
pragmatiques, les autres habitants du quartier ont également remarqué
que ce serait un endroit bien commode où se réfugier en cas
d’inondation.
La fabrique des Canonniers (7)
En
dehors de Nuln, la cité d’Erengrad est l’un des rares endroits du Vieux
Monde où l’on fabrique des canons. La mer des Griffes est probablement
l’une des étendues d’eau les plus dangereuses au monde et les navires
ont besoin de se défendre contre les pillards, humains ou non. En
conséquence, la demande a toujours été forte pour les canons de marine
et voici plus de deux siècles que le premier canon d’Erengrad a été
fondu.
La guilde des Canonniers a prospéré depuis cette époque. Elle
est étroitement liée à la guilde des Charpentiers de marine. Les canons
d’Erengrad ne valent pas ceux qui sont fabriqués à Nuln; cependant, ils
sont considérablement plus légers et bien moins chers, ce qui les rend
mieux adaptés à la navigation. La plupart des capitaines préfèrent de
très loin disposer de deux canons d’Erengrad que d’une seule bombarde
de Nuln. Grâce à cette demande constante, la fabrique d’Erengrad est
peut-être le seul endroit du Vieux Monde où un individu disposant d’une
somme suffisante (approximativement 1000 co) peut entrer, mettre son
argent sur la table et repartir avec un canon. En réalité, seul un
capitaine bien connu peut réellement espérer que les choses se
passeront ainsi ; tout autre individu devra attendre, le temps que la
guilde ait réussi à comprendre ce qu’il compte faire avec le-dit canon.
Toutefois, on connaît quelques compagnies de mercenaires qui possèdent
des canons d’Erengrad et qui s’en servent sur terre.
La fabrique des
Canonniers a été intégralement détruite au cours du pillage de la cité.
Cependant, elle s’est défendue âprement et les envahisseurs lui ont
payé un lourd tribut car le maître de guilde, Dazhda Kudrov, a fait
exploser toute la réserve de poudre et de munitions à l’approche de
l’ennemi. La guilde ne l’a toujours pas remplacé car ses membres
prétendent avoir besoin d’une preuve que Kudrov est bien mort (dans
l’idéal, il leur faudrait son cadavre). Personne n’imagine réellement
que son corps puisse avoir résisté à l’explosion, mais les membres de
la guilde ne se sentent pas très à l’aise avec le concept de la
vénération d’un héros ; la plupart pensent que l’actuel chef de la
guilde restera toujours vice maître dans le futur.
La fabrique se
situe dans la basse ville car elle est bruyante, malodorante et
dangereuse. La plupart des membres de la guilde vivent ailleurs, bien
que quelques-uns d’entre eux disposent d’une résidence à l’intérieur de
ses murs. Une fois terminés, les canons sont exposés aux alentours de
la grande porte et un peu partout sur les remparts, en guise de
publicité. La guilde prétend qu’ils ne sont pas chargés mais aucun gang
de malandrins n’a encore été tenté de le vérifier.
Le temple de Verena (8)
Une
zone de terre dénudée marque l’ancien emplacement du temple de Verena.
La déesse de la justice n’a jamais été très populaire dans cette cité
où une bonne partie de la population gagne une partie de son existence
illégalement et ses prêtres n’ont jamaiseu les moyens de s’installer
dans les meilleurs quartiers. Tout ce qu’ils possédaient a disparu dans
la Tempête du Chaos et jusqu’à présent ils ont tout juste réussi à
nettoyer le terrain où ils construiront leur nouveau temple. Pour le
moment, ils célèbrent leurs services en plein air.
La grande
prêtresse Bela Ekomov éprouve une dévotion fanatique pour sa déesse et
elle organise les quelques adeptes suffisamment dévots qu’elle peut
avoir en escadrons de lutte contre le crime. La plupart du temps, ces
équipes doivent opérer clandestinement et, même lorsqu’elles
parviennent à faire arrêter des criminels, ceux-ci sont souvent
relâchés. Ces actions de maintien de l’ordre ne les rendent pas
populaires aux yeux de la plus grande partie des habitants d’Erengrad
et les verenéens sont souvent pris à partie par des gangs de criminels
ou des foules en colère.
Alors qu’Ekomov est entièrement dévouée aux
idéaux de Verena, nombre de ses ouailles ont plutôt tendance à
pratiquer une justice d’autodéfense. Comme ils ne croient pas que les
criminels seront confrontés à une véritable justice s’ils ne la leur
appliquent pas eux-mêmes, ils organisent des procès clandestins. Bien
qu’ils aient probablement toujours raison dans les jugements qu’ils
rendent, ils n’en violent pas moins d’importants principes de la
religion verenéenne du fait qu’ils ne représentent pas une autorité
officielle.
Conscients de cela, les verenéens gardent le secret sur
leurs actes, surtout vis-à-vis d’Ekomov. De son côté, celle-ci montre
peu d’enthousiasme lorsqu’il s’agit d’enquêter sur les groupes
d’autodéfense, bien qu’elle ne cautionne certainement pas consciemment
ce genre d’agissements.
Le grand marché (9)
Bien
qu’il soit situé dans la basse ville, le grand marché est le coeur
d’Erengrad. C’est le pivot commercial de la ville, où l’on peut trouver
à peu près n’importe quoi pour peu que l’on cherche avec suffisamment
d’acharnement. Dans le cas de certaines marchandises vendues sous le
manteau, on entend parfois des histoires peu convaincantes et les gens
font semblant de croire qu’il s’agit de tout autre chose, mais dans de
nombreux endroits du marché ils ne se donnent même pas cette peine. De
nos jours, la seule exception concerne tout ce qui est lié aux
Puissances de la Déchéance.
Autrefois, les gens qui savaient poser
les bonnes questions pouvaient se procurer ce genre d’articles mais à
présent la population est trop unanimement opposée aux Dieux Sombres
pour que ce commerce puisse prospérer en toute sécurité. Les
spécialistes de ce genre d’objets pensent que cet état d’esprit durera
un ou deux ans, au plus.
Le marché est sillonné de nombreuses
patrouilles financées par les guildes et les boyards, tout comme les
grandes artères qui y mènent. On n’y tolère ni le crime ni le vol, mais
les patrouilles ne se soucient pas de la contrebande ou de
l’escroquerie. Les marchands d’Erengrad croient profondément en l’adage
qui veut qu’un « client averti en vaille deux » et également dans le
fait d’exercer une vengeance immédiate contre tous ceux qui osent
tenter une escroquerie. En conséquence, le grand marché est un endroit
tout à fait sûr pour les gens qui savent exactement ce qu’ils désirent
acheter, comment s’assurer que l’objet est bien authentique et qui
connaissent les prix. Tous les autres clients sont certains de se faire
filouter sur une plus ou moins grande échelle.
À cause des risques
d’inondations, tous les éventaires et les stalles sont démontables. Les
marchands se contentent de déménager avec leurs articles vers un
entrepôt situé ailleurs jusqu’à la fin de l’inondation. En général, les
inondations sont prévues longtemps à l’avance mais il arrive qu’une
crue subite de la Lynsk déclenche une panique et l’on voit alors tous
les marchands qui s’enfuient à toutes jambes pour se réfugier en
terrain sec.
Le grand marché a été restauré peu après le départ des
hordes, lorsque les marchands sont revenus s’installer afin de pourvoir
aux besoins des réfugiés et il a presque retrouvé son ancienne
splendeur. Aujourd’hui, il est à nouveau florissant et son voisinage
dans la basse ville (essentiellement occupé par des auberges et des
tavernes fréquentées par ceux qui ont réussi à ne pas se faire
entièrement plumer au marché) est déjà entièrement rebâti.
LA HAUTE VILLE
La
haute ville est le quartier riche d’Erengrad. Elle se situe sur les
pentes des collines qui font face à la baie, une situation qui
présente de nombreux avantages. Les habitations sont à l’abri
desinondations et les déchets sont entraînés vers la base de la pente;
en outre, elles bénéficient d’une belle vue et c’est une zone
parfaitement abritée des vents, ce qui en fait probablement le site qui
jouit du microclimat le plus plaisant de tout le Kislev.
La haute
ville a énormément souffert du pillage d’Erengrad, toutefois le fait
qu’un grand nombre de ses maisons soient en pierre a permis à ses
habitants de disposer d’une abondance de matériaux lorsqu’ils se sont
lancés dans la reconstruction. Il s’est donc relevé plus rapidement que
quiconque n’aurait pu l’imaginer. On y voit fréquemment des murailles
constituées de fragments de pierres décorées d’anciens bas-reliefs ou
qui portent encore les traces des attaques des forces inhumaines. La
plupart des gens trouvent que ceci ajoute au charme du quartier.
Comme
nous l’avons dit précédemment, les guildes et les boyards avaient prévu
de reconstruire Erengrad, et tout particulièrement la haute ville,
selon un plan élégant et unifié. Aujourd’hui, c’est un secteur
complètement désorganisé du fait que les plans des deux factions ont
été partiellement appliqués, tandis que des groupes indépendants ont
édifié des bâtisses à leur goût, en affichant une superbe indifférence
à l’égard de ce qu’avaient pu proclamer ces « soi-disant » autorités.
C’est ainsi qu’on voit de grandes artères aboutir en cul-de-sac fermé
par un mur ou se transformer subitement en minuscules ruelles et qu’il
n’est pas rare de voir le mur aveugle d’une belle demeure donner sur
une grande place alors que sa façade s’ouvre sur une petite rue
secondaire. Malgré tout, la richesse d’Erengrad y est clairement
perceptible et les marchands originaires du sud qui s’attendent à
découvrir une cité barbare sont généralement grandement surpris.
Le quartier elfe (10)
Le
quartier elfe d’Erengrad est l’un des plus grands du Vieux Monde. Bien
qu’il ne puisse se comparer à celui de Marienburg, il est sans doute
plus vaste que le quartier elfe d’Altdorf et il surpasse certainement
tout ce qui peut se voir à L’Anguille ou ailleurs dans le sud. Malgré
la décision des grandes maisons marchandes d’Ulthuan de rappeler leur
personnel avant l’arrivée de la horde, plus de la moitié des elfes sont
restés pour défendre leur cité. Ils se sont tous fait massacrer et le
quartier elfe a été entièrement rasé.
Les elfes sont revenus peu
après la fin de la guerre et le quartier est en pleine reconstruction.
Grâce à la bravoure dont firent preuve les elfes qui défendirent la
cité, la population considère à présent tous les représentants de cette
race d’un très bon oeil et personne n’a remis en question leurs
motivations lorsqu’ils ont décidé de bâtir un mur autour de leurs
demeures et de leurs entrepôts. Ce mur de dix mètres de haut est à
présent complètement terminé tandis que les travaux continuent à
l’intérieur. Cependant, aucun non elfe n’a été autorisé à pénétrer à
l’intérieur de l’enceinte depuis que le mur a été achevé et la grande
porte posée, ce qui fait que la population en est réduite aux
spéculations quant à ce qui se passe derrière. Néanmoins, comme les
marchandises et l’argent continuent à circuler, ces spéculations
restent du domaine de la curiosité, sans hostilité aucune.
Le quartier impérial (11)
Les
citoyens de l’Empire constituent le plus important groupe de population
non kislevite d’Erengrad ; en revanche, le quartier impérial est
relativement petit car beaucoup d’entre eux vivent dans d’autres
quartiers de la ville, mêlés à la population locale. En vérité, un
cinquième environ des résidents du quartier impérial sont des
Kislevites, ce qui représente une proportion plus élevée que dans les
autres quartiers à majorité ethnique.
Le bâtiment le plus important
de ce quartier est le temple de Sigmar. L’ancien temple a été détruit
dans le pillage de la cité, mais les préparatifs vont bon train en vue
de la construction d’un nouveau temple. Le terrain a été dégagé, les
pierres de l’ancien temple ont été collectées et mises en réserve et de
nouveaux matériaux ont été commandés. Le nouveau temple sera une
forteresse plus solide encore que l’ancien, un bâtiment capable de
survivre à tous les futurs assauts. Pour étayer de telles
fortifications, il a fallu creuser des fondations plus profondes que
les précédentes et les travaux ont mis au jour un réseau de catacombes
qui semblent liées au culte sigmarite. Toutefois, les deux groupes que
l’on y a envoyés en exploration ne sont pas revenus. Les prêtres, sous
la direction de Calvin Trois-Marteaux, le grand prêtre désigné,
cherchent à embaucher un groupe d’aventuriers expérimentés qui
pourraient les aider à découvrir quel peut bien être le problème.
Jusqu’à présent, rien n’en est sorti et l’ouverture qui y mène est
gardée jour et nuit.
Le second bâtiment d’importance est le consulat
de l’Empire qui vient tout juste d’être terminé. Aucun consul n’est
encore arrivé, mais le greffier général Jekil Reichert pense qu’il ne
devrait pas tarder à être nommé. En attendant, il s’occupe
d’administrer les affaires courantes et il est en train d’accumuler une
montagne de papiers en tous genres qui devront être officiellement
approuvés par le consul dès son entrée en fonction. Reichert n’est pas
d’une honnêteté scrupuleuse; si le futur consul se donne la peine de
lire attentivement chacun de ces papiers, il s’en rendra compte assez
facilement. Cependant, Reichert estime que la chose est peu probable.
Enfin,
La Comète Radieuse est une taverne et auberge destinée aux voyageurs
venus de l’Empire. La cuisine et les boissons sont typiques de
l’Empire, ainsi que les divertissements, et de nombreux hôtes
proclament que l’on pourrait s’y croire à Altdorf. Krystin Becker, la
tenancière de l’établissement, considère ce commentaire comme le plus
beau des compliments.
L’hôtel de guilde des Charretiers (12)
La
guilde des Charretiers d’Erengrad est la guilde la plus puissante et,
par conséquent, le groupe le plus influent de la ville. La
quasitotalité des marchands autochtones en sont membres à part entière
et la plupart des marchands étrangers (et des pirates) qui visitent
Erengrad de manière plus ou moins régulière font partie de ses «
membres associés ».
L’hôtel de la guilde est perché sur le rebord
d’une falaise surplombant la Lynsk. Le nouveau bâtiment qui vient
d’être reconstruit est un magnifique manoir organisé autour d’une cour
pavée et donnant sur une petite place. Ce bâtiment n’a pas été conçu
dans une optique défensive; lors de l’invasion, les marchands se sont
tous retranchés dans leurs propres demeures ou se sont enfuis. Les
membres de la guilde ont donc décidé qu’il était inutile de fortifier
leur quartier général.
L’un des ajouts les plus récents se présente
sous la forme d’une succession de cours de justice installées dans
l’aile ouest. Voici quelques années que la tsarine a concédé à la
guilde le droit de faire respecter la loi et les marchands profitent à
présent pleinement de cette prérogative, beaucoup plus, d’ailleurs, que
les membres des deux autres principales guildes d’Erengrad. Leurs
tribunaux sont plus appréciés du peuple que ceux des boyards et ce sont
les plus actifs de la ville. Cette popularité tient au fait que, de
l’opinion générale, les boyards favorisent toujours la noblesse tandis
qu’il est possible d’acheter les juges des Charretiers. C’est ainsi
qu’Erengrad est probablement la seule ville du Kislev où un riche
roturier peut se permettre de faire jeter un noble pauvre à la porte de
chez lui pour le punir de ses mauvaises manières et s’attendre à
remporter le procès qui en résultera.
Mitri Ilchenko, le maître de
guilde, a été nommé par la tsarine après la disparition et la mort
supposée de son prédécesseur au cours du pillage. Ilchenko, qui est
membre de la guilde depuis plus de vingt ans, est généralement apprécié
de ses confrères et il a suffisamment de bon sens pour savoir qu’il
doit s’assurer le soutien de la guilde s’il veut durer. Jusqu’à présent
il n’a profité de son autorité pour ruiner un adversaire qu’en une
seule occasion : contre Natalya Dochviktoria, une femme qui avait
repoussé ses avances alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme.
Celle-ci vit aujourd’hui dans la basse ville et complote dans
l’intention de se venger. Il ne lui reste pas grand-chose de son
ancienne fortune, mais elle détient des quantités d’informations et
dispose d’un grand nombre de contacts, parmi lesquels certains
marchands qui ressentent une certaine compassion pour elle.
La maison des Orfèvres (13)
La
maison des Orfèvres accueille surtout des banquiers et des changeurs de
monnaie, bien qu’elle accepte également toujours les véritables
orfèvres. Par tradition, le maître de guilde est toujours un artisan
mais l’essentiel de la gestion des affaires courantes est confié au
doyen, un banquier nommé par le maître. La tsarine dispose du pouvoir
de nommer le maître et elle n’est pas tenue de se conformer à la
tradition mais la maîtresse actuelle, Ursola Ovinko, n’a qu’une
trentaine d’années et ne manifeste aucun désir de se retirer. En plus
d’être une artiste de grand talent et une personne très agréable à
fréquenter socialement, Ovinko est également une assez belle femme;
c’est la raison pour laquelle, juste avant de conclure leur accord avec
la tsarine, les banquiers ont décidé qu’elle ferait une excellente
représentante pour leur guilde.
Depuis sa nomination, Ovinko ne
s’est pas interposée dans la gestion de la guilde et tout le monde est
extrêmement satisfait de la situation à l’exception, peut-être, de la
tsarine.
Le doyen, Valantyri Synmishka, est l’homme le plus riche
d’Erengrad et peut-être même du Kislev. S’il voulait s’installer dans
l’Empire, il y serait encore considéré comme quelqu’un d’immensément
riche. Ses affaires sont principalement centrées sur la banque, mais il
finance une très large palette d’activités diverses.
De ce fait,
toute décision susceptible de bénéficier à la guilde et à la cité a
également pour conséquence de faire croître la fortune personnelle de
Synmishka. Cette situation particulière signifie qu’il est pratiquement
incorruptible, car personne ne détient quoi que ce soit qu’il puisse
désirer. Toutefois, il n’aime pas la concurrence.
Il veut bien faire
en sorte que ses pairs s’enrichissent pourvu qu’ils restent toujours
moins riches que lui. Gare à l’imprudent qui aurait l’idée de vouloir
l’égaler dans ce domaine!
La maison des Orfèvres est un solide
bâtiment de pierre; elle sert également de banque et d’hôtel des
monnaies d’Erengrad. Le bruit court qu’elle regorgerait d’or pourtant,
d’une façon plus prosaïque mais guère surprenante, on y trouve surtout
des bureaux. Au départ, elle était censée être rebâtie en face de
l’hôtel de guilde des Charretiers, de l’autre côté de la place, et elle
possède une belle porte cochère dont les décorations rappellent
certains des ornements de cet autre bâtiment. Malheureusement, les
boyards ont fait construire leur château à cet emplacement, tournant le
dos à la place. La maison des Orfèvres se trouve donc en face du
château, de l’autre côté d’une rue qui fait à peine trois mètres de
large. Comme le château a été construit en premier, les battants du
grand portail de la maison des Orfèvres pivotent vers l’intérieur de
manière à pouvoir les ouvrir complètement.
La maison des Charpentiers de marine (14)
La
guilde des Charpentiers de marine représente tous les corps de métier
d’Erengrad, excepté les artisans qui travaillent le métal précieux. La
guilde accepte tous les artisans et elle est liée à des guildes
affiliées pour certaines catégories d’artisans particulièrement
importantes telles que les Canonniers. Politiquement parlant, c’est la
moins puissante des trois guildes mais elle représente de très loin la
population la plus importante. Si elle parvenait à mobiliser tous ces
gens, elle serait beaucoup plus forte que les deux autres.
Il est
peu probable que Maksim Synkazimira, le maître de guilde actuel, puisse
y parvenir. Il a été nommé par la tsarine après la fuite de son
prédécesseur (qui n’est toujours pas revenu) et il s’est révélé presque
à la hauteur de sa fonction, mais pas tout à fait. Il n’est pas
suffisamment incompétent pour que les membres de la guilde se sentent
obligés de le renvoyer mais il est juste assez capable pour parvenir à
suivre les affaires courantes et rien de plus. À cause de lui, la
guilde piétine littéralement.
Le nouveau siège de la guilde n’est
pas encore terminé. Lorsque l’on se tient devant l’hôtel des
Charretiers, il se trouve sur la gauche de la place et il est conçu
dans un style similaire. Un certain nombre de maçons et de charpentiers
sont venus proposer leurs services afin de terminer le travail car ils
trouvent la situation assez embarrassante, mais Synkazimira se montre
réticent à abandonner une parcelle de ce qu’il estime relever de son
autorité.
Le château (15)
C’est
le quartier général des boyards et c’était autrefois le centre du
gouvernement de la cité. Au cours de la Tempête du Chaos, l’ancien
château a été détruit par une infâme sorcellerie qui a corrompu la
terre sur laquelle il était bâti et c’est la raison pour laquelle les
boyards ont choisi de reconstruire ailleurs, en choisissant le site de
manière à perturber autant que possible les plans de reconstruction de
la cité établis par les guildes. C’est une vaste forteresse dotée d’une
simple courtine et orientée de manière à présenter une façade aveugle
sur la place que les guildes espéraient voir devenir le nouveau coeur
d’Erengrad. Toutefois, sa situation par rapport à la maison des
Orfèvres signifie qu’il n’est pas possible d’ouvrir complètement la
grande porte du château car chaque vantail du portail est plus large
que la rue sur laquelle il donne. On y accède donc par des portillons
taillés dans les battants de la grande porte.
Voilà déjà un certain
temps que le boyard Elena Yevschenko, jeune dirigeante de la plus
ancienne famille gospodar de la région, fulmine devant la perte de
crédibilité de la noblesse, mais elle n’a toujours pas trouvé une bonne
manière de la restaurer. Elle a accédé à sa dignité et à sa noblesse
par son mariage, mais son époux a été tué durant le pillage. Elena,
quant à elle, y a perdu son bras gauche, une blessure qui a beaucoup
fait pour sa réputation. Malgré sa jeunesse, presque tous les nobles
d’Erengrad sont convaincus que s’il existe une personne capable de le
rendre leur prestige, c’est bien elle.
Le temple de Tor (16)
C’est
le seul bâtiment d’importance à avoir échappé pratiquement sans
dommages au pillage. Dans la cité, nombreux sont ceux qui considèrent
cela comme le signe de la faveur et de la protection de Tor et le culte
en a retiré une popularité accrue. Si l’on considère les choses d’un
oeil plus pragmatique, il faut reconnaître qu’il s’agit d’une tour de
pierre entièrement vide, au sommet d’une colline particulièrement
difficile d’accès ; il n’y avait personne à attaquer à l’intérieur et
c’est probablement la raison pour laquelle les envahisseurs ne se sont
pas donné le mal d’y aller. Quelques esprits chagrins, adeptes des
théories du complot, y ont vu la preuve que Tor devait en réalité être
en cheville avec les Puissances de la Déchéance ou même qu’il en fait
partie lui-même. Cependant, tous ceux qui pourraient avoir l’imprudence
de laisser échapper en public qu’ils adhèrent à ce genre de théories
courent le risque de se faire écharper par une foule en colère.
Le temple de Dazh (17)
Le
temple de Dazh d’Erengrad était l’un des plus spectaculaires du Kislev,
avec ses images dorées qui reflétaient les rayons du soleil. Toutes ces
images pieuses ont disparu durant le pillage, toutefois une rumeur
persistante prétend qu’un prêtre aurait réussi à cacher certaines des
plus belles avant de se donner la mort afin d’éviter de révéler
l’emplacement de sa cachette lorsque l’étau de l’ennemi s’est resserré
autour de la ville. Quelle que soit la vérité, la décoration du nouveau
temple est beaucoup plus sobre.
Le bâtiment se dresse au sommet
d’une colline, à l’est, à un endroit où la chaîne des collines plonge
dans la vallée, de manière à avoir une vue dégagée à la fois vers l’est
et l’ouest. Les deux portes qui percent la muraille du temple sont
orientées vers le lever et le coucher du soleil et ces portes sont les
seuls points d’accès au temple. La flamme éternelle brûle au centre du
temple et les prêtres en prennent grand soin. Le veilleur du temple,
Gaspar Synpavla, prétend avoir réussi à maintenir la flamme durant
toute l’occupation de la cité et personne ne saurait le contredire ; la
moitié de la population de la cité le croit sur parole.
Synpavla
aimerait restituer son ancienne gloire à son temple et il éprouve le
plus grand intérêt pour les rumeurs qui prétendent que la tsarine a
commencé à s’intéresser au culte. Il aimerait envoyer à Kislev des
émissaires qui pourraient présenter en son nom, et avec subtilité, des
propositions de soutien à la cour en échange de décorations pour son
temple, mais il n’a pas encore trouvé d’individus qui lui paraissent
suffisamment diplomates. Il est également préoccupé par le moyen de
retrouver les trésors volés au temple, quels qu’ils soient ; il pense
que certains de ces trésors pourraient être encore intacts et avoir été
vendus dans l’une ou l’autre des lointaines contrées du Vieux Monde. Il
enquête également sur les rumeurs qui évoquent une hypothétique
cachette secrète. Pour accomplir toutes ces tâches, il est prêt à
embaucher des auxiliaires extérieurs.
Le jardin d’Ursun (18)
Le
jardin d’Ursun forme le quatrième côté de la grande place, à l’est.
C’est un endroit tout à fait spectaculaire, dont la pente cascade à
flanc de colline, parmi les rochers, pour se terminer sur un étang
formé par une dérivation de la Lynsk. Il est sans aucun doute
suffisamment vaste pour abriter un ours et certaines personnes
prétendent en avoir aperçu un à cet endroit.
Le grand prêtre Uika
Boyozi célèbre toujours avec beaucoup d’enthousiasme les jours
consacrés à Ursun, particulièrement le jour de l’éveil. Cette grande
fête était célébrée tous les ans sans faute avant le sac de la ville et
Boyozi s’est investi sans compter pour organiser celle qui l’a suivi,
en proclamant partout qu’elle devait symboliser la renaissance de la
cité, tout comme celle d’Ursun. C’est ainsi que la grande place est
devenue le centre de la célébration, ce qui l’a rendue encore plus
populaire qu’elle ne l’était auparavant. Certains marchands embarquent
même très tôt dans la saison afin d’être sûrs d’arriver à Erengrad pour
y participer.
Parmi les citoyens, certains commencent à lui donner
le nom de place d’Ursun ou de place de l’Éveil, au grand dépit des
maîtres des guildes qui préféreraient qu’elle soit appelée place des
Guildes.
Le temple de Shallya (19)
À
Erengrad, une longue tradition veut que les prêtresses du temple de
Shallya aient l’habitude de recevoir de riches présents de la part
d’individus assez douteux qui désirent être soignés sans qu’on leur
pose de questions. En conséquence, le temple est beaucoup moins austère
que la plupart des temples de la déesse. Ce temple a rapidement
récupéré après le pillage, car ceux qui avaient besoin d’aide et de
soins étaient fort nombreux et les travaux de reconstruction sont
presque terminés. Les shalléennes venues d’autres contrées pourraient
ne pas le reconnaître au premier coup d’oeil comme un de leurs temples
et le confondre avec la demeure d’un noble fortuné et particulièrement
dévoué à la déesse.
La grande prêtresse Svetlana Zakarova ne s’en
formalise pas car elle est accoutumée au luxe relatif dans lequel elle
a été élevée en tant qu’orpheline de ce temple. Cela ne l’empêche pas
d’être extrêmement dévouée à Shallya; dans la cité, elle est très
respectée car elle n’a pas quitté la cité durant le pillage, portant
secours aux blessés et aidant les victimes à quitter la ville pour
trouver un refuge sûr ailleurs. Bien qu’elle ne semble posséder aucun
pouvoir miraculeux, la plupart des gens pensent que sa simple survie
est un miracle en soi.
La Tour du Givre (20)
Cette
tour de glace est le quartier général des sorcières de glace de la
ville. Elle se dresse sur un pic, juste à l’intérieur des remparts,
scintillante sous les rayons du soleil. La majorité de la population la
considère comme l’une des plus grandes merveilles de la magie, une
opinion partagée par de nombreux visiteurs. Toutefois, ceux qui ont pu
contempler le palais de Kislev se montrent généralement moins
impressionnés.
Par tradition, les sorcières de glace se sont
toujours tenues totalement en dehors des courants de la politique;
elles se trouvent actuellement en sous-effectif car la plupart d’entre
elles ont péri pour défendre leur cité. La bravoure dont elles ont fait
preuve leur donne une bonne occasion d’entrer dans l’arène politique
car leur courage et leur puissance ont suscité une immense admiration
dans la population, mais elles ne se sont pas encore décidées à en
tirer parti.
Le temple de Morr (21)
Le
temple et le jardin de Morr d’Erengrad sont particulièrement vastes et
s’étendent sur plusieurs acres de terrain, dans une zone qui semble
particulièrement imprégnée du pouvoir du dieu des morts : les vivants
et les morts-vivants qui s’y aventurent ne tardent pas à dépérir et
finissent par mourir s’ils n’en ressortent pas. Cet effet particulier
en fait un endroit idéal pour enterrer les défunts car il leur est
impossible de se relever ; en outre, il serait impossible de faire quoi
que ce soit d’autre dans ce secteur. La nature et la cause de cet effet
ont fait et font encore l’objet de nombreuses polémiques et rares sont
ceux qui parviennent à tomber d’accord sur ce sujet. Les prêtres de
Morr laissent entendre que Morr s’est un jour allongé ici pour y faire
une sieste, ce qui aurait imprégné la terre de son aura mortifère, mais
la vérité est beaucoup plus étrange que cela. Ceux qui n’ont pas de
raisons de craindre la mort et qui sont familiers avec les plus
anciennes histoires d’Erengrad savent que, dans les temps les plus
reculés, cet endroit fut le site d’une catastrophe magique qui a saturé
l’air, l’eau et la terre d’une énergie destructrice. Au fil des
siècles, cette énergie a reflué et s’est retirée au voisinage immédiat
du site de la catastrophe, diminuant peu à peu. Plus personne ne se
souvient de la cause précise de ce cataclysme, mais la plupart de ceux
qui en parlent affirment qu’elle était liée à la magie noire et aux
légions du Chaos.
Le temple a été détruit au cours du pillage de la
ville, non sans entraîner une multitude d’envahisseurs dans la mort au
cours du processus. La reconstruction est en cours mais elle progresse
très lentement car les bâtisseurs doivent passer beaucoup de temps à
l’extérieur du site. Fort heureusement, les prêtres de Morr ne sont pas
pressés.