mi-2522 CI
WDF108 p.56 à 59
Merci à Rincevent
Cet événement est important dans
lHistoire du monde Connu, car il cèle
lalliance entre les hommes, les elfes et les nains.
Les trois races combattront dès lors ensemble pour
les Incursions du Chaos à venir : la
"Tempête du Chaos" et la "Fin des Temps". Je postule
ici que la "Tempête" de fin 2522 CI nest
quune mise en bouche avant les grands
déferlements Chaotiques de la "Fin des Temps"
(2525-2528). La première a pour effet de dévaster le
Kislev et certaines provinces du nord de lEmpire avant
dêtre repoussée hors de lEmpire
à Middenheim. Le Kislev est cependant rudement
éprouvé puis quasiment détruit. Lors du Conclave des Lumière, Teclis avait
certainement déjà une vision des dangers
à venir et faisait peut-être déjà
des calculs complexes pour permettre la survie du monde. Au moment du texte, Volkmar est présumé
mort des mains dArchaon lui-même - il a
été remplacé rapidement par
lArchilecteur Johann Esmer. Seulement, il
savère que Volkmar est vivant et quil a
échappé aux mains dArchaon.
[HdS p.38 :]
« Au tout début du conflit [fin
2521], le grand théogoniste Volkmar fut
capturé et torturé par Archaon en personne,
qui le transforma en un élément vivant de
sa bannière de bataille. Ayant acquis la certitude
que Volkmar était mort ou quil ne tarderait
pas à lêtre, les membres du culte
élevèrent lArchilecteur Esmer
à la grande cathédrale dAltdorf.
Toutefois, ils perdirent un peu de leur assurance lorsque
quils apprirent quelques semaines plus tard que
Volkmar sétait échappé
(à moins quil neût
été relâché?). À
présent, encore alité dans le
monastère du Middenland où il se
rétablit, Volkmar proclame quil est le grand
théogoniste légitime et bat le rappel de
ses alliés en prévision de son retour, en
présentant le fait quil a réussi
à survivre lors de sa captivité aux mains
dArchaon comme une preuve de la faveur de Sigmar.
Esmer refuse dadmettre cette prétention et,
par le biais de ses propres partisans, sème le
doute quant à « lévasion »
de Volkmar. Des factions rivales sont en train de se
constituer et il ne serait pas impossible quil se
produise un schisme au sein du culte si les deux hommes
sobstinent à maintenir leurs
revendications.Sil faut en croire les
commérages, lEmpereur a
dépêché ses collaborateurs personnels
depuis le front, situé près de Middenheim,
jusquà Altdorf afin de tenter une
conciliation. »
LA MENACE CHAOTIQUE SE PRÉCISE
Comme peuvent en témoigner les chroniques impériales, lannée 2522 commença sous de sombres auspices. Un hiver particulièrement rigoureux sétait abattu sur le Vieux Monde et il semblait que la fin des temps était arrivée. Les moissons de lannée passée étaient insuffisantes, les hommes-bêtes sétaient multipliés et leurs attaques devenaient chaque jour plus audacieuses, tandis que des mutations affectaient les humains comme leur bétail. La fumée des bûchers des Répurgateurs masquait le faible soleil et une comète bifide avait traversé les cieux, signe despoir pour certains, présage de désastre pour dautres.
Des nouvelles arrivèrent du nord, signalant que la horde du Chaos gagnait chaque jour en puissance. Des négociants opérant au nord de Kislev et dans le sud de la Norsca rapportèrent que les tribus barbares avec lesquelles ils traitaient étaient encore plus sauvages et belliqueuses que de coutume, plusieurs caravanes et de nombreux vaisseaux marchands avaient du reste disparu corps et biens au cours des premiers mois de la nouvelle année. Et tout ce temps-là, un nom était murmuré avec terreur dans les garnisons et les palais, dans les tavernes et les relais de diligences : Archaon. Ce personnage inquiétant était entouré de mystères. Certains prétendaient quil avait jadis été un Templier de Sigmar rendu fou par un savoir interdit et quil avait vendu son âme aux Dieux du Chaos en échange du pouvoir nécessaire pour abattre lEmpire quautrefois il protégeait et quà présent il méprisait.
Affamée, terrifiée, la population impériale était en proie à lhystérie. Les flagellants, prédicateurs et autres oiseaux de malheur sétaient multipliés, les champs restaient en jachère, le grain pourrissait dans les granges et la famine se répandait.
Au milieu de cette confusion, lEmpereur Karl Franz, Prince dAltdorf, luttait pour empêcher lEmpire quil dirigeait de se déchirer dans la discorde et la suspicion. Même au sein des cités de Middenheim, Talabheim, Nuln et Altdorf, les serviteurs du Chaos étaient démasqués en nombre toujours plus important. Des créatures mutantes, des rongeurs qui marchent debout et des abominations non-vivantes hantaient les catacombes et les souterrains, certaines bravant même la lumière du jour pour sen prendre à la civilisation humaine.
KARL FRANZ RÉUNIT LES COMTES
Cest
ainsi que le jour de léquinoxe de printemps
[Mitterfruhl], Karl Franz promulgua un décret
impérial appelant les Comtes Électeurs à Altdorf
afin de décider dune stratégie à suivre
pour lutter contre la menace grandissante qui samassait au nord
tout en empoisonnant le cur même de lEmpire. De
mémoire des Comtes, lélection de Karl Franz au
rang dEmpereur avait été le seul autre moment
où un tel rassemblement avait eu lieu, ce qui indiquait assez
bien que lEmpereur ne sous-estimait pas la menace des forces du
Chaos.
Les Comtes et leurs escortes arrivèrent depuis les quatre coins de lEmpire pour répondre à lappel de leur souverain et il leur apparut rapidement au cours de leur trajet que le pays était en proie à une maladie surnaturelle. Certains durent affronter des bandes dhommes-bêtes en maraude, dautres de sauvages mutants. La plupart traversèrent des villages et des villes rasés ou abandonnés par leurs habitants. Les champs qui nétaient pas la proie des flammes étaient devenus stériles et les sombres forêts gagnaient du terrain sur les routes et sur les rivières, offrant de nombreuses cachettes à des hordes de créatures impies.
En plus des Comtes, dautres personnages éminents furent convoqués : le Patriarche Suprême des Collèges de Magie répondit à lappel, amenant avec lui les dirigeants des Ordres principaux. Kurt Helborg, Reiksmarshall et général des armées de lEmpereur, sabsenta de ses campagnes contre les peaux-vertes des Montagnes Grises. Des ambassadeurs de Marienburg gagnèrent aussi la capitale.
Un mois après lofficialisation du décret, lassemblée était finalement réunie. Pendant près de dix jours, les grands et les puissants de lEmpire débattirent des différentes solutions envisageables. Le Comte Électeur du Talabecland revenait à peine de son incursion dans le nord en compagnie de larmée du Grand Théogoniste Volkmar. Ses troupes avaient été massacrées par lost dArchaon et leur déroute avait semé le désespoir dans la province entière. Il recommanda chaudement une politique défensive, conseillant à lEmpereur et aux Électeurs de faire évacuer les villes, villages et fermes isolées pour regrouper leurs habitants à labri des murs des grandes cités. Farouche opposant à cette proposition, Boris Todbringer, Comte Électeur du Middenland accompagné dune délégation démissaires du Bourgmestre de Middenheim, clama que les hordes nordiques ne pourraient que croître en nombre et en puissance si on leur en laissait le temps. Il soutint quil leur fallait frapper un coup décisif avant quelles naient la possibilité de lancer loffensive. Il conseilla à lEmpereur de faire résonner ses tambours de guerre et den appeler aux Ordres de Chevalerie pour rassembler larmée impériale dans sa totalité et marcher vers le nord.
De nombreux autres points de vue furent également exprimés : certains pensaient quil était possible de négocier avec les chefs des Nordiques et des Kurgans et de les acheter pour quils désertent larmée dArchaon, dautres proposèrent de pratiquer la politique de la terre brûlée en détruisant les vivres de tout le nord de lEmpire, dans lidée de priver de provisions larmée du Chaos et dainsi provoquer sa dispersion. Ce plan fut bien sûr accueilli par les objections des Comtes de lOstermark et de lOstland qui le voyaient aussi dévastateur quune invasion à grande échelle.
Les Patriarches des Collèges mirent lassemblée en garde contre les changements survenus dans les Vents Magiques et parlèrent de tempêtes mystiques venues du nord, chargées de voix surnaturelles. Ils avaient de plus en plus de mal à lancer des sortilèges et même les plus expérimentés de leurs Ordres éprouvaient les pires difficultés à mettre en uvre des incantations quils maîtrisaient parfaitement du temps de leur apprentissage. Les sorciers avaient néanmoins mis au point une stratégie de divination qui leur permettrait de savoir où frapperait la horde dArchaon et ils promirent quils achèveraient un grand rituel destiné à priver lennemi de son soutien magique. Ils préconisèrent de plus dériger une barrière magique renforcée par des pentagrammes et des sceaux de protection pour empêcher toute intrusion démoniaque.
Pendant tout ce temps, lEmpereur resta silencieux et se contenta découter sans souffler mot. Il garda ses avis pour lui-même et esquiva habilement toute question sur ce sujet de sorte à ne pas influencer les opinions des autres. Il ne parla quà une seule reprise pour subtilement réprimander lÉlecteur du Nordland qui, se plaignant de la fréquence des raids de Nordiques sur ses côtes, accusa lEmpereur de ne pas soccuper daffaires aussi éloignées de son siège à Altdorf. À ceci, Karl Franz se contenta de répondre : « lEmpereur nadministre pas uniquement ses propres terres, mais celles de lEmpire dans son ensemble. Le sort de ses sujets, quils soient nobles dans leurs châteaux ou fermiers dans leurs champs dévastés, est son principal souci ». Même lorsque son ami Kurt Helborg le pressa dintervenir pour calmer les débats qui tournaient au règlement de comptes, il annonça au Reiksmarshall quil ne sexprimerait quune fois que toutes les opinions auraient été entendues. Personne ne comprit ce quil voulait dire, étant donné que chacun martelait son point de vue depuis plusieurs jours déjà.
LES ÉMISSAIRES DE LA TSARINE
Peu après midi lors du onzième jour du conclave, tandis que les délégués marmonnaient au-dessus de leur repas, des messagers porteurs de nouvelles fraîches arrivèrent depuis Kislev, envoyés par la Tsarine Katarina pour quérir laide des alliés ancestraux de sa nation. Ils parlèrent de centaines de milliers de guerriers se rassemblant au nord en hurlant leur soif de sang tels des chiens de chasse affamés attendant dêtre lâchés. Ils annoncèrent également que larmée ennemie rivalisait de taille avec lost quavait battu Magnus le Pieux lors de la Grande Guerre contre le Chaos.
Les tribus de cavaliers du nord de Kislev, fières de leur indépendance, sétaient manifestées auprès de leurs cousins plus civilisés, leur demandant un abri ainsi quune aide militaire, chose inédite pour ces farouches nomades. Ils chevauchaient à présent vers le sud, abandonnant les steppes aux Kurgans venus de lest, effrayés par leur simple nombre. Ils pourchassaient néanmoins les adorateurs du Chaos et interrogeaient leurs captifs dès que loccasion se présentait. Ces derniers leur tinrent tous le même discours, à savoir quArchaon était lÉlu des Puissances Obscures, le Seigneur de la Fin des Temps, couronné par les dieux du Chaos pour conduire leurs légions dans une ultime conquête des terres du sud. Il leur avait promis de grandes richesses quils pourraient arracher aux palais incendiés des nobles impériaux, tandis que les terres de lEmpire seraient rayées de la carte dans une orgie de sang et de feu. Archaon avait même prétendu que les yeux des dieux étaient rivés sur le monde et quil offrirait limmortalité à quiconque marcherait sous sa bannière.
Certains membres de lassemblée se rirent de ces rapports, accusant les Kislévites dexagérer. Les ambassadeurs de la Tsarine rétorquèrent froidement que leurs compatriotes périssaient par milliers chaque année en affrontant les tribus du nord, garantissant la sécurité de lEmpire sans jamais recevoir ni remerciement ni récompense et quils savaient que leurs propres forces ne suffiraient pas à retenir la marée inhumaine qui allait se déverser sur les terres des mortels.
Pendant cinq jours de plus, ces nouvelles furent digérées par les Électeurs, questionnées, discutées, examinées, mais Karl Franz garda le silence. La situation était dans une impasse, les Comtes nétaient pas parvenus à un accord et certains commencèrent à parler contre lEmpereur, laccusant dindifférence. Dautres, daucuns diraient les plus sages, conseillèrent la patience, sachant que leur souverain ne prenait jamais de décision à la légère.
DES NOUVELLES DE LEST
Dix-sept jours après le début du conclave, Altdorf reçut dautres nouveaux venus. Ayant marché depuis leurs lointaines forteresses des Montagnes du Bord du Monde, des émissaires des Rois Nains firent leur apparition, accompagnés de leur escorte. Trois-cents nains en armes se présentèrent à la porte est dAltdorf : linfortuné capitaine de garde ne savait trop quoi faire et, en attendant des ordres de ses supérieurs, il refusa lentrée au contingent nain jusquà ce que leur chef, Snarri Thungrimsson, annonce à lofficier de la Reiksguard que les murs sur lesquels il se tenait étaient luvre de nains, construits avec de la pierre naine et que sil ne les laissait pas entrer, lui et ses guerriers se feraient un devoir de reprendre leur bien pierre par pierre. Face à tant dobstination, lofficier finit par faire ouvrir les portes pour éviter de nouveaux ennuis.
Karl Franz reçut les ambassadeurs nains en grande pompe. Chacun des six messagers prononça un long discours (tous pratiquement identiques ) évoquant les anciens liens qui unissaient lEmpire au peuple nain et les serments dentraide quils avaient échangés : cétait là la principale raison de leur présence. Nombre des membres du conseil reprirent courage, mais les plus astucieux dentre eux songèrent que tous ces beaux discours avaient pour but de rappeler à lEmpereur les vux quil avait prononcés après son couronnement. Après deux jours dentretiens privés avec les nains, le souverain rapporta ce quil avait appris.
Les nouvelles consternèrent les nobles impériaux. Comme ils en avaient été avertis, les Kurgans se déplaçaient vers louest en grand nombre et sétaient rassemblés dans la plaine de Zorn Uzkul, le Pays du Grand Crâne à lest de la Haute Passe. Là, ils avaient vendu aux Nains du Chaos des Terres Sombres les dizaines de milliers desclaves quils avaient capturés au fil des ans et les avaient échangés contre des armes acérées et de solides armures, ainsi que contre des machines de guerre quasi-démoniaques capables dabattre les murs des cités et de massacrer lennemi depuis une grande distance. Quelques messagers de Kraka Drak avaient réussi à atteindre Karak Kadrin, racontant que la forteresse des nains nordiques était virtuellement assiégée, entourée de toutes parts par des légions de maraudeurs du Chaos et autres bêtes monstrueuses.
Lambassadeur dUngrim Poing dAcier, le Roi Tueur de Karak Kadrin, transmit la promesse de leur souverain : les nains du Fort des Tueurs allaient marcher vers le Pays des Trolls pour engager les forces du Chaos. Mus par leur étrange destin, des membres du Culte des Tueurs venus des quatre coins du Vieux Monde et dau-delà se rassemblaient à lheure même dans limposant Temple de Grimnir de Karak Kadrin et nattendaient que le retour du messager pour partir chercher leur mort face aux monstres dégénérés du nord. Les délégués kislévites remercièrent chaleureusement les émissaires nains et leur promirent des provisions sils sarrêtaient à Kislev ou à Praag au cours de leur longue marche.
Mais ce bref moment despoir fut hélas gâché par de bien sombres nouvelles. Les orques et les gobelins des Montagnes du Bord du Monde, relativement inactifs depuis quelques années, avaient oublié leurs querelles et nombre dentre eux avaient rallié larmée du terrible Seigneur de Guerre Grimgor Boîten Fer. Celui-ci sétait longtemps battu contre les Kurgans mais avait à présent rejoint la bannière des dieux du Chaos. Les nains ignoraient la raison qui avait poussé le chef orque à faire cause commune avec les Sombres Dieux, mais les rumeurs disaient quil avait été battu en combat pour la première fois de sa vie et quil cherchait désormais à refaire ses preuves aux yeux de Gork et Mork. Dautres commandants peaux-vertes avaient fait de même et marchaient désormais aux côtés des Champions du Chaos, attirés par les batailles et le butin que linvasion leur promettait.
Lorsquon lui demanda quelle décision il comptait prendre à la lumière des informations des nains, Karl Franz répondit quil avait encore besoin dun peu de temps pour se décider. Les couloirs du palais impérial se remplirent une fois de plus de protestations murmurées contre lindétermination de lEmpereur. Certains compatissaient, se disant que la décision était trop importante pour un seul homme, si noble quil fût, et à leur sens, Karl Franz nosait se prononcer car il craignait de faire le mauvais choix.
LES PRÊTRES INTERVIENNENT
Cest à ce moment quune délégation envoyée par Ar-Ulric, le Grand Prêtre du Dieu des Loups et de lHiver, arriva de Middenheim. Outrés que leur maître nait pas été convoqué, ses partisans accusèrent Karl Franz de nêtre que la marionnette de lArchidiacre de Sigmar. Les Comtes et les sorciers des Collèges de Magie craignaient le pire car lheure nétait pas aux conflits politiques entre les cultes de Sigmar et dUlric.
Johann Esmer, le nouveau Grand Théogoniste, avait succédé à Volkmar suite à sa mort des mains dArchaon lors dun combat singulier. Il navait pas assisté aux délibérations du Conclave, mais fit connaître sa présence à larrivée des émissaires dAr-Ulric. Il ne sadressa pas au conseil dans son ensemble, mais sentretint avec nombre de ses membres en privé, critiquant lagressivité de Boris Todbringer comme étant une simple mascarade destinée à usurper le pouvoir de lEmpereur. Il obtint rapidement le soutien du Stirland, du Wissenland et du Talabecland, provinces qui lavaient déjà appuyé lors de son accession au rang de Grand Théogoniste, mais une bonne partie du conseil fut rebutée par ces manigances politiques évidentes en cette période de crise.
Au bout du compte, il fit savoir que le culte de Sigmar était favorable à une stratégie défensive. Il sopposa à lenvoi de troupes en Kislev, mais préconisa que les Templiers de Sigmar, les redoutés Répurgateurs, soient renforcés par de nouvelles recrues pour garantir lordre et la pureté spirituelle des cités et des villages de lEmpire. Il demanda à lEmpereur de donner lordre darrêter Luthor Huss pour hérésie et trouble de la paix publique, clamant que le prophète auto-proclamé ne faisait quaggraver les peurs des gens plutôt que de les apaiser. Ces déclarations suscitèrent la colère des membres de la délégation dAr-Ulric qui conspuèrent Esmer et laccusèrent de lâcheté. Les Middenheimers rappelèrent au conseil que Sigmar, tel Ulric, était un dieu guerrier et que le Grand Théogoniste navait aucun droit à parler au nom des véritables fidèles du saint patron de lEmpire, qui, eux, ne manqueraient pas dopter pour une solution plus offensive.
Tout au long du débat, Karl Franz demeura impassible, pensif et parfois même distrait. En coulisses, son droit à régner était de plus en plus remis en question et même le Grand Théogoniste, par tradition lallié du Prince dAltdorf, se refusa à cautionner son attitude.
LES MESSAGERS
Face au silence de lEmpereur, le conclave se réunit secrètement. Certains appelèrent au remplacement de Karl Franz, suggérant même que lEmpereur les avait réunis pour désigner lui-même son successeur. Middenland, Nordland et AVerland, souvent des adversaires de lEmpereur du Reik, rirent de ces accusations : même sous le règne de légoïste et incompétent Boris lAvide, aucun empereur dûment élu navait jamais été déposé par la force des armes. Les membres les plus sages du conseil mirent en garde contre de tels propos, rappelant à quel point le besoin dunité était grand en cette heure sombre et comment lanarchie avait bien failli détruire lEmpire avant que Magnus le Pieux ne livre la Grande Guerre.
Ignorant ce que Karl Franz avait en tête, ils émirent la possibilité quil attendait de nouveaux avis avant de se décider. Il fut décidé de faire partir un messager en Bretonnie auprès du Roi Louen Cur de Lion pour savoir sil comptait envoyer ses chevaliers aider à la défense de lEmpire. Sa réponse mettrait du temps à revenir, mais ils espéraient quelle aiderait Karl Franz à se décider.
Au même moment, certains évoquèrent les Principautés Frontalières, pays sauvage dominé par des nobles impériaux déchus, des chevaliers bretonniens déshonorés et autres brigands sans foi ni loi. Toutefois, nombre dentre eux avaient encore des liens très forts avec lEmpire et il était possible quils puissent être persuadés de se rendre dans le nord pour participer à la bataille. Les guerriers des Principautés étaient célèbres pour être des vétérans des longues guerres livrées aux peaux-vertes qui infestaient leurs domaines et de tels renforts pourraient savérer fort utiles.
De nouveaux messagers furent dépêchés vers le sud, porteur de promesses de récompenses, de grâce impériale et autres incitations à répondre à lappel de lEmpereur. Quelques protestations sélevèrent pourtant car les Princes Frontaliers pouvaient savérer être des alliés peu fiables, aussi susceptibles de sen prendre à lEmpire que de laider.
UN CONSEIL INATTENDU
Au trentième jour du Conclave, les Comtes, sorciers, nains, Kislévites, Marienburgers et autres prêtres furent tirés de leur lit de bonne heure par les serviteurs de lEmpereur. Après quelques grommellements, ils comprirent que Karl Franz était prêt à se prononcer. Suite à un déjeuner hâtif, les conseillers ne furent toutefois pas conduits vers la salle du trône mais sur les remparts du palais qui surplombaient le Reik. Karl Franz les y attendait, emmitouflé dans une lourde cape pour lutter contre le froid vent douest. Un long moment sécoula, chacun regardant en vain par-dessus les créneaux et se demandant ce que faisait lEmpereur. Ils pensèrent que la tension des derniers mois avait peut-être fini par affecter sa raison. Au moment où certains proposaient de rentrer, lEmpereur leur ordonna de rester et pointa le doigt en direction de louest.
Les dignitaires se pressèrent contre les remparts, plissant les yeux pour essayer de voir au travers des brumes du Reik qui commençaient de se retirer sous le soleil levant. Il y eut au loin un mouvement, un éclat lumineux au milieu de la grisaille matinale. En quelques minutes, un navire à voile dun blanc étincelant se dessina, sa proue en forme de faucon fendant le brouillard. Les conseillers et les Comtes firent alors silence lorsquils comprirent quil sagissait dun vaisseau elfique. Des reniflements coléreux sélevèrent de la délégation naine et ils quittèrent bruyamment les remparts en grognant dans leur langue gutturale.
Après avoir parcouru silencieusement le fleuve, le navire vint mouiller sur le quai du palais et une silhouette en descendit. Vêtue de robes bleues et sappuyant lourdement sur un sceptre ouvragé, elle avança vers la redoute tandis que les membres de lassemblée se poussaient les uns les autres et se penchaient par-dessus le parapet pour mieux la distinguer. Puis le visiteur elfique entra dans le palais et le conclave suivit Karl Franz jusquà la salle du trône. Lelfe les y attendait, le regard lointain. Lassemblée fut finalement rejointe par les nains qui, en entrant, jetèrent des regards torves à lEmpereur, le soupçonnant de quelque tricherie.
Karl Franz présenta lelfe comme étant le légendaire Teclis, lArchimage qui avait secouru lEmpire durant la Grande Guerre et fondé les Collèges de Magie. Les yeux du sorcier balayèrent lassemblée, certains ne purent soutenir son regard perçant, dautres ne le croisèrent que quelques instants. Plus tard, ils évoquèrent la sagesse sans fond que semblaient contenir ces yeux, comme si leurs âmes avaient été mises à nu. Ils écoutèrent sans commentaire ce que lelfe avait à leur dire, sa voix mélodieuse emplissant sans effort la pièce.
« Je suis venu, de même que je suis venu il y a deux siècles, dit-il, quatre vies dhommes, moins dune génération pour mon peuple. Quoique les gens du Roi Phénix aient leurs propres malheurs, nos voies doivent de nouveau se croiser car le destin du monde est désormais incertain. Aucune race ne peut rester à lécart face à la menace qui croît dans les froides désolations septentrionales. Ni les multitudes des hommes, ni les demeures de pierre des nains, ni même les flottes dUlthuan ne pourront contenir les ténèbres si nous sommes désunis. »
Les nains sentretinrent à voix basse mais caverneuse puis Snarri Thungrimsson savança pesamment.
« La peste soit des elfes », cracha-t-il. Il se retourna et sadressa à lassemblée. « Si la mémoire des autres races sétiole avec le temps, nous autres nains nous rappelons des heurts subis et rares sont ceux à être plus ignobles que la trahison du Roi Phénix et de ses elgi. Mais avant les tricheries des coupeurs de barbes, les elfes et les nains ont maintes fois combattu côte à côte les hordes du Chaos et ont mis leurs différences de côté à lépoque de Magnus. Même si jamais nous noublierons leurs affronts, il ne sera pas dit que nous préférons laisser le monde aller à sa destruction plutôt que découter un elfe. Lorsque résonneront les cors de Karaz-a-Karak, mon peuple répondra à lappel et marchera à leurs côtés si besoin est. »
Karl Franz gardait lair pensif. Il demanda à Teclis sil apportait la réponse du Roi Phénix, bien que personne ne sût quelle avait été sa question, ni même quun quelconque message eût été envoyé. La réponse de Teclis fut brève.
« Oui », dit-il et il najouta rien de plus.
LAPPEL AUX ARMES
Cest ainsi que la défense du Vieux Monde fut mise en uvre. Karl Franz ordonna aux Comtes Électeurs de commencer à rassembler leurs armées et de permettre le libre passage de tout nain parcourant leur province. Les vaisseaux elfiques allaient patrouiller dans la mer des Griffes pour intercepter les drakkars des Nordiques et pourraient se ravitailler librement à Marienburg et rendre visite à leurs semblables dans le grand quartier elfique de la ville.
Les nains continueraient à surveiller les terres de lest, aidés par les hommes du Wissenland et du Stirland. Les Tueurs de Karak Kadrin gagneraient Kislev pour y trouver une mort glorieuse face aux forces du Chaos.
Les armées de lOstermark et de lOstland se tiendraient sur les rives de lUrskoy et du Talabecland, prêtes à aider les Kislévites ou à défendre la frontière nord si ceux-ci venaient à faillir dans leur tâche.
Karl Franz, pour sa part, rassemblerait larmée du Reik et ajouterait ses forces à celle du Talabecland, prêtes à gagner le nord. Chaque ville et village organiserait ses hommes en une milice entraînée et les forges de lÉcole dIngénierie de Nuln tourneraient nuit et jour pour produire des canons et des arquebuses. Les Patriarches des Collèges de Magie rappelleraient leurs sorciers de bataille et offriraient leurs services gratuitement, tandis quAr-Ulric et le Grand Théogoniste rassembleraient leurs ouailles pour une guerre sainte.
Quelle que fût la menace quArchaon se préparait à libérer sur lEmpire, Karl Franz jura que le Seigneur de la Fin des Temps naurait pas la tâche facile.